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Société Publié le jeudi 8 septembre 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Contribution: Mère Teresa, une vie qui déconstruit la vie

Le dimanche 04 septembre 2009, le Pape François a lors d’une messe canonisé Mère Térésa, place Saint-pierre de Rome, devant 100 mille personnes. Cette nonne décédée le 05 septembre 1997 à l’âge de 87 ans à Calcutta en Inde, a bénéficié d’un processus fulgurant de béatification et de canonisation par le Vatican. Cette « faveur », elle ne la doit pas au hasard. C’est pourquoi, il est important de revisiter la vie de cette religieuse qui déconstruit les normes actuelles de la vie.
Née le 26 août 1920 dans une famille de paysans catholiques en Albanie alors sous l’empire ottoman, elle se voue très tôt à la vie religieuse. A 12 ans, Agnès Boja Xhiu de son vrai nom, chante à la chorale et se passionne pour les articles de la revue des jésuites qui œuvrent au Bengale. A 18 ans, elle devient missionnaire dans la Congrégation de Notre-Dame de Lorette et partira pour sa formation à Dublin en Irlande, siège de cette congrégation. Suivie par une compagne de lycée, elles seront affectées à Calcutta en 1929, du fait de leur parler appréciable de l’anglais.
Pendant 20 ans, elle y enseigne la géographie dans un lycée huppé de jeunes filles. Puis dirige la Congrégation des filles de Sainte-Anne, un ordre indien attaché à la Congrégation de Notre-Dame de Lorette. Toutefois, devant le spectacle de misères répandues auquel elle assiste, celle qui va prendre le nom de Mère Teresa, en l’honneur de la petite Thérèse qu’elle choisit comme patronne et guide vers la sainteté, va décider de vouer sa vie aux plus pauvres. Dans un article qu’elle envoie à la revue Missions catholiques, elle affirme : « de nombreuses familles vivent dans les rues, le long des murs, dormant à même le sol. Parents et enfants sont pratiquement nus, avec tout au plus un pagne en guenilles. Si nos compatriotes voyaient cela, ils cesseraient de se plaindre et remercieraient Dieu de l’abondance dans laquelle ils vivent ..."
La première leçon que nous donne-là Mère Térésa, c’est le devoir de révolte devant les misères du monde. Une insurrection morale qui fustige le conformisme ambiant actuel qui caractérise notre monde et que contribue à maintenir cyniquement le système régnant.
En 1946, suite à un « appel » qu’elle reçoit dans le train qui l’amène à Darjeeling, son lieu de retraite annuelle, elle obtient l’autorisation de quitter son ordre. Elle va alors troquer la tenue des Sœurs pour un sari ceint de bleu et s’installe à Taltola dans un bidonville de Calcutta avec d’autres sœurs qui la suivent. Pour s’occuper des, pauvres, malades, laissés pour compte et des mourants. Cela commence alors par l’ouverture « d’un mouroir » pour assurer une bonne fin à ceux qui ont vécu « comme des bêtes » leur vie durant. Consciente des défis auxquels elle s’attaque, elle va créer la Congrégation des missionnaires de la Charité et plus tard, la Fondation des missionnaires de la charité dont le siège est dans le diocèse de Calcutta. Cette congrégation compte actuellement plus de 500 missions, près de 5000 Sœurs missionnaires et 40 000 laïcs dans plus de 130 pays. En Côte d’Ivoire, l’ordre est installé à Anyama où il contribue, entre autres, à l’alphabétisation des populations. Parallèlement, à la demande des prêtres, elle fonda la Congrégation des Frères missionnaires de la Charité en 1963 et les Pères missionnaires de la Charité en 1984.
La deuxième leçon que nous donne Mère Térésa, c’est ce que le philosophe Roger Garaudy appelle «la force de l’initiative historique » dans son œuvre Biographie du XXe siècle. Alors qu’il évaluait l’énergie qui a animé le Prophète Mohammed (sur lui paix et salut) et ses compagnons, à reformer la société polythéiste et anarchique de la Mecque. On peut en dire de même de Mère Térésa, pour la force qui a alimenté son combat contre la pauvreté et la déshumanisation de l’homme, d’abord en Inde puis, à travers la planète. Des efforts couronnés par plusieurs distinctions dont le Prix Nobel en 1979, qu’elle dédia aux plus pauvres de la planète. Une « force de l’initiative » que chacun de nous peut avoir à quelque niveau, pour nous réformer et reformer notre environnement. Dieu seul sait les nombreux défis de tous ordres qui n’arrêtent pas de s’amonceler. Tous, les conséquences d’un tout-matérialisme dévastateur, source d’un scepticisme rampant dans le monde, surtout chez les plus jeunes.
La troisième leçon a trait au matraquage idéologico-médiatique qui fait croire que l’ordre du monde ne permet pas l’éclosion d’un leadership féminin. Mère Térésa montre-là les limites d’une telle approche idéologique, concernant les rapports socio-économiques entre les deux sexes. Car, elle, femme démunie, partie de rien, est parvenue, grâce à une spiritualité profonde et active, une conviction et une détermination à toutes épreuves à montrer dans la durée, que n’importe peut arriver à asseoir son leadership et sa vision du monde.
En outre, il n’a pas souvent été mis sur la place publique. Mère Térésa a, en réalité, passé une longue « nuit » spirituelle durant son cheminement spirituel. En effet, malgré toute sa dévotion, elle a pendant longtemps eu l’impression d’ « être rejetée » par Dieu. Au point de douter de son existence. Mais elle est toujours repartie à la charge, avec une ardeur plus intense pour se rapprocher de lui. Ce n’est qu’au bout de cette quête de « soif » inlassable qu’elle est parvenue à une fusion avec Dieu et à le découvrir véritablement.
La quatrième leçon qui en ressort est la difficulté qui entoure la quête vraie de Dieu. Mère Térésa trace un cheminement unique qui demeure aux antipodes des « offres-business» que nous servent de nos jours, certains religieux, sur le chemin de la rencontre de Dieu!

NURUDINE OYEWOLE
onurudine16@gmail.com
Consultant-communicateur
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