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Société Publié le jeudi 21 janvier 2016 | Diasporas-News

Interview Père Benoit Hagenimana (Curé Paroisse St Michel de Créteil)

Père Benoit Hagenimana (Curé Paroisse St Michel de Créteil) :
Après neuf années d’office à la paroisse Saint-Michel de Créteil, un secteur où la diversité culturelle est très importante, le père Benoît Hagenimana rêve toujours de voir les fidèles plus engagés. En attendant, ce prêtre Rwandais, au sourire facile, continue de contribuer à faciliter l’intégration des nouveaux-venus en France, par la foi.

« Ne vous sauvez pas à la fin de la messe… »

Diasporas-News : Qui est le père Benoit Hagenimana ?
Benoît Hagenimana: (Sourire) Je suis originaire des Grands Lacs en Afrique. Je dirige la paroisse Saint-Michel de Créteil depuis neuf ans. Je fais de la pastorale, une manière d’être disponible pour les gens lorsqu’ils ont besoin de prier mais aussi d’être accompagnés dans la vie de tous les jours.

D-N: Pouvez-vous présenter votre paroisse ?
B.H : La paroisse Saint-Michel du Mont-Mesly est une paroisse de quartier populaire. Ce quartier compte à peu près 25.000 habitants. Les gens d’ici sont généreux. Ils viennent de tous pays. Il y a beaucoup d’Africains et des Français d’ici. Un peu vieillissants mais très ouverts. Il y a peu de jeunes, des enfants qui font le catéchisme et des grands parents. Parmi les Africains et les Antillais, c’est là qu’on trouve beaucoup plus de jeunes qui devraient être beaucoup plus dynamiques qu’ils ne le sont.
D-N: Quelle est votre mission à la paroisse Saint-Michel de Créteil ?

B.H : Je suis le curé de la paroisse, le responsable pastoral. C’est un titre (rires). Ma mission est d’annoncer l’évangile en tant que prêtre. Mais annoncer l’évangile, c’est être attentif au message de Jésus christ qui a vécu notre humanité sans rien oublier. C’est pleureur avec ceux qui pleurent, se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, prendre le temps de faire un bout de chemin avec ceux qui ont envie d’avancer. Mon rôle finalement est de recueillir tout cela lors des moments de la messe où nous rendons grâce pour le bien qui nous arrive, où nous demandons pardon ensemble pour le mal que nous pouvons commettre ou alors nous nous encourageons à aller de l’avant. Ma mission c’est aussi d’être au cœur de cette réalité humaine, d’inviter les gens à ne pas s’arrêter à ce qu’il y a d’humain en eux-mêmes mais à ne pas oublier l’essentiel. De garder une vie d’homme, attentive à ce qui se passe autour d’eux ou attentifs les uns, les autres.
D-N: Vous arrive-t-il d’africaniser vos homélies ?

B.H : Il ne s’agit pas de les africaniser. Je reste simplement moi-même. Je suis né en Afrique, ordonné en Afrique. J’ai appris à prier en Afrique. A titre d’exemple, lorsqu’on commence à taper sur un djembé et que le chant est bien rythmé, j’esquisse un pas de danse et la communauté suit. Nous avons un groupe d’africain qui a constitué une chorale. Une fois par mois, les paroissiens de Saint-Michel de Créteil sont habitués aux animations. Dans le même ordre d’idées, j’ai trouvé ici que les paroissiens se sauvaient à la fin de la messe.
D-N: Que voulez-vous dire ?
B.H : Je constitue une sorte de socle mais je conseille aux paroissiens de ne pas se sauver à la fin de la messe. Ils doivent prendre le temps comme on le fait en Afrique. Après la messe, ils doivent se saluer et non se sauver parce qu’ils sont contingenté. Ici, on prend le temps de vivre. Ce que j’attends de mes frères africains, c’est qu’ils soient davantage responsables. Une paroisse a besoin de toutes les forces disponibles pour avancer. Ils auraient tendance à aimer les célébrations liturgiques mais lorsqu’il faut donner un peu de son temps dans les tâches matérielles, dans la conception d’un journal, dans la participation à des réunions de formation, je les vois moins. Ils doivent avoir envie de se former eux-mêmes, d’avoir une foi éclairée et de contribuer aussi à faire avancer la communauté dans ce sens.
D-N: Les paroissiens de votre église sont-ils généreux ?
B.H : Très généreux. Ils sont très généreux mais ils sont pauvres. Notre messe du dimanche reçoit du monde. Pareil pour les samedis soirs. Nous avons une vie de quartier. La générosité, si on l’entend par le don des fidèles pour ne pas avoir de soucis matériels, oui, ils sont généreux. Mais à peu de choses car ils n’en ont pas beaucoup. Nous ne sommes pas une grosse paroisse, nous n’avons pas beaucoup de moyens mais on tient.
D-N: Un prêtre Noir qui évangélise des Blancs...

B.H : Le message passe car il est unique. C’est l’évangile qui nous permet de nous rassembler et de nous reconnaître comme frères. Par contre, il y a un problème d’accent… La question de la couleur de la peau ne compte pas car nous sommes dans des milieux mélangés. De ma vie et de ma vie d’ici, je n’ai jamais subi de répulsion de la part de ceux qui ne sont pas Noirs comme moi. Mais certaines manières peuvent surprendre. Venant d’Afrique et ayant fait un peu de pastorale au Rwanda, chez moi, je suis surpris de voir les gens peu engagés. La dynamique des églises en Afrique où les gens s’organisent par quartiers et refont la toiture abimée par exemple, n’existe pas ici. Les tranches de population les plus dynamiques ne comprennent pas ce discours. Ce n’est pas dans les mentalités. Néanmoins, nous participons aux chantiers du Cardinal à la hauteur de nos moyens.

D-N: Nous sommes en 2016. Que prévoit la paroisse Saint-Michel du Mont-Mesly ?
B.H : Nous avons fait un projet pastoral depuis septembre 2015. Il se décline en une seule activité mais qui est inclus dans une activité globale du diocèse. Le thème de notre synode est « prendre soin les uns des autres et avec Jésus annoncer à tous la joie de l’évangile ». Ce projet pastoral va s’incarner dans ce thème global. Plus concrètement sur notre paroisse, nous avons opté pour nous rencontrer dans les familles, dans les quartiers, dans de petits groupes afin de partager un café à domicile, de discuter de questions qui peuvent nous intéresser. On a appelé cela : « synode en maison d’évangile ».

Interview réalisée par Guy-Florentin Yameogo
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