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Art et Culture Publié le mardi 1 novembre 2016 | Treichville Notre Cité

Dossier Treichville, carrefour de la Mode

Notre Commune cosmopolite est riche de ses stylistes, ateliers et boutiques de matériels de couture. Cette richesse à nulle autre pareille fait de Treichville le carrefour de la Mode. La confirmation a été faite par les spécialistes eux-mêmes.
Des rues et avenues bondées de couturiers et de stylistes Qui ne connaît pas Pathé’O, St Joe, Ciss Saint Moïse… ? Elle est longue, la liste des couturiers et stylistes, qui font la réputation de la Commune de Treichville. De l’avenue 21 à l’avenue 1 en passant par les différentes rues, la plupart de ces espaces sont occupés par des couturiers, stylistes et modélistes. Des ateliers de conceptions et de confections foisonnent à souhait. Indispensables, les épiceries jouxtent les ateliers pour satisfaire les couturiers en matériels de tout genre : dentelle, broderie, fils et autres habillages. Les vendeurs et vendeuses de tissus et de pagnes, maillons indispensables, ne sont pas à omettre. « Il serait bon de dédier une rue ou avenue à la mode. Par exemple : « la rue ou l’avenue des ciseaux’’ pour célébrer ce pan culturel de la Commune », nous a soufflé Pierre Kouassi à l’avenue 21, rue 12 le lundi 24 octobre 2016.
Un carrefour de travailleurs talentueux
Une réputation vient avant tout de travailleurs talentueux. A cet effet, Traoré Sounkalo a été clair dans son entreprise située à l’avenue 12, rue 15, le vendredi 21 octobre 2016. Pour lui, « plus qu’un carrefour, Treichville est l’origine de la mode en Côte d’Ivoire. Tout part de notre Commune. On a des couturiers très talentueux et de renom. Tous ceux, qui veulent connaitre la couture et ceux qui l’ont connu ont un seul repère : Treichville ». Formateur, couturier, créateur de mode et confectionneur de vêtements, le propriétaire du magasin T. Sung Couture a été soutenu par Astou Biteye, Fille de Biteye. « Il y a longtemps, plus de vingt (20) ans, que mon père est dans le domaine de la couture. Mais sa réputation vient de son talent, sans fausse modestie. Et puis, il aime ce qu’il fait et sait comment intéresser la clientèle. On est spécialisé dans la broderie, le boubou », a-t-elle souligné le mardi 25 octobre 2016 dans l’atelier paternel à l’avenue 10, rue 17. L’accent est aussi mis sur le talent par Atsain Abloh Bénédicte. « La couture prospère à Treichville, chacun a ses clients malgré le grand nombre de couturiers. Treichville est, sans hésiter, le carrefour de la mode. La couture y est valorisée. Les meilleurs couturiers y sont » a-t-elle déclaré dans son atelier sis à l’avenue 2, rue 8 barrée.
La qualité, rien que la qualité
La qualité : tel est le mot, qui fait chorus avec le talent chez les couturiers de Treichville. Atsain Abloh Bénédicte a cette conviction. « Si Treichville est, sans hésiter, le carrefour de la mode, c’est parce que tous ceux, qui veulent des vêtements de qualité viennent dans la Commune ». Traoré Sounkalo est du même avis. « On peut trouver des créateurs dans les autres Communes, les mêmes modèles, mais nous avons toujours un plus par rapport à eux. Nous avons une main d’œuvre qualifiée et la finition, que les autres n’ont pas ailleurs. Nous recherchons toujours la perfection et une touche particulière », a avancé le styliste. Avant de justifier le côté prix : « Le coût et qualité des vêtements sont souvent redoutés dans la Commune. Ce n’est pas forcement cher à Treichville. Ici, c’est plutôt la qualité, qu’il n’y a nulle part ailleurs. C’est le top». Costumier et concepteur de chemises, Pierre Angui ne défend pas, non plus la qualité, rien que la qualité. « Il est vrai, que Treichville est une Commune chère, mais il y a plusieurs raisons. La qualité du matériel et des objets utilisés pour la confection ne va pas sans le coût. Nos tissus et produits sont de haut standing. C’est de l’importé dans la plupart des cas. Nous sommes des professionnels et nous mettons du soin dans nos travaux. Les coûts des magasins et de la main d’œuvre y sont aussi pour quelque chose ». La qualité est, aussi, ce qui prime selon Astou Biteye, « Nous produisons la qualité parce que nous travaillons à partir des produits de qualité ».
La Commune qui habille des Présidents et stars Qui ne se souvient pas des chemises de Nelson Mandela confectionnées par Pathé’O ? «Les meilleurs couturiers d’Abidjan et même du pays se trouvent dans notre Commune. Je donne l’exemple d’un seul, que tout le monde connait, parmi tant d’autres, c’est PathéO », a renchéri Traoré Sounkalo. C’est, aussi, à Treichville, que viennent s’habiller des artistes. Cissé Mamadi a été, alors, sans détour. Tout en affirmant, que Treichville est un carrefour de la mode, il ajoute : « Cela ne se discute pas. Ici, dans cet atelier, ont été cousus les costumes de Lougah François et de Bailly Spinto par mon patron, Kanté Dramane, dans les années 80. D’autres chanteurs venaient aussi. Demandez et vous saurez, que c’est dans la Commune que viennent les grands de ce pays pour faire confectionner leurs vêtements. Cela fait tente (30) ans, que je suis là. Je sais, donc, de quoi je parle ». La liste des artistes et stars est allongée par Cheick Djokané (cf. Libre opinion).
Une clientèle presque mondiale
« A l’époque, les gens venaient d’un peu partout. Je l’ai vécu pendant mon apprentissage. Ma patronne recevait beaucoup de commandes à l’avenue 16. Nous veillions beaucoup pour respecter les rendez-vous. Mais, il y a un léger changement aujourd’hui, parce que les gens ne viennent plus assez pour faire des commandes. Rien ne marche vraiment pas bien comme par le passé. La vie est devenue chère. Je fais depuis 2002, à l’avenue 9, de la couture homme, dame et enfant. Ma spécialité, c’est les marinières, c’est-à-dire des vêtements amples pour tout le monde, surtout les dames, messieurs et personnes âgées», a indiqué Koko Loukou Hélène. Cette réputation, qui dépasse les frontières de la Commune, est confirmée par Astou Biteye. « Les clients viennent de tous les quartiers et hors d’Abidjan. Oui, c’est une réalité, quand on dit que Carrefour de la mode. C’est une commune, qui est beaucoup visitée. Quand on parle de couture les gens indiquent immédiatement à Treichville comme référence ». La valorisation de la Commune par la couture est ce que perçoit, surtout, Atsain Abloh Bénédicte. Ainsi, lorsque la propriétaire de Béné Création fait « ressortir les motifs de la couture pour faire des modèles » c’est pour mettre en valeur le pagne, parce qu’en Afrique, une femme bien habillée est celle porte le pagne ». C’est aussi pour l’image de Treichville, parce que, « les clients », a-t-elle affirmé, « viennent d’un peu partout. Il ne faut, qu’ils aient une mauvaise idée de Treichville ». Cette clientèle presque mondiale est, en outre, le résultat de différentes expositions à l’étranger. Traoré Sounkalo fait partie, de ceux-là. « Effectivement, Treichville est le carrefour de la mode à Abidjan et en Côte d’Ivoire. Ce que nous produisons est différent de ce qu’il y a dans les autres Communes. La majorité de mes clients viennent de Cocody, Plateau, Riviera, et d’un peu partout, même. Je fais des expositions hors de la Côte d’Ivoire, notamment en Angola, Afrique du Sud, Mali, Senegal… J’exporte, donc, l’image de Treichville à l’étranger », a précisé le concepteur.
Concurrence avec le prêt-à-porter et friperies
« On ne craint pas la concurrence d’où qu’elle vienne, qu’il s’agisse du prêt-à-porter ou autres » Astou Biteye a, ainsi, donné, le ton en ce qui concerne la concurrence avec les vendeurs de friperies et de prêt-à-porter. Son avis n’a pas différé de celui de Kouamé Sandrine. Confectionnant des vêtements hommes, dames et enfants, malgré sa spécialité en couture dame, elle ne craint pas la concurrence. «Il n’y a pas de concurrence déloyale ni une quelconque peur du prêt-à-porter. On ne peut pas être élégamment vêtu avec du yougou-yougou. Un homme sérieux ne peut aller partout, aux mariages ou à de grandes cérémonies avec de tels vêtements. De beaux et élégants vêtements sont ceux, qui sont cousus sur mesure ». Le son de cloche n’a pas été pareil avec Cissé Mamadi dans son atelier à l’avenue 10, rue 17, le mardi 25 octobre 2016. « Je couds des vestes hommes et dames, chemises et pantalons. Les vendeurs de produits venus d’ailleurs ne nous rendent pas la tâche aisée. Ils se promènent et vont vers le client, alors que pour nous, c’est le contraire. Certains clients peuvent se laisser convaincre. Nous perdons beaucoup, nos revenus diminuent » a-t-il dénoncé. Avant de plaider : « Il serait bon que la Mairie les case dans un endroit précis. Contrairement à eux, nous, nous avons des charges à honorer devant la municipalité et l’Etat. Ce n’est, donc, pas normal, qu’on les laisse déambuler partout ». Cissé Mamadi a un soutien en la personne d’Atsain Abloh Bénédicte. « La concurrence ne nous arrange pas, mais on fait avec. Le non respect des rendez-vous apporte de l’eau au moulin des abonnés aux prêts-à-porter », a soutenu la couturière. Tous deux ont eu un soutien de taille : Traoré Sounkalo. « C’est très sérieux cette situation, parce qu’on craint un peu la présence de ces vêtements, qui viennent de la Chine, sans compter les friperies ou vêtements d’occasion venus d’ailleurs et vendus à vil prix. Ce commerce a fait baisser le chiffre d’affaires », a-t-il stigmatisé. Non sans avoir interpelé les autorités en ces termes : « Si l’Etat peut nous aider, ce serait salvateur. Je lance, un donc, appel aux autorités compétentes, que sont le Ministère du Commerce et de l’Industrie. Nous avons eu de nombreuses rencontres avec eux par rapport à la situation. Ils ont promis de voir ce qu’ils feront pour aider les couturiers au niveau d’Abidjan. Nous attendons, donc, la suite ». Un challenge à relever. Voilà, plutôt, comment est perçue la présence des concurrents par Pierre Angui. « C’est un défi auquel nous faisons face et que nous avons relevé. La preuve : les costumes coréens ont été à la vogue un moment, puis, comme les ivoiriens aiment bien s’habiller, ils sont revenus. Avec la mode ‘’Près du corps’’, on nous envoie ces mêmes costumes coréens, que nous retouchons. Ce qui veut dire, que nous sommes incontournables. Ceux, qui savent et aiment s’habiller viennent toujours nous voir, parce qu’ils sont satisfaits de ce nous produisons à Treichville ». Toutefois, il a mis en avant deux difficultés majeures. « Pour qu’un couturier s’en sorte véritablement, il lui faut des marchés. Par le passé, on en trouvait. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il nous faut donc un moyen ou un mode de financement pour tenir bon. Si la Mairie ou Monsieur le Ministre François Albert Amichia, Maire de notre Commune peut nous apporter une aide financière, cela nous fera honneur », a lancé en guise d’appel le possesseur de la ‘’Maison de costumes’’ installé depuis quatre ans à l’avenue 14, rue 16 barrée. Quant à la seconde difficulté, elle concerne la relève. « Je suis de l’école de Pascalino à l’avenue 9, rue 14, spécialiste de costumes. La grande difficulté est que les jeunes ne veulent pas apprendre. Il y en a, qui se contentent du peu et vont s’installer à leur propre compte. Ils sont très pressés parce que plus motivés par l’argent que par l’amour du métier. La formation est très importante. L’autre difficulté est qu’il n’y a pas assez de costumiers et très peu de gens s’y intéressent. Qui prendra la relève ? » s’est interrogé, en définitive Pierre Angui.
Après ce parcours, affirmer, que Treichville est un carrefour de la Mode ne relève pas d’une illusion. La réalité est palpable.
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