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Politique Publié le samedi 13 mai 2017 | AFP

Côte d’Ivoire: les mutins de Bouaké refusent de rentrer dans le rang

© AFP Par ISSOUF SANOGO
Reprise des mutineries de soldats ivoirien
Vendredi 12 mai 2017. Abidjan. Des soldats ivoiriens sont descendus dans les rues d’Abidjan, de Bouaké et Korogho en tirant des coups de feu en l’air pour marquer leur mécontentement.
Bouaké (Côte d’Ivoire), 13 mai 2017 (AFP) - Deux blessés par balle, accès à la ville bloqués, tirs en l’air et patrouilles: de 100 à 300 soldats mutins de Bouaké (centre), deuxième ville de Côte d’Ivoire, refusaient samedi de renoncer aux primes promises et continuaient de défier les autorités.

La situation était également tendue à Daloa (centre) et Korhogo (Nord) mais était redevenue calme à Abidjan après la tension de la veille.

"Nous voulons notre argent", lançait samedi à l’AFP à Bouaké l’un des mutins, portant une cagoule.

Tirant sporadiquement en l’air, ces mutins ont chassé les policiers et bloqué les accès à Bouaké paralysant le principal axe routier du pays reliant
Abidjan, au Nord. Banques et magasins n’ont pas ouvert.

Dans la matinée, un groupe d’entre eux a ouvert le feu, faisant un blessé
grave, sur des anciens rebelles "démobilisés" qui avaient manifesté lundi pour demander, eux aussi, des primes.

"Ils étaient au moins dix +soldats+ armés de kalachnikovs. Ils ont commencé à tirer sur nous. Selon eux, depuis que nous sommes sortis (manifestation de lundi), nous avons réduit leur chances d’avoir leur argent", a affirmé Aboudou Diakité, un "démobilisé".

Les "démobilisés", sont d’anciens rebelles (qui contrairement aux mutins) n’ont pas été intégrés dans l’armée à la fin de la crise post-électorale de 2010-2011.
Les mutins campent sur leur position. Des négociations avec le commandement militaire de Bouaké ont échoué.

Ils assurent être prêts à en découdre avec les forces loyalistes.

- ’On est prêts’ -

"Qu’ils nous envoient ce qu’ils veulent. On est prêts", a lancé un des mutins à Bouaké.

"Si on n’était pas prêts à se battre, on n’allait pas poser ces actes (agir ainsi)", a renchéri un autre.

Vendredi, un important dispositif loyaliste (Garde Républicaine, police et gendarmerie) avait été déployé à Abidjan, obligeant les mutins à se cacher.
"La situation est plus compliquée à Bouaké. N’oubliez pas qu’elle fut la capitale de la rébellion" à partir de 2002, a commenté Yao Kobena, enseignant.

Une large partie de ces rebelles, qui ont soutenu le président Alassane Ouattara lors de la crise de 2010-2011 contre l’ex président Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître sa défaite électorale, a ensuite été intégrée à l’armée. C’est ce contingent de 8.400 hommes qui a lancé la mutinerie de janvier.

Les mutins exigent les reliquats des primes promises par le gouvernement après ces mutineries qui ont ébranlé le pays.

Les mutins avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) pour chacun d’eux (des sommes colossales pour le pays), et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.

- Blessé à Korhogo -

Ces mutineries répétées commencent à provoquer la colère des populations.

La situation était très tendue à Korhogo où un jeune à moto a été blessé. "Quand les jeunes ont voulu emprunter la ruelle, le mutin a tiré sur le jeune devant nos yeux", a affirmé Adrien Kouamé, employé d’une pharmacie.

Les mutins avaient installé des barrages mais ils sont retournés dans leur caserne.

"Nous sommes sortis pour protester contre leur soulèvement" a affirmé Daouda Soro professeur de mathématiques.

A Daloa, les mutins ont également tiré en l’air et bloqué la circulation mais là aussi la population a manifesté.
A Abidjan, la coalition soutenant Alassane Ouattara avait organisé un meeting de soutien qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes. "On en a assez de toutes ces mutineries. ll faut que ça s’arrête pour de bon", a dit Bakari Sangaré, 35 ans, agent de sécurité.

Lors de la dispersion, un mutin a été tabassé par la foule, a confié Ahmadou Soumahoro, secrétaire général du RDR le parti de Ouattara, précisant qu’il n’avait pas assisté à la scène rapportée par des militants.

"Un mutin dans un véhicule ne voulait pas laisser passer les piétons. Il est sorti avec une kalach. Et les jeunes lui ont arraché son arme et ils l’ont bien molesté. Je crois qu’il l’ont ensuite remis dans son véhicule".


Jeudi, un représentant de soldats avait annoncé renoncer aux revendications financières, lors d’une cérémonie en présence du président Ouattara et d’autres soldats.

Cette cérémonie se voulait visiblement un point final à la protestation des forces de sécurité, mais a finalement déclenché un nouveau mouvement de grogne vendredi.

str-pgf/jpc
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