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Société Publié le jeudi 10 décembre 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Contribution: propositions pour améliorer l’enseignement professionnel

Personne n’ignore aujourd’hui que l'enseignement professionnel ivoirien est confronté à d'énormes difficultés. Alors que le Gouvernement s'engage dans une politique d'amélioration de l'employabilité des jeunes, il me semble pertinent de donner quelques pistes de réflexion afin que l'enseignement professionnel joue un rôle clé dans la mise en œuvre de cette politique.

En me fondant sur les résultats d'une étude que j'ai menée dans 26 entreprises et 5 centres de formation professionnelle, sur la problématique de la formation professionnelle et les besoins des entreprises, je structurerai mes propositions autour deux points: l'environnement de la formation (contenus, formation continue des formateurs, matériels didactiques, etc.) et le partenariat.

Mais avant tout propos, je pense que le Ministère d'État, Ministère de l'Emploi, des Affaires Sociales et de la Formation Professionnelle (MEMEASFP) doit mener une étude nationale sur la perception de la formation professionnelle par la société. Les résultats d'une telle étude pourraient aider à mettre en place un plan de communication efficace pour faire la promotion de la formation professionnelle en Côte d'Ivoire. Cette étude me semble importante car lors de ma recherche, les acteurs que j'ai rencontrés dans les Directions Régionales et les établissements m'ont fait comprendre que la formation professionnelle souffre aujourd'hui d'une mauvaise perception des parents, des élèves et même de la société d'une façon générale. Selon eux, les parents et les élèves considèrent que ne sont orientés en formation professionnelle que les élèves ayant échoué au secondaire général. Comme solution, ils proposent que la formation professionnelle soit mieux présentée à la population afin qu'elle en comprenne l'importance.

Sur le plan du contenu de la formation, le MEMEASFP, en associant les entreprises, devrait rapidement élaborer un référentiel de compétences professionnelles pour chacune des 13 branches professionnelles répertoriées en Côte d'Ivoire. Il pourra se baser sur les résultats d'un certain nombre d'études déjà réalisées portant sur l'inadéquation de la formation professionnelle aux besoins du marché du travail. Sur la base de ces référentiels, le Ministère devra doter les établissements de nouveaux programmes en prenant soin d’y intégrer la dimension TICE. Les résultats de l'étude, citée plus haut, ont en effet montré la non prise en compte des TIC dans la formation des élèves. Pour preuve, alors que 77 % des 26 entreprises industrielles, potentiels employeurs de leurs diplômés, utilisent des logiciels métiers, aucun des 5 centres de formation professionnelle ne forme ses étudiants à l’utilisation de ces logiciels. Ces nouveaux programmes une fois élaborés devraient être disponibles au sein des centres de formation. Car, les résultats de l'étude mettent également en exergue que même si les centres de formation professionnelle avaient un programme national, celui-ci n'était pas disponible au niveau des établissements.

En outre, le Ministère devra généraliser la formation en alternance dans tous les centres de formation professionnelle. En effet, les résultats de l'étude ont montré qu'il y a des centres de formation qui font la formation en alternance et d'autres pas. Et au sein d'un même centre de formation professionnelle, il y a des filières qui font la formation en alternance et d'autre pas.

En plus des programmes de formation, le Ministère devra mettre en place une vraie politique de formation continue des formateurs des centres de formation professionnelle. Il ressort en effet de l'étude qu’actuellement, bien qu'ayant tous une formation initiale, les formateurs des 5 centres n'ont aucune possibilité de formation continue sur le plan de la pratique pédagogique. En lieu et place de séances de formation continue, ils se contentent de stages dans des entreprises qui acceptent bien de les accueillir.

Enfin, le MEMEASFP devra surtout se pencher sur la question des matériels didactiques dans les centres de formation professionnelle de la Côte d'Ivoire. Tous les 5 centres de formation que j'ai eu à visiter et tous les acteurs du secteur que j'ai rencontrés sont unanimes sur la question : « le matériel didactique, en plus d'être insuffisant est vétuste».

Pour mener à bien cette tâche, le MEMEASFP devrait mettre un accent sur les partenariats publics privés (PPP). Il est vrai qu'actuellement le Ministère consent des efforts dans ce sens mais cela reste malheureusement insuffisant. Les résultats de mon étude mettent en exergue que même si la majorité (88%) des 26 entreprises ont connaissance des centres de formation de leur domaine, un peu moins du tiers a des partenariats informels avec ces centres. Le Ministère, à travers la Cellule de développement de partenariat Ecole-Entreprise (CDPE), devra encourager la mise en place d'un cadre formel de partenariat entre les entreprises et les centres de formation professionnelle. Et sur cette question, 81 % des 26 entreprises interviewées se disent prêtes à signer des partenariats formels avec les centres de formation professionnelle. En contrepartie, celles-ci exigent des incitations fiscales comme mesure d'accompagnement.


Bi Sehi Antoine MIAN, Ph.D.
Enseignant-Chercheur à l'ENS d'Abidjan et Consultant en
Education/Formation à la FATOM
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