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Politique Publié le vendredi 14 octobre 2016 | AFP

Côte d’Ivoire: l’opposition appelle au boycottage du référendum sur la Constitution

Côte d’Ivoire: l’opposition appelle au boycottage du référendum sur la Constitution
© AFP Par D. Tagro
Sit-in annoncé de l’opposition devant l’Assemblée nationale : Hamed Bakayoko souhaite le report de la manifestation
Mardi 4 octobre 2016. Abidjan. Nouvelle Constitution, sit-in annoncé de l’opposition devant l’Assemblée nationale, le ministre Hamed Bakayoko reçoit l`opposition. Photo: Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), principal parti de l’opposition en Côte d’Ivoire.
Abidjan - L’opposition ivoirienne va boycotter le référendum du 30 octobre sur la nouvelle Constitution voulue par le président Alassane Ouattara, estimant qu’il s’agit d’un projet "rétrograde, démagogique et monarchique", selon l’expression du chef de l’opposition.

"Nous appelons tous nos militants, nos compatriotes à ne pas se sentir concernés par ce qui doit se passer le 30 octobre (...). Nous sommes dans la voie du boycottage", a lancé au nom de l’Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire (AFD-CI) Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo.

Le FPI tendance Abou Drahamane Sangaré, l’aile dure du parti, qui est en rupture avec la présidence du FPI, avait déjà appelé au boycottage alors que d’autres hommes politiques de l(’opposition se sont aussi exprimés contre le projet.

"Il faut qu’ils (les Ivoiriens) réservent leur vote pour les élections législatives à venir --prévues avant la fin de l’année. Nous les appelons à se mobiliser massivement pour porter au parlement la majorité des députés de manière à ce que le FPI et l’AFD-CI aient les moyens juridiques et politiques pour abroger ce qui va se passer le 30 octobre et mettre en oeuvre un projet constitutionnel qui soit fondateur de la paix, de l’unité nationale, de la démocratie et du progrès économique et social", a ajouté M. Affi Nguessan.

Pour le président Ouattara, le projet "tournera définitivement la page des crises successives" qui ont secoué ce pays et en finir avec l’"ivoirité", qui a empoisonné la vie de ce pays d’Afrique de l’Ouest pendant plus d’une décennie et manqué de le plonger dans la guerre civile. Le projet clarifie notamment les conditions d’éligibilité à la présidence de la République.

-’pour qu’après lui ce sera toujours lui’ -

En outre, il prévoit la création d’un poste de vice-président "élu en même temps" que le président et d’un Sénat, dont un tiers des membres sont nommés par le président. Il prévoit aussi l’institutionnalisation de la chambre des rois et chefs traditionnels ou une extension des compétences du Conseil économique et social avec l’ajout de compétences en matières culturelle et environnementale.

L’opposition s’est montré hostile au projet dès sa genèse reprochant au pouvoir de ne pas être consulté ou associé à la démarche. "Comme quelqu’un l’a dit +Pourquoi se contenter de participer au digestif alors qu’on vous a exclu de l’entrée et du plat de résistance+", a ironisé vendredi M. Affi Nguessan.

Le président Ouattara "opère avec la Côte d’Ivoire comme un propriétaire vis à vis d’un patrimoine personnel. Ce qu’il nous propose c’est moins qu’une Constitution, ce n’est même pas le règlement intérieur du RHDP (la coalition soutenant Ouattara), c’est son testament pour organiser la dévolution de son patrimoine à ses successeurs de manière à ce que ce patrimoine reste dans la famille (...) pour qu’ après lui ce sera toujours lui", a ajouté M. Affi Nguessan.

Le président Ouattara a été réélu fin 2015 pour un deuxième et ultime quinquennat. Le FPI avait boycotté les législatives de 2011 et Pascal Nguessan avait participé à cette présidentielle remportée dès le premier tour par le président sortant et boycottée par une partie de l’opposition.

La Côte d’Ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire, marquée par une partition entre le Nord aux mains de la rébellion et le Sud contrôlé par le camp de M. Gbagbo.

Cette période troublée a culminé avec la crise post-électorale de 2010-2011, provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

pgf/ms
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