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Editorial Publié le lundi 5 janvier 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Editorial - Les collabos

Voici une nouvelle année qui commence. Un début au cours duquel tout le monde a sacrifié à la tradition qui consiste à présenter les vœux. Chez nous, la trêve des confesseurs a eu lieu puisque la fin de l’année a été marquée par une relative accalmie sociale et politique. Comme si tout le monde conservait son énergie pour mieux sauter et surtout pour être mieux armé à l’effet d’affronter les puissants défis et enjeux de l’an 2009. En 2008, l’élection présidentielle n’a pas été organisée en Côte d’Ivoire et ceux qui, depuis plusieurs années - affirment que c’est en 2010 que les élections auront lieu, assurent qu’ils auront bel et bien raison. Ils ajoutent même que si le scrutin présidentiel avait lieu en Octobre, Novembre ou Décembre de 2009, les exigences d’un éventuel deuxième tour ou les contraintes de la passation des charges, nous conduiront bel et bien à 2010. Ils sont convaincus d’avoir raison. Et leur certitude donne le sentiment que nous restons dans un milieu politique fait de mensonges, de comédie et de tromperie de la part de tous. En vérité, le fait que la tenue des élections en 2010 soit du fait de la volonté de Laurent Gbagbo, ou, si l’on veut, des manœuvres de Guillaume Soro, montre que MM Bédié et Ouattara n’ont pas une voix prépondérante au chapitre. Tout montre à nos yeux qu’ils ne sont que des accompagnateurs et des spectateurs refusant de prendre acte de cette situation et d’en tirer les conséquences qui s’imposent pour se mettre en position de représenter une alternative crédible lors des élections à venir. En attendant la prochaine réunion du CPC qui ne décide jamais rien mais qui vise à flatter l’orgueil et l’égo des leaders de l’opposition, la signature à Ouagadougou du quatrième accord complémentaire de Ouaga entre le camp présidentiel et les FN d’une part et d’autre part le paraphe de cela par le chef de l’Etat à Abidjan et le Premier ministre à Paris montrent bien que les seuls et vrais maîtres du jeu sont Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, avec une dominante pour le camp présidentiel. Si pour cela, il est évident de rendre Laurent Gbagbo seul comptable de la situation sociale, politique et économique dans notre pays, il se trouve cependant qu’à l’heure du bilan et au moment des élections, il sera difficile de garder le silence sur le bilan des collaborationnistes. Sous Pétain, les collaborationnistes ont beau justifier leur engagement par le souci d’aider leur pays et l’intention de contrer de l’intérieur l’ennemi allemand, tout indique que cette logique d’entrisme et d’infiltration n’a pas pu faire l’unanimité. L’alternance et le changement ne seront pas possibles en Côte d’Ivoire tant que l’opposition actuelle, ou ce qu’il en reste, ne convainc pas réellement qu’elle est porteuse d’un projet politique différent et nouveau. Un projet à mûrir loin des conseils de ministres actuelles durant lesquels rien n’est fait par les ministres du RHDP pour rendre plus humain et plus vivable la situation actuels du pays. Alors que John McCain n’a pas été membre du cabinet Bush il a subi le rejet qu’inspirait aux Américains la politique du président sortant. Comment en Côte d’Ivoire, peut-on collaborer au gouvernement avec Laurent Gbagbo et espérer n’être comptable que de ses succès sans assumer ses échecs, qui sont aussi nos échecs à nous tous. Au Zimbabwe et au Kenya, l’opposition a pu représenter une alternative parce qu’elle était loin de la gestion quotidienne du pouvoir. Idem pour le Ghana. La marge entre les deux candidats montre bien que si John Atta Mills avait participé à la gestion des années Kufuor, dont le bilan est pourtant positif, les électeurs se seraient demandé pourquoi ne pas choisir Nana Ado. Bien entendu, ces pays ne sont pas la Côte d’Ivoire, bien entendu en Côte d’Ivoire il y a eu une mini guerre et une crise depuis plusieurs années, mais quand on n’a pas la possibilité d’influer sur le cours des choses, quand on est dans un gouvernement qui s’éloigne, selon les opposants, des aspirations du peuple, il est difficile d’espérer tromper les électeurs en jouant sur des facteurs ethniques, tribaux et religieux pour gagner les élections. A défaut de décisions audacieuses, et dans l’attente de l’avènement d’un quatrième homme providentiel que le candidat Gnamien Konan n’arrive pas encore totalement à incarner pour le moment, il apparaît clair que le collaborationnisme ambiant constitue une voie assurée pour le maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo. Ce sera faute de mieux, et surtout cela peut se faire sans vraiment une vaste fraude ni une grande tricherie si la prise de conscience de cette réalité ne se fait pas maintenant. En dépit des apparences et des discours de campagne du RHDP, tant de signes de cela se manifestent tous les jours à nos yeux.

Par Charles Kouassi
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