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Politique Publié le lundi 16 février 2009 | Le Patriote

Interview/ Gilbert Bleu Lainé (Ministre de l’Education nationale) - “Notre Ecole est malade ; je n’ai pas de recette magique”

Grèves à répétition, insécurité, révoltes, délabrement des infrastructures… Quel est l’état du système éducatif ivoirien ? Pour en savoir davantage sur les raisons des troubles dans le primaire et le secondaire, nous avons approché le premier responsable du département. Dans cet entretien, le ministre Gilbert Bleu Lainé se prononce sur différents sujets et donne sa vision de la réforme de l’Education dans notre pays. Homme à la double casquette, car membre d’un parti politique, l’URD, Gilbert Bleu Lainé s’est aussi prononcé sur les sujets relatifs à l’actualité politique nationale. Notons qu’à la demande du ministre, notre rédaction a dû se contenter des réponses à un questionnaire transmis par nos soins au cabinet ministériel. D’où l’impossibilité pour nous d’aller plus en profondeur sur certaines interrogations qui sont restées, hélas, toutes entières. Toutefois, le ministre de l’Education nationale a pu expliquer ses choix et dit sa part de vérité.
Le Patriote : Les Enseignants étaient en grève il y a quelques semaines. Quel est l’état d’avancement de la situation qui perturbe l’école ?
Avez-vous tenu vos promesses ?
Gilbert Bleu Lainé : Il faut rappeler que tous les remous qui ont cours dans le secteur Education/Formation depuis un certains temps ont pour principale cause le problème du profil de carrière des personnels de ce secteur. Le 26 septembre 2008, le ministère de la Fonction Publique et de l’Emploi a soumis à l’analyse des syndicats un projet de grille indiciaire relatif au décret suscité. Et c’est pendant la période des discussions des syndicats avec le ministère de la Fonction Publique pour la validation des grilles indiciaires que nous avons connu tout ce branle-bas de préavis de grève et d’exécution des grèves de la part de différents syndicats. Pour exemples : du 14 au 16 octobre 2008, grève de 72h de la CES CI, Coordination des Enseignants du Secondaire de Côte d’Ivoire, corroborée de trois préavis de grève non mis à exécution ; du 24 au 28 novembre 2008, grève de cinq jours du Collectif des Syndicats de l’Enseignement du Primaire avec deux préavis de grève non exécutés. Depuis le 9 novembre 2008 jusqu’à ce jour, pratique de rétention des notes et copies d’évaluation des élèves par les membres d’un syndicat, le SYNESCI (tendance SORO Mamadou), empêchant le calcul des moyennes de classe du premier trimestre dans plusieurs établissements. Car il faut savoir que dans un cycle il suffit qu’un enseignant ne remette pas les notes pour que le calcul des moyennes soit bloqué. Pour mémoire, il faut rappeler que sur le même dossier, au moment où nous travaillions en 2007 avec la majorité des syndicats sur le contenu du décret relatif au profil de carrière des Enseignants, un seul syndicat s’était mis en grève illimitée dite « grève préventive » en attendant la prise dudit décret. Tout ceci pour vous dire que depuis quelques années, la pratique de la grève dans notre pays et surtout dans le secteur de l’Education Nationale n’obéit plus à aucune règle en la matière. Car vu le grand nombre de syndicats dans le secteur de l’Education Nationale, une vingtaine à l’heure actuelle, la pratique de la grève est désormais un moyen d’implantation des syndicats et non une étape dans le processus de négociation syndicale au sens noble du mot. De ce fait, toutes les grèves exécutées ici et là sont toutes illégales dans la forme et souvent même dans le fond, car elles respectent très peu les procédures administratives et légales en vigueur. C’est pourquoi, nous tenons très souvent à rappeler les responsables syndicaux et les Enseignants en général à l’ordre républicain en les mettant devant leur responsabilité.
L.P. : Vous les menacez ?
G.B.L. : Je ne menace pas les Enseignants, mes collaborateurs, pendant les grèves. Je tente de les éduquer sur les règles qui régissent les grèves en leur rappelant les sanctions existant qu’ils encourent en cas de non respect des procédures. J’ai fait de la négociation ma méthode privilégiée de recherche de solution aux préoccupations de mes collaborateurs. Pour preuve, en moins de deux ans, j’ai eu avec mon Cabinet à certains moments de la discussion sur le profil de carrière, une moyenne de deux réunions par semaine avec les syndicats.
L.P. : On assiste à une résurgence de la violence dans les écoles avec notamment les affrontements entre élèves syndicalistes comme ce fut le cas récemment au Lycée Moderne 1 d’Abobo. Pourquoi restez-vous silencieux face à cette situation préoccupante ?
G.B.L. : Parler de silence face à la situation qui a prévalu au Lycée Moderne d’Abobo ne me paraît pas juste. Je tiens à souligner que de manière générale mes Services dès qu’ils sont saisis d’actes de ce genre se rendent sur le terrain pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants du dossier et éventuellement prendre les premières mesures qui s’imposent. Pour le cas d’espèce que vous évoquez, je puis vous informer que le Directeur Régional qui a compétence en la matière est en contact avec les responsables de l’établissement en question. Une liste des élèves reconnus coupables a été dressée à l’effet de les traduire en Conseil de discipline pour sanctionner tous ceux qui seront déclarés coupables d’actes de violence. Je précise que les élèves sont représentés au sein du Conseil de discipline. Il en est de même de toutes les entités qui forment la communauté éducative de ladite école. Comme vous pouvez vous en rendre compte, nous prenons nos responsabilités ; le processus est engagé et il suit son cours. Sachez que le problème récurrent de violence à l’école nous préoccupe grandement. Nous devons faire émerger dans le milieu scolaire une culture de la paix et préparer les adultes de demain à assumer leurs responsabilités de citoyen. A cet effet, nous avons au niveau de la Commission Nationale de l’UNESCO, un projet intitulé “Education à la culture de la paix, aux droits de l’homme, à la citoyenneté, à la compréhension interculturelle et à l’intégration”. Ce projet entre dans le Programme d’Appui Spécial Post-Conflit et vise également l’intégration de tous ces concepts et valeurs dans les curricula du primaire et du secondaire. Un atelier de restitution et de validation du projet s’est tenu récemment en vue de définir les termes de référence et de mettre en place le Comité de Pilotage. L.P. : N’avez-vous pas de solution pour extirper les démons de l’école ivoirienne ?
G.B.L. : Dire que je puis extirper les démons de l’école ivoirienne me confère des pouvoirs surnaturels ; ce qui n’est pas le cas. Parlons plutôt de maux qui minent l’école et pour lesquels je n’ai pas de recette magique. Nous savons tous que notre école est malade et en ma qualité de responsable de ce département, je me dois d’y remédier.
Dans cette perspective, le Séminaire de Rentrée de Yamoussoukro a été l’occasion pour la famille éducative d’impulser une réflexion sur une gestion intégrale et efficace de l’école. Des axes ont été identifiés à cet effet. Je citerai à titre d’exemple les activités extrascolaires qui ont pour vocation de canaliser les énergies de notre jeunesse tout en leur inculquant des notions d’entreprenariat. Nous comptons également poursuivre notre politique d’assainissement de l’environnement physique scolaire, renforcer les capacités des agents des COGES (Comités de Gestion dans les Etablissements Scolaires) pour leur permettre de mieux jouer leur rôle et susciter de manière générale la formation au sein des organisations syndicales. Ce dispositif repose sur un dialogue permanent avec toutes les composantes de notre famille éducative.
Nous sommes en train également d’étudier les voies et moyens d’appuyer les Syndicats et Associations dans des programmes de formation à la culture syndicale. Des syndicalistes bien formés au niveau de leurs droits et devoirs nous seront d’un apport appréciable dans la recherche de solutions aux différentes revendications car ils deviennent des partenaires et non des ennemis. L.P. : Des enseignants confectionnent des brochures qu’ils font payer aux élèves alors que le contenu de ces brochures est le même que les livres achetés au prix de mille sacrifices par les parents. Comment comptez-vous freiner cette pratique ?
G.B.L. : Je suis tout à fait d’accord avec vous pour dire que c’est imposer une double dépense aux parents. Il faut savoir que cette pratique est interdite et un acte administratif sur lequel nous ne transigeons pas a été pris dans ce sens. L’Inspection Générale veille à son application. Je rappelle qu’il s’agit d’un combat que le ministère de l’Education Nationale à lui tout seul ne peut mener. Il y va de notre responsabilité à tous. Je saisis donc l’occasion pour inviter toutes les parties prenantes (élèves, parents d’élèves, groupements associatifs, éditeurs…) à s’impliquer dans la lutte contre la cherté de l’école. Pour notre part, les contrôles vont se poursuivre et s’intensifier pour mettre un terme à cette pratique qui n’honore pas les enseignants.
L.P. : Quel est l’état des ressources humaines au primaire, pour qu’il se trouve des écoles sans instituteurs dans certains villages du pays ?
G.B.L. : Au niveau de l’enseignement primaire, nous enregistrons 49 285 salles de classe pour un effectif de 43 285 enseignants ; soit un déficit de 6000 enseignants qui ne prend pas en compte les stagiaires au nombre de 2535. Ces déficits sont récurrents. Le Ministère de la Fonction Publique en charge des postes budgétaires met chaque année à la disposition de mon Département, 2500 stagiaires. Cependant avec les ouvertures et extensions d’écoles, le nombre croissant de malades et de décès, je crains que ce nombre de 2500 ne puisse pas combler le gap constaté. Il faut également faire remarquer que nous nous trouvons souvent confronté à des situations d’ouvertures d’écoles dans nos régions sans que les initiateurs se référent à la carte scolaire et à la disponibilité d’enseignants. L.P. : Le ministère de l’Education est qualifié de “panier à crabes”. Quelle est votre touche personnelle pour juguler les grèves à répétition et les arrêts de cours ?
G.B.L. : Je ne vois pas d’où vous vient cette assertion lorsque vous parlez de “panier à crabes”. Le ministère de l’Education Nationale n’est pas « un panier à crabes ». Mon département est le plus gros employeur avec plus de 60 % de l’effectif des fonctionnaires et il est présent dans les hameaux les plus reculés. La gestion des hommes n’est pas une mécanique huilée avec des solutions toutes prêtes ou des solutions miracles. Chaque problème rencontré doit être étudié avec doigté, modération et discernement. Ce sont des millions d’enfants qui sont disséminés sur le territoire national dont il faut prendre soin et c’est ce que nous nous efforçons de faire avec les Syndicats et tous les Partenaires de l’Ecole comme l’ont toujours fait mes prédécesseurs.
Et puis dites-moi, connaissez- vous un système éducatif qui ne rencontre aucune difficulté dans sa gestion ? Il y a seulement à renforcer la dynamique partenariale qui consiste à établir un dialogue participatif ouvert à l’ensemble des membres de la famille éducative ; telle est ma vision. Je voudrais faire remarquer que l’année scolaire précédente, nous n’avons enregistré que deux arrêts de cours qui n’ont duré au total qu’une dizaine de jours. Nous continuons notre politique de concertation et de dialogue ouverte à tous et sans cesse sur le métier, nous remettons notre ouvrage. Je tiens à rappeler que nous avons au sein de notre ministère, le Conseil Consultatif de l’Education Nationale (CCEN) qui est une Structure de concertation permanente entre le ministère et tous les partenaires de l’Ecole. Il a un rôle d’éveil, d’écoute et d’anticipation pour la maîtrise et le règlement de tout type de conflit dans le secteur de l’éducation-formation et comprend des représentants de ministères en charge de l’éducation mais également la société civile et les associations de parents d’’élèves et des élèves. Le CCEN va être redynamisé incessamment avec le renouvellement des instances. L.P. : On assiste aujourd’hui à la résurgence des recrutements parallèles. Dans les établissements publics, les effectifs sont pléthoriques tandis que les salles de classes des écoles privées sont vides. Que faites-vous pour juguler ces recrutements parallèles ?
G.B.L. : J’ai instruit l’Inspection Générale de prendre les mesures nécessaires et de me faire un rapport détaillé sur la question. Les premiers résultats me sont parvenus. J’attends de prendre connaissance de l’ensemble du dossier pour apprécier. Je puis d’ores et déjà dire que des sanctions seront prises à l’encontre de ceux de mes Collaborateurs qui seront reconnus coupables de ces recrutements parallèles. On me dira qu’on a déjà entendu ce refrain et qu’on parle toujours de sanctions et rien n’est fait. On verra bien. L.P. : Les différents arrêtés que vous signez ne sont pas appliqués. Par exemple, vous avez exigé, via un arrêté, que les frais d’inscription dans le secondaire n’excèdent pas 5000 frs. Pourtant dans certains établissements, les parents paient parfois 15 000frs, voire plus. Pourquoi ne réagissez- vous pas ?
G.B.L. : Qu’est-ce que vous en savez ? L’Inspection Générale est bien sur le terrain pour procéder aux différents contrôles. Un dispositif est mis en place pour éviter aux parents de subir ces désagréments. Les Inspections de l’Enseignement Primaire (IEP) pour le primaire et les Directions Régionales (DREN) pour le secondaire sont habilitées à régler les problèmes relatifs aux frais d’inscription lorsque ceux-ci sont de l’ordre respectif de 3000 frs et de 5000 frs. Au-delà de ces montants, les dossiers sont remontés à mon Cabinet qui examine le bien-fondé de la dépense et les modalités de mise en œuvre. Je vous informe que des demandes de levée de cotisations exceptionnelles jugées trop lourdes pour les parents ont été rejetées et les responsables ont été rappelés à l’ordre. D’autres, justifiées et bien qu’importantes, ont été autorisées avec cependant un étalement sur un certain nombre d’années. Je me permets de solliciter l’appui des parents pour nous aider à combattre ce phénomène.
L.P. : Les élèves de l’Etat affectés dans les établissements privés continuent de payer cher les frais d’inscription. Comment expliquez-vous cela ?
G.B.L. : J’ai signé un arrêté en avril 2008 qui porte harmonisation des frais d’inscription ou de réinscription, des frais annexes et des frais complémentaires dans les établissements scolaires secondaires privés laïcs et confessionnels de Côte d’Ivoire. Cet arrêté stipule entre autres que le droit d’inscription ou de réinscription est fixé à 5000 frs sur toute l’étendue du territoire. Les frais annexes qui correspondent aux diverses prestations fournies par l’établissement scolaire privé sont compris entre 0 et 37 000 frs par élève et par année scolaire. Les frais complémentaires représentent le reliquat de la scolarité due aux établissements scolaires privés pour tout élève affecté ou orienté. Ces frais ne sont exigés que lorsque des établissements scolaires privés pratiquent des montants supérieurs à ceux que l’Etat alloue aux élèves affectés ou orientés. A cela s’ajoutent bien sûr des frais supplémentaires pour les élèves qui choisissent de suivre des cours d’informatique ou des activités sportives : judo, karaté etc. L.P. : La Formation Par Compétence (FPC) introduite dans le système éducatif a du mal à décoller parce que les enseignants disent ne pas être formés pour cela. Par exemple, il n’existe pas de manuels pour les enseignants. G.B.L. : Il n’est pas juste de dire que les enseignants ne sont pas formés.
Le processus de mise en place de la FPC suit un cheminement bien précis. En effet, il y a eu d’abord la formation de 130 concepteurs de programmes suivie de l’écriture des nouveaux curricula de septembre à décembre 2002. A la suite de cette écriture, les enseignants expérimentateurs ont été formés, les programmes expérimentés dans cinq des onze DREN que le Ministère de l’Education Nationale comptait à l’époque. Ces nouveaux curricula ont été validés en juin 2004 et généralisés dans les classes des cours préparatoires et de 6ème/5ème au cours de l’année scolaire 2005-2006. A partir de ce moment, la formation des enseignants a été assurée par les Antennes de la Pédagogie et de la Formation Continue et les Services Centraux de la Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue (DPFC).
Par ailleurs, il n’est pas inutile de préciser que le démarrage d’une innovation n’exige pas la formation préalable de tous les enseignants engagés dans cette réforme.
Si cela devait se faire, on peut penser à juste titre que les premiers formés auraient certainement oublié ce qu’ils auraient appris avant la fin de la formation du dernier enseignant.
Actuellement en Côte d’Ivoire, les données chiffrées nous indiquent qu’à la fin de l’année scolaire 2007-2008, ce sont environ 30 000 enseignants qui ont bénéficié d’une formation en plus de l’ensemble des Encadreurs du Primaire, du Secondaire et des CAFOP.
Il faut faire remarquer que l’innovation s’implante progressivement à travers des séances de formation qui ont lieu toutes les semaines dans les Inspections de l’Enseignement Primaire et les collèges des 17 Directions Régionales de l’Education Nationale ; et ce, malgré les résistances du terrain inhérentes à ce genre de réforme. Pour en revenir aux manuels, je tiens à préciser que dans toutes les disciplines au primaire comme au secondaire, il existe des outils pédagogiques.
Ainsi dans les cours préparatoires et élémentaires, des manuels élèves et guides-maîtres existent depuis le milieu de l’année scolaire 2006-2007. Ceux-ci sont soutenus par des cahiers d’application et d’intégration. De la 6ème à la 3ème des cahiers d’intégration adaptés à la FPC existent et sont utilisés par les enseignants dans les classes. En outre, des documents-programmes constitués des programmes, des progressions et d’exemples de fiches sont à la disposition des enseignants. Quant aux manuels du secondaire, il est utile de savoir que l’élaboration d’un manuel se fait après la stabilisation du curriculum qui lui sert de support. Or cette stabilisation peut s’étendre sur 2 à 3 ans. C’est pour cela que les manuels de 6ème et 5ème adaptés à la FPC ne sont entrain d’être écrits qu’en ce début d’année scolaire 2008-2009 ainsi que les manuels des cours moyens par ailleurs. En ce qui concerne la formation initiale des enseignants, tous les CAFOP appliquent la FPC depuis l’année scolaire 2007-2008. De plus, l’ENS, l’INJS et l’INSAAC se sont formellement engagés dans la réforme.
La formation des enseignants continue d’être assurée par les structures chargées de la formation continue des enseignants, notamment les inspecteurs de l’enseignement primaire et les conseillers pédagogiques du primaire et du secondaire. Comme vous le voyez, le projet suit son cours et tout est mis en œuvre pour assurer sa diffusion. L.P. : Où en êtes-vous avec l’épineux problème de profil de carrière des enseignants du primaire et du secondaire ?
G.B.L. : le 31décembre 2007, sur rapport conjoint des Ministères de l’Education Nationale, de la Fonction Publique, de l’Enseignement Technique, des Sports, de la Culture, de la Famille et de l’Economie, un décret sur le profil de carrière des enseignants a été signé.
Un arrêté interministériel des mesures d’application du Décret sur le profil de carrière a été également signé par tous les Ministres concernés le 13 août 2008.
Les copies de ces deux documents ont été remises par mon Cabinet aux organisations syndicales.
Un autre élément doit être pris en compte à savoir la prise d’un acte administratif par le Ministère de la Fonction Publique et de l’Emploi en relation avec le Ministère de l’Economie et des Finances à l’effet d’une part de corriger l’écart de point d’indice entre les grades A3 et A4 et d’autre part, de définir la date de l’effet financier de leur reclassement au cours de cette année 2009.
Le dossier avance bien et nos amis les enseignants doivent faire preuve de patience. Nous maintenons le dialogue à tous les niveaux pour la recherche de solutions idoines à leurs préoccupations. J’invite encore une fois les enseignants à privilégier l’intérêt national et à accepter le délai demandé par le Gouvernement pour la prise du décret relatif à la grille indiciaire et la fixation de la date des effets financiers.

L.P. : La question du statut des enseignants dits bénévoles des Zones CNO n’est pas encore réglée. Pourquoi le dossier traîne-t-il ?
G.B.L. : Le dossier des enseignants volontaires suit son cours. Les choses avancent bien. Le processus peut sembler long car plusieurs Ministères sont concernés. Je rappelle que ce processus ne concerne pas seulement la zone CNO mais également les zones ex-conflits et zones dites de confiance. Il faut déjà savoir que 2094 instituteurs seront formés avec les fonds octroyés par la BAD. Nous avons également l’appui d’un certain nombre d’Organisations Internationales pour mener à bien ce dossier.

L.P. : A quand le début de leur intégration dans la Fonction Publique?
G.B.L. : Elle a démarré et se poursuit dans la mesure des disponibilités financières prévues à cet effet.
Ce dossier nous tient à cœur en raison des instructions reçues du Président de la République et du Premier ministre.
Vous savez qu’il constitue un des éléments du programme de sortie de crise dans son volet éducation.

L.P. : Le projet de gratuité des manuels scolaires tarde à prendre forme. Pourquoi cette lenteur pour une initiative annoncée pourtant en grande pompe ?
G.B.L. : La gratuité des manuels scolaires je puis vous l’affirmer, n’est pas au stade de projet. Le programme a démarré et fonctionne depuis 2002. Le coup d’envoi a été donné par Son Excellence Monsieur le Président de la République, qui sur son budget de souveraineté, a acquis 600 000 manuels. D’autres acquisitions ont été faites par le Gouvernement pour un montant de 5,4 milliards à la même période.
Ainsi, chaque année des manuels sont distribués gratuitement dans le cadre de cette politique voulue par le Président de la République.
Il faut savoir qu’en 2007, 3 139 800 manuels des Cours Préparatoires d’une valeur de 3,2 milliards ont été produits et distribués dans toutes les écoles. 4 675 000 manuels des Cours Elémentaires sont en cours de distribution.
Avec toutes les réformes pédagogiques mises en place, nous sommes en train d’éditer de nouveaux supports didactiques de la Collection « Ecole et Nation». De même, les manuels des Cours Moyens sont en cours d’élaboration ; ils seront disponibles pendant l’année scolaire 2009-2010.

L.P. : Il semble que les éditeurs opposeraient un refus pour livrer les manuels tant que l’Etat n’aura pas remboursé les frais de confection de ces ouvrages. Pourquoi l’Etat peine-t-il à solder cette somme qui s’élève à « juste » un peu plus du milliard de francs CFA?
G.B.L. : Il ne nous est pas revenu que les éditeurs engagés dans l’édition de nos manuels conditionnaient la livraison des manuels au règlement de leur dette. Effectivement l’Etat n’a pas encore soldé la dette des éditeurs. Sur cette question, nous suivons le dossier pour que les éditeurs soient payés.
La Côte d’Ivoire est en crise et toutes les dépenses se font à partir des recettes d’une partie du pays sans compter les pressions de trésorerie et les dépenses liées au programme de sortie de crise.

L.P. : En fin de compte, L’Education constitue-t-elle vraiment une priorité pour vous et le Gouvernement?
G.B.L. : Cette assertion nous semble surprenante venant de vous, journalistes. Faire un lien entre une dette de l’état à des opérateurs économiques exerçant dans le domaine de l’édition et la vision macro économique de développement d’un pays me parait réducteur.
Il est évident que l’éducation constitue une priorité pour le gouvernement. Tous les efforts consentis par son Excellence Monsieur le Président de la République prouvent bien combien l’éducation occupe une place de choix dans son programme de développement. Dans le cadre du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté(DSRP), le secteur de l’éducation occupe avec la santé une place de choix.

L.P. : Abordons les questions d’ordre politique. Pourquoi la visite de Laurent Gbagbo dans l’Ouest tarde-t-elle à se réaliser ?
G.B.L. : Comme vous le savez, la visite du chef de l’Etat dans l’Ouest répond à un certain nombre d’impératifs notamment de calendrier.
Je puis cependant vous assurer que cette visite est imminente. Nous sommes à pied d’œuvre sous la supervision de Monsieur le Premier Ministre pour que cette visite que nous attendons tous, se réalise dans les meilleures conditions.

L.P. : Comment convaincre les populations qui veulent savoir la vérité sur la mort du Général GUEÏ?
G.B.L. : Il est normal que les Ivoiriens en général et la famille de feu le Général GUEÏ en particulier connaissent la vérité sur la mort du Général. Cependant, je ne comprends pas le sens de votre question. Doit-on convaincre des populations qui veulent savoir la vérité du Général ?
Les convaincre de quoi ? La mort du Général est un drame national, une blessure que nous devons tous essayer de refermer dignement.
L.P. : Est-il possible que le corps du Général soit rapatrié à Kabacouma ?
G.B.L. : Permettez que je ne puisse m’étendre sur ce sujet par respect pour feu le Général mais également pour ses enfants et sa famille. Cette question sera réglée selon la volonté de la famille.
L.P. : Qu’est-ce qui explique la guerre de positionnement que vous vous livrez avec les autres cadres de la région ?
G.B.L. : Il n’existe aucune guerre de positionnement entre les cadres de la région d’une part et les cadres de la région et moi-même d’autre part. Notre objectif à tous est d’œuvrer pour le développement de notre région qui a beaucoup souffert des affres de la guerre. Tout est à reconstruire et nos efforts doivent aller dans le sens de l’intérêt général. Aucune action partisane ne peut aboutir. Les populations attendent beaucoup de nous et nous sommes tous à pied d’œuvre, chacun à son niveau pour travailler dans l’intérêt de nos parents.
L.P. : A l’Ouest, vos adversaires vous accusent de vous battre pour Gbagbo. Est-ce vrai ?
G.B.L. : M’accuser de me battre à l’Ouest pour Gbagbo est considéré comme un honneur pour moi dans la mesure où le Président élu par tous les Ivoiriens, mérite d’être soutenu. Il est clair dans mon esprit qu’il est la personne à même d’apporter des solutions aux nombreux problèmes de nos parents à l’Ouest après cette grande crise. Notre région a beaucoup souffert ; elle a payé un lourd tribut dans ce conflit alors, arrêtons de nous perdre dans des querelles inutiles et unissons nous plutôt autour de notre région et de nos parents pour les aider à reprendre goût à la vie.
L.P. : Quel est votre jugement sur le processus de paix et l’accord politique de Ouagadougou ?
G.B.L. : Comme tous les Ivoiriens nous assistons à une bonne évolution de la situation de notre pays. Le processus de paix est en marche. Nous avons enregistré de nombreux acquis et les quelques soubresauts auxquels nous assistons sont nécessaires pour arriver à un consensus général. Il faut savoir que la mise en œuvre de l’Accord de Ouagadougou a permis à nos enfants de reprendre le chemin de l’école et à notre Administration scolaire de se remettre au travail. Les examens ont pu se dérouler en une session unique puis nous avons eu une rentrée unique sur l’ensemble du territoire national. Je reste donc optimiste pour la suite.
L.P. : Croyez-vous qu’il soit possible de tenir des élections en 2009 ?
G.B.L. : Tous les acteurs s’accordent à dire que 2009 est une année décisive. A mon avis, les élections ne pourront avoir lieu en 2009 que si un certain nombre de préalables sont levés. Je veux parler du processus d’enrôlement et d’identification, du processus de reconstitution des registres d’état-civil, de l’unification effective du pays par la réintroduction de l’Administration Centrale dans les zones CNO, de l’unicité des caisses…etc. Nous restons confiants car c’est notre volonté à tous de vivre à nouveau dans la paix et la concorde.
La Rédaction
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