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Politique Publié le vendredi 21 octobre 2016 | Alerte Info

Abidjan: La marche du Front du refus dispersée par la police à coup de gaz lacrymogène (RECIT)

© Alerte Info Par ISSOUF SANOGO
Référendum: une manifestation de l’opposition dispersée, des leaders interpellés
Jeudi 20 Octobre 2016. Abidjan
Avenue Reboul, Indénié-Saint Michel, à la limite des deux communes centre- abidjanais, Adjamé et Plateau. Le théâtre des opérations s’étend sur environ un kilomètre, le long de cette voie. “Les attroupements sont interdits, veuillez reculer“, intime un gendarme à près de 50 militants du Front du refus regroupés jeudi pour protestation contre le projet de Constitution.


Les raisons du refus
Lundi, le Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ex-président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, tendance Aboudramane Sangaré, et plusieurs autres partis politiques de l’opposition ainsi que des associations de la société civile regroupés au sein du “Front du refus“, ont décidé d’une marche de protestation jeudi pour dénoncer les “anomalies démocratiques du projet de Constitution“.

Ils reprochent au chef de l’Etat, Alassane Ouattara, de se “tailler une Constitution sur mesure“ en modifiant notamment les conditions d’éligibilité à la présidence de la République.

L’article de l’actuelle Constitution votée à 85% au référendum de 2.000 exigent que le candidat soit de “mère ET de père “ et non de “père OU de mère“ ivoiriens d’origine comme le stipule le nouveau texte combattu par l’opposition, adopté le 11 octobre à l’Assemblée nationale composé en majorité de la coalition au pouvoir.

Des leaders pris de court
Les manifestants, des militants du FPI en majorité, sont çà et là sur les trottoirs par groupe de dix à quinze personnes. La circulation est normale, des commerces sont ouverts. Devant la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) située au bout de la voie en aval, un cargo et une vingtaine de gendarmes attendent. Il est 09H00 (GMT et heure locale).

Avant huit heures, des Leaders du Front du refus dont Aboudramane Sangaré, Mamadou Koulibaly (Liberté pour la démocratie et la paix- Lider), et Boni Claverie (Union républicaine pour la démocratie- URD) sont interpellés et conduits à la préfecture de police du Plateau. Ils seront libérés trois heures plus tard.

Sur l’avenue Reboul, une rue à deux voies dans un quartier populeux, (Dallas à Adjamé), le nombre de manifestants grossit atteignant près de 500 personnes. Des chants sont entonnés, l’Abidjanaise (l’hymne nationale) en premier. Puis viennent des refrains connus de tous les ivoiriens ou presque : “Respectez le pouvoir de Gbagbo“. “Gbagbo ayo oh, ayoka“.

Sans meneurs, les manifestants prennent des initiatives
L’annonce de l’arrestation des leaders ne refroidit guère les ardeurs. “On ne peut pas nous interdire de marcher contre la Constitution (Projet), le peuple doit se prononcer proteste Achille Gnaoré, leader des parlements et agoras de Côte d’Ivoire (espace d’expression de libre opinion très répandus et animés sous l’ancien régime). “Alassane (Ouattara chef de l’Etat) fait vivre les Ivoiriens selon ses humeurs et nous ne pouvons pas l’accepter“, martèle-t-il.

Les gendarmes, premiers agents de sécurité sur le site, dressent une barrière humaine devant les quelque 50 marcheurs qui ont décidé de faire mouvement vers le Plateau, centre des affaires, où ils ont prévu un rassemblement à la Place de la République, non de loin de la présidence.

Casques contre casques, boucliers en avant serrés les uns aux autres et armés de bombes lacrymogène, ils avancent vers les manifestants.

Après de négociations au cours desquelles les adhérents de l’ancien parti au pouvoir et leurs camarades de lutte essaient de convaincre les forces de l’ordre de l’intérêt général de leur combat, ils sont repoussés dans une artère perpendiculaire à l’avenue, où se trouvent des habitations de chaque côté de la rue.

“Vous gênez la circulation, messieurs. Les attroupements sont interdits, veuillez-vous disperser“, intime un gendarme. Quelques minutes après les premières bombes de lacrymogène sont lancées. Il est dix heures. Le soleil n’est pas brûlant pour autant.

Deux personnes de sexe masculin, la vingtaine, sont interpellés, dont un bastonné à sang, puis emmenés dans un cargo de la police.

Le dispositif sécuritaire impose un repli stratégique
Dès lors, apparaissent des manifestations éclatées. Drapeau ivoirien, visages peints avec de la poudre blanche, chants, danses et un peu de provocation aussi. Les riverains s’en mêlent “indignés par la violence des policiers envers des gens qui veulent juste exprimer leur opinion“, selon une habitante du quartier Dallas.

Les manifestations sont circonscrites dans les artères perpendiculaires à l’avenue Reboul. Un barrage de gendarmes ou de policiers barre les accès vers cette voie principale. Les responsables des sections du FPI ainsi que leurs compagnons de marche du matin font place à des jeunes qui se réclament du village (à 300 m plus haut sur la voie) et se disent “prêts à continuer la lutte“.

Une annonce qui devrait réjouir les responsables du Front du refus qui ont prévu un meeting samedi dans la commune jugée pro-gbagbo de Yopougon dans l’Ouest d’Abidjan.

Jusqu’à 13h00, des pneus continuent d’être brûlés sur des routes de ce quartier et des bombes de lacrymogène lancées pour procéder à la dispersion.

Un agent de la gendarmerie préconise de “prendre les meneurs“ afin que cesse ce chassé-croisé auquel semblent prendre plaisir “ces jeunes“.

Selon Danièle Boni Claverie porte-parole du Front du refus, la marche dont elle a évoqué un bilan de "20 blessés et une cinquantaine de manifestants arrêtés a été une victoire".

MIR
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