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Société Publié le mercredi 17 août 2016 | AIP

Côte d’Ivoire/ Le « Cimetière des bateaux » à l’île Boulay (Abidjan), un vieux souvenir (Reportage)

Abidjan, la capitale économique ivoirienne ou la perle des lagunes. Au nombre de ses attraits touristiques, l’île Boulay, dans la périphérie Nord-ouest, regroupant une dizaine de villages. Un autre fait marquant dans les environs de cette île, il y a de cela quelques années, le « cimetière des bateaux », paradoxalement considéré comme un lieu touristique, que l’on apercevait lorsqu’on effectuait, le week end une randonnée sur la lagune à bord des bateaux bus de la société de transport abidjanais (Sotra). Qu’est devenu ce site aujourd’hui ?

Ce jeudi, 11 août, après 10 minutes de voyage à bord d’une pinasse (une pirogue artisanale équipée d’un moteur), en compagnie de M. Danho Daniel, agent de marie chargé du recouvrement sur l’île, nous découvrons « Essibissa », premier village de pêcheur ghanéen signifiant en langue Ashanti « Arriver, il faut demander ».

Nous y sommes prévenus de passage chez l'un des chefs traditionnels que le cimetière des bateaux n’existe désormais que de nom. « Il n’y a plus de bateaux sur le site. Les chinois sont venus couper tous les fers », indique un jeune du village. Mais pour plus de curiosité, nous décidons d’y aller pour voir de plus près ce qu’est devenu ce lieu où étaient entassés les bateaux usagés.

Un parcours du combattant

D’Essibissa, nous arrivons dans le deuxième village « Awrankro » (village des awanran). Là, un seconde guide, Dessea Grégoire, accepte volontiers de nous conduire sur le site. En chemin, machette à la main, notre guide nous situe sur les motivations et les raisons qui ont conduit à stocker ces gros navires à cet endroit.

Après l’étape Awrankro, suit celle de « Baoulékro » (village baoulé) avant l’épreuve de la traversée d’une broussaille, environ un kilomètre, qui nous mène sur la « mythique » Eden City, lieu de récréation et de divertissement qui vit défiler d’illustrer personnalités, apprend-t-on. La propriété de « Mister Brown » détruite pendant la crise post-électorale de 2010-2011 n’existe aujourd’hui que par son pont d’accostage et son terrain sablonneux de volleyball.

Au milieu de l’océan, l’ex-cimetière des bateaux à travers des débris de fer de bateaux à peine visibles. « Selon ce que nous apprenons de part et d’autre, ce sont des bateaux dont la durée de vie a expiré. Les opérateurs décident de s’en débarrasser plutôt, afin d’éviter les écoulements » nous apprend, M. Dessea, non sans confirmer la disparition des navires. Il y a de cela quelques années, c’était un véritable amas de bateaux. En effet, quand le bateau tire sa révérence, le propriétaire le conduit à cet endroit de la lagune qui est considéré comme sa dernière demeure. Comme dans un cimetière, ces bateaux sont regroupés. Leur décomposition se fait progressivement comme celle des hommes. Si pour l'homme, la chair fait place aux os, pour les bateaux, la rouille se charge d'éroder le tas de ferrailles au fil des années.

Nous décidons d’y aller de plus près. Après plus trois kilomètres de marche dans la brousse, défiant insectes branches, et reptiles, nous sommes à Magneri. Ce village qui n’enregistre qu’un seul habitant, le sexagénaire, Kouassi Azaleteur qui vit en bordure de la lagune depuis des années et dort sous un appatam de fortune fait de piquet de bois et couvert de sachet noir.

Ce qu’est devenu l’ex-cimetière des bateaux

« Moi j’étais ici et puis Houphouët est mort. J’ai construit une maison qui est cassée et que je compte reprendre», confie le vieux Kouassi. Avant que -gbangban-là, n’arrive (crise post-électorale de 2010-2011), les blancs sont venus avec des grues sur des bacs. A l’aide d’une sorte de lame, ils ont découpé les bateaux en morceau et ont emporté les fers", révèle, le sexagénaire occupé à confectionner des abris à base de feuilles de palmiers nattées. "A la suite des blancs, des africains dans des hors bords, utilisaient des méthodes pour ramener à la surface, les bateaux enterrés sous l’eau et à l’aide de lames de scie, coupaient les fers", ajoute-t-il.

M. Dessea témoigne avoir vu à maintes reprises des ferrailleurs dans des hors bords venir se ravitailler en fer, entraînant la quasi disparition du cimetière des bateaux sur l’ile Boulay.

L’avis d’un expert

"Parler de cimetière des bateaux en terme d’attrait touristique est un paradoxe", relève un expert en droit et économie maritime, indiquant que la décision de se débarrasser de cet amas de ferraille aurait été inspirée par les autorités portuaires dans le cadre de l’extension du port d’Abidjan vers l’île Boulay qui ne manque toutefois pas d’attraits touristiques au nombre desquels la Baie des Milliardaires.

Il fait savoir que lorsque les bateaux tirent leur révérence, ils sont conduits en mer, où l’on crée un récif qui est exploité par des industriels qui récupèrent l’amas de ferraille pour être recyclé et produire à nouveau du fer destiné aux industries. L’Inde aurait la plus grande industrie au monde en cette matière, fait-il savoir.

Un reportage réalisé par Bassolé Simon Benjamin (stagiaire) en collaboration avec Kouassi Assouman, Rédacteur en chef des Bureaux régionaux (AIP).

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