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Société Publié le lundi 4 avril 2016 | Alerte Info

D’Abidjan à Cotonou, 24 heures de route et de racket, sous toutes ses formes

"J'ai tous mes papiers, je ne paierai rien", confie excédé, mais amusé, Norbert Elegbé, passager d’un car en partance pour Cotonou depuis Abidjan, un trajet réputé pour ses formes de racket et de taxes. Avec une vingtaine d’autres personnes en file indienne, il emprunte le corridor réservé aux piétons du poste frontalier de Noé, dernière localité ivoirienne avant le territoire ghanéen, pour se conformer au contrôle d’identité.


Après cette formalité, Elegbé mêlé aux autres voyageurs, doit se soumettre une fois de plus à une vérification, celle du carnet de vaccination international. Ceux dont les vaccins ne sont pas à jour doivent se plier à une séance de vaccination auprès de l’Unité des services de l’hygiène et de la santé publique, sur place.

Jocelyne, la vingtaine, dont le "vaccin n’a expiré que de deux semaines", se plaint des billets de banque qu’elle devrait dépenser pour se faire vacciner, sans quoi elle "ne bougera pas" des lieux.

Norbert Elegbé qui a ses papiers en règle a rejoint son car stationné du côté ghanéen de la frontière à Elubo (Ouest). Après des minutes d’attente, et plusieurs jurons des passagers qui s’impatientent face à la lenteur des contrôles, le véhicule s’élance en direction de Accra.

A Takoradi (200 km au sud-est de Accra), le car marque un arrêt dans une gare de la compagnie de transport pour une vérification de la mécanique.

Assise sur une table pleine de pièces de monnaie de Fcfa dans ce pays anglophone, à l’entrée des toilettes de la gare, une femme d’une cinquantaine d’années se frotte les mains grâce à l’argent qu’elle perçoit des voyageurs soucieux de se soulager, en raison de 50 Fcfa pour uriner et 100 Fcfa pour d’autres besoins.

"Cette femme profite pour s’enrichir", lance à tout rompre une jeune femme, la vingtaine d’année, les mains autour des hanches réclamant de l’eau pour les toilettes.

Quelques heures après, le car en partance pour Cotonou se met en branle à travers le paysage pittoresque du Ghana.

Arrivé à la tombée de la nuit à Afflao, à la frontière entre le Ghana et le Togo qui reste fermée quotidiennement à partir de 22h GMT et n’est ouverte qu’à 6h GMT, le car s’arrête pour y passer la nuit.

En dépit de la fermeture, un homme rabougri, habillé d’un tee-shirt jaune propose à deux dames sur un banc de fortune de les faire traverser moyennant la frontière moyennant une somme de "2.500 Fcfa, soit 2.000 Fcfa pour les policiers" qu’ils croiseront.

La proposition semble avoir convaincue deux commerçantes assises juste à côté qui ramassent leurs affaires et le suivent.

A l’aurore, les passagers passent la frontière ghanéenne "arrivé à celle du Togo, la consigne donnée par le convoyeur est claire, "il ne faut surtout pas les énerver" dit-il, les mains jointes. "Préparer tous, les 500 Fcfa. Celui qui refuse ou qui veut discuter va nous faire perdre du temps. Ils vont immobiliser le car", poursuit-il, avant de se rasseoir près du conducteur.

Un homme de taille moyenne, vêtu d’une blouse blanche, monte dans le véhicule et demande que tous présentent, le carnet de vaccination.

Trois jeunes femmes sont sommées de payer 500 Fcfa pour voyager moins de dix jours après avoir fait le vaccin de la fièvre jaune.

Norbert, qui n’a pas perdu une miette de la scène s’emporte, "l’essentiel, c’est de se faire vacciner. On nous dit d’attendre dix jours avant de voyager pourtant, on procède à des vaccins aux frontières".

Après des heures de route, à quelques kilomètres de la frontière béninoise, un homme en chemise bleue de la compagnie de transport, demande aux passagers de lever une cotisation pour les services de la douane béninoise.

Les passagers exaspérés par cette énième requête ne manquent d’exprimer leur désaccord.

"Je voyage toutes les semaines et j’ai déjà payé pour les bagages qui sont restés à Abidjan", lance véhément Mama Salsa, une commerçante qui effectue régulièrement le trajet.

"Cette route, c’est la voie pour tout le monde de se faire de l’argent. En plus de ce qu’on doit payer aux différentes frontières, j’ai payé 4.000 franc CFA pour porter ma valise sur moi. Je dois dédouaner ça aussi" s’insurge M. Merron, assis un siège avant Mama Salsa.

Dans le bureau du service d’immigration de Hillacondji (100 km à l’est de Conotou) à la frontière Togo-Bénin, où transitent tous ceux qui sont détenteurs d’un passeport, l’officier dans son uniforme vert affiche un air imperturbable devant les réfractaires à la règle du : "2.000 Fcfa pour ceux qui entre pour la première fois sur le territoire béninois".

Quelques mètres plus loin, un agent de police positionné dans le couloir de passage pour piéton exige systématiquement 300 Fcfa quand la pièce d’identité n’est pas marquée République du Bénin".

DEK
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