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International Publié le samedi 7 octobre 2017 | AIP

Côte d’Ivoire/Inter/ L’urgence de l’amélioration de la politique pharmaceutique en Afrique (Interview)

Abidjan - En Afrique subsaharienne, de nombreux gouvernements ont du mal à fournir les médicaments essentiels dont leurs populations ont besoin. Même lorsque ces médicaments sont disponibles, les prix peuvent être prohibitifs et les médicaments de mauvaise qualité sont répandus, ce qui signifie que les patients gaspillent de précieuses ressources sur des produits nuisibles, parfois potentiellement mortels, relève le site d’informations scientifiques, SciDev.

En réponse à cette crise, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a travaillé avec 15 pays d'Afrique subsaharienne pour réformer les circuits et moyens d'accès aux bons médicaments, afin de garantir des traitements appropriés aux populations. L'une des principales réalisations du projet a été la mise à jour de la liste des médicaments essentiels de chaque pays, la "liste d'achats" des médicaments approuvés pour la prestation des soins de santé. Beaucoup de ces mises à jour comprenaient les nouveaux médicaments recommandés aux enfants contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, arrivés récemment sur le marché. Les quinze pays se sont réunis en septembre 2017 à Zanzibar, en Tanzanie, en présence d'experts de l'OMS, dont Suzanne Hill, directrice du Département des médicaments essentiels et des produits de santé à l'OMS.

Dans cette interview, la responsable onusienne évoque des questions clés liées à la fabrication, à l'approvisionnement, à la distribution et au contrôle des médicaments en Afrique sub-saharienne.



L'accès à des médicaments de qualité peut relever de l'impossible pour beaucoup de personnes en Afrique, en raison de leur prix prohibitif, ce qui fait que la plupart des gens dans la région ont l'impression d'une certaine injustice en matière de santé. Que fait l'OMS pour réduire l'écart entre les pays industrialisés et les pays pauvres ?
L'OMS a mis en œuvre plusieurs projets dans les pays les plus fragiles, pour aider les autorités à créer des systèmes de santé plus solides dans le secteur pharmaceutique. Nous le faisons, en leur apportant un appui technique pour choisir les meilleurs médicaments et s'attaquer à des maladies répandues à l'échelle d'un territoire donné. Ces projets permettent également de renforcer les capacités des autorités réglementaires en matière de surveillance de la qualité des produits médicaux, ainsi que les systèmes de distribution et les stratégies de tarification efficaces. Un exemple assez illustratif constitue le partenariat UE/ACP/OMS qui se termine actuellement par une réunion de synthèse à Zanzibar. Il sera important pour l'Union européenne(UE) et d'autres donateurs de se concentrer sur l'accès aux médicaments avec l'investissement et le soutien technique, en particulier lorsque les pays évoluent vers une couverture universelle, en matière de santé.



L'un des problèmes les plus fréquents rencontrés dans les pays à faible revenu est l'indisponibilité de médicaments du fait que les compagnies pharmaceutiques décident d'en arrêter la production ou refusent de s'impliquer dans des projets de R&D parce que les produits cibles ne sont pas rentables, ce qui entraîne de nombreuses pertes de vies sur l'ensemble du continent. Existe-t-il une possibilité que la communauté internationale mette fin à ces pratiques ?
Le défi que vous mentionnez concerne vraiment les approches tarifaires et il se décline en deux volets. D'une part, il existe des traitements nouveaux et efficaces qui pourraient bénéficier à des millions de patients - notamment les antiviraux à action directe pour l'hépatite C et quelques biothérapies pour certains cancers. Mais ils sont hors de portée des systèmes de santé les plus sophistiqués, en raison des prix élevés. De l'autre côté, nous avons des médicaments génériques dont les prix ont baissé si bas que l'industrie perd de l'intérêt pour la production. L'OMS a lancé le concept de "prix équitable" et a tenu son premier forum sur les prix équitables cette année, regroupant toutes les parties prenantes - gouvernements, industrie, groupes de patients, organismes internationaux. L'objectif est de trouver un équilibre - c'est-à-dire, de trouver des stratégies pour obtenir des prix assez bas pour être abordables pour les systèmes de santé, mais suffisamment élevés pour que l'industrie s'intéresse à l'innovation et à la production des traitements nécessaires. Nous continuerons de travailler pour trouver des stratégies de tarification qui fonctionnent pour tous, y compris grâce à une plus grande transparence quant au coût de la R&D et à la manière dont les prix sont fixés. En ce qui concerne la R&D pour les maladies tropicales négligées, c'est un domaine où les choses se sont beaucoup améliorées au cours des dernières années. Les partenariats pour le développement de produits ont suscité beaucoup d'intérêt, comme le DNDi (une organisation de recherche à but non lucratif, basée à Genève, ayant pour objectif le développement de médicaments sur les maladies tropicales négligées) par exemple, et des bailleurs de fonds tels que la Fondation Gates. D'autres produits ciblant spécifiquement les pays en voie de développement arrivent sur le marché.



Les efforts du Burundi et du Mali pour fixer les prix dans le secteur privé semblent porter des fruits. Ces modèles sont-ilstransposables ailleurs?
Ce sont des pratiques adoptées par tous les pays riches et oui, ils sont transposables ailleurs. Dans le cadre du partenariat UE/ACP/OMS, plusieurs pays ont commencé à examiner la législation visant à contrôler les prix. Mais il faut se rappeler que la plupart de ces pays achètent et fournissent en grande partie des médicaments génériques. Essayer de fixer les prix des nouveaux médicaments dans les systèmes de santé peu nantis pourrait constituer un défi majeur.



Quelles leçons avez-vous tiré de cette expérience avec les gouvernements, en matière de politiques pharmaceutiques simplifiées?

Nous avons appris que les systèmes de santé doivent fonctionner dans leur ensemble et ne peuvent être fragmentés. Les politiques, les législations et les pratiques pharmaceutiques sont des éléments fondamentaux du système de santé - en effet, dans la plupart des pays en développement, la valeur du système de santé est perçue en fonction de la disponibilité des traitements dans les établissements de santé. Nous savons également que l'ambition d'atteindre une couverture sanitaire universelle ne sera réalisée qu'avec des systèmes pharmaceutiques solides. Nous devons donc faire davantage pour aider les pays membres à améliorer l'accès aux médicaments et à promouvoir une meilleure gouvernance de la santé, et en particulier dans le secteur pharmaceutique.



Quels sont les principaux échecs et à quoi sont-ils dus ?
Encore une fois, tout dépend du fonctionnement du système de santé - des politiques judicieuses, une réglementation efficace, une prescription et une utilisation responsables, ainsi qu'une bonne gouvernance, qui sous-tend l'ensemble du processus. Bien sûr, la pauvreté joue un rôle important dans l'échec de nombreux systèmes de santé. C'est pourquoi nous ne pouvons pas travailler sur la construction de meilleurs systèmes de santé séparément du besoin de renforcer tous les autres domaines, tels que le développement économique et social, la primauté du droit, l'éducation, et les droits de l'homme.



Parmi les nombreux défis auxquels fait face l'industrie pharmaceutique africaine, la question des faux médicaments en est un qui a énormément de conséquences et menace même des vies. Qu'est-ce que l'OMS fait pour soutenir les pays membres dans la lutte contre les médicaments contrefaits ?


L'OMS travaille sur plusieurs fronts. Premièrement, elle facilite l'acquisition de compétences au niveau du personnel des autorités de réglementation afin de mieux surveiller la qualité des médicaments circulant sur les marchés. Elle forme également les représentants des États membres sur les meilleures techniques et pratiques pour prévenir, détecter et répondre au problème. Jusqu'à présent, 30 pays ont été entièrement formés. Deuxièmement, elle a mis en place un système mondial de surveillance et d'inspection, une base de données accessible à tous les États membres qui, en cinq ans, a reçu des informations sur environ 400 produits médicaux hors norme et falsifiés. Sur la base de ces informations, l'OMS émet des alertes mondiales sur les produits à risque. L'OMS fait également un plaidoyer continu envers les États membres sur la menace que constituent ces produits et sur la nécessité pour tous les pays d'investir dans une réponse efficace au problème.

(AIP)

amak/cmas
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