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Société Publié le samedi 28 janvier 2017 | Partis Politiques

Libre opinion/ Grève des fonctionnaires / La colère des formateurs : On ne peut pas dispenser en 3 mois le contenu d’un programme prévu pour durer 8 mois!

© Partis Politiques Par Amah SALIOU
Grève des fonctionnaires: les syndicats rencontre le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly
Jeudi 26 janvier 2017. Après deux heures de discussion sous la présidence du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, les syndicats de la Fonction publique et le gouvernement se sont séparés, jeudi soir, sans faire de déclaration sur l`avancement des négociations.
« Aucune école ne voudra de nos enfants à l’étranger… »
Le débrayage observé depuis quelques semaines dans l’administration ivoirienne n’a pas que des conséquences économiques. Au plan culturel, la grève des fonctionnaires affecte énormément l’école ivoirienne, les enseignants ayant déposé la craie. Pire, les élèves et étudiants qui sont les premières grandes victimes de la crise, sont utilisés comme moyen de pression sur le gouvernement, quand des mains obscures ne les envoient pas déloger ceux du privé qui ne sont pas concernés par la question. Tout en dénonçant le mutisme des associations de parents d’élèves, des fondateurs d’établissements et des formateurs que nous avons rencontrés, se disent pessimistes quant aux chances d’éviter actuellement une année blanche.
Quel est l’impact du mouvement de grève illimité lancé par l’intersyndicale de la Fonction publique ? Les bureaucrates ont déserté l’administration, les médecins les hôpitaux publics, et les enseignants, les écoles. Chacun attend chez lui, que les revendications portent et que l’Etat lui distribue des milliards de francs. Le pôle le plus virulent de la contestation sociale, mais aussi la plus grosse victime, est l’école.
La Côte d’Ivoire a adopté le système LMD qui a des exigences, car le pays doit respecter les normes imposées par l’Unesco. Lesquelles normes stipulent qu’une année académique « normale » s’étend de septembre à juin de l’année suivante, ce qui donne, congés compris, 28 à 30 semaines de cours. Or, telles que les choses se présentent, les écoles ivoiriennes ne pourront justifier que la moitié de ce volume horaire.
En effet, tous les bacheliers de juin 2016 ne sont pas encore orientés à l’université et dans les grandes écoles. Ceux qui le sont commenceront les cours début février 2017, dans le meilleur des cas, alors qu’ils auraient tous du reprendre le chemin de l’école après deux mois de vacances, soit en septembre/octobre 2016.
Dans ce cas, « quelle formation lorsque l’étudiant ne voit pas une partie des modules au programme? Quelle est la crédibilité de nos diplômes ? », s’interroge A.S., fondateur d’établissement privé : « On ne peut pas dispenser en 3 mois le contenu d’un programme prévu pour s’étendre sur 8 mois ! »
Parallèlement, le problème de la mobilité des enfants ivoiriens se pose, dès l’instant que les autres pays savent que ces derniers n’ont pas reçu dans le temps la formation adéquate. Ainsi, même ceux des parents qui souhaiteraient envoyer leurs enfants à l’extérieur, auront du mal à le faire. Ce qui justifie la colère de Mme S., mère de famille : « Nos enfants sont condamnés à rester sur place. Avec toutes ces grèves intempestives, aucune école ne voudra d’eux à l’étranger… »
Autre conséquence, un enfant qui ne va pas à l’école est livré à lui-même. Or, l’oisiveté est source de nombreux maux. Pour M. F, directeur des études dans un établissement d’enseignement supérieur, les parents ne sont pas exempts de tout reproche. Non seulement, ils abandonnent l’éducation de leur progéniture à l’éducateur qui n’est chargé que de leur inculquer le savoir livresque, mais en plus, ils acceptent que leurs enfants manient des machettes et des cailloux plutôt que des stylos et des crayons.
« Il faut arrêter de jeter les enfants dans la rue pour des raisons corporatistes. Ce n’est pas leur place, ni leur rôle de revendiquer des choses auxquelles ils ne comprennent rien », s’emporte Mme S. Pour elle, tout le monde a démissionné. L’Etat comme les parents d’élèves. L’Etat, en ne respectant pas tous ses engagements, et les parents, en abandonnant leurs enfants.
Pourquoi les responsables syndicaux de la fonction publique ont-ils lancés un mot d’ordre de grève illimitée ? Pour de l’argent. Que réclament-ils à l’Etat ? De l’argent. Le pouvoir actuel ne leur doit rien, mais ils estiment que, depuis l’indépendance de notre pays, c’est Alassane Ouattara qui soit en mesure d’améliorer leurs conditions de vie. Pour cela, non contents de refuser de reprendre le chemin des bureaux, ils poussent les enfants à manifester dans la rue.
En perturbant la circulation et en investissant les bureaux administratifs pour en saccager le mobilier, ces élèves exigent la reprise des cours, sachant bien que cela passe par la satisfaction des revendications de leurs parents... Double pression, donc, sur le gouvernement. Pire, les enfants ont reçu pour instruction d’empêcher les élèves du privé d’aller à l’école, de sorte que l’école soit fermée pour tous.
L’objectif recherché ici est double. Sur le plan politique, salir le régime Ouattara en collant au pays, vu de l’extérieur, une image de fausse instabilité. Et, sur le plan social, obliger le gouvernement à payer ce que les régimes précédents avaient refusé de faire. C’est ainsi que les justifications de la grève ont évolué en quelques heures de la révision de la pension de retraite au paiement d’arriérées remontant à Mathusalem.
Le déclenchement, presque simultanément, d’une pseudo mutinerie par des soldats dont les primes ont été détournées par leurs supérieurs, avec ce mouvement oblige l’observateur à penser que ces actions sont trop synchronisées pour être dues au hasard… Quoi qu’il en soit, les négociations étant bloquées, il serait bien que le gouvernement prenne ses responsabilités en décrétant l’année blanche, le temps d’extirper le ver du fruit.

Koné Seydou, un Cytoyen ivoirien
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