x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mercredi 22 février 2017 | AIP

L’économie verte, un modèle économique porteur d’opportunités et de richesse(ITW)

Abidjan - Un expert ivoirien de l’économie verte et la responsabilité sociétale de l’entreprise, Dr. Alain Serge Kouadio, par ailleurs directeur de l’économie verte et de la responsabilité sociétale au ministère de la Salubrité, de l’Environnement et le Développement durable, prône la responsabilité sociétale dans les idiosyncrasies, habitudes ou mode de vie des populations.

Il situe les enjeux et défis, si peu que les invariants socio-anthropologiques et économiques l’intègrent dans notre complexe économico-industriel en construction, et dégage les perspectives pour une société économique intégrée. Interview…

AIP- Dr. Kouadio, pour nous préparer à séjourner dans le contexte, qu’est-ce que l’économie verte, d’entrée de jeu ?

-Dr. Alain Serge Kouadio : En effet, l’économie verte, de par sa définition, est un nouveau type de modèle économique, qui se veut porteur d’opportunités d’emploi, de métier et de richesse. Ce type ou modèle de gouvernance publique vise trois finalités, à savoir, la création de richesse, donc la lutte contre la pauvreté, la création d’emplois et de métiers intégrés, par la lutte contre le chômage, dans une perspective de préservation de l’environnement. Ainsi, toute activité qui cible ces trois objectifs, simultanément, porte économie verte.

Il est fort utile d’indiquer à ce propos que, de nos jours, l’on ne peut plus continuer à vivre de, dans ou avec nos modes de production et de consommation actuels qui ont un impact négatif indéniable sur le capital naturel et climatique du globe.

Naturellement, l’heure est à présent d’adopter des attitudes et comportements qui privilégient la préservation et la protection de l’environnement naturel et le bien-être des populations. C’est pourquoi, dès 2010, les Nations-Unies ont proposé un nouveau modèle de gouvernance, baptisé Economie verte ; cette doctrine visant à l’amélioration du bien-être des populations, en synergie avec les activités moins émettrices de gaz à effet de serre, et utilisant moins ou, mieux, les ressources naturelles.

AIP-: Quels sont les secteurs que privilégie cette économie ?

- Il y a deux types d’activité qu’on peut retenir en matière d’économie verte. Il y a ce qu’on appelle les écoactivités et les activités verdissant.

Les éco-activités sont un ensemble d’activités qui visent à préserver, par-delà les effets (positifs) attendus, l’environnemental, à le protéger, le valoriser et le restaurer. Qu’il s’agisse, pour la première catégorie, des activités de la foresterie, la gestion des déchets, les énergies renouvelables ou l’assainissement

Et pour la seconde, les activités verdissant utilisant des procédés qui impactent moins l’environnement, intensifient l’utilisation rationnelle des ressources naturelles, notamment dans les activités classiques de l’agriculture, le transport, le tourisme. Il y a des localités traversées par de petits cours d’eau que l’on peut exploiter à des fins de construction de petits barrages ;

De l’agriculture durable utilisant des fertilisants organiques à la place des intrants chimiques, de même les variétés améliorées pour davantage produire sur un espace réduit et, rapidement, au transport durable promouvant le transport en commun plutôt que le transport individuel, avec l’usage du bio-carburant, notamment la production de carburant à partir de l’amidon, l’économie offre toute une panoplie d’activités de grand intérêt.

Je vous susurre que les déchets ménagers, en milieu urbain, se révèlent des mines d’or, jusqu’ici ignorés. On peut transformer ces déchets en engrais, en gaz (pour les besoins de cuisson), en pavé routier. On parlera même d’énergie circulaire, si l’on parvient à investir, à créer des entreprises de recyclage de déchets.

Aujourd’hui, les énergies utilisées par les barrages ou autres n’arrivent plus à couvrir les besoins en électricité ; or, il y a le soleil en Côte d’Ivoire. On peut mettre en place des mini-centrales solaires ou des petits kits solaires pour permettre aux ménages d’avoir de l’électricité.

En somme, l’économie verte a vocation à s’inscrire dans tous les secteurs d’activité. Mais, les populations ne disposent pas d’information et ne détiennent pas de projets probants qui fassent la démonstration de cet intérêt.

AIP- Comment se présent l’économie verte au niveau de la Côte d’Ivoire ?

-En Côte d‘Ivoire, une étude du potentiel de l’économie verte spécifique indique que le secteur agricole constitue une niche importante de l’Economie verte. Or, le secteur agricole emploie plus de main d’œuvre ; c’est le secteur qui dégrade aussi le plus la forêt.

Cette étude fait savoir que l’on peut développer une agriculture durable en intégrant les variables interdépendantes emplois nouveaux, revenus additionnels et valeur ajoutée ; d’autant la gestion des déchets, l’énergie et la foresterie constituent des secteurs à même d’induire cette dynamique économique.

AIP- Y a-t-il un plan de transition prévu par l’agenda PND du Gouvernement ?

- La Côte d’Ivoire est dans une phase de transformation structurelle progressive, voire de transition. Notre pays vit déjà son passage à l’économie verte ; le PND, le Plan national de développement, sur la période 2016-2020, la préconise, à travers la formulation d’orientations portant sur les activités susceptibles de favoriser ou contribuer à l’essor de l’économie verte.

Un texte de décret, en cours de finalisation, va inciter les entreprises à la responsabilité sociétale, à laquelle beaucoup y sont déjà engagées. Dans cette démarche, un diagnostic est également en cours au niveau de la formation et de l’enseignement supérieur, où la plupart des universités ont introduit des programmes liés à l’économie verte et à la responsabilité sociétale.

Ce module s’étendra aux lycées professionnels, puis au lycée agricole, où le processus de fabrication des engrais organiques, à partir de déchets et leur utilisation dans l’agriculture expliquée et vulgarisée. Dans la stratégie nationale de l’entrepreneuriat-Jeunes, des métiers et les emplois verts sont intégrés.

AIP-A votre avis, existe-t-il des freins à l’adoption d’un bréviaire de pratiques ?

-D’abord, il y a un manque d’information sur la technologie ou les pratiques existantes. Ensuite, la résistance au changement, due essentiellement à la prégnance de facteurs cultuels ou socioculturels, qui font que les populations continuent de végéter dans leurs modes ou habitudes de production et de consommation. Au demeurant, l’appui institutionnel des pouvoirs publics est très peu visible pour rendre le secteur suffisamment attractif pour d’éventuels investissements.

Le gouvernement l’a compris, et s’attèle à rectifier le tir ; des actions au niveau du Ministère sont en cours en vue de favoriser l’éclosion de ce mode de production économique.

AIP- Quel est le niveau d’implication du Fonds vert aux initiatives ou actions visant la problématique climatique ?

- Son implication s’opère normalement, et les conditions d’accès sont relativement flexibles. Tous les ministères peuvent avoir accès à ce fonds, mais c’est le ministère de l’Environnement qui en est le point focal. Il est alimenté par les pays développés, de loin les plus grands émetteurs de gaz affectant le changement climatique. Ceux-ci sont très motivés à approvisionner ce fonds qui s’élève à près de 100 milliards de dollars par an.

Pour conclure, je voudrais exhorter la jeunesse à s’intéresser à l’emploi vert, qui constitue une niche, un gisement, voire une opportunité d’insertion sociale réelle pour elle ; pour ce faire, elle doit aller à l’information pour saisir toutes opportunités d’emploi.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ