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International Publié le lundi 12 janvier 2009 | Notre Voie

Sommet d`Abuja (Nigeria) samedi dernier : La CEDEAO prend des mesures contre la Guinée

Les chefs d`Etat et de gouvernement membres de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) ont consacré, samedi dernier, à Abuja (Nigéria), sur convocation du nigérian Alhaji Umaru Musa Yar’Adua, président en exercice de l’organisation, une réunion extraordinaire suite au coup d’Etat survenu en Guinée. Le sommet a pris des mesures pour aider le pays de feu Sékou Touré à sortir de la mauvaise passe qu’il traverse.

La junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée peut, pour l’instant, se frotter les mains. Fort du soutien unanime dont elle bénéficie de la part de tous les partis politiques et de la société civile guinéens, la CEDEAO refuse d’infliger des sanctions économiques qui feront davantage souffrir le peuple guinéen. L’organisation sous- régionale a donc concédé le coup d’Etat qui a porté le capitaine Moussa Dadis Camara et le conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) au pouvoir, le 23 décembre 2008, moins de 24 heures après le décès du général-président Lansana Conté. La CEDEAO a même pris acte “des efforts déployés par les parties prenantes guinéennes en vue du rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel ”, et invité tous ses pays membres à travailler à ne pas permettre que le processus de transition en cours soit déstabilisé par des remous. Tout au plus, la CEDEAO recommande à la junte au pouvoir, la mise en place rapide, avec son assistance, d’un “Conseil national de transition (CNT), organe de délibération regroupant civils et miliaires, en vue de la réalisation des objectifs de la transition”. Lequel CNT, recommande la CEDEAO, sera chargé de “mener à terme le processus de transition en organisant des élections libres, régulières et transparentes en 2009”, contrairement aux deux années de transition auxquelles avait fait allusion le capitaine Dadis Camara dans ses premières déclarations de prise du pouvoir. Enfin, prenant justement au mot le nouveau chef de l’Etat guinéen, la CEDEAO exige que “les membres du Conseil national pour la Démocratie et le Développement (CNDD, organe mis en place par la junte après la dissolution des institutions), le Premier ministre de transition et les membres du gouvernement ne se présentent pas aux élections à organiser en 2009”. Ils devront en outre “s’engager à respecter les droits humains et l’Etat de droit, ainsi qu’à lutter contre l’impunité et le trafic de drogue”. C’est ainsi qu’il faut comprendre et analyser les termes du communiqué final qui a sanctionné les travaux de la conférence extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement membres de la CEDEAO tenue le samedi 10 janvier 2009 à Abuja (Nigeria), sur convocation de son président en exercice, le nigérian Alhaji Umaru Musa Yar’Adua, pour se prononcer sur le coup d’Etat de la veille de Noël 2008 en Guinée Conakry.


Compromis oui, compromission non !

Bien entendu, la CEDEAO demeure farouchement opposée au coup de force militaire. Ainsi, pour cette question de principe contre “l’accession ou le maintien au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels”, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement “condamne fermement le coup d’Etat du 23 décembre 2008 en se fondant sur les dispositions de son protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance”. L’organisation communautaire sous-régionale a, par conséquent, prononcé la sanction politique qui sied, et la Guinée est “suspendue de toutes les réunions de la CEDEAO au niveau des chefs d’Etat ou au niveau ministériel, jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel”. Le refus de la compromission ainsi affirmé, la conférence extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement CEDEAO du week-end dernier à Abuja (capitale politique du Nigeria), a décidé de voler pratiquement au secours du peuple guinéen en difficulté, et donc de donner une chance aux putschistes pour réussir la transition vers la démocratie.


Opération “sauver la Guinée !”

Ainsi, pour faciliter le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée, la CEDEAO a admis “la nécessité d’un financement adéquat pour assurer une transition paisible et réussie”. La CEDEAO a d’ailleurs lancé “un appel aux partenaires internationaux, notamment la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), et l’Union européenne (UE), en faveur de la poursuite de leur appui financier aux programmes socioéconomiques du pays, pour maintenir sur les rails le processus du retour à l’ordre constitutionnel, à la démocratie et à la bonne gouvernance”. Comment en est-on arrivé à ces décisions dans une organisation si habituée à condamner les putschs et à exiger le retour à la normalité constitutionnelle ?


La Guinée, un cas (presque) à part

Les évènements se sont précipités en fin d’année 2008 en Guinée-Conakry. Le président guinéen, Lansana Conté est mort le 22 décembre. Le président du parlement, El Hadj Aboubacar Somparé, qui devait lui succéder conformément à la constitution, a été évincé par des militaires conduits par le capitaine Moussa Dadis Camara. Cette junte dirige la Guinée depuis le 23 décembre. Elle a formé un organe de gouvernement, le CNDD, et nommé, le 28 décembre, au poste de Premier ministre de Transition, le banquier Kabiné Komara…

Deux missions ont été dépêchées sur place par la présidence en exercice de la CEDEAO, la première du 25 au 28 décembre 2008 et la seconde, du 2 au 6 janvier 2009. Sur rapport de ces deux missions et après avoir entendu le nouveau Premier ministre guinéen invité pour audition à Abuja, samedi dernier, la CEDEAO a noté que toute la classe politique guinéenne et la société civile du pays se déclarent plutôt favorables à une transition militaire vers la démocratie dans le pays. Ces forces vives guinéennes, sans cautionner le vœu de Moussa Dadis Camara pour une transition de deux ans, ne souhaitent pas des élections précipitées, estimant que sous Lansana Conté, les partis d’opposition ont été malmenés et étouffés et qu’ils ont besoin de temps pour se réimplanter. Enfin, pour l’écrasante majorité des Guinéens, feu le général président a fait de leur constitution un chiffon tripatouillé à souhait et qui mérite une totale réécriture.

De toute évidence, la CEDEAO, tout en restant attachée à ses grands principes de démocratie et bonne gouvernance, n’a pas voulu être plus royaliste que le roi. Elle travaillera à raccourcir la transition à douze mois au plus et assistera la junte militaire pour la réussite de son opération de sauvetage de la Guinée.

César Etou cesaretou2002@yahoo.fr Envoyé Spécial à Abuja
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