Elle était parmi les invités du dîner-gala de la Saint Sylvestre 2008 organisé à Bamako par
«Maestro» Boncana Maïga, l’une des identités musicales maliennes. Queen Etémé s’est confié à Notre Voie dans le hall d’Azalaï Grand Hôtel de la capitale malienne. Interview exclusive de la musicienne camerounaise résidant en France.
Notre Voie : On a du mal à vous classer. Comment définissez-vous votre musique ?
Queen Etémé : Je crois que cette musique que je pratique est à l’image de toutes les expériences que j’ai acquises durant mon parcours. Je veux parler de la musique traditionnelle africaine, du gospel, du jazz à travers ma collaboration avec Manu Dibango, du reggae avec Alpha Blondy, l’afro acoustique avec Ismael Lo, Henri Dikongué. Bref, j’ai été bercée par toutes ces musiques.
N.V. : C’est à croire que vous étiez à la recherche d’une identité…
Q.E. : Non, tout simplement c’est parce que pendant très longtemps, j’ai été une chanteuse qui accompagnait les autres en studio et sur la scène. J’ai fait énormément d’albums avec eux, les gens ont beaucoup entendu ma voix avant que je n’entame une carrière solo. Je suis donc la synthèse de multiples expériences. Maintenant, j’ai ma propre identité. Mais il faut dire qu’il était bon pour moi d’apprendre d’abord le métier.
N.V. : Tout cela était-il prémédité ?
Q.E. : C’est mon destin. J’ai eu simplement la grâce du Seigneur de pouvoir commencer très vite la musique. Je pense qu’il y a un temps pour chaque chose. A un moment donné, j’ai compris que j’étais prête avec un répertoire à partager. J’ai fait ma montée sur la scène en 2003 avec un album qui s’appelle «Soki». Cinq ans et demi plus tard, c’est-à-dire maintenant, c’est Lafi». L’œuvre est déjà en rotation en France, au Burkina Faso, au Mali et au Cameroun. En Côte d’Ivoire, j’espère ce sera pour bientôt. Pour l’instant, tous mes projets de voyage événementiels dans ce pays se sont malheureusement soldés par un échec. Mais rien n’est encore perdu car le temps de Dieu n’est pas celui des hommes. D’ici là, je vous signale que sur mon album, j’ai reçu la collaboration du groupe zouglou ivoirien, Anti- Palu. Je côtoie en outre d’autres artistes ivoiriens tels qu’Alpha Blondy, Miss Delon et Meiway. Ce dernier était récemment avec «tantie» Aïcha Koné à mes côtés, dans le 16ème Arrondissement, à Paris, lors du lancement de mon album. En somme, j’ai des rapports très étroits avec des artistes ivoiriens.
N.V. : A quand un premier concert de Queen Etémé à Abidjan ?
Q.E. : Je songe à cela. Et j’aimerais surtout le faire pour les enfants déshérités. Vous savez, au-delà de la musique, aider à sauver les enfants de la rue est mon cheval de bataille. En effet, les réinsérer à travers le chant dans le tissu social me préoccupe. J’estime que le chant est un meilleur vecteur, une tribune très importante pour ces enfants-là. Je dirais même une thérapie. C’est pour cela que j’envisage d’étendre cette idée en Côte d’Ivoire. J’ai déjà expérimenté cela ailleurs dans certains pays d’Afrique.
N.V. : Ainsi la Côte d’Ivoire figure sur votre calepin. Vous désirez, en effet, rencontrer la Première dame Simone Gbagbo pour lui faire part de votre ambition de portée sociale …
Q.E. : Effectivement, j’ai appris que c’est une dame qui œuvre beaucoup pour les populations défavorisées. Je voudrais donc lui en parler parce que le panafricanisme et l’unité africaine qu’on prône sur notre continent ne doivent pas se limiter au niveau politique ; ils doivent toucher aussi la dimension sociale des populations africaines. Je pense que tout leader d’opinion devrait pouvoir, sans problème, défendre une cause sociale partout sur le continent, loin de son propre pays. C’est ce que j’essaie de faire au quotidien.
N.V. : Mais pourquoi votre préférence senble-t-elle aller aux Premières dames, en fin d’année 2008, vous avez déjà rencontré celle du Cameroun, Chantal Biya ?
Q.E. : Parce que ces dames ont en général des fondations de bienfaisance. Ces épouses d’hommes d’Etat ont aussi un pouvoir d’action et des moyens en faveur des populations ; sans oublier leurs capacités d’associer, non seulement nous artistes de la diaspora mais aussi toutes les forces vives de leurs pays afin que leurs différentes jeunesses puissent s’épanouir convenablement.
N.V. : En tant qu’une des voix féminines de la nouvelle génération de la musique africaine, êtes-vous consciente que vous avez un lourd héritage à gérer, étant donné que vos aînées ont placé la barre haut ?
Q.E. : Bien sûr, d’autant plus que vous avez parlé de femmes fortes. En fait, depuis ma rencontre avec la pionnière Miriam Makéba(paix à son âme), en passant par Anne-Marie NZié qui a fêté récemment ses 30 ans de carrière avec ma participation, je suis profondément inspirée par le combat de cette génération de chanteuses. Elles me donnent la force et m’incitent à continuer. C’est donc une tâche que je prends très au sérieux. Et j’espère que notre génération pourra pérenniser leurs œuvres.
N.V. : Apparemment, ça commence bien pour vous, au regard de pas mal de sollicitations dont vous faites l’objet en Europe et en Afrique.
Q.E. : C’est exact. Même si on me reproche de ne pas être beaucoup plus présente en Afrique. En fait, il faut que les gens comprennent que nous autres, nous avons grandi en Europe avant de revenir en Afrique pour apprendre à connaître ceux qui y vivent et rencontrer nos collègues locaux. C’est pour nous un devoir et on a envie de nous consacrer essentiellement à notre continent qui en a vraiment besoin. Ici, il manque encore beaucoup de structures, d’infrastructures, d’occasions de management en parlant des jeunes artistes qui n’ont pas la chance d’aller se perfectionner en Europe.
N.V. : Queen Etémé, c’est ce beau timbre vocal qui ne laisse indifférent. Est-ce naturel ou l’avez-vous travaillé ?
Q.E. : Je pense que maintenir une voix très chaude, très souple et très puissante comme la mienne, cela demande énormément de travail. Je fais donc des vocalises tous les jours car avec les voyages et les décalages horaires, il faut préserver la voix qui est un instrument très fragile. C’est-à-dire qu’il faut beaucoup dormir, avoir une hygiène de vie parfaite. Vous savez, les cordes vocales, on n’en a que deux et on ne peut pas les changer.
Interview réalisée à Bamako par Schadé Adédé
«Maestro» Boncana Maïga, l’une des identités musicales maliennes. Queen Etémé s’est confié à Notre Voie dans le hall d’Azalaï Grand Hôtel de la capitale malienne. Interview exclusive de la musicienne camerounaise résidant en France.
Notre Voie : On a du mal à vous classer. Comment définissez-vous votre musique ?
Queen Etémé : Je crois que cette musique que je pratique est à l’image de toutes les expériences que j’ai acquises durant mon parcours. Je veux parler de la musique traditionnelle africaine, du gospel, du jazz à travers ma collaboration avec Manu Dibango, du reggae avec Alpha Blondy, l’afro acoustique avec Ismael Lo, Henri Dikongué. Bref, j’ai été bercée par toutes ces musiques.
N.V. : C’est à croire que vous étiez à la recherche d’une identité…
Q.E. : Non, tout simplement c’est parce que pendant très longtemps, j’ai été une chanteuse qui accompagnait les autres en studio et sur la scène. J’ai fait énormément d’albums avec eux, les gens ont beaucoup entendu ma voix avant que je n’entame une carrière solo. Je suis donc la synthèse de multiples expériences. Maintenant, j’ai ma propre identité. Mais il faut dire qu’il était bon pour moi d’apprendre d’abord le métier.
N.V. : Tout cela était-il prémédité ?
Q.E. : C’est mon destin. J’ai eu simplement la grâce du Seigneur de pouvoir commencer très vite la musique. Je pense qu’il y a un temps pour chaque chose. A un moment donné, j’ai compris que j’étais prête avec un répertoire à partager. J’ai fait ma montée sur la scène en 2003 avec un album qui s’appelle «Soki». Cinq ans et demi plus tard, c’est-à-dire maintenant, c’est Lafi». L’œuvre est déjà en rotation en France, au Burkina Faso, au Mali et au Cameroun. En Côte d’Ivoire, j’espère ce sera pour bientôt. Pour l’instant, tous mes projets de voyage événementiels dans ce pays se sont malheureusement soldés par un échec. Mais rien n’est encore perdu car le temps de Dieu n’est pas celui des hommes. D’ici là, je vous signale que sur mon album, j’ai reçu la collaboration du groupe zouglou ivoirien, Anti- Palu. Je côtoie en outre d’autres artistes ivoiriens tels qu’Alpha Blondy, Miss Delon et Meiway. Ce dernier était récemment avec «tantie» Aïcha Koné à mes côtés, dans le 16ème Arrondissement, à Paris, lors du lancement de mon album. En somme, j’ai des rapports très étroits avec des artistes ivoiriens.
N.V. : A quand un premier concert de Queen Etémé à Abidjan ?
Q.E. : Je songe à cela. Et j’aimerais surtout le faire pour les enfants déshérités. Vous savez, au-delà de la musique, aider à sauver les enfants de la rue est mon cheval de bataille. En effet, les réinsérer à travers le chant dans le tissu social me préoccupe. J’estime que le chant est un meilleur vecteur, une tribune très importante pour ces enfants-là. Je dirais même une thérapie. C’est pour cela que j’envisage d’étendre cette idée en Côte d’Ivoire. J’ai déjà expérimenté cela ailleurs dans certains pays d’Afrique.
N.V. : Ainsi la Côte d’Ivoire figure sur votre calepin. Vous désirez, en effet, rencontrer la Première dame Simone Gbagbo pour lui faire part de votre ambition de portée sociale …
Q.E. : Effectivement, j’ai appris que c’est une dame qui œuvre beaucoup pour les populations défavorisées. Je voudrais donc lui en parler parce que le panafricanisme et l’unité africaine qu’on prône sur notre continent ne doivent pas se limiter au niveau politique ; ils doivent toucher aussi la dimension sociale des populations africaines. Je pense que tout leader d’opinion devrait pouvoir, sans problème, défendre une cause sociale partout sur le continent, loin de son propre pays. C’est ce que j’essaie de faire au quotidien.
N.V. : Mais pourquoi votre préférence senble-t-elle aller aux Premières dames, en fin d’année 2008, vous avez déjà rencontré celle du Cameroun, Chantal Biya ?
Q.E. : Parce que ces dames ont en général des fondations de bienfaisance. Ces épouses d’hommes d’Etat ont aussi un pouvoir d’action et des moyens en faveur des populations ; sans oublier leurs capacités d’associer, non seulement nous artistes de la diaspora mais aussi toutes les forces vives de leurs pays afin que leurs différentes jeunesses puissent s’épanouir convenablement.
N.V. : En tant qu’une des voix féminines de la nouvelle génération de la musique africaine, êtes-vous consciente que vous avez un lourd héritage à gérer, étant donné que vos aînées ont placé la barre haut ?
Q.E. : Bien sûr, d’autant plus que vous avez parlé de femmes fortes. En fait, depuis ma rencontre avec la pionnière Miriam Makéba(paix à son âme), en passant par Anne-Marie NZié qui a fêté récemment ses 30 ans de carrière avec ma participation, je suis profondément inspirée par le combat de cette génération de chanteuses. Elles me donnent la force et m’incitent à continuer. C’est donc une tâche que je prends très au sérieux. Et j’espère que notre génération pourra pérenniser leurs œuvres.
N.V. : Apparemment, ça commence bien pour vous, au regard de pas mal de sollicitations dont vous faites l’objet en Europe et en Afrique.
Q.E. : C’est exact. Même si on me reproche de ne pas être beaucoup plus présente en Afrique. En fait, il faut que les gens comprennent que nous autres, nous avons grandi en Europe avant de revenir en Afrique pour apprendre à connaître ceux qui y vivent et rencontrer nos collègues locaux. C’est pour nous un devoir et on a envie de nous consacrer essentiellement à notre continent qui en a vraiment besoin. Ici, il manque encore beaucoup de structures, d’infrastructures, d’occasions de management en parlant des jeunes artistes qui n’ont pas la chance d’aller se perfectionner en Europe.
N.V. : Queen Etémé, c’est ce beau timbre vocal qui ne laisse indifférent. Est-ce naturel ou l’avez-vous travaillé ?
Q.E. : Je pense que maintenir une voix très chaude, très souple et très puissante comme la mienne, cela demande énormément de travail. Je fais donc des vocalises tous les jours car avec les voyages et les décalages horaires, il faut préserver la voix qui est un instrument très fragile. C’est-à-dire qu’il faut beaucoup dormir, avoir une hygiène de vie parfaite. Vous savez, les cordes vocales, on n’en a que deux et on ne peut pas les changer.
Interview réalisée à Bamako par Schadé Adédé