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Société Publié le lundi 4 avril 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien / Accusé d’être à l’origine des tueries : Hien Philippe, Président du Conseil Régional du Bounkani dit sa part de vérité

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Affrontements à Bouna: les élus et cadres de la région en conclave
L`affrontement qui oppose certaines communautés des populations de Bouna, localité situé au Nord de la Côte d`Ivoire depuis le jeudi 24 mars 2016 a enregistré 22 décès. Face à cette situation alarmante, le président du conseil régional du Boucani, M. Hien Philippe a convoqué une réunion de crise des cadres de ladite région afin d`apporter une solution à ce conflit.
Dans les affrontements qui ont opposé éleveurs et agriculteurs à Bouna, Hien Philippe, Président du Conseil Régional du Bounkani est accusé d’avoir joué un rôle néfaste en prenant partie au profit d’une communauté à qui, il aurait fourni des armes. Dans cet entretien, Hien Philippe fait des éclairages, dit sa part de vérité et lance un appel au pardon et à la réconciliation.

Votre ville a été le théâtre des affrontements entre les populations. Que s’est-il passé ?
Effectivement, depuis quelques jours, le département de Bouna et principalement le chef lieu de la ville a été secoué par des affrontements entre Bounanéens. Il y a avait des affrontements entre les dozos qui sont pour la plupart des Lobis, et de l’autre côté, la jeunesse Koulango et la jeunesse Malinké qui se seraient mis ensemble pour affronter. Cela nous a surpris parce que quelques jours avant, nous avions appris qu’il y avait des problèmes entre des éleveurs peulhs, et des dozos lobis. Nous avions donc envoyé sur le terrain une mission de sensibilisation auprès des différentes communautés concernées par le conflit pour qu’une solution soit rapidement trouvée, de sorte que ça ne dégénère pas. Mais n’ayant pas eu gain de cause, nous avions estimé qu’il serait bon que le chef lobi convoque ces autres chefs à travers le département, afin qu’ils nous aident dans la sensibilisation. Il nous revient que c’est au cours de cette réunion qu’une jeunesse aurait encerclée la cours de la chefferie lobie. A leur retour, ces jeunes ont croisé le chef dozo qu’ils tiennent pour responsable de tous ces dégâts. C’est là que les choses ont dégénéré. Les dozos n’ayant pas apprécié ce que leur chef a subi. Ce conflit a occasionné malheureusement de nombreux morts. Cela est regrettable. Je n’ai jamais souhaité qu’une telle situation arrive dans notre région. Nous savons que les gens ne peuvent vivre ensemble sans qu’il n’y ait des malentendus, des incompréhensions. Le dialogue doit primer lorsque les problèmes sont posés afin de trouver des solutions. Mais régler les problèmes par les armes, nous disons non et plus jamais ça dans notre région. Je profite de l’occasion pour présenter mes condoléances aux victimes. J’invite au pardon malgré la douleur.

Vous demandez que de telles violences ne se reproduisent plus. Mais le constat que nous faisons, c’est que les risques d’une reprise sont réels…
Les méfiances sont sûrement encore là pour un certain temps. On ne se sort pas d’une crise pareille, comme on sort d’un diner. Mais de là à dire qu’il y a encore des foyers de tension, je dis non. Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent. Il est vrai que ce qui s’est passé, va laisser un certain traumatisme dans l’esprit des populations. Il y a une certaine psychose qui fait que les gens se regardent désormais en chien de faïence. Pour un oui ou pour un nom, on pourrait se sentir menacer par l’autre. Il faudra gérer cette psychose de sorte que les populations réapprennent à vivre ensemble le plus rapidement possible. Elles sont condamnées à vivre ensemble. Sans cohésion sociale, on ne peut bâtir un monde développé. Il nous faut donc la paix pour que nous puissions continuer notre travail d’acteur de développement.

Vous êtes souvent cité d’avoir armé les dozos ?
Il est trop facile de dire que telle personne est responsable de telle ou telle chose. Ce sont des choses trop graves. Je suis vraiment désolé de voir des politiciens en mal de publicité, surfer sur la mort d’honnêtes citoyens en s’en servir comme arme politique. C’est regrettable. Certains ne veulent pas apprendre à faire la politique en étant proche des populations, en les aidant à mieux vivre. Ils préfèrent rester dans la démagogie. Ce sont des comportements caducs qui ne marchent plus. Les populations sont matures. Mais comme je ne veux pas aller de crise en crise, je ne porterai pas plainte pour diffamation. Dans les jours à venir, nous serons situés. La vérité éclatera. L’Onu-ci est sur le coup. Toutes les forces armées de Cote d’Ivoire sont sur le coup. Nous saurons qui a provoqué cette situation. Le ministre de la justice est venu ici et il a dit qu’une enquête sera ouverte. Moi, je suis trop serein, je ne suis pas inquiet.

Peut-on espérer une véritable réconciliation entre les cadres de la région?
Je ne pense pas qu’entre hommes politiques, il y ait des conflits. Nous ne sommes pas contre la compétition électorale. Nous souhaitons qu’elle soit loyale, légal et sincère. Nous estimons que la politique devrait changer de visage et qu’elle se fasse de façon très saine. Moi, je remets mon mandat en jeu dans deux ans.
Sinon qu’est ce que gagnerait un acteur de développement dans une région en armant une partie de sa population, contre une autre ? Comment un acteur de développement qui s’échine au quotidien à apporter le bien-être à une population sinistrée comme nous le faisons dans le Bounkani peut-il aimer un groupe contre un autre ? Il y a eu des Conseils Généraux avant nous. Mais notre bilan est là, et il parle de lui-même.
Réalisé par Ernest Famin
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