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Art et Culture Publié le mercredi 22 mars 2017 | AFP

Paco Sery, un demi-siècle de batterie (PORTRAIT)

Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) - Le virtuose ivoirien
Paco Sery a commencé la batterie en tapant sur des boites de conserves et a touché ses premiers cachets à 10 ans avant de jouer avec les plus grands: des regrettés Jaco Pastorius, Papa Wemba ou Nina Simone jusqu’aux légendes vivantes Dee Dee Bridgewater, Manu Dibango ou Wayne Shorter.

Tout en ayant travaillé pendant des années au Club Méditerranée et vécu le tournage de la comédie française Les Bronzés dans la station balnéaire d’Assinie, dans l’est de la Côte d’Ivoire.

Sa vie ressemble à un roman. Issu d’une famille de 18 enfants, Paco Sery, aujourd’hui 60 ans, accompagne sa soeur aînée Lucie dans des petits concours de danse pour jeunes dans sa petite ville de Divo (180 km à l’ouest d’Abidjan). Rythme dans le sang familial ? "Je ne sais pas! Elle gagnait des petits trucs, un peu d’argent. Et moi je m’imprégnais de la musique. Je voulais tout faire comme elle", se souvient Paco, qui découvre la batterie dans les bals.

"Je n’avais d’yeux que pour la batterie. Alors finalement, je me suis construit une batterie avec des cartons, de grandes boites de conserve de tomate, des couvercles pour les cymbales... J’ai même fabriqué une pédale en bois avec des élastiques pour la grosse caisse", raconte Paco, qui apprend complètement seul.

"J’observais les batteurs, leurs gestes, comment ils faisaient et j’imitais après", dit-il.

Son père est furieux du tapage. "Donc, comme je ne pouvais pas jouer chez mon père, j’allais chez ma tante. Ça lui faisait de l’amusement pour son alloco (boutique de bananes frites). Elle vendait des allocos avec ça quoi!"

A l’age de 10 ans, il tente sa chance lors d’un bal avec un orchestre: "Je me suis débrouillé pour entrer dans la salle et pendant la pause, j’ai demandé au chef d’orchestre qui était aussi le batteur et le chanteur si je pouvais
essayer. Il a dit +t’es un enfant, tu es culotté. Essaye voir!+. J’ai essayé.

Tout les musiciens étaient surpris. Le chef m’a dit: +On t’engage+", assure-t-il.

- Sixun et Grammy Awards -

"J’ai dit que ce n’était même pas la peine d’aller demander à mon père et je suis parti avec eux à 10 ans. On est allé à Dabou. je gagnais 30.000 francs CFA par mois (45 euros), logé. A cette époque là, c’était énorme", précise-t-il.

Enfant star, il écume les boites de nuit, les concerts, les bals et est invité sur les plateaux de télévision. Il joue avec des artistes de tous les genres, les stars de la variété ivoirienne mais aussi rumba, reprises américaines ou françaises...

"C’est de supers souvenirs. Parce que chaque chanteur avec qui je jouais, c’était une expérience nouvelle. C’est ça qui m’a formé musicalement. Quand j’étais jeune, je ne voulais pas m’enfermer dans un truc. Je voulais tout
emmagasiner, tout découvrir, tout jouer. Tous les styles. Mais ça n’a pas changé. Aujourd’hui, je veux toujours tout jouer: jazz, coupé-décalé, hip-hop, rumba, rock, variétés, rap... peu importe", rigole Paco Sery.

Dans les années 1970, il travaille au Club Med où il fait "batteur-DJ le soir au night-club" et "professeur de ski nautique la journée". "J’étais dans les Bronzés. Après le tournage, je suis resté encore cinq ou six ans" avant de
tenter sa chance en Europe, grâce notamment à Eddy Louiss, qui l’embauche pour une tournée en France.

"C’était génial. On me faisait écouter tous les grands musiciens, je me retrouvais aussi à jouer devant eux", se souvient Paco qui commence une nouvelle vie. Il sillonne alors les clubs de jazz de Paris.

Il est désormais bien installé dans le milieu du jazz et devient alors une des pièces essentielles de Sixun, tournant notamment avec Jaco Pastorius dont il assistera à la déchéance dans la drogue. "Je ne veux pas en parler. A la fin, Jaco n’était plus là", répond-il laconique quand on l’interroge sur le sujet.

Sa carrière est désormais couronnée par trois Grammy et le batteur, devenu un globe-trotter, mène deux projets de front: "une composition symphonique avec l’orchestre philharmonique de Budapest" et "une école de musique" dans
son pays. "Moi, j’ai appris sans rien, sans solfège, sans prof. Juste à l’oreille. En écoutant les cassettes, en imitant. J’aimerais enseigner aux jeunes".

pgf/de/jhd
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