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Art et Culture Publié le jeudi 21 janvier 2016 | Diasporas-News

Hassim Tall Boukambou, réalisateur du documentaire "Révolutionnaire (s)" : "Que la démocratie ne rime plus avec la violence en Afrique"

© Diasporas-News
Hassim Tall Boukambou, réalisateur du documentaire "Révolutionnaire (s)"
Africain et panafricaniste convaincu, Hassim Tall Boukambou, croit en l’Afrique. Et il croit que, connaitre l’histoire de son continent peut amener l’Africain à entrevoir le développement plus sereinement. Raison pour laquelle il a réalisé "Révolutionnaire(s)", un documentaire qui retrace une partie de l’histoire politique du Congo. Il a bien voulu se prêter à nos questions.

Diasporas- News : Comment vous est venue l’idée de faire ce film documentaire sur l’histoire du Congo ?
Hassim Tall Boukambou : En 2013, le Congo a fêté les 50 ans de la Révolution congolaise, appelée la révolution des Trois glorieuses, en référence aux 3 jours, les 13, 14 et 15 août 1963 qui ont marqué l’histoire de ce pays. Nous avons donc eu l’idée de produire un film documentaire sur cette période-là, afin de remonter le fil de l’histoire, et comprendre les mécanismes qui ont abouti à cette révolution.
D- N: Pourquoi avoir choisi ce pan d l’histoire de votre pays ?
H.T.B: Nous nous sommes attardés sur ce pan de l’histoire parce que, même le parti qui est au pouvoir, le PCT, est issu de cette révolution. Et nous pensons que pour comprendre les enjeux de ce qui se passe maintenant, il était important de comprendre ce qui s’est passé. Il est important que les Congolais, partant, tous les Africains, puissent avoir une autre grille de lecture de l’histoire du Congo et de l’Afrique. Nous avons cherché à remonter le temps. Nous sommes partis de beaucoup plus loin parce que nous avons considéré la période allant de 1945 à 1991. Plusieurs Congolais ont vécu la Conférence nationale sans vraiment comprendre ce qui se passait. En plus, il ne restait plus vraiment de témoins oculaires de la période. Les anciens étaient tous en train de disparaitre, or il nous fallait les interroger afin que les générations actuelles puissent comprendre les méandres de leur histoire.
D- N: Etre le petit-fils d’un des acteurs, de cette révolution, vous rend-il crédible et objectif ?
H.T.B: En tant que producteur, réalisateur et documentariste, notre travail vise l’objectivité. Nous n’avons aucune raison de falsifier l’histoire. Je pense d’ailleurs qu’en tant qu’Africains, il est temps de regarder notre histoire de façon froide, sereine et moins passionnée pour mieux la comprendre. Donc, quelle que soit sa filiation, le réalisateur d’un documentaire doit s’appuyer sur les faits, rien que les faits. Mon grand-père, le syndicaliste Julien Boukambou, est certes l’un des trois leaders qui ont conduit la révolution d’août 1963, mais ce n’est pas ça qui va me faire changer le cours de l’histoire. C’est pourquoi, nous avons donné la parole à tous les acteurs de l’époque, quel que soit leur bord politique et nous nous sommes appuyés sur toutes les archives existantes, écrites, sonores et audiovisuelles afin de coller à la réalité de la période. Ce n’est pas à nous d’orienter le téléspectateur mais plutôt à lui de se faire sa propre idée après avoir vu le film. Je tiens à rassurer les uns et les autres, ce n’est nullement un film à charge contre qui que soit, mais l’histoire du Congo, telle que les acteurs du moment l’ont vécue.
D- N: Pouvez-vous nous expliquer "Les trois glorieuses"?
H.T.B: Ce sont les trois journées dont je vous parlais tout à l’heure. Cela a commencé par des appels à la grève qui ont été suivis d’une insurrection populaire. Ce qui a abouti au renversement du premier président du Congo, Fulbert Youlou, le 15 août 1963. C’était une première en Afrique, 3 ans après les indépendances. D’ailleurs, l’issue de cette révolution va avoir un impact sur toute la sous-région. Le Gabon, l’Angola, seront impactés mais c’est pratiquement toute l’Afrique francophone qui va être touché par le mouvement dans les années qui ont suivi la révolution congolaise.

D- N: Ne craignez-vous d’être taxé d’anti Sassou-NGuesso?
H.T.B: Pas du tout! Il ne s’agit pas d’être un pro-Sassou ou anti Sassou. Il s’agit de relater une histoire. Point! Comprendre le Congo d’aujourd’hui implique de savoir ce qui s’est passé avant. C’est ce travail que nous avons fait, sans aucun parti-pris. C’est pourquoi, nous voulons exhorter tous les Africains à ne pas commettre les mêmes erreurs.



D-N: Que pensez-vous de lui, franchement? Est-il un bon ou un mauvais président?
H.T.B: En tant que documentariste, je n’ai pas à dire s’il est un bon ou un mauvais président. C’est au peuple congolais de juger. D’un point de vue historique, il faut généralement 10 à 20 ans après le passage d’une personne aux affaires pour être à même de juger son action.

D- N: Lorsque vous déclarez dans Le Monde, en octobre dernier, qu’au Congo la violence se transmet de génération en génération, et vu le climat actuel de votre pays où la paix sociale semble fragile, ne craignez-vous pas de mettre le feu aux poudres ?
H.T.B: Les violences politiques sont arrivées avec les premières élections au Congo, et c’est ce que nous montrons dans le film « Révolutionnaire (s)». Dés 1956 des Congolais ont cru bon de régler leur différent politique par des intimidations de toutes natures et le recours à la violence. Le pic de ces violences a été atteint lors des guerres civiles des années 90.Malheureusement, l’histoire ne fait que se répéter, et ceci est valable pour toute l’Afrique. Après deux ans de travail, le film sort maintenant et j’espère qu’il va être un véritable miroir de ce que nous sommes capables de faire en bien ou en mal.

D- N: Un dernier mot, un appel à lancer?
H.T.B: Ce qui s’est passé au Congo est une histoire africaine. Je suis vraiment fier, en tant qu’Africain, d’avoir fait ce film; et j’invite mes frères à le voir pour que chacun s’approprie cette histoire. Nelson Mandela disait: "Tout ce qui se fait pour nous, sans nous, est contre nous." C’est donc à nous Africains de prendre en mains la destinée de notre continent. Que d’autres puissent faire aussi des films afin qu’on sache notre histoire, et qu’on puisse influer sur notre futur. Que plus jamais la démocratie ne rime avec la violence!

Propos recueillis par Malick Daho
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