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Société Publié le samedi 24 septembre 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Championne l’enjailleuse : Alafé Wakili ou l’envie “bitonisatrice”

Une bonne majorité des romans écrits par des journalistes ont ceci d’intéressant en ce qu’ils interrogent les rapports entre journalisme et littérature, en fonction des relations que ces deux sphères entretiennent aux faits et à la fiction d’une part, et des procédures poétiques et rhétoriques qu’ils s’empruntent d’autre part. Le journaliste Alafé Wakili, dans la fière succession de ses publications littéraires, tente de démontrer que pour lui, journalisme et littérature vont de pair.
Après « Instants de vie » paru en 2009; « Notre histoire avec Laurent Gbagbo » en 2013, sa troisième œuvre « Championne l’enjailleuse » est un roman d’une centaine de pages dans lequel il développe la question des rapports hommes-femmes, la responsabilité individuelle et sociale, la religion, la politique, le rapport à l’argent etc… Un déroulé romanesque qui se fait à travers la figure de Championne, une jeune fille née aux Etats Unis qui vit en Côte d’Ivoire, fière et « contente de l’effet » qu’elle fait sur les hommes. Elle s’en abreuve, joue, fait de son attirance et de ce succès, le leitmotiv de sa vie. C’est le roman d’une révoltée contre les dérives des hommes, contre la négligence de leurs familles au profit ‘’des petites’’. Le projet littéraire de cette œuvre romanesque est donc d’un intérêt considérable si l’on raisonne, par comparaison, à l’échelle des années.
En revanche, là où l’on cabre un peu se situe au niveau du code langagier utilisé pour raconter cette histoire. Si l’hybridité linguistique (registre courant et registre argotique-nouchi) apporte un plus incontestable à la réception du récit, il n’en demeure pas moins que pris dans son ensemble, le texte perd de son charme et côtoie facilité et laisser-aller.
A commencer par l’entame : la préface d’une gaucherie désopilante de Lamine Kamissoko qui semble traduire sur un mode ironique et léger sa vision de la « femme moderne ». Une préface qui à mon sens, semble censurer le génie de cette œuvre puisque pendant tout son long, les mêmes tons, les mêmes phraséologies, les mêmes souffles, les mêmes drôleries qui ne passent pas le sourire…
Même si l’on y retrouve du Alafé, des moments de grâce, des belles trouvailles, de l’esprit, ils ne durent guère, pas plus qu’une ondée d’Avril.
Alafé Wakili est incontestablement un écrivain qui compte quand l’on raisonne à l’échelle des productions littéraires ivoiriennes. Son dernier livre hélas, pêche par le ton et tombe dans la « bitonisation » de l’écriture de plus en plus servie en Côte d’Ivoire.

Zacharie ACAFOU
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