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Société Publié le vendredi 4 septembre 2020 | AIP

"Les coopératives de palmier à huile doivent se muer en véritables entreprises et faire de la transformation" (DR agriculture)

© AIP Par DR
Le palmier à huile
Aboisso -La région du Sud-comoé est une grande zone agricole. Cependant, depuis quelques temps deux filières, à savoir l’hévéa et le palmier à huile connaissent des difficultés allant de la destruction de plantations dans la filière hévéicole aux difficultés de fonctionnement des coopératives dans la filière palmier à huile. Le directeur régional de l’agriculture, Patrice Amani Goda Yao, dans une interview à l'AIP L’AIP relève les difficultés rencontrées dans ces filières tout en proposant des piste de solutions.

Nous avons constaté, en parcourant le département d’Aboisso et même d’autres départements que plusieurs producteurs de caoutchouc naturel (hévéaculture) détruisent leur plantation au profit du palmier à huile. quelles sont, selon vous, les raisons qui justifient cette option.

Aujourd’hui la tendance est à l’abandon de l’hévéa au profit de d’autres spéculations dont le palmier à huile. Les difficultés rencontrées dans la filière hévéa expliquent cette attitude des producteurs. Ce sont entre autres l’insuffisance d’unités de transformation de fonds de tasse. Pour tout le Sud-comoé, nous avons deux grandes unités de transformation à Bongo et à Adaou et trois autres unités de transformation. Le non respect des prix APROMAC (Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d'ivoire) qui devrait être respecté par tout le monde. Mais le constat est que l’offre étant supérieure à la demande, les transformateurs ne respectent plus les prix. Le bas prix du kilogramme de fond de tasse accentué par les délais très longs de paiement de la production livrée. Des délais de deux à trois mois qui créent des difficultés financières au niveau des producteurs. Les réfactions pratiquées par les industriels sur les productions des planteurs, l’instauration d’un système de quota de livraison, les nombreux prélèvements opérés par les industriels sur le prix du kilogramme de fonds de tasse et également les difficultés d’obtention d’un code de livraison auxquels il faut ajouter les vols de fond de tasse, voici les difficultés de la filière.

La pression foncière dans le Sud-comoé oblige donc les paysans à détruire les plantations, alors qu’il y a des années en arrière, quand les terres étaient disponibles, ils abandonnaient tout simplement les plantations et allaient créer de nouvelles plantations. Les producteurs préfèrent donc se tourner vers d’autres filières comme le cacoa, le café et surtout le palmier à huile où la demande est forte à cause de la multiplicité des unités de transformation. Dans le Sud-Comoé, nous avons plusieurs grandes unités de transformation et une dizaine de mini-huileries.

Cette manière de faire ne va-t-elle pas entraîner à la longue un manque de fonds de tasse ?

Ah si. C’est un cycle. Il faut que les producteurs comprennent qu’il y a des années en arrière des parents ont détruit des plantations de palmier à huile, de cacao, de café au profit de l’hévéaculture.

Quelles sont alors les solutions préconisées par vous, responsable de l’agriculture dans la région ?

L’Etat de Côte d’Ivoire a mis en place, au regard de toutes ces difficultés, le conseil hévéa-palmier à huile pour la régulation, le contrôle et le suivi-évaluation des activités des filières hévéa et palmier à huile dont une délégation est installée à Aboisso, afin de marquer la forte intention d’aider les paysans. vivement que les textes subséquents soient effectifs pour permettre l’assainissement de l’environnement de ces deux importantes filières. Cela va permettre à chacun des acteurs de jouer pleinement son rôle et tirer meilleur profit de son activité.

Les producteurs d’hévéa s’orientent vers le palmier à huile qui a aussi ses problèmes, notamment les coopératives de la filière qui disent ne plus s’en sortir vu la concurrence que leur livrent les agro-industriels dans l’achat de la production.Quel est votre regard sur cette question.

Ce que nous disons aux coopératives, c’est qu’il s’agit d’un mouvement. Depuis la création des Groupements à vocation coopératives (GVC) mis en place dans les années 60 par le premier président Félix Houphouët Boigny, c’était pour nous former à un milieu très concurrentiel. On est passé des GVC aux coopératives, et nous avons aujourd’hui adhéré à l’OHADA (Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires) qui fait de ces coopératives de véritables sociétés avec conseils d’administration. Mais quel est le constat. Il y des aventuriers dans la filière qui n’ont pas chercher à se former, qui n’ont pas chercher à diversifier leurs activités. La coopérative ne doit pas se limiter à l’achat des produits de ses membres. Il faut aller à la transformation. Si toutes ces coopératives avaient leur huilerie, elles pouvaient transformer toute leur production et avoir une plus-value et fidéliser leurs membres. Malheureusement, elles sont restées au stade de la collecte de la production, au stade primaire. Or, nous sommes dans un marché libéral. Des mini-huileries s’installent. Elles ont toute une politique pour s’approvisionner surtout que la demande est plus forte que l’offre aujourd’hui. Donc les usiniers se font la concurrence et vont sur le terrain pour collecter le produit. Du coup, les coopératives deviennent inutiles.

Ce même phénomène guette toutes les filières. Demain on pourrait avoir une forte demande d’hévéa avec le foisonnement des usines qui a déjà commencé. Sur l’axe Noé-Abidjan, il y a plusieurs unités qui s’installent. Les coopératives doivent donc anticiper, car ce sont des sociétés. Elles doivent par conséquent avoir une vision et se projeter dans l’avenir. On ne doit pas rester au stade de la collecte.

Quel est votre message à l’endroit des producteurs des deux filières dont nous avons évoqué les difficultés au cours de cet entretien.

Le message que nous avons pour les coopératives de palmier à huile, c’est qu’elles doivent faire leur transformation structurelle et aller vers la première, voire même vers la deuxième transformation. Il en est de même pour l’hévéaculture. Une plantation d’hévéa, une mini-unité de transformation bord-champs, car la première transformation nécessite une certaine célérité.

Interview réalisée par Ahoulou Noel, chef du bureau régional AIP Aboisso.

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