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Économie Publié le mardi 17 mai 2016 | Le Nouveau Réveil

Filière coton-anacarde: un audit accable la gestion du Conseil

© Le Nouveau Réveil Par DR
L`anacardier
Le Conseil du Coton et de l’Anacarde s’accroche à l’affaire, la gestion unilatérale de la sacherie export. Enjeu de la bataille, des dizaines de milliards FCFA prélevés et dépensés dans une totale opacité.

Avec une certaine bienveillance de certaines personnalités, envers et contre la vision du Président de la République.

Un audit commandité par la Haute autorité pour la Bonne Gouvernance révèle pourtant un colossal détournement.

Le Directeur Général du Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA) se frotte les mains. Et il y a de quoi ! En effet, malgré l’annulation de sa décision, prise la semaine dernière, de suspendre les agréments de plusieurs exportateurs nationaux, suite à un bras de fer qui l’oppose à ces derniers, M. Malamine Sanogo déclare à qui veut l’entendre qu’en définitive, son objectif principal qui était de garder la mainmise sur la manne de la sacherie export est atteint, la Présidence de la République, selon ses dires, ayant choisi de « couper la poire en deux » : la suspension des agréments est levée, mais la gestion des fonds de la sacherie demeure la prérogative exclusive du Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA).

Décision effective de la Présidence de la République ou affabulation ? Peut-on s’interroger légitimement. Les exportateurs, incrédules, attendent une notification officielle pour y croire, selon le commentaire d’un des opérateurs, ayant requis l’anonymat, que nous avons nommé Serge Soro. M. Soro et plusieurs autres exportateurs, dubitatifs, affirment ne pas vouloir imaginer un seul instant, que ni le chef de l’Etat, ni ses proches collaborateurs, soient à la base de mesures qui viseraient à protéger des pratiques de mauvaise gestion avérées par les résultats d’audit de l’organe de régulation de la filière qu’est le CCA.

Le CCA est un organe de régulation, de suivi et de développement, créé à la demande du Président de la République pour impulser une meilleure organisation de la filière et relever le niveau de revenus des paysans (la volonté affirmée du Président Alassane Ouattara est de procurer aux producteurs une rémunération de leurs produits équivalente à pas moins de 60% des prix CAF des produits agricoles d’exportation).

Les conclusions provisoires d’un audit réalisé par le cabinet Deloitte à la de la Haute autorité pour la Bonne Gouvernance, audit financé par un fonds public américain, révèlent le « détournement » d’importantes ressources de la filière par la Direction Générale du Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA). Il s’agirait notamment d’un prêt de 1,9 milliard de Fcfa alloué par le Conseil du Café- Cacao au CCA, dans le but de l’aider à s’installer et à démarrer les activités de la nouvelle filière.

Selon les conclusions de cet audit, seulement 2% de cette somme ont été utilisés pour l’objet du prêt. Mais l’audit ne s’arrête pas à ce seul chapitre.

Passant au peigne fin l’ensemble de la gestion du CCA jusqu’au dernier exercice clos, l’audit conclut à un détournement global de près de cinq milliards FCFA.

L’information a été donnée par le Secrétaire Général de la Haute autorité pour la Bonne Gouvernance luimême, en présence des dirigeants du Conseil (CCA), de leurs avocats ainsi que des exportateurs.

La filière du Coton et de l’anacarde, plus précisément la noix de cajou, dont la production nationale a atteint des sommets ces dernières années (sept cent mille tonnes), est désormais devenu un produit très juteux et sa gestion soulève une vive controverse. Le prix du kilogramme pour la campagne en cours a été fixé à 350 FCFA.

Les prélèvements directement effectués par le CCA à ses guichets au titre de la parafiscalité, qui procurent des ressources non négligeables à l’Etat, ont grimpé, passant en l’espace de trois campagnes de 9,83 FCFA/kg en 2014, à 45,33 FCFA/kg en 2016, ainsi répartis: Contrôle Qualité et Poids à l'Exportation (1,50 F CFA/kg); Redevance Conseil du Coton et de l'Anacarde (3,00 F CFA/kg); Prélèvement sacherie brousse (5,33 F CFA/kg) ; Prélèvement Fonds de soutien (3,50 F CFA/kg) ; Prélèvement soutien à la structuration (30,00 F CFA/kg) ; Entretien pistes et Développement (2,00 F CFA/kg).

Et c’est essentiellement le mode de gestion des ponctions au titre de la sacherie qui soulève le courroux des exportateurs. La réalité dans toutes les autres filières est que la sacherie export est gérée directement par les exportateurs et autres opérateurs de la filière (dans le cadre d’une Interprofession), qui sont les seuls à répondre de leur qualité devant les acheteurs à l’international. Du reste, M. Soro et ses autres collègues exportateurs dénoncent une gestion de fait dont le résultat est un énorme scandale financier. Ils en veulent pour preuve, des décaissements anormaux sur les comptes de la sacherie ouverts par le CCA dans une banque de la place.

A titre d’exemple, en 2015, sur le compte 251191-000-103457-000, pour la seule journée du 16 juin, le DAF et le comptable du CCA ont effectué deux retraits de 100 millions FCFA chacun, soit deux cent millions en espèce, là où les paiements aux deux fournisseurs officiels que sont Filtissac et Fav Wico se font toujours par virement bancaire.

Ces nombreux retraits anormaux ainsi que la confusion installée dans la gestion des comptes sacherie brousse et sacherie export, ont fini par vider les comptes dédiés à la sacherie export. En effet, sur l’exercice 2014-2015 a démarré avec un solde positif de 3 milliards sur le compte sacherie export.

Après des dépenses d’achat effectuées de l’ordre de 1,178 milliard FCFA, le solde a révélé un montant de 123, 543.721 millions FCFA, soit un trou de plus de 1, 050 milliard FCFA.

Officiellement, la Direction Générale le justifierait par des dépenses d’achat de sacherie brousse.

Le constat est douloureux pour les exportateurs qui regardent du côté des autorités nationales dont ils attendent une réaction conséquence, car pour eux, l’avenir de la prometteuse filière du Coton et de l’Anacarde est désormais menacé. Et notre exportateur Serge Soro de s’apitoyer sur le sort des opérateurs de la filière : « Qui couvre ces prédateurs qui, au lieu de servir loyalement l’Etat et les acteurs de la filière, choisissent de se servir d’abord ? L’Etat vat- il laisser faire, donc défaire cette filière de la noix de cajou qui est considéré désormais comme un produit d’exportation majeur pour notre pays et compte parmi les produits agricoles les plus convoités sur le marché international ?». Le gouvernement ivoirien est interpellé !

A.S.C
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