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Société Publié le samedi 5 août 2017 | Pôle Afrique

Cigarette, téléphone, moteur actionné- On fait le plein de risques dans les stations-service

© Pôle Afrique
Station service Pétro Ivoire.
Ce sont des lieux où les risques de feu sont permanents, sauf si l’on respecte les règles de sécurité. Mais, ce n’est pas toujours le cas. Les stations-service sont bien au contraire des sites où des interdits sont permis. Cigarettes, téléphone, moteur actionné… bref, on y fait le plein de risques. PoleAfrique.info y fait une incursion.

Un apprenti gbaka cigarette allumée en bouche qui tire plusieurs taffes avant d’éjecter la fumée, une femme bébé au dos et téléphone en main s’empresse de décrocher un coup fil qu’elle vient de recevoir. Tout près, un pompiste sert de l’essence. Ici c’est la station-service ‘’Corlay’’ plus connue sous l’appellation ‘’Texaco’’ au quartier 220 logements dans la commune d’Adjamé à Abidjan. Ce mercredi 2 août 2017, l’on apprend que ces scènes et tout ce qui est semblable ne sont pas nouveaux en ce lieu. Elles sont une habitude.

« C’est ce que nous vivons tous les jours, de 06 heures à 23 heures. Les ivoiriens sont ignorants des interdits dans les stations-service. Ils aiment aussi faire ce qui leur plait. Car même quand tu leur dis que ce qu’ils font n’est pas bon ou que c’est dangereux, ils s’enflamment. Ce ne sont pas les histoires avec les clients et autres passants pour ces comportements qui manquent ici. C’est pareil avec les automobilistes qui généralement refusent d’éteindre le moteur de leur véhicule quand ils prennent de l’essence », révèle à PoleAfrique.info Ouattara Amadou pompiste à cette station-service qui souligne aussi ses craintes vis-à-vis de ces comportements. Il n’a d’ailleurs pas tort. Un accident est très vite arrivé. Et bonjour les dégâts que l’on devine, regrettables au regard de l’affluence qui prévaut sur ce site.

Située dans un quartier commercial, cette station essence ne désemplit jamais. Elle grouille de monde. Chaque jour, ce sont des milliers de personnes et de véhicules de tout acabit qui y passent et repassent. Transformée par ailleurs depuis quelques années en gare routière de fortune des « gbakas », la fréquentation est encore grande aux heures de descente pendant les jours ouvrables. Cette scène est le partage de la plupart des stations-service en Côte d’Ivoire et d’Abidjan en particulier. Yopougon Siporex et Gare Sable, grand carrefour de Koumassi et bien d’autres dans la capitale économique ivoirienne offrent ce spectacle. Il n’est pas rare de constater qu’aux abords de ces stations, des commerçantes sont installées. Sur les étals de fortune, se trouvent entre autres articles, des paquets de cigarettes de toute marque dont on n’a pas besoin de se demander qui sont les acheteurs.

Des cas d’incendies qui interpellent

Début Juin 2015, à Accra au Ghana, un incendie qui s’est déclaré dans une station-service a tué plus de 150 personnes. Courant décembre 2016, un autre cas similaire s’est produit dans la même capitale du Ghana. Au moins cinq personnes ont péri dans une explosion survenue dans une station-service dans la banlieue de cette ville. Une autre scène d’horreur a été également vécue toujours dans ce pays. Courant mai 2017, la ville portuaire de Takoradi enregistrait une explosion d’une station-service dont la violente déflagration a causé la mort de personnes se trouvant à proximité.

Boli Bi est commercial piste à la Station Shell sise à Adjamé 220 logements. Un site tout aussi fréquenté que Corlay dont il est distant de quelques encablures. Il se souvient de ces drames survenus au Ghana voisin. Sa prière est que cela ne se produise pas en Côte d’Ivoire. Aussi, n’hésite-il pas à rappeler à l’ordre tout contrevenant aux principes de sécurité à son lieu de travail. Boli Bi raconte d’ailleurs un cas de comportement à risque qu’il a géré avec autorité. « Il y a près d’un mois, je servais un client qui voulait 20 000 FCFA de carburant. Nous étions à 12 000 FCFA lorsque son téléphone portable a sonné. Il a décroché puis a commencé à communiquer. Je lui ai dit de stopper sa communication, il a refusé. J’ai insisté, lui également. Je lui ai alors dit que soit il va communiquer hors de la station, ou alors j’arrête de le servir parce que son action met tout le monde en danger. Il a fini par comprendre mon insistance et est allé communiquer hors de la station. Après quoi il est revenu et j’ai repris le service d’essence », raconte-il.

Juste à côté, Otrou Michael son collègue. Pour lui, tous les matins en sortant de la maison pour le service, il se confie à Dieu, convaincu qu’il va prendre des risques. Toutefois il met tout en œuvre pour réduire ces risques liés à son métier. Il nous livre une situation vécue avec un policier qui lui a fait craindre le pire. « Dans la semaine du mardi 25 juillet 2017, il y avait un dépotage. Le dépotage est le ravitaillement d’une citerne dans les cuves. Il est strictement interdit de décrocher un téléphone portable, de fumer et d’allumer un moteur de véhicule dans la station pendant cette séance. Mais, ce jour, un passant a reçu un coup de fil qu’il a décroché et s’est mis à communiquer. Nous ne l’avions pas vu. Coup de chance pour nous, c’est le camionneur qui l’a vu communiquer et nous a interpellés. A notre tour on s’est mis à faire de grands signes de la main pour signifier à ce passant de stopper sa communication ou d’aller hors de l’ère de la station pour communiquer. Ce qu’il a refusé et a continué sa communication. Même notre patron qui venait aussi de remarquer la scène est allé à lui pour le lui dire de vive voix. Le passant n’a pas apprécié. Mais, sur insistance, il est allé hors de la station pour terminer sa communication pour ensuite revenir fait savoir qu’il est un adjudant de la police et non un voleur », raconte le pompiste.

Des panneaux d’interdiction bien présents… pourtant

Pourtant, tout indique que ce genre d’altercation ne devrait pas exister. Les stations-service étant des espaces particuliers où des comportements particuliers sont nécessaires pour la sécurité générale. Et pour cause ? La présence sur ces sites de produits hautement inflammables. A savoir de l’essence, du pétrole, et du gaz butane en bouteille. C’est fort des risques que présentent ces sites que des panneaux de prévention y sont placardés. Ce sont entre autres des images d’un téléphone, d’une clé de contact, et d’une cigarette allumée, barrées pour indiquer que ce sont des actes prohibés.

Alors, négligence ou ignorance ? En tout cas ces comportements sont une réalité et font peur à tous. « Nous qui sommes toujours dans les stations-service on a peur pour notre vie. Tous les jours ce sont des risques qu’on prend. Mais on va faire comment ? Notre métier de transporteur veut que nous soyons presque tous les jours à proximité des stations », indique Traoré Bakary un conducteur de gbaka sur la ligne Adjamé – Yopougon. Doucouré Karamoko, lui est responsable des chauffeurs de la ligne Adjamé- Yopougon. A la station Corlay d’Adjamé 220 logements où il travaille, il soutient que quand la sensibilisation verbale ne passe pas, le physique prend le relais. « Ici c’est la loi du plus fort. Si tu ne veux pas respecter ces règles de sécurité, on t’oblige à t’y conformer d’une manière ou d’une autre. On peut aller jusqu’à te frapper. Mais jusque-là, des cas où on est arrivé aux mains sont rares »dit-il. Et d’ajouter que : « la Côte d’Ivoire est un pays béni de Dieu. Car pour être franc, et au regard des drames qui ont eu lieu dans des pays comme le Ghana où des stations essence ont explosé il y a quelques années, et quand on regarde le non-respect que l’ivoirien fait de ces petites règles de sécurité, ce ne sont pas nos petites actions qui nous épargnent du mal ». Soit, mais « aides-toi Dieu t’aidera » dit aussi la maxime populaire.

Richard Yasseu
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