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Économie Publié le lundi 8 février 2016 | AIP

Fief de la tomate dans le Bélier, le village de Zatta en perte de production à cause de la sécheresse (Feature)

© AIP Par DR
Des tomates
Situé à 15 km de Yamoussoukro, sur l’axe menant à Bouaflé, le village de Zatta demeure l’une des grandes zones productrices de tomate en Côte d’Ivoire depuis les années 1990. Faute de pluie depuis deux ans, la localité fait face à une canicule qui dégrade fortement son sol, entraînant une baisse drastique de sa production de tomate, l’un des légumes les plus consommés dans la gastronomie ivoirienne.
Une visite, vendredi, dans la bourgade de Zatta a permis de constater des vastes étendues de terre riches et de nombreux bas-fonds qui offrent les caractéristiques d’une zone favorable à forte exploitation de produits agricoles et particulièrement de maraîchers. Les champs de maraîcher ceinturent le village et s’étendent plus loin dans la forêt sur plusieurs kilomètres et confirment bien la particularité de cette localité à vocation agricole.

Baisse de la production
Deuxième zone de tomate en Côte d’Ivoire, après la région d’Abengourou, Zatta a vu sa production record de 35 000 tonnes à l’hectare il y a deux ans, décroître à 20 000 tonnes à l'hectare à ce jour. Cette année encore, la campagne agricole a buté sur de nombreux obstacles, à savoir les aléas climatiques avec le déficit de pluviométrie.

" La rareté des pluies, depuis deux ans, a tari tous les lacs autour des sols devenus aussi pauvres, parce que plusieurs fois utilisés depuis des années pour la culture de tomate sans aucun apport ‘’, confie Herman Kouamé N’Guessan, producteur de tomate et porte-parole pour l’occasion d’un groupe de jeunes producteurs de ce légume, rencontrés dans les champs.

" En plus du problème d’eau, le manque de moyens financiers et mécaniques demeurent aussi des faiblesses qui freinent nos ambitions ", ajoute-t-il.

Le village de Zatta produit aussi, en dehors de la tomate qui y reste le produit agricole dominant, d’autres cultures irriguées, notamment le poivron qui vient après la tomate en terme de tonnage, mais aussi le piment appelé " bec d’oiseau " et le gombo " djonan djonan ". On y pratique également la culture du manioc et la pêche traditionnelle.

" Mais la tomate reste notre culture principale à Zatta, parce que la tomate, contrairement au poivron qui a un marché restreint et qui se mange seulement dans les restaurants, la tomate se mange partout, dans les rues, et est utilisée dans toutes nos gastronomies. Aussi, il a un marché ouvert ", explique Herman Kouamé. "Ici, chaque jeune a son champ de tomate et nous faisons la récolte chaque jour", dit-il.

Selon Herman et ses amis N’Dri Emmanuel et Théodore Yao, dans l’année, ils peuvent réaliser trois à quatre cycles successifs de champs de tomates. "Nous pouvons faire plusieurs champs, nous n’attendons pas que les trois mois, le temps de la récolte s’épuise", font-ils savoir. " Si tu as un peu de moyens, tu peux commencer un autre champ avant la récolte du premier champ", souligne N’Dri Emmanuel.

Facilité d’écoulement des produits et la mauvaise concurrence étrangère

" Au niveau de la commercialisation, bien que nous ne soyons pas organisés en coopératives, tout se passe bien. Des commerçantes viennent acheter bord champ tous les jours et on récolte une à deux remorques de camion par jour ".

Sur le marché, le prix du kg de tomate varie de 150F CFA à 250 FCFA. "Parfois, il grimpe jusqu’à 600 F CFA voire même 1 000 F CFA ", relève-t-il.

Toutefois , les jeunes producteurs dénoncent une "concurrence déloyale" qui leur ait imposée par des tomates en provenance de certains pays voisins dont le Burkina Faso, qu'ils jugent "de moindre qualité et beaucoup moins chères" que celles produites à Zatta.

Herman Kouamé regrette que les acheteurs ne fassent pas la différence entre la tomate de qualité, "dure et durable ", et celle de moindre qualité, "molle et moins durable ", qui est vendue par carton à 2 500 F CFA. " Alors qu’avec même 300 FCFA le Kg, nous pouvons vendre et obtenir 15 000 FCFA le carton; ce qui n’est pas le cas, et nous sommes obligés de vendre au même prix que les tomates venant d’ailleurs", déplore-il, estimant que "l’État de Côte doit s’en saisir pour mettre fin à la mauvaise concurrence".

Plaidoyer

" Nous appelons le gouvernement à faire quelque chose parce que si d'autres pays doivent venir vendre ici dans notre pays, il doivent venir vendre la qualité parce que nous avons la qualité, et les producteurs de ces pays ne doivent pas venir nous concurrencer avec la mauvaise qualité", plaide Herman N’Guessan Kouadio, qui a fait également savoir que les producteurs de tomates de Zatta souhaitent l’aménagement des périmètres culturaux et la mise à disposition des intrants, ainsi que l’accessibilité à un meilleur financement. " Nous manquons d’argent pour payer la main d’œuvre et pour l’achat des tuyaux et des motopompes qui nous permettent de tirer la petite réserve d’eau à plus d’un kilomètre " , indique le porte-parole des producteurs Herman Kouamé, qui pointe aussi le coût très élevé des produits d’entretien. "Un litre de D6 coûte 7000 F CFA, alors qu’il faut quatre litres pour un ha", relève pour sa part Yao Théodore.

Face aux difficultés de la maîtrise de l’eau, les producteurs de tomate de Zatta souhaitent la création urgente de stations de pompage et des équipements de succion, ainsi que l’acquisition de motopompes.

" En attendant la création d’une banque pour le monde paysan que nous appelons de tous nos vœux pour soutenir nos activités agricoles, nous avons besoin d’un tracteur pour labourer de grandes surfaces ", plaide M. N’Dri, confiant que pour la location d’un tracteur, ils déboursent de 60.000 F CFA à 70.000 F CFA à l’hectare.

"En plus de ces éléments qui restent pour nous une priorité nous souhaitons la mise à disposition d’un bon stock d’engrais chimiques pour le sol, et des engrais foliaires qui favorisent la floraison en vue de bons fruits ", ajoute, pour sa part, Herman Kouamé. Des doléances dont la satisfaction, selon le jeune agriculteur, permettra à Zatta "de retrouver ses marques originales de terre agricole, afin de continuer de produire en abondance de la tomate de bonne qualité pour le marché ivoirien".


nam/akn/tm
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