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Société Publié le jeudi 17 mars 2016 | AFP

Attaque en Côte d’Ivoire: journée d’enfer à la Nouvelle Paillote (RECIT)

© AFP Par Joe Penney
Les agents de sécurité vérifient les corps sur ​​la plage de Grand Bassam après l`attaque menée par Aqmi en Côte-d`Ivoire, le 13 Mars 2016.
Grand-Bassam (Côte d'Ivoire) - Des impacts de balles ont abîmé le mur de la Nouvelle Paillote: c'est à cet endroit qu'ont été tués deux des trois jihadistes auteurs dimanche de l'attaque de la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam qui a fait 19 morts.

"C'est chez moi qu'il y eu le plus de morts: deux civils, deux membres des forces spéciales, et deux jihadistes. Et aussi 11 blessés dont plusieurs graves", explique Patrick Colin, le propriétaire de l'établissement. Ce Français installé en Côte d'Ivoire depuis 2005 a repris en 2008 cet hôtel-restaurant, théâtre de l'assaut final.

Le cadre, paradisiaque avec des transats donnant sur une plage de sable blanc bordée de cocotiers et une piscine bleutée, s'est transformé en enfer dimanche.

- 'Ça tirait de partout' -

Si un des trois auteurs est mort dans des circonstances encore non éclaircies au début de l'attaque -on parle d'une balle perdue tirée par ses compagnons-, les deux autres ont remonté la plage en semant la mort et ont choisi la Nouvelle Paillote pour leur dernière bataille.

"J'ai entendu des coups de feu. Après j'ai vu deux silhouettes sur la dune à 200, 300 m. Ils avaient des armes et ne portaient pas d'uniforme. J'ai tout de suite compris qu'il s'agissait de terroristes. Je suis revenu en criant +Sauvez-vous! Partez!+", dit-il en évoquant "la panique" des gens fuyant en laissant tout derrière eux.

"Il y avait beaucoup de monde. J'ai tout fermé mais ils (jihadistes) sont arrivés vite. Le premier est arrivé par le parking et des clients qui fuyaient ont fait demi-tour", raconte-t-il en montrant des impacts des balles sur les murs d'entrée de l'établissement.

Les deux jihadistes pénètrent ensuite dans l'établissement par la plage en tirant. Plusieurs personnes sont touchées.

Patrick Colin s'enferme avec quelques clients dont des blessés dans la cuisine mais un des jihadistes envoie une rafale par dessus la porte. "Il y avait deux enfants qui n'ont pas bougé", se souvient-il.

La situation est critique avec une femme touchée à l'artère fémorale qui se vide de son sang, une autre dont la mâchoire a été partiellement arrachée par une balle, ainsi que d'autre blessés.

Plus loin, à la piscine, un autre drame se joue. Les clients se sont réfugiés où ils pouvaient. Certains dans les vestiaires. Un jihadiste les débusque. Une femme libanaise avec ses enfants implore l'assaillant en arabe. Il lui laissera la vie sauve mais blessera son mari et abattra à bout portant un retraité français dans les toilettes. Les portes sont criblées de balles et le lavabo a été détruit par les impacts...

Les forces spéciales arrivent. "Ça tirait de partout. Les jihadistes étaient déterminés. Ils les attendaient. Le premier membre des forces spéciales tué a été abattu ici", dit il en montrant des traces de sang dans un couloir longeant l'établissement.

Un des jihadistes est ensuite touché à la tête mais le second continue à en découdre. "On m'a dit qu'il avait été touché en premier à la main par un tireur d'élite" depuis le toit d'un immeuble, dit Patrick Colin en désignant l'axe de tir: "il a ensuite été criblé de balles".

- Pillage -

Deux clients sont morts, dont la dame touchée à la jambe qui a succombé malgré un garrot. Plusieurs personnes sont blessées très gravement. On découvre même que les deux enfants de la cuisine, âgés de 5 et 9 ans, ont aussi été touchés sans qu'ils ne se plaignent. "Ils n'ont rien senti et ont eu mal à l'hôpital", rapporte Patrick Colin.

Lundi, au petit matin, il retrouve son restaurant pillé. "Ils ont tout pris: l'alcool, les télévisions, le four, une horloge, même le portable de la dame décédée...", dit-il.

Depuis lundi, Patrick Colin, que le président Alassane Ouattara a personnellement encouragé lors de sa visite à Grand-Bassam après l'attaque, travaille à la réouverture du restaurant. "On lave le sang, on tente de cacher les impacts. On espère que l'activité va reprendre, qu'il y aura du monde ce week-end..."

Les autorités ont prévu une enveloppe d'environ 300.000 euros pour aider les hôteliers et soutenir l'activité, vitale pour la cité touristique. "Nous devons tout faire pour que la vie reprenne", a affirmé M. Ouattara.

Patrick Colin, lui, se dit "optimiste. Je n'ai pas le choix".

pgf/cyj
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