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International Publié le mardi 5 juillet 2016 | AIP

Le Nigeria, terre de prédilection de la cybercriminalité en Afrique(feature)

Abidjan - Un couple suédois est arrivé à Lagos le 8 mars dernier dans le but de prendre le contrôle d'une compagnie pétrolière dans laquelle il avait investi environ 1,5 milliard de F CFA(trois millions de dollars), par le biais d'une offre sur internet.

Les responsables du département des enquêtes criminelles et du renseignement (CIID), une unité de la police nigériane, avaient eu du mal à aider les deux ressortissants suédois en pleurs, après que ces derniers eurent raconté comment ils avaient été mis au courant de l'offre sur internet et décidé d'investir leur épargne-retraite dans l'affaire.

Dans les villes telles qu'Abuja, Lagos et Port Harcourt, le CIID est souvent inondé de différentes affaires liées à une pratique qui s'est popularisée au Nigeria sous l'appellation d'arnaque "419" ou "lettre nigériane."

La Lettre nigériane ou "arnaque 419"
Dans de nombreux pays, le terme de "lettre nigériane" renvoie à une lettre magnifiquement écrite, pour solliciter un investissement ou un partenariat en vue d'un transfert de fonds du compte d'un père riche en délicatesse avec le gouvernement.

Dans certains cas, les escrocs vont jusqu'à prétendre être les enfants de dirigeants militaires défunts, tels que Sani Abacha (qui a été accusé d'avoir détourné des millions de dollars des caisses de l’État) et qu'ils souhaitent transférer d'énormes sommes d'argent du compte caché de leur père vers un compte off-shore, afin d'éviter que les agences gouvernementales compétentes ne parviennent à remonter jusqu'à leurs propriétaires.

Au début des années 1990, le business du "419" était circonscrit à Lagos et n'était l'apanage que de ceux qui avaient accès à l'internet ou qui disposaient de réseaux d'amis ou de relations en dehors du territoire nigérian.Mais avec la libéralisation du secteur de la communication par le gouvernement et un accès accru à l'internet, ainsi que l'étalage de leurs richesses par les fraudeurs, le "419" est devenu si attrayant que la plupart des jeunes diplômés dans les villes du Nigeria passent de longues heures par jour sur internet, mettant subtilement au point le dernier attrape-nigauds, avec comme cible privilégiée, les étrangers.

Hausse de la cybercriminalité
En mars dernier, lors d'un atelier organisé par l'Agence pour le développement des technologies de l'information pour renforcer les capacités des médias en matière de couverture des actes de cybercriminalité, il a été révélé que le Nigeria perd 89,55 milliards de nairas (près de 450 millions de dollars) par an à cause de la cybercriminalité.

Oscar Ekponimo expert en cybersécurité basé au Nigeria explique que la cybercriminalité était constamment en hausse au Nigeria ces dernières années, avec l'avènement du mobile, en partie parce que plus de 60% de la population nigériane a accès aux téléphones portables et environ 65 millions de personnes utilisent l'internet.

Selon l'expert, la forte pénétration du mobile, de même que l'utilisation d'internet, font du cyberespace une arène précieuse pour les échanges de biens et de services à valeur de compensation monétaire, mais cette utilisation alimente également la cybercriminalité.

Les cybercriminels ont également profité de l'insurrection du groupe militant Boko Haram pour abuser les organisations internationales, ainsi que des individus qui envoient, sans méfiance, de l'aide au profit des victimes des attaques terroristes.Les criminels ont mis en place des sites Web sollicitant de l'aide au nom des victimes.


Lutte contre la cybercriminalité
Dans le cadre des efforts visant à freiner les activités cybercriminelles, le gouvernement nigérian a introduit certaines mesures telles que la loi sur la cybercriminalité, entrée en vigueur le 15 mai 2015.Les dispositions de la nouvelle loi prévoient les conditions de la prévention de la cybercriminalité et les réponses idoines apportées par les pouvoirs publics.Il s'agit d'un texte élaboré censé protéger les Nigérians d'individus sans scrupules qui utilisent l'internet pour arnaquer les citoyens et organisations sans méfiance.

Oscar Ekponimo évoque également la mise en place en 2014 des équipes d'intervention d'urgence en informatique pour gérer les incidents liés à la cybersécurité et l'inauguration d'un conseil consultatif sur la cybercriminalité, dans le cadre des efforts gouvernementaux en vue de lutter contre le fléau.

Oko Johnson, étudiant en informatique à l'université fédérale de technologie, à Minna, dans l'Etat du Niger au Nigeria, estime que l'internet offre beaucoup de possibilités."Mais le gouvernement doit se pencher sérieusement sur comment ces possibilités sont utilisées, dans la mesure où les jeunes gens dans les écoles secondaires et les institutions supérieures d'éducation voient maintenant en l'internet une opportunité de se faire de l'argent (grâce à des pratiques frauduleuses)", fait-il savoir.



La cybercriminalité est un concept regroupant plusieurs infractions ayant pour cadre un espace virtuel tel qu'un réseau informatique, au moyen d'outils informatiques.Si pour la plupart des Africains, le terme se réfère à la fameuse arnaque nigériane, en revanche, à l'échelle mondiale, il s'agit d'un phénomène d'une ampleur inouïe : selon plusieurs études, la cybercriminalité coûte chaque année à l'économie mondiale la somme de 500 milliards de dollars.A l'échelle de l'Afrique, le coût est déjà estimé en dizaines de milliards de francs CFA. Avec le boom de l'internet en Afrique, porté par l'essor de la téléphonie mobile, on peut légitimement se demander si le continent est préparé à faire face au phénomène.

(AIP/Scidev)

amak
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