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Société Publié le vendredi 12 février 2016 | L’Inter

Pr. Johnson Kouassi Zamina (Sg de la Cnec) : ’’J’ai des craintes par rapport à l’entrée de Ly-Ramata au gouvernement…’’ ,’’La seule Cnec qui existe et reconnue par les enseignants, c’est nous !’’ Pourquoi il n’y a plus d’enseignants à l’université

© L’Inter Par DR
Rencontre entre le Ministre de la fonction publique et la Coordination Nationale des Enseignants et Chercheurs (CNEC)
Mercredi 13 mai 2015. Abidjan. Rencontre entre le Ministre de la fonction publique, Mr CISSE Ibrahima Bacongo et une délégation de la Coordination Nationale des Enseignants et Chercheurs (CNEC), conduite par son secrétaire Général, Johnson KOUASSI ZAMINA, au cabinet dudit ministère sis au Plateau.
Le Pr. Johnson Kouassi Zamina, Secrétaire général de la Coordination nationale des enseignants du supérieur et des chercheurs (Cnec) ne veut pas entendre parler de bicéphalisme. Pour lui, la Cnec a une seule tête, c'est lui. C'est la Cnec qu'il dirige qui est reconnue par les autorités et par les enseignants.
Comment se porte la Cnec aujourd'hui ?
La Cnec se porte très bien, elle se porte à merveille. Elle est même sur une pente intéressante. Nous le constatons à travers les cotisations qui entrent régulièrement. Même au temps du Pr. Traoré Flavien, on n'avait pas eu autant de cotisations. Aujourd'hui, l'engouement est total. C'est une Cnec nationale qui fait l'affaire des enseignants.
 
Une Cnec nationale mais à deux têtes. Comment vivez-vous ce bicéphalisme ?
Le bicéphalisme se vit dans le bureau des ministres, sinon la Cnec n'a pas deux têtes. Si vous allez à Bouaké, à Korhogo, à Daloa, à Abobo-Adjamé aujourd'hui Nangui-Abrogoua, vous verrez qu'il y a une Cnec qui défend les enseignants, et c'est nous. Cela se voit à travers les Assemblées générales (Ag) que nous faisons. L'Ag est le baromètre qui permet de savoir à un regroupement syndical son audience sur le terrain. Quand nous bougeons, tout bouge. Quand nous arrêtons suite à une Ag, tout est arrêté. C'est là qu'on voit qui est qui. Certains ministres ont suscité le bicéphalisme. Celui qui dirigeait, à savoir Pr. Ouattara Mamadou, a aussi suscité le bicéphalisme parce qu'étant lui-même très proche des hommes politiques, il luttait pour eux. Il a fait en sorte que le bicéphalisme soit créé. Mais, l'autre tendance est une tendance qui est très effacée et qui ne peut même pas prendre une décision. Elle ne fait que répéter ce que nous disons. C'est dans certains journaux qu'on les voit, mais sur le terrain, ils n'ont aucune trace. Ils n'ont aucune victoire parce qu'avant d'avoir une victoire, il faut mener une lutte. Chaque fois que nous disons que nous arrêtons pour ceci, eux ils disent non faisons le contraire et ils ne sont pas suivis. Et ça, depuis toujours. On ne peut donc pas dire qu'il y a bicéphalisme à la Cnec.
 
Mais la réalité, c'est qu'il y a une tendance de la Cnec dirigée aujourd'hui par le Dr Kouamé N'guessan, en remplacement du Pr. Ouattara Mamadou ?
Dr. Kouamé N'guessan est un grand frère que je respecte beaucoup. On se voit régulièrement, à travers la médiation du Pr. Sidibé Valy, Directeur général de l'Ens (Ecole normale supérieure : ndlr). Nous nous sommes rencontrés déjà deux ou trois fois. Le Pr. Sidibé Valy a voulu que nous soyons ensemble parce que pour lui, il y a une seule revendication, celle des enseignants. Il ne peut pas y avoir deux têtes pour conduire cette revendication. Nous l'avons compris, mais c'est le mécanisme pour aboutir à cela qui pose problème. Sinon le grand frère Dr N'guessan et moi, on s'appelle régulièrement. Il n'y a aucune animosité entre nous. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que les enseignants dans leur ensemble, ne connaissent pas Dr Kouamé N'guessan parce que ce n'est pas un nom qui rime avec la lutte. Les enseignants savent qui lutte, qui va au charbon pour eux et obtient des victoires. Nous avons pris trop de risques pour mettre quelqu'un qu'on ne connaît pas à la tête de la Cnec. Ce n'est pas pour le dénigrer mais c'est une réalité. Qu'il le comprenne comme çà. Les enseignants sont des gens très mûrs qui commencent à travailler après le doctorat. Ce ne sont pas des gens qu'on peut manipuler facilement. Le Pr. Sidibé Valy doit aller plus loin dans sa médiation pour lui dire de revenir parce qu'il n'est pas encore trop tard. Dans l'esprit du gouvernement, du Premier ministre et du président de la République, quand on dit Cnec, il n'y en a qu'une seule, c'est nous. L'autre groupe a été suscité pour semer le désordre. Cocody seulement fait 70 % des enseignants. L'autre groupe n'a pas de sections à Cocody. Pourtant, c'est à Cocody que commence le syndicalisme. C'est la preuve qu’ils ne sont rien. Qu'ils arrêtent donc parce que çà n'aboutit à rien. Ils risquent même de se faire lyncher par des enseignants un jour. Nous demandons pardon aux enseignants pour ne pas en arriver là. Sachez que ce que font les autres, c'est du copier-coller. Ce sont nos revendications qu'ils vont réciter ailleurs.
 
Peut-être que la décision de justice attendue suite à une plainte portée contre vous par l'autre tendance, situera définitivement sur la Cnec légale...
La justice est un fait et la réalité sur le terrain en est un autre. Ils ont porté plainte peut-être, mais nous, on n'a pas vu de plainte jusque-là. Quand nous créions notre syndicat, il n’était pas question qu'on aille porter plainte. Sinon, nous aussi, on pouvait se lever et porter plainte contre eux parce qu'on a beaucoup d'éléments nous permettant de le faire. Mais on n'est pas à ce niveau parce que ça nous fait perdre de vue l'essentiel, à savoir les revendications des enseignants. Et puis, qu'ils portent plainte même à la Cpi, s'ils le veulent, ça ne nous détournera pas de notre combat.
 
Vous êtes en train de dire que vous n'accepterez pas la décision de justice ?
Il n' y a même pas de décision parce qu'il n'y a pas un fait contre nous. Selon nos textes, dès lors qu'un Secrétaire général ne fait pas d'Ag, dès lors qu'il ne fait pas l'affaire des enseignants, on l'enlève. La Cnec n'est pas la plantation de quelqu'un. Si demain, la Cnec dit que je ne fous rien, je m'en vais, c'est tout. Tu peux porter plainte, mais sur le terrain on ne te voit pas. Le juge va venir te remplacer pour un mettre quelqu'un d'autre ? Voilà une autre humiliation qu'ils vont ramasser.. Tout çela n'aboutit à rien.
 
Que faites-vous pour réunifier votre organisation syndicale ?
Pr. Traoré Flavien, Pr. Sanogo de l'Ufr de Médecine et Pr Sidibé Valy ont essayé pendant plus de 8 mois de nous réunir. On s'entend sur des points le matin et le soir, Ouattara Mamadou et ses hommes remettent en cause ce qu'on a signé. On fait donc un pas devant et trois à quatre pas en arrière. Alors qu'un syndicat travaille sur la base d'un programme, sur des revendications bien précises. On ne va pas passer tout notre temps à nous réconcilier là où on n'a pas même pas fait palabre. Personne n'est contre personne. Est ce qu'on ne ferait pas mieux de nous asseoir pour dire un tel tu es fort, sois devant, moi je suis le second et on te suit. Voici de façon intelligente ce qui pourrait les sauver, tout en ayant compris que sur le terrain, ils ne représentent rien. Je vois dans les journaux qu'ils veulent faire une Ag à Bouaké. Il faut commencer par le faire à Cocody parce que c'est l'université-mère. Pourquoi laisser Cocody pour aller à Bouaké ? Et à Bouaké, ils ont qui là bas ? Ceux qui étaient pour Ouattara Mamadou là bas sont chassés parce qu'ils sont corrompus. Ils travaillent avec l'administration. C'est des gens qui sont nommés. Où est leur crédibilité ? Moi je ne peux pas être ici avec Ly-Ramata, être son conseiller et en même temps être le Sg de la Cnec. C'est des gens qui mangent dans toutes les assiettes sans même se laver les mains, et qui se retrouvent à parler de syndicalisme devant l'autorité avec qui ils ont mangé dans la même assiette. C'est clair qu'elle va l'affaiblir. Ça fait qu'ils sont éteints à Bouaké. Nous sommes allés à Bouaké pour parler à nos camarades et ils nous ont compris. Nous avons une section très forte à Bouaké alors qu'en son temps, Bouaké était leur fief. C'est vous dire que le bicéphalisme dont vous parlez, n'existe que de nom. Certains ministres se servent d'eux pour faire croire qu'on est deux et qu'on dit deux choses différentes. Nous leur demandons de cesser tout ça. Nous sommes dans la ligne tracée par le Pr Traoré Flavien. Ces comédiens qui pensent que l'université est leur lieu d'amusement doivent aller se faire voir ailleurs. C'est parce que nous les laissons, à cause de la liberté d'expression, qu'ils continuent.
 
Quelles sont vos revendications de l'heure ?
Les revendications sont multiples. Voici une université qui existe depuis 1964. Avec l'évolution historique, sociale, politique et économique de la Côte d'Ivoire, les universités, avec la création d'autres aujourd'hui, n'existent pas parmi les 100 premières d'Afrique. Vous y verrez le Burkina Faso, le Ghana, l'Egypte, l'Afrique du Sud avec près de 10 universités, le Nigeria avec plus de 5 universités, l'Ouganda, le Kenya, etc. Quand on regarde ces pays, en dehors de l'Egypte, l'Afrique du Sud et Nigeria, la Cote d'Ivoire peut quand même damer le pion aux autres pays. Mais ce n'est pas le cas. l’État devrait comprendre que nous sommes en danger. Nous saluons le président Ouattara pour avoir amélioré l'image de l'université. Il y a la verdure, les bâtiments sont peints, nos salaires sont payés régulièrement et à temps. Par le passé, on attendait jusqu'au 12 du mois avant de percevoir nos salaires. Tout cela, c'est bon. Mais le matériel didactique n'existe pas. Les laboratoires et salles de Td (Travaux dirigés) sont vides. Les bibliothèques n'existent que de mur. Il n'y pas de livres ou alors quand c'est des livres, ils sont caduques. C'est vrai que nous sommes à l'ère des Tic, mais les livres ont toujours leur importance. Parlant des Tic, il n'y a pas le wi-fi à l'université. Pourtant à Bamako, ''c'est versé'', pour parler comme à Adjamé. A Ouaga il y a le wi-fi à l’université. Qu'est-ce qui nous manque ici ? Les gens crient matin, midi et soir que la jeunesse est leur priorité, mais de quelle jeunesse on parle ? Celle qu'on forme ou celle qui est dans la rue ? Il y a pas de table-bancs. On peut citer des exemples qui vont partir d'ici à Bouaké. C'est pour tout cela que nous nous plaignons. Concernant nos conditions de vie, je dois vous rappeler que nous commençons le travail à partir du doctorat. Moi, je forme des gens jusqu'à au doctorat. J'enseigne également à l'Ena où vont des étudiants après la maîtrise, pour le cycle supérieur. Lorsqu'ils sortent, leur prime vaut 20 fois ma prime de recherche. Est-ce une leçon qu'on donne au maître pour lui dire que l'élève lui est supérieur ? Quelle motivation a-t-il d'enseigner ? Voilà pourquoi l'université est vide. Les gens vont ailleurs pour arrondir leurs fins de mois. Nous avons revendiqué et cette prime a été améliorée du moins pour l'année 2016. Elle a été trimestrialisée parce qu'elle était semestrielle. Non seulement elle est dérisoire, mais pour la payer, il faut chaque fois que nous fassions une grève, comme si ça surprenait l’État. Et pendant ce temps, des gens ne foutent rien au Plateau et ils ont des primes faramineuses. Nous avons discuté avec l’État de Côte d'Ivoire par le biais des directeurs généraux, du ministre et du Premier ministre et nous avons signé un accord depuis juin dernier. Jusqu'au aujourd'hui, cet accord n'est pas respecté. Le décret pour la prime de recherche revalorisée n'est pas encore signé. Comme la prime est trimestrialisée et qu'on tient compte du temps, au plus tard le 31 mars, la nouvelle prime devrait être payée. En attendant, le 17 février, nous allons mener une action pour nous faire entendre. Comme c'est après le doctorat que nous commençons, il faut aussi qu'on ait un salaire équivalant au doctorat pour que nous soyons dans les normes de sélections internationales. Nous nous comparons aux autres pour voir les limites, les faiblesses, les avantages par rapport aux autres. Jusque-là, rien n'est fait de façon significative. Il y a également le décret signé par le président Gbagbo en 2007 dont l'application devait commencer le 1er janvier 2009. Le régime Gbagbo a payé 50 % de la somme réclamée. Ouattara est venu et a payé les 50 % restant. Quand ton patron te dit que j'ajoute 100 f sur ton salaire à partir du 1er janvier 2017 et que c'est plus de 5 ans après les 100 f sont payés de façon graduelle, et comme cela est économiquement appelé reliquat, il faut aussi payer. Depuis l'arrivée de ceux qui gouvernent, nous luttons mais l’État ne semble pas le reconnaître. Il a fallu des mois et des mois de discussions pour que l’État reconnaisse. Pour payer, on nous dit que les temps sont durs. Une autre revendication porte sur le taux horaire. Nous avons le taux horaire le plus faible de toutes les institutions académiques. Depuis la création de l'université en 1964, le taux horaire est de 5532 Fcfa taxé. Moi, je suis en anglais et j'ai droit à 8 heures de cours/semaine, soit 200 heures/an que je dois donner à l’État et pour lesquelles je suis payé. Comme l'effectif est grand, on dépasse ces 200 heures. Le surplus des heures constitue des heures complémentaires. Pour payer ces heures complémentaires, l’État a décidé depuis 1976, que le taux horaire soit de 5532 Fcfa pour les assistants et maîtres-assistants, 6700 Fcfa environ pour les maîtres de conférences et 7000 Fcfa pour les professeurs titulaires. Mais tous ces taux sont taxés de sorte que ceux qui 5532 Fcfa sont payés en réalité autour de 3500 Fcfa. Même certains collèges payent mieux.
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