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International Publié le vendredi 10 février 2017 | AFP

Enlèvement d’un avocat français à Abidjan en 2004: les rancoeurs franco-ivoiriennes à la barre (COMPTE RENDU)

Paris - Brièvement enlevé à Abidjan dans la nuit du 6 au 7 novembre 2004, l'avocat français Xavier Ghelber a raconté vendredi au tribunal correctionnel de Paris une plongée dans un terrible chapitre des relations franco-ivoiriennes.
Un seul des cinq anciens militaires ivoiriens du Groupe de sécurité présidentielle poursuivis pour l'enlèvement de l'avocat et d'un autre Français, depuis décédé, s'est présenté à l'audience.
Les raisons de ce double enlèvement, qui aura duré quelques heures, restent mystérieuses et les versions irréconciliables.
A la barre, Xavier Ghelber explique qu'il était alors à Abidjan pour réaliser un audit juridique de la filière cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial, à la demande de l'Union européenne.
Il est 05H00 du matin lorsqu'il est réveillé par de violents coups frappés à la porte de sa chambre du fameux hôtel Ivoire.
Des soldats, nerveux, le somment de les suivre et lui demandent de "mettre un sac blanc sur la tête", ce qu'il refuse de faire. Agacé, un militaire avait alors "tiré une rafale de kalachnikov", en blessant un autre.
Me Ghelber est ensuite embarqué dans un véhicule avec un autre Français, le retraité Jean Labatut. Evoquant la "situation mortifère" de la filière cacao, l'expert croit alors à "une liquidation".
"C'était six mois après la disparition du journaliste Guy-André Kieffer, qui enquêtait sur des malversations de la filière cacao, réorganisée pour détourner l'argent au profit du régime", dit-il. Le corps du journaliste, disparu sur un parking d'Abidjan alors qu'il avait rendez-vous avec le
beau-frère de Simone Gbagbo, l'épouse du président ivoirien d'alors, n'a jamais été retrouvé.
Jean Labatut, dont les lunettes et la prothèse auditive ont été écrasées, s'attend aussi "à prendre une balle dans la tête", selon une déposition lue à l'audience.
Après une brève halte, les deux hommes sont conduits à la résidence présidentielle. "J'ai compris que notre enlèvement n'était pas lié au cacao mais peut-être à ces rumeurs d'attentat contre le président", explique l'avocat.

- 'Obéir aux ordres' -

"Il faut se replonger dans l'ambiance", dit-il, rappelant le contexte historique de son "aventure" personnelle.
La Côte d'Ivoire est alors coupée en deux depuis deux ans, une moitié nord étant contrôlée par une rébellion, tandis que la moitié sud demeurait sous l'autorité du président Laurent Gbagbo.
Après une période d'accalmie, le conflit a brutalement regagné en intensité début novembre. Le 6, un samedi après-midi, c'est l'escalade: "Vers 13H00, se souvient Xavier Ghelber, deux Sukhoï de l'aviation ivoirienne bombardent un camp militaire français à Bouaké (nord)", tuant neuf soldats français. "Vers 14H30, les militaires français ripostent", en détruisant à leur tour les
aéronefs ivoiriens.
"Vers 15H00, les patriotes (partisans du président Gbagbo) appellent à la mobilisation antifrançaise, le lycée français est en feu, les Blancs affluent vers l'hôtel Ivoire, un des points de ralliement en cas d'évacuation", se rappelle-t-il.
Depuis la présidence, a expliqué M. Ghelber, les deux Français ont été conduits au quartier général de la gendarmerie. Au lever du jour, des officiers de gendarmerie étaient venus prendre leurs noms et ils étaient "passés du statut d'otages à celui de victimes": "On a été conduit dans un hôtel, où les militaires français nous ont récupérés deux jours plus tard".
A la barre, l'ancien adjudant Charles-Olivier Rabet affirme n'avoir fait qu'"obéir aux ordres": "accompagner le lieutenant Kouassi (également prévenu) pour une ronde". Il nie avoir "jamais menacé" M. Ghelber.
Son avocat, Me Rodrigue Dadjé, qui est aussi celui de Simone Gbagbo, a évoqué le contexte d'un pays "agressé", estimant que "si on avait voulu tuer M. Ghelber, on aurait pu le tuer directement dans sa chambre". Pour lui, les Français ont au contraire "été protégés" par la gendarmerie ivoirienne.
Les réquisitions sont attendues dans la soirée.
sb/tmo/jcc
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