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Politique Publié le jeudi 3 août 2017 | Abidjan.net

Situation socio-politique: Daniel Ninsemon se prononce

© Abidjan.net Par DR
Situation socio-politique: Daniel Ninsemon se prononce
Jeudi 3 Août 2017. Abidjan
Dans une interview accordée à notre rédaction M. Daniel Ninsemon ne fait pas dans la langue de bois. Il dénonce le comportement des entreprises du bitumage des voiries et estime que celui qui aura gagné l’estime de la jeunesse passera haut les mains aux élections de 2020.

Monsieur le président de la Jeunesse Estudiantine de Côte d’Ivoire, depuis un moment c’est le silence radio, pourquoi ?

Parfois le silence est plus sage que la parole. Et en ces périodes de turbulences politico-sociales et économiques que traverse notre cher pays, je pense que le silence est la forme la plus modeste de la critique.

Aujourd’hui, l’actualité politique tourne autour de la présidentielle de 2020. Certains partis politiques exigent le maintien du président au pouvoir, d’autres avancent l’alternance quand des pro-Soro parlent de réconciliation. Quelle analyse faites-vous d’une telle situation ?

L’analyse que je fais est que ce qui doit primer et qui doit être le plus important pour tous, est l’intérêt supérieur de la Nation, qui va au-delà des considérations individuelles et des intérêts égoïstes des parties en présence. Je souhaite vivement que chaque partie agisse dans ce sens, cela nous éviterait certaines dérives irréparables.

Vous disiez dans l’une de vos interviews que la jeunesse ivoirienne ne veut pas être observatrice, mais actrice du développement ; à trente mois de la présidentielle de 2020, êtes-vous satisfait ?

Pas vraiment ! Le bilan n’est pas reluisant. On a une jeunesse malheureusement qui reste majoritairement sans emplois stables, stagnante, en quête de repères et vulnérable à tous vices dont nous pouvons imaginer (enfants en conflits avec la loi, violences, insécurité et délinquance juvénile, cyber-délinquance, l’hédonisme…etc).

Quand on sait que d’ici 2020, il y aura une nouvelle génération d’après les années d’indépendance du pays de 4 paliers (ceux de 1970 qui auront 50 années d’âge, ceux de 1980 auront 40 années d’âge, ceux de 1990 auront 30 années d’âge, et même ceux de 2000 auront 20 années d’âge…) qui risque de se retrouver sans une situation sociale stable, il y a lieu de s’inquiéter. C’est une bombe à retardement.

Je suis inquiet mais à la fois confiant et optimiste également que cette jeunesse peut constituer une force potentielle de changement positif et une puissance de développement participatif, à condition de mieux orienter la politique jeune au niveau de notre gouvernement. A l’état actuel des choses, nous ne sommes pas à l’abri.

Vous avez sensibilisé en son temps, une bonne collaboration entre les étudiants et le patronat afin que les chefs d’entreprises, les différents employeurs, créent un climat de confiance. Qu’en-est-il ?

Le constat est positif et le bilan est satisfaisant. Nous avons une parfaite collaboration avec le patronat et les chefs d’entreprise qui nous font confiance. Ce qui a valu plusieurs embauches et stages de nos différents membres à l’issue des conventions et partenariats que nous signons. Je saisis cette occasion pour traduire mon infinie gratitude à tous nos partenaires privés comme publics.

Ne pensez-vous pas que la jeunesse ivoirienne est son véritable, parce qu’elle est la 5ème roue des hommes politiques ?

Justement ! Cette situation est due à la vulnérabilité de notre jeunesse en quête d’un mieux-être, mais qui malheureusement essaye de retrouver ses repères en se livrant à ceux qui sont à la base de leurs souffrances. Cependant, force est de reconnaitre que cette situation est volontairement voulu par les manipulateurs véreux qui trouve plaisir à manier avec flexibilité comme un potier la jeunesse en état de désœuvrement. Cette prise d’otage de la jeunesse par ces bourreaux politiques ne peut s’estomper que par une autonomie de la jeunesse et une responsabilisation de celle-ci à tous les niveaux de l’échelle sociale. C’est la raison donc qui fonde notre combat et les actions que nous menons.

Avec du recul, quel regard portez-vous sur l’école obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans ?

Je salue et j’approuve cette décision qui nous permettra d’avoir une société qualitative, plus citoyenne et moins exposée à la manipulation. Aussi, il ne faudrait pas ignorer les conséquences d’une telle mesure dans le cas où elle souffrirait d’un véritable accompagnement. Cela rendramort-né ce projet ambitieux porté par le gouvernement.

L’Université Félix Houphouët-Boigny brille, mais le matériel d’étude fait défaut par endroit. Partagez-vous le même constat que nous ?

Oui, malheureusement.

En plus des cas de fraude, il a été question de cas corruption aux derniers examens. Quelle analyse faites-vous de ces tares qui rongent de plus en plus la société ?

Nous sommes en perte de nos valeurs morales. C’est le triste constat. L’éthique et la déontologie à tous les niveaux de la société sontdenrées rares. Le milieu de la presse également n’en demeure pas moins épargné par ce fléau, il s’agit donc de la société en générale. Pour poétiser, je dirai donc que nos mœurs se meurent. Il faut donc agir en inculquant dès la base les principes moraux à nos progénitures. Il faudra bien les enseigner, mais par qui ? Si vous avez des enseignants eux-mêmes qui ne partagent pas ces valeurs, comment voulez-vous qu’ils les transmettent ? La problématique reste posée.

Dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, précisément dans la région de Logoualé depuis 2015, ce sont des élèves qui enterrent leurs camarades quand celui-ci décède. Trois villages (Koulinlé, Ziogouiné et Dioulé) ont subi des incendies de maisons, des casses, des pillages etc. Avez-vous écho de la situation ?

Non, malheureusement. Je ne suis pas informé d’une telle situation aussi triste qui me laisse sans voix si elle est avérée.

Certains avancent que cela est en rapport avec les crises successives que la Côte d’Ivoire a connu et que cette partie de la jeunesse est marquée par les atrocités de la guerre. Partagez-vous leur opinion ?

Je partage en quelques sortes leur opinion, dans la mesure où les séquelles après une longue série de crises successives sont multiformes et pluridimensionnelles. C’est déplorable. Il faudrait une prise en charge psychologique.

Monsieur Ninsemon, en Côte d’Ivoire on ne parle plus du panier de la ménagère, mais du sachet de celle-ci, pourtant le gouvernement parle de croissance à deux chiffres. Selon vous, la richesse dont il est question est-elle distribuée de manière inclusive ?

La croissance à deux chiffres relève du domaine de la macro-économie et l’appréciation que porte la ménagère sur le volume de son panier relève du domaine de la micro-économie. C’est là que les efforts restent à faire. En ce qui concerne la distribution de manière inclusive, il est difficile de satisfaire plus d’un si la corruption continue de régner en maître et dominer sous nos tropiques et si les investissements de l’Etat ne sont productrices de richesses suffisantes.

Le tronçon Toumodi-Yamoussoukro est l’une des voies qui, avant les pluies diluviennes a montré les limites d’un État dans lequel les travaux ne sont pas suivis. Malheureusement, les acteurs sont connus mais il n’y a pas de poursuite contre ces fossoyeurs de fonds. Quel jugement portez-vous sur cet état de fait ?

Il faut plus de sanctions sévères à l’encontre des entreprises reconnues coupables et dont leurs responsabilités sont engagées. Nous devons noter que ces travaux sont d’une utilité publique et ne doivent être bâclés.

La plupart des rues qui ont bénéficié de goudron grâce au programme d’urgence présidentielle (PPU), sont revenues à leur état initial. Autant affirmer que ces voies sont aujourd’hui impraticables. Peut-on parler de bonne gouvernance dans ce cas ?

Je disais plus haut que l’un des grands plus grands démons du développement en Afrique, est lacorruption. Nous avons tous les organes de contrôle et de régulation. Il n’y a donc pas de raisons fondées qui peuvent justifier un tel constat qui met en mal toutes les actions dans le sens du développement.

Après deux premiers emprunts, le chef du gouvernement était la dynamique du road show de l’Eurobond 2017 avec pour objectif la mobilisation des ressources pour le financement du Plan national de développement (Pnd) 2016-2020. L’Eurobond est diversement interprété par le citoyen lambda…

Evidemment ! Le mérite n’est pas de s’endetter à coût de centaines de milliards mais plutôt comment est-ce que nous devons affecter cette dette pour qu’elle soit créatrice suffisante de richesses. Les capacités de production de richesses et le rendement de la dette sont faibles à cause des ressources qui sont prioritairement affectées au financement des infrastructures non directement productives de la de la richesse nationale, telles que les ponts, les routes et les bâtiments…etc. De 2012 à 2016, soit sur une durée de cinq années, le taux de croissance de la dette a été de 114,24% tandis que le taux du PIB a été de 53,1%. En 2014, nous avions eu comme dette 375 milliards de Fcfa d’Eurobond, et en 2015, 150 milliards de Fcfa d’emprunts islamiques et 500 milliards de Fcfa d’Eurobond. Alors qu’en 2017, nous avons 5772 milliards de Fcfa au troisième Eurobond. Ce montant est à peu près égal au stock de la dette extérieure du pays qui était de 6373 milliards de Fcfa avant la remise des 4090 milliards de Fcfa, à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte, en 2012. Le stock actuel de la dette de la Côte-d’Ivoire se situerait selon les chiffres donnés par le Trésor public sauf erreurs, à 9073 milliards de Fcfa. Il y’a lieu de s’inquiéter de cette inclination à l’endettement au constat du faible rendement de cette dette publique.

Certains affirment que nos ressources sont déjà vendues sans qu’elles ne soient exploitées. Votre point de vue…

De quelles ressources parlons-nous ? C’est vous qui m’informez.

La Côte d’Ivoire peut-elle sortir facilement de tous ces prêts ?

Oui. On peut s’endetter mais l’idéal, c’est d’être créancier plutôt que débiteur.

Quelle vision avez-vous de l’année 2020 qui est considérée comme l’année de l’émergence ?

Je considère l’année 2020 comme un carrefour de générations. Cette année sera le passage du flambeau d’une génération à une autre, c’est-à-dire notre génération. Ce sera l’année du renouveau, l’année de la ‘’Jeunesse’’ à tous les niveaux, l’année du changement. Et aucun jeune ne doit manquer à ce grand rendez-vous. Pour ma part, quant à l’émergence du pays je reste optimiste et prudent à la fois.

Réalisée par CK
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