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Politique Publié le samedi 25 juin 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Affaires 29 000 signatures pour Gbagbo et vidéo ‘’accusant’’ Ahoussou

© L’intelligent d’Abidjan Par Atapointe
Conférence de presse du premier ministre Kablan Duncan
Jeudi 05 septembre 2013, Abidjan. Le Premier ministre Kablan Duncan anime une conférence de presse relative à l`action gouvernementale. Ph: André Silver Konan
André Silver Konan dévoile Regardez bien cette capture d’écran. Elle a été faite au moment où j’écrivais ces lignes, à savoir à 12h30, ce vendredi 24 juin 2016. 7 443 signatures. C’est le chiffre qui était affiché sur le site Internet Pourgbagbo.com, lancé tambours battant, avant-hier mercredi, par les supporters de Laurent Gbagbo, en vue de recueillir « 20 millions de signatures en trois mois », pour la libération de l’ex-chef d’Etat, jugé à La Haye pour différents crimes présumés contre l’humanité. Comme vous le constatez vous-mêmes, c’est loin, très loin des 29 000 signatures annoncées, sans rire, à l’issue de la cérémonie de lancement, mercredi à Abidjan. Une affaire de faux…
L’on me répondra que les initiateurs de la pétition ont tenu compte des signatures physiques. Soit, et je suis d’accord avec cela. Mais le lancement a été fait dans une salle qui réunissait moins de 1 500 personnes qui n’ont d’ailleurs pas toutes signé, puisqu’une bagarre a éclaté entre rivaux pro-Blé Goudé et certains ont été vidés de la salle. C’est au cours de ce lancement et pas avant, que des blocs de signature ont été remis aux responsables et chefs de partis proches de la mouvance du FPI-Sangaré, présents, à qui il a été demandé de recueillir les signatures de leurs militants et sympathisants, quand ils rejoindront leurs bases. A quel moment donc, a-t-on obtenu ces 29 000 signatures, si ce n’est qu’elles sont sorties tout droit de l’imagination de l’huissier commis à cette tâche ? Un huissier qui ferait du faux, en live ? C’est le discrédit qui serait ainsi jeté sur tout le processus de récolte des signatures. Ne soyez donc pas surpris que les organisations internationales n’accordent aucun crédit à cette pétition, parce qu’elles auraient, dès le premier jour, décelé chez l’huissier commis à la comptabilité des signatures, une flagrante propension au faux et à la manipulation des chiffres. Demain, il dirait que la pétition aura récolté 10 millions de signatures, seuls ceux qui voudront y croire, croiront et comme le prédisent déjà les pro-Affi, ça n’aurait contribué à rien, sinon qu’à la promotion médiatique de ses initiateurs. Pauvres de Dadié et de Koffigoh, eux qui sont pourtant de bonne foi…
A mon avis, l’huissier des pro-Sangaré a d’ailleurs été tendre avec nous Lol. Il aurait pu dire que la pétition avait recueilli 290 000 signatures ou 2.9 millions de signatures, dès le premier jour, et les journalistes présents, auraient rapporté ces mensonges, sans aucune espèce de précaution, ni de vérification, par négligence ou manque de rigueur professionnelle ou même par simple militantisme désintéressé.
Le faux, encore le faux et toujours le faux. Telle semble être la marque de fabrique de certains politiques en Côte d’Ivoire. Ces mêmes qui hier, ont fait croire à Laurent Gbagbo qu’ils avaient fait enrôler 4 millions de personnes, rien qu’au sein du Cojep, prêtes à porter leur choix sur lui. Ces mêmes qui déclaraient vouloir aller libérer Man, avec 30 000 jeunes combattants aux mains nues. Ces mêmes qui ont annulé des chiffres sans tenir compte de la constitution qui ne leur en donnait pas le droit, lesquelles annulations nous ont plongé dans la plus grave crise de notre histoire et dont la suite se déroule actuellement à la CPI.

Labos du faux
C’est à croire que cette catégorie de supporteurs ne vit que dans le faux et pour le faux. Tenez, le même jour, comme si huissiers et avocats s’étaient passé le mot, un autre labo du faux faisait visionner une vidéo au tribunal du Plateau, lors du procès de Simone Gbagbo.

En effet, dans une vidéo de 45s (lisez bien 45 secondes), disponible sur YouTube, à partir des mots clés « Ahoussou Jeannot Genève », enregistrée en mars 2011 à Genève et opportunément postée le 14 juin 2016 (vous avez bien lu) ; on entend l’ex-Premier ministre, alors ministre de la Justice d’Alassane Ouattara, répondre à une question (à peine audible) à lui posée par des visiteurs (des militants du RHDP venus pour avoir certaines explications face au faux et aux rumeurs de toutes sortes), sur la présence au Golf Hôtel de « tous ces jeunes gens ».

« C’étaient des jeunes gens qui étaient venus nous accompagner pour la marche du 16. Ils étaient 300 et quelque. Ils étaient là et c’est maintenant qu’on vient de les faire partir. C’est eux qui bougent sur le terrain. Ils étaient là, ils avaient été bien conditionnés, bien formés. On leur a dit ça suffit comme ça, allez sur le terrain. Parce que c’était avec eux qu’on devrait aller libérer la RTI. Donc ce n’était pas des femmelettes ». Rien de plus.

Ce bout de vidéo, totalement sorti de son contexte et rafistolé par les labos du faux ; a été brandi à l’audience, comme preuve qui incriminerait Jeannot Ahoussou-Kouadio. Faut-il en rire ou en pleurer ? Dans le fond, il faut vraiment être naïf pour croire qu’on initie une marche ou des actions de mobilisation des masses, dans un contexte de violences (comme c’était le cas, pendant la crise postélectorale), sans former et conditionner les meneurs. C’est ce que les responsables qui étaient claquemurés au Golf avaient fait, en formant les 300 jeunes dont parle JAK. Et c’est pour n’avoir pas compris qu’une marche se prépare avec des meneurs « conditionnés et formés », que la défunte CNC a raté sa marche sur la RTI et que tous ses appels pour des journées villes mortes et autres, ont lamentablement échoué.

Quant à l’expression « c’était avec eux qu’on devrait aller libérer la RTI », il faut l’inscrire dans son contexte. A cette époque, personne ne disait « marcher sur la RTI », mais « libérer la RTI ».

Bref. Il est inutile de rappeler le contexte de la présence à Genève d’Ahoussou, marqué par les assassinats de jeunes aux sièges du PDCI à Cocody et du RDR local de Wassakara, ainsi que l’assassinat des femmes d’Abobo.

Que retenir en fin de compte, de ces deux faits cités plus haut ? Une même chose : là où certaines personnes dans l’entourage de l’ex-couple présidentiel sont présentes, il faut toujours, alors toujours, s’attendre à une profusion de faux. Avec celles-ci, le faux est la règle, et le vrai l’exception.

André Silver Konan
Journaliste-écrivain
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