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Société Publié le mercredi 3 février 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Interview ebony / Jérôme Kouakou, super Ebony 2015: voici ce que je pense du journalisme en Côte d’Ivoire

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Jérôme Kouakou, super Ebony 2015
A l’état civil, il s’appelle Kouakou Kouamé Jérôme. Mais, son pseudonyme de journaliste est Jérôme Kouakou. Il travaille à Radio- Côte d’Ivoire détaché à Man depuis juin 2015. Donc, un correspondant. C’est lui qui a été désigné le samedi 30 janvier 2016 meilleur journaliste de Côte d’Ivoire pour la saison 2015. Dans cette interview, le Super Ebony révèle comment, il est parvenu à ce sommet et donne son regard sur le journalisme en Côte d’Ivoire et la liberté de presse.

Pourquoi avez-vous été candidat à Ebony ?
En réalité, je n’aime pas participer à Ebony. Plusieurs de mes amis m’incitaient à y participer. Mais, je leur disais non parce que je n’y vais pas pour chercher une récompense. Et lorsque tu déposes des dossiers, tu ne sais pas comme les choses se déroulent au niveau du jury. Je pense que pour ce prix que j’ai eu c’est Dieu qui me l’a réservé. Parce que le dernier jour de la date de clôture des dossiers, un collègue m’a téléphoné pour m’encourager à y participer. Et j’ai déposé mes productions. Aujourd’hui, la récompense est là et je suis heureux.

Quelles sont les productions que vous avez présentées ?
Vous savez que cette année, Ebony n’était pas des productions thématiques. Le jury n’a pas donné un thème sur lequel nous devons produire. Il a évalué les journalistes sur l’ensemble de leurs productions sur toute l’année. Constituées comme suit 3 interviews, 3enquêtes, 3 reportages. Et c’est ce que j’ai fait en cherchant dans mes archives ce qu’il fallait. Mais, mes productions ont été réalisées à l’ouest. Et j’ai touché les sujets sensibles de l’Ouest dans mes productions. J’ai touché aussi le problème de l’excision qui encore un phénomène présent dans à l’Ouest. Il est vrai que c’est un phénomène qui tend à disparaître, mais, il y a des zones qui constituent encore des zones de résistance à ce phénomène. Au-delà de cela, j’ai touché la question sur les conflits fonciers car à l’Ouest, le phénomène est réel. Et nous avons compris que ce sont les jeunes gens qui posent ce problème parce qu’ils vendent les terres sans avertir les Anciens. Et c’est ce qu’il crée ce problème. Nous avons aussi touché la question sur le mont Peko afin de savoir comment ce parc est géré, comment on s’apprête à déguerpir les gens, dans quel état se trouve-t-il. Et je n’oublie pas la question du tourisme à l’Ouest. Et vous savez que c’est l’une des zones les plus touristiques du pays. Et avec la crise, les touristes avaient donné dos à l’Ouest et avec la normalisation, l’Ouest renaît touristiquement. Nous avons compris que progressivement l’Ouest revient sur la scène du tourisme en Côte d’Ivoire. Donc, ce sont ces sujets que nous jugeons sensibles et que nous avons touchés. Mais, je pense plus que ce qui a fait notre force est que nous sommes allés sur le terrain, au contact de la réalité que nous avons transcrite dans nos productions

A quel moment précis, avez-vous pensé à votre victoire ?
Peut-être au moment où j’ai reçu les 3 trois distinctions à la soirée Ebony. On m’appelé pour le Prix radio Ebony. On m’a aussi attribué le Prix spécial interview et le Prix spécial enquête. Quand j’ai eu ces 3 Prix je me suis dit que c’est possible que je remporte le Prix Ebony. Mais, je ne savais pas qu’en réalité que si on obtenait 3 prix, on pouvait avoir Super Ebony. Au final, le titre est là et je suis heureux.

En allant à cette compétition, quelle était vos atouts selon vous ?
D’abord une chose, je crois que tout le monde a apprécié ma façon de produire. J’ai eu la chance d’être formé par des Allemands qui avaient une certaine rigueur en matière de production radiophonique. Et comme la radio ne présente pas d’image, il faut faire vivre le reportage afin que celui qui l’entend, doit être capable d’imaginer la scène. Cela demande plus d’effort. Mais moi, j’ai donc ces atouts et j’ai eu les techniques de base pour faire une telle production. Donc du coup, ceci était un élément important dans cette compétition. Puis, l’autre atout que je trouve essentiel était le fait que je sois en permanence à Man et je connaisse là où il fallait partir pour avoir l’information réelle. Je crois que ce sont ces deux éléments de façon fondamentale qui ont contribué à ce succès à Ebony.

Comment vous vous sentez, quelques jours près votre sacre?
Je dirais que la pression est tombée maintenant. Sinon le premier jour, j’ai eu du mal à dormir. Mon téléphone n’a cessé de crépiter tout le temps. J’avais du mal à fermer l’œil. Et puis le dimanche matin, je suis allé prier Dieu afin de lui dire merci. A partir du lundi, on commence à multiplier les rendez-vous. Et je commence à me rendre compte que je suis devenu important car on me sollicite, on m’appelle sur des plateaux, pour des interviews. C’est maintenant que je réalise que le Prix est énorme. Je suis heureux, comblé et je me rends compte que mon travail est apprécié. Et c’est tant mieux !

En tant que meilleur journaliste de Côte d’Ivoire, quel est votre regard sur le journalisme dans votre pays ?
Je crois que le porte-parole des jurys l’a dit la dernière fois. Il faut éviter de s’assoir dans les salons feutrés et imaginer, écrire ou dire des choses. Pour le journaliste que nous sommes, il faut aller sur le terrain. Faut être au contact de la réalité, une chose qui manque beaucoup à Abidjan. En Côte d’Ivoire, j’ai l’impression que les journalistes peuvent s’assoir chez eux et puis décrire des situations, inventer des scènes sans aller sur le terrain. C’est un gros problème. Le journaliste ne va pas jusqu’au fond de l’information. Le deuxième problème du journalisme, c’est qu’en Côte d’Ivoire, les journalistes ne sont pas assez formés. Cela est une grosse difficulté, un gros frein à notre épanouissement et je crois que nos journalistes et pour ceux qui aspirent embrasser ce métier devraient se faire former car cela est important. Et je voudrais encourager les journalistes africains à ce faire former car, c’est pour leur bien-être.

Vous avez affirmé le samedi que cela était un rêve d’enfant. Aujourd’hui, quelle est votre satisfaction ?
Je disais que c’était un rêve d’enfant parce que déjà quand j’étais plus jeune, j’ai voulu devenir journaliste. J’ai travaillé en fonction de cela. Après le Bac, j’ai été orienté à l’université où j’ai fait la communication. Mais, je ne me suis pas arrêté là car je me suis spécialisé en journalisme et production audiovisuelle. J’ai eu vraiment les atouts qu’il faut pour réaliser ce rêve. En plus du rêve, je me suis fait former et je suis devenu journaliste. Et depuis près de 10 ans, j’ai commencé la Radio en tant que rédacteur en chef avant que la Rti par le biais de Radio-Côte d’Ivoire ne me débauche. Je vis pleinement mon rêve. C’est pour cela que chaque fois que j’ai une production, je le fais avec passion parce que je veux me faire plaisir moi-même d’abord, quitte à ce que cela fasse plaisir aux autres. Mais, c’était ma propre satisfaction de faire ce métier. Je suis heureux que mon travail plaise à des gens, qu’on me dise que je travaille bien et je pense que c’est le rêve qui est en train de se réaliser. Cela voudrait dire que tout rêve peut se réaliser à la seule condition qu’on se mette au travail.

En tant que Super Ebony que pensez-vous de la liberté de presse en Côte d’Ivoire ?
Je pense que les choses s’améliorent et cela a été salué à la Nuit des Ebony. Les choses s’améliorent en Côte d’Ivoire. Même si les journalistes sont beaucoup intimidés. Et ce n’est pas la peine de les intimider. Ils deviennent beaucoup plus dangereux quand vous le faite. Mais, je pense que de plus en plus en Côte d’Ivoire, les journalistes exercent librement leur métier. Moi, à l’Ouest, il est vrai que c’est une zone un peu dangereuse parce que les frontalières ne sont pas loin. Et on a tenté de m’intimider quand j’allais sur des terrains. Mais, cela ne m’a pas arrêté dans mon ardeur. Et je pense que parce que nous sommes aujourd’hui libres. On gagne à bien fouiller avant de rendre public une information. Sinon, je pense que qu’aujourd’hui en Côte d’Ivoire, dans la plupart des compartiments tout est réuni pour que nous puissions bien faire notre travail.

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Mes perspectives d’avenir : la première chose est que comme je viens d’être muté à Abidjan pour aider à relever d’autres défis et je vais m’adhérer à cela pour qu’elles sont les nouvelles responsabilités qu’on va me confier. Qu’est-ce que j’aurai à faire ici à Abidjan. Je vais continuer à me mettre toujours au travail tout en continuant de faire toujours ce que je sais faire. Mais, je pense plus maintenant je n’ai plus droit à l’erreur à défaut, de faire plus, garder le cap et non descendre en-dessous. Pour moi, c’est un challenge et je suis prêt à l’affronter.

En tant que modèle pour les journalistes, quel est votre appel ?
Je voudrais dire aux journalistes de vivre pleinement leur métier, leur passion. Il est vrai que cela peut-être quelques fois difficile et que souvent, on sait qu’il y a des structures qui n’encouragent pas les journalistes. Mais, c'est la passion qui nous fait braver certaines difficultés qui nous font aller au-delà même de nos propres convictions. Il faut aller jusqu’au bout. Il y a une récompense et au bout, on verra votre travail. Et c’est sûr que votre récompense viendra. Je demande aux journalistes de travailler car si j’ai été récompensé cela voudrait dire qu’eux aussi peuvent être récompensés.

M.Ouattara Coll : RB
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