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Politique Publié le mardi 10 mars 2009 | Le Nouveau Réveil

Mi kissié tchin angounda (Ma parole du lundi) : Ces éclairantes paroles de Sansan Kouao !

Il faut le dire ou… périr : les récents propos tenus par le richissime planteur Sansan Kouao dans un journal de la place, à l'encontre d'Henri Amouzou, ont de quoi nous emmener à nous poser des questions sur les raisons exactes de la détention de ce dernier dans les geôles de la Maca depuis une dizaine de mois. L'opinion publique s'est laissé dire qu'à l'instar d'autres responsables de la filière café cacao, M. Amouzou est, officiellement, en détention, pour malversations financières. On sait que l'accusé a hâte de voir se tenir son procès, afin de pouvoir se défendre des accusations qui lui sont portées ; il le réclame, l'exige même - de plein droit. Bizarrement, notre Justice ne semble pas faire de ce procès (très attendu par cette même opinion publique) un souci majeur. Voilà une bien étrange situation où l'accusateur-justicier (l'Etat ivoirien, puisque c'est le chef de l'Exécutif qui a ordonnancé l'arrestation de ces responsables de la filière) semble embarrassé par le procès du (ou des) mis en cause. Et voilà que M. Sansan Kouao, visiblement pris d'une rage impossible à maîtriser contre Henri Amouzou, vient nous éclairer sur la question. Relisons-le : " Je peux plaider auprès du Président Gbagbo pour libérer les prisonniers à condition qu'ils se taisent et reconnaissent qu'ils ont volé ".

On a le droit d'être inquiet à l'idée de savoir que les choses pourraient effectivement se passer ainsi : une intercession de M. Sansan Kouao auprès du chef de l'Etat, un repentir d'Amouzou, et voilà le problème réglé ! Où se trouve la Justice, en tant qu'administration étatique, supposée libre et non dépendante de l'Exécutif, dans ce type de règlement souterrain, paternaliste et monarchique, que propose en réalité le richissime planteur, ami de M. Gbagbo et militant (si j'en crois la presse) du Front populaire ivoirien ? Plus inquiétantes encore sont les raisons de l'incarcération d'Amouzou telles que révélées par M. Sansan : nulle part, dans les propos accusatoires et déclamatoires tenus à l'encontre d'Amouzou, il ne nous a exposé la moindre preuve de malversations commises par l'ex-patron de la FDPCC, et qui justifierait le maintien de ce dernier en prison. Sur cette question, l'interview révèle, en effet, deux raisons : une, très subjective, et une autre de nature politique.

D'abord, la raison subjective : " Amouzou (…) c'est quelqu'un que nous avons tiré du néant qui a pensé à un moment donné qu'il avait tout eu. Il pouvait donc se comparer à Dieu et défier l'autorité du chef de l'Etat ". Son emprisonnement apparaît dès lors comme l'aboutissement d'une démarche punitive de type vindicatif, menée par M. Sansan Kouao, pour faire plaisir à M. Gbagbo (le chef de l'Etat), son ami offensé. Nous ne sommes donc plus là, sur un terrain juridique, et nous n'y voyons non plus aucune preuve de malversations financières commises par Amouzou. Sansan Kouao clame aussi : " C'est moi qui ai porté plainte contre Amouzou et il n'y a que moi qui peux demander la clémence du Président Laurent Gbagbo ". Question : pourquoi donc M. Sansan Kouao attend-il hystériquement d'Amouzou un repentir clandestin (comme prix de sa libération), là où l'accusé lui-même exige un procès ouvert, en bonne et due forme ? Où se trouve la difficulté à faire se tenir un procès pour condamner juridiquement un homme que l'on veut nous obliger à croire coupable de malversations graves ? On le voit : M. Sansan Kouao et, par lui, le pouvoir, cherche une porte de sortie, un arrangement : Amouzou est devenu un prisonnier gênant, et son procès pourrait avoir de sérieuses conséquences sur la crédibilité du pouvoir Fpi, quand on sait que la filière café cacao était la chasse gardée de la Présidence ainsi que de ministres Fpi.
L'" affaire Amouzou " (c'en est effectivement une) apparaît donc plus obscure qu'on ne le croie ; surtout quand on en découvre les aspérités politiques, que nous a exposées (involontairement) Sansan Kouao : Amouzou, selon lui, voulait " défier l'autorité du chef de l'Etat ". Et le riche planteur de dire : " Je réitère que c'est moi qui ai porté plainte contre Amouzou (…) qui nous a brutalisés en dressant la gendarmerie contre nous à Coco service (…). Nous n'avons pas réagi ce jour-là parce que le Secrétaire général de l'ONU était à Abidjan. Et l'objectif d'Amouzou ce jour-là était de présenter la Côte d'Ivoire comme un pays infréquentable. Malheureusement pour lui, nous ne sommes pas tombés dans son piège ". Encore une question : franchement, qu'a à voir l'ONU dans une banale affaire civile, entre privés ? Et puis, que désigne ce " nous " inattendu qui, dans cette phrase, représente un collectif (?). Et quel est ce collectif ? Le Fpi, évidemment ! Les choses gagnent donc en éclaircissement.

En vérité, ces éclairantes paroles de Sansan Kouao offrent des arguments de poids à la défense d'Henri Amouzou. Il faut donc le dire ou… périr : qu'on arrête de nous distraire. Si Henri Amouzou est réellement coupable de malversations financières, qu'on nous les expose, dans la transparence, et qu'il soit jugé selon les règles de la Justice républicaine, comme le souhaite d'ailleurs le concerné lui-même. Pour l'heure, je constate plutôt que ce sont les accusateurs-justiciers qui s'agitent, visiblement embarrassés par la perspective d'un procès que, manifestement, ils redoutent.

Une chronique de Tiburce Koffi /
tiburce_koffi@yahoo.fr /
tel: 67-40-31-08/02-11-10-11)
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