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Politique Publié le mercredi 13 avril 2016 | Ivoire-Presse

Situation sociopolique/ Babily Dembélé (pdt du CIDP) sans détour: « Il y a comme un acharnement contre Guillaume Soro »

© Ivoire-Presse Par DR
Babily Dembélé, président du Congrès Ivoirien pour le Développement et la Paix (Cidp)
Nonobstant quelques ennuis judiciaires qui l'ont éloigné momentanément du terrain politique, Babily Dembélé, président du Congrès ivoirien pour le développement et la paix (Cidp) n'a pas perdu sa verve. Les attaques terroristes de Grand-Bassam, les affrontements de Bouna, le procès de Gbagbo et Blé Goudé à la Cpi, les accusations contre Guillaume Soro, la justice ivoirienne, le référendum, la cherté de la vie...sont autant de sujets sur lesquels il se prononce dans l'entretien qu'il nous a accordé

Depuis quelques années, vous avez des démêlées avec la justice ivoirienne. Vous avez même séjourné à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca). Peut-on savoir les raisons ?
Je suis effectivement un ancien pensionnaire de la Maca et je suis sorti de cette prison il y a exactement un an. Je voudrais d’abord dire, en tant que croyant, que c’est une épreuve que Dieu m’a fait subir. Et cela m’a donné de comprendre beaucoup de choses sur le plan humain, politique et même social. Je pense très honnêtement qu’il faut une profonde réforme de notre appareil judiciaire, de notre appareil sécuritaire, à savoir la police, la gendarmerie, et même l’Armée. Je n’en parle pas par rapport à mon emprisonnement mais en tant que citoyen, je dois me préoccuper de la sécurité de tout le monde. Nous avons aussi appris et constaté beaucoup d’emprisonnements. Ces faits relevant de la justice, il faudrait que celle-ci soit très équitable. Cela permet au citoyen de faire confiance à son appareil judiciaire.

Vous inscrivez vous parmi ces personnes qui pensent que la justice ivoirienne n’est pas équitable?
Absolument. Il y a quand même une terrible défaillance au niveau de l’appareil judiciaire. J’en veux pour preuve mon cas. Babily que tout le monde connaît, ne peut pas être accusé à un si bas niveau de séquestration d’un individu qui ne le gêne pas politiquement, encore moins sur le plan des affaires, et qui est d’ailleurs un fils adoptif. Il est accusé juste pour trouver un argument parce qu’il a créé un parti politique, et c’est cela l’argument du pouvoir judiciaire. je suis donc resté en prison, et on m’a libéré après un an. Cela pour dire que les faits ne sont pas fondés. C’est donc une faiblesse judiciaire. Il faut juger tout le monde. Dès qu’un citoyen est en prison, il s’attend à son jugement ou à défaut, à être libéré. Mais aujourd’hui, des gens sont détenus en prison, quatre voire cinq ans, sans jugement. Il faut reformer la justice. Au delà, nous avons constaté qu’il y a eu deux poids deux mesures dans l’affaire des pro-Gbagbo et pro-Ouattara. Lorsqu’on s’est approché des deux parties en conflit, et qu’il y a une décision de punir, elle doit s’appliquer aux deux camps. Mais là, un camp subit la punition, et l’autre non. Cela est déplorable, et je crois que le président de la République doit revoir sa copie à ce niveau. C’est dans son intérêt et dans celui de la Côte d’Ivoire parce qu’il est celui qui a été élu. Les Ivoiriens ont besoin qu’il parle car, c’est lui que nous voulons voir. S’il y a tous ces manquements dans notre pays, cela voudrait dire que nous ne nous situons pas dans le cadre d’un Etat de droit. Sinon, que perd-t-on à se concerter comme le faisait Houphouët-Boigny? Pendant les grandes crises politiques, bien que c’était le parti unique, Houphouët partait au congrès, et il permettait aux Ivoiriens de se parler, de s’insulter. Et lui même n’était pas épargné. Je pense qu’il y a beaucoup de choses qu’il faut revoir. Et cela, au
niveau de tous les Ivoiriens, dès qu’ils bénéficient d’un moindre pouvoir de décision.

Au plan sécuritaire, il y a eu les attaques terroristes de Grand Bassam, celle des Frci à Tabou, et récemment les affrontements à Bouna. Que vous inspire ce
regain de violence?
D’abord, je suis animé d’une compassion à l’endroit de toutes les personnes qui ont perdu la vie, à l’État de Côte d’Ivoire, tout en déplorant ce qui est arrivé. Mais la
responsabilité de l’État se trouve au centre. Nous ne pourrons pas admettre que les Ivoiriens soient tués ainsi, gratuitement. Il faut que cela change sinon je pense qu’il faudra appeler le régime à démissionner. Car, il y a un budget énorme qui est voté pour la sécurité. Et le président de la République détient aujourd‘hui une arme forte pour la Côte d’Ivoire, qui est le budget ivoirien. Je crois qu’il doit permettre aux Ivoiriens de vivre tranquillement dans la sécurité. Je ne suis pas tout à fait éclairé sur des événements mais il est facile de laisser passer un certain nombre de choses sans que l’État ne s’exprime sur ces différents faits. Ce qui s’est passé à Bouna, ne montre pas le vrai visage de la Côte d’Ivoire qui est un pays d’accueil. Que deux populations d’un même village s’affrontent, et qu’on dénombre à la suite plusieurs morts, il
accuser personne d’autre que le président de la République lui même. Il faut qu’il change de méthode ou qu’il crée une convention pour parler de la paix en Côte d’Ivoire. A ce moment, nous allons nous prononcer pour lui faire des propositions. En entendant, je voudrais saluer l'action de la France qui chaque fois que la Côte d'Ivoire a été en difficulté, a été présente à tous les niveaux : politique, économique, social etc.

Le procès de l'ex-chef de l'Etat Laurent Gbagbo et Blé Goudé à la Cour pénale internationale (Cpi) appelle à de nombreux commentaires en Côte d'Ivoire. Quel est le vôtre ?
Je mets en avant la réconciliation nationale qui peut se répercuter sur tout ce qui se passe sur le plan national. Nous parlons de réconciliation, et le cas de Gbagbo et Blé Goudé, pose problème à ce niveau. Il faut organiser des états généraux sur la
réconciliation. Cela va permettre de donner des avis. Ce qui pourrait aider le chef de l’État, Alassane Ouattara, à sortir par la grande porte. Sinon, en détenant un ancien chef d’État et Blé Goudé à la Haye, je crains que le régions auxquelles ceux-ci appartiennent, soient toujours dans la frustration. Alors que la mission première du président et du gouvernement, c’est de réconcilier. Je ne maîtrise pas les aspects juridiques de l’affaire mais, en tant que citoyen, je pense qu’il faut qu’on s’asseye pour parler et décrisper la situation. Et pourquoi pas aider Laurent Gbagbo et les autres à rentrer en Côte d'Ivoire parce que c’est la fête au pays.(Rires)

Un référendum en vue de la révision de la constitution, est annoncé avant la fin de l'année. Pensez-vous qu’il soit opportun de prendre une telle décision?
Je conseille de faire un sondage parce qu’il s’agit des Ivoiriens qui veulent parler de leur avenir. Si ce sondage permet qu’on aille à cette révision constitutionnelle, nous allons y aller. L’État en a les moyens procédons ainsi et après nous aviserons.

Pensez vous que ce soit une priorité?
Si cette révision correspond à l'aspiration des Ivoiriens, tant mieux. Mais il ne faut pas oublier de trouver des solutions aux nombreuses préoccupations des populations ivoiriennes. Si l'argent qu'on veut débloquer pour le référendum peut être utilisé pour
aider les économiquement faibles, ce serait, je crois, mieux.

En tant que président du Cipd, quel est votre regard sur la question de
l’alternance politique en 2020?
Je suis de la gauche socialiste, je ne suis donc pas Rhdp. Mais je suis beaucoup plus proche d’Houphouët-Boigny que ceux qui se proclament Houphouétistes. Si les
ennemis d‘hier sont devenus des amis aujourd’hui, pour un proche d’Houphouët comme moi, c’est une chose que j’applaudis. Mais, je n’ai jamais vu au monde, de grands partis qui se mettent ensemble, et dont l’amitié résiste jusqu’à la fin. J’aurais conseillé au Pdci d’accompagner le Rdr après les élections mais que la décision de gérer revienne au parti qui a gagné les élections. Et ce qui nous arrange, c’est que leur mésentente va amener le Cidp au pouvoir. Je conseille que tout cela s’inscrive dans un cadre d’harmonie, de paix. Car, si tous ceux-là ne s’entendent pas, il y aura un couac quelque part. Ils ne le disent pas mais chaque groupe nous fait la cour juste pour conforter sa position au cas où les choses se passeraient mal avec ses alliés.

Les ennuis politico-judiciaires de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, constituent un autre pan de l’actualité nationale. Le dernier en date est le rapport des experts de l'Onu qui l'accablent de détenir en cachette, 300 tonnes d'armes. Quel est votre regard sur la question?
J’ai toujours admiré le courage de Guillaume Soro que je connais personnellement. Mais vous savez, la politique c’est d’abord une affaire de hauts risques. Quand vous accompagnez en politique une personne, vous n’avez pas toutes les chances d’arriver au bout. Très jeune, il s’est engagé sur le terrain des grands combats, et tout ne saurait lui être favorable. Je considère d’abord qu’il n’a pas eu la maturité nécessaire pour prendre un certain nombre de décisions, pour accompagner des hommes politiques, au risque de sa vie et de son avenir. C’est de cela qu’il s’agit. Sinon, qu’un étudiant détienne autant d’armes comme le dit le rapport des experts de l'Onu, cela suppose qu’il y ait un complice. Qui lui a donc donné ces armes? La vraie question est de
savoir où est ce qu’il a eu toutes ces armes, qui les lui a données, et à quelle fin? Les Ivoiriens doivent le savoir. Soro a démenti ces accusations. Je suis d'accord car, si on porte de telles accusations, il faudrait en apporter les preuves. Au-delà, je constate qu'il y a trop d'affaires contre Soro. C'est à croire qu'il y a des mains qui activent ces affaires. Il y a comme un acharnement contre le président de l'Assemblée nationale. Pourtant nul n'ignore le rôle important qu'a joué ce monsieur dans l'enracinement de la démocratie en Côte d'Ivoire.

Avant cette affaire, il avait celle des écoutes téléphoniques...
S’il s’avère qu’elles sont authentiques, je crois que,entre le Burkina et la Côte d’Ivoire, la fraternité doit primer. J’engagerai des personnes au sein de mon parti, qui vont œuvrer à rapprocher les deux pays. Le Burkina et la Côte d’Ivoire, c’est la même maison. Sans la frontière artificielle, c’est le même pays. Je pense que si un fils du pays s’est trompé, ce qui reste à vérifier, la solution serait d’abord de se parler. Le président Burkinabé est un frère, et aujourd’hui, c’est Soro, demain, cela pourrait être quelqu’un d’autre. Alors, il faudrait intervenir pour la sécurité de tous, se parler et régler en famille cette affaire.

Au plan socio-économique, les Ivoiriens sont confrontés à la cherté de la vie. Quelles solutions propose le Cidp pour régler la question?
Sans toutefois vouloir choquer le Rdr ou le président Alassane Ouattara, je crois que c’est un bon technocrate mais il n’est pas politique. Quand le technique gêne la politique, le social n’existe plus. C’est cela le problème. C’est pour cela que nous avons créé le Congrès ivoirien pour le développement et la paix (Cidp). Nous allons nous engager à apporter le soutien moral et financier à la base. La cherté de la vie dépend donc de l’étude politique et sociale, que le Rdr n’a pas pu mener à fond.

Vous envisagez certainement de prendre le pouvoir en Côte d'Ivoire. Alors, peut-on savoir ce que vous allez proposer aux Ivoiriens, de neuf ?
Notre ambition première, c’est la réconciliation, la cohésion sociale et le développement participatif de la base au sommet. A cela, il faut ajouter la sécurité et l'ordre. Bien évidemment, le bien-être des populations, constitue une priorité pour tout parti politique qui se veut sérieux.

Quels sont à court et moyen terme, les actions que vous envisagez sur le terrain ?
Le Cidp est resté silencieux parce que nous sommes resté en détention pendant un moment, ensuite il y a eu les élections présidentielles pour lesquelles j'avais demandé à mes camarades de marquer une pause. Aujourd’hui, nous avons quadrillé une bonne partie du nord, de l’ouest, et il est maintenant temps pour nous, que les gens découvrent que nous sommes forts, très forts. Très bientôt donc, nous allons procéder à l’investiture des organes du parti, et aller ensuite à une convention ou un conseil politique, qui va se faire au grand nord. À ce propos, nous sommes en consultation avec nos représentants au nord, pour voir quelle localité nous allons choisir. À ce moment, je pense que les Ivoiriens seront suffisamment informés du programme, des ambitions et du changement que nous voulons apporter à la Côte d’Ivoire.

Les élections législatives et municipales sont pour la fin de l’année, y participerez-vous?
Absolument. La seule chose que nous demandons, c’est qu’il y ait la sécurité. L’essentiel n’est pas de faire un choix en votant un tel ou un tel autre, mais il s’agit de donner la liberté aux Ivoiriens de choisir démocratiquement. Et si dans ce choix on rencontre des gens qui détiennent encore des armes ou même d’autres qui menacent dans les rues, évidemment, nous n’y irons pas. Mais si les conditions de sécurité sont réunies, nous serons en première ligne aux municipales, c’est clair. Je sais que le Cidp a déjà commencé à se positionner. Vous verrez, je vais faire la surprise car il n y pas de villes ou de gros villages où Babily n’a pas posé d’actes. Que ce soit la construction d’une église, d’une mosquée ou même des populations que je fais partir à la Mecque. en tout cas j’avais préparé ma politique il y a longtemps. En ce qui concerne la députation, puisque le président de la République veut avoir un coup de force, le combat ne va pas être facile. Mais nous allons nous battre dans la paix et sans heurts. Nous conseillons d’ailleurs aux uns et aux autres de désarmer les cœurs et les mains. Qu’on ne parle plus d’armes en Côte d’Ivoire. Je le dis à chaque rencontre, je ne veux même plus qu’il y ait une injure à fortiori une gifle. Car, on ne peut pas parler de paix dans un parti politique pendant qu’on y constate des palabres.

BAMBA Idrissa
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