Deux ans après la signature de l’accord politique de Ouagadougou, Alain Lobognon, Chef de délégation des FN au CEA et conseiller spécial du Premier ministre a bien voulu se confier au Patriote. Dans la première partie de l’entretien qui suit, il dresse un bilan plus ou moins positif de cet accord et répond aux accusations selon lesquelles les Forces Nouvelles auraient trahi la lutte.
L.P. : Deux ans après la signature le 4 mars 2007 de l’Accord Politique de Ouagadougou, quel bilan faites-vous concrètement de l’application de cet accord ?
A.L. : Beaucoup de choses ont changé depuis le 4 mars 2007. A cette date, on ne parlait pas d’identification en Côte d’ivoire, on se demandait même si le désarmement allait pouvoir se faire, on se demandait si, un jour, l’identification allait démarrer dans ce pays-là. Bref ! Le 4 mars 2007, l’expression « unicité de caisse » n’existait pas encore. Aujourd’hui, il existe un bilan. Quand on prend l’accord et qu’on analyse chapitre par chapitre, on se rend compte que tout est enclenché. Les audiences foraines ont été lancées et bouclées. L’identification prévue par l’accord de Ouaga sur la base de la liste électorale 2000 est en train de se faire. La reconstitution des registres d’état civil prévue par ledit accord est également en train d’être faite. L’unicité de caisse de l’Etat prévue par l’accord complémentaire 4 de Ouaga est en train de se faire. Et au plan militaire, une nouvelle armée est en train de se mettre en place. Les réflexions se mènent à ce sujet tous les jours. Bientôt, il sera question de parler de la date des élections. Ceci pour dire que le 4 mars 2007, on ne parlait pas de tout ça. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de demander à quand l’organisation des élections grâce à l’accord de Ouagadougou. Tout cela est à mettre au bilan positif de l’accord politique de Ouagadougou.
L.P. : Justement, sur ce plan là, certains observateurs vous reprochent le retard pris dans la mise en œuvre du processus de sortie de crise, qui devait se faire sur une période de 10 mois. Que répondez-vous à ces personnes sceptiques qui pensent que tout est fait pour que vous perduriez à la Primature ?
A.L. : Je réponds à cela pour dire que l’accord politique de Linas Marcoussis qui a été signé en janvier 2003 n’avait pas fixé de chronogramme. Cet accord annoncé en grandes pompes n’a pas permis de réaliser l’identification. Cet accord, celui de Linas Marcoussis n’a pas permis de connaître les avancées dont nous parlons aujourd’hui. C’est nous qui avons négocié l’accord de Ouagadougou. Et pour se mettre une pression, d’aucuns avaient estimé qu’il fallait adopter une sorte de chronogramme. Effectivement, vous parlez de 10 mois. Mais, il n’est écrit nulle part dans l’accord que c’est en dix mois que toutes ces actions devaient être menées. La preuve, nous sommes là. Nous parlons d’identification alors que les acteurs techniques s’étaient donnés 45 jours pour boucler l’opération. Mais, l’opération dure depuis le 15 septembre 2008. Ceci pour vous dire qu’il faut se donner le temps. Je me rappelle que dans son adresse aux Ivoiriens le 13 avril 2007, le Premier ministre avait invité les Ivoiriens à faire fi du temps. Il avait dit qu’il faut faire attention au fétichisme des dates. L’essentiel, c’est de régler les problèmes, et de bien les régler pour qu’on ne revienne plus parler encore de crise. Cela a donné lieu à toutes sortes de critiques et d’attaques verbales du genre « il ne veut pas quitter le pouvoir » et que sais-je encore. Aujourd’hui, je suis étonné de voir certaines personnes reprocher à l’équipe de Guillaume de chercher à rester le plus longtemps possible au pouvoir alors que ce sont ces mêmes personnes qui refusent qu’on mette fin à la résolution des problèmes. Parce qu’on n’a pas fini de régler leurs problèmes. Je crois que tout le monde est d’accord qu’il faut régler les problèmes. Et un problème ne se règle pas en dix secondes, en une minute. Un problème comme celui de la Côte d’ivoire ne se règle pas en dix mois. Surtout que la crise elle-même dure depuis le coup d’Etat de 1999. On ne peut pas reprocher à un pays qui attend depuis neuf mois d’aller aux élections de vouloir cracher sur la solution du moment qui voudrait que le processus aille à son terme. Parce qu’on le dit. Il y a le temps mais il y a aussi l’argent à mobiliser.
L.P. : A vous entendre, on dirait que le bilan est positif, n’est ce pas ?
A.L. : Mais, moi je suis un des acteurs de l’accord de Ouagadougou. Je ne cracherai pas sur mon bilan. C’est clair. Le bilan est suffisamment positif pour que celui qui a été aux négociations reconnaisse que le bilan est positif.
L.P. : Ce bilan que vous jugez positif représente-t-il une sortie honorable de la scène politique pour les Forces Nouvelles ?
A.L. : Disons que les Forces Nouvelles n’étaient pas un processus tel qu’on puisse croire que leur sortie serait difficile. Les Forces Nouvelles ont pris la décision de mener ce combat parce qu’elles savaient qu’elles avaient les moyens de le mener jusqu’à son terme. Je crois que ceux qui qualifient la sortie des Forces Nouvelles de la scène politique de déshonorante peuvent faire le deuil de leurs qualificatifs. Nous pensons que nous sommes en train de travailler et il reviendra aux Ivoiriens de nous donner le satisfecit auquel nous avons droit le moment venu. Toujours est-il que les résultats sont là. On ne dira pas que nous avons été obligé d’aller chercher un martien pour venir sortir la Côte d’ivoire de la crise. On dira tout simplement qu’il a fallu composer avec les Forces Nouvelles pour sortir la Côte d’ivoire de la crise. Le bilan qui permettra de sortir de la crise sera celui des Forces Nouvelles.
L.P. : Dans ces conditions là, croyez vous en la partition du chef de l’Etat Laurent Gbagbo en termes de sincérité ?
A.L. : Je ne dirai pas que M. Laurent Gbagbo cache un jeu ou joue avec les Forces Nouvelles. Parce que je voudrais rappeler ici que c’est M. Laurent Gbagbo qui a lancé l’appel au dialogue direct aux Forces Nouvelles. Le dialogue direct n’est pas une émanation des Nations Unies. C’est l’un des acteurs majeurs de la crise qui a dit aux Forces Nouvelles : « Venez vous asseoir, nous allons discuter ». Il n’y était pas obligé. Parce que les Forces Nouvelles ne pointaient pas un fusil sur sa tête. Il a pris sur lui-même la responsabilité de nous appeler au dialogue. Et c’est ce dialogue qui a vu naître l’accord de Ouagadougou. C’est le fruit de ce dialogue direct qui est l’Accord Politique de Ouagadougou. Et celui qui en est le garant, celui qui est chargé de le mettre en œuvre, c’est bien le Premier ministre Guillaume Soro. Et le Premier ministre n’est pas une marionnette entre les mains du chef de l’Etat. Donc, il est difficile ici, voire impossible pour nous, de qualifier le chef de l’Etat de sincère ou de pas sincère.
L.P. : N’aviez-vous pas eu le sentiment par moments que le processus était plus ou moins bloqué par lui ?
A.L. : Je dis que celui qui est garant de la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou, c’est le Premier ministre. Je dis encore que le Premier ministre dispose de l’ensemble des cartes pour mener à bien la sortie de crise. Quand bien même, à un moment donné, il n’a pas disposé de ce qu’il lui fallait comme moyens financiers pour conduire le processus. Je ne dirai pas que la caisse des moyens financiers se trouve entre les mains de M. Laurent Gbagbo. C’est la situation actuelle de la Côte d’Ivoire qui dicte au Premier ministre d’avoir les moyens pour conduire la politique de sortie de crise.
L.P. : Retour en arrière sur les affaires Koné Zakaria, Chérif Ousmane… Ces différentes affaires n’ont-elles pas contribué à désunir les Forces Nouvelles ?
A.L. : Il n’existe ni d’affaire Koné Zakaria, ni d’affaire Chérif Ousmane. Les Forces Nouvelles sont une structure. Nous sommes dans un processus de sortie de crise. Quand il y a des crises, il faut les résoudre. A un moment donné, il y a une crise qui opposait Koné Zakaria à la direction des Forces Nouvelles. Une sanction a été prise en son encontre et les Forces Nouvelles continuent leur marche.
L.P. : Le Président du RDR, Alassane Dramane Ouattara vous a lancé récemment un appel de ralliement resté sans suite. Du moins, le semblant de réponse que nous avons enregistré à ce sujet laissait entrevoir plutôt une alliance FPI-FN. Quelle est votre réponse à l’appel lancé par M. Ouattara aux Forces Nouvelles?
A.L. : C’est une appréciation que vous faites. Parce que nous n’avons pas répondu à l’appel de M. Ouattara, ce serait voir les Forces Nouvelles se rapprocher du FPI. Les Forces Nouvelles ne sont pas un parti politique. Deuxièmement, le RDR devait savoir que s’il y a une alliance à faire, c’est forcément avec des partis politiques. Les Forces Nouvelles sont un mouvement hybride politico militaire. A moins que le RDR ait choisi d’avoir une branche armée ou même une armée. En ce moment là, on dirait que le parti politique qui a une branche armée dispose d’une milice. Nous, les Forces Nouvelles, ne voyons pas les choses de cette façon. Quand l’accord politique de Ouaga a été signé, les Forces Nouvelles se sont donné une mission : garder une neutralité vis-à-vis de la classe politique pour que les élections qui seront organisées soient véritablement démocratiques. Et je crois que nous sommes sur cette lancée. Maintenant, parmi nous, personne n’est frappé d’une interdiction d’aller militer au RDR ou de répondre favorablement ou même publiquement à l’appel de M. Ouattara. Moi-même qui vous parle, j’ai été un des responsables au sein du bureau des jeunes du RDR. J’ai été militant du RDR dès la naissance de ce parti. Aujourd’hui, je me réclame des Forces Nouvelles. Et je ne vois pas pourquoi je devais avoir honte d’être un responsable des Forces Nouvelles parce que le RDR a lancé un appel de ralliement. Nous avons décidé d’afficher une neutralité. Nous pensons qu’il faut rester dans cette neutralité.
L.P. : Dans ces conditions là, que valent aujourd’hui les Forces Nouvelles au plan politique et militaire puisque que c’est un mouvement hybride politico militaire ?
A.L. : Les Forces Nouvelles sont dans un processus de sortie de crise qui exige qu’on fasse taire les armes pour construire la paix et permettre aux Ivoiriens de retrouver la stabilité qui régnait avant le coup d’Etat de 1999, de retrouver la stabilité de l’époque du Président Félix Houphouët Boigny. Aujourd’hui vouloir comparer les Forces Nouvelles à une autre période, à un autre moment, c’est faire fausse route. Il y a eu la période de la véritable crise armée. Il s’agit de la période qui part du 19 septembre 2002 au 31 décembre 2002 qui a été une période d’incertitude, d’affrontements entre des forces militaires. Il y a eu aussi la période d’après l’accord de Linas Marcoussis. C`est-à-dire entre fin mars 2003 à avril 2003 où il y a eu à l’ouest quelques remous. Mais, il n’y a plus eu de guerre en tant que telle. Les Forces Nouvelles ont apprécié. Rappelez vous ici que le 4 juillet 2003, les militaires des deux camps ont remis symboliquement au chef de l’Etat une kalachnikov en guise de cessation des hostilités. Il y a eu également la période des flottements qui a vu des crises au sein du gouvernement. On a vu les Forces Nouvelles se retirer du gouvernement parce qu’elles voulaient que l’accord de Linas Marcoussis soit appliqué. Malheureusement, on a constaté que les Forces Nouvelles n’ont pas été suivies. Lorsqu’elles sortaient du gouvernement, les autres poursuivaient tranquillement leur participation au gouvernement. Parce que chacun d’eux avait des intérêts à défendre.
Il y a eu, par la suite, la période de novembre 2004 où les positions des Forces Nouvelles ont été attaquées. Là encore, il y a eu mort d’hommes. Malheureusement. Et il y a eu enfin cette période de décembre 2006 où le chef de l’Etat a lancé un appel aux Forces Nouvelles les invitant à dialoguer. Nous avons accepté ce dialogue. Dès cet instant, on ne parle plus de guerre ni d’affrontements militaires. On parle d’unir nos forces pour sortir de la crise. Et ici on voit les leaders des Forces Nouvelles se mettre au travail pour sortir le pays de la crise. Donc, il est difficile aujourd’hui de vouloir comparer les Forces Nouvelles à une période d’avant la crise et à cette période de sortie de crise. Ce qui importe pour nous, c’est le fait que nous nous sommes fait comprendre. Et le moment est venu de mener la sortie de crise jusqu’à son terme
L.P. : Au stade actuel de la sortie de crise, on parle surtout d’identification et d’enrôlement. Etes-vous satisfait de la manière dont les choses se déroulent sur le terrain ?
A.L. : Disons qu’à l’époque, au moment où certaines personnes cherchaient des postes ministériels, les Forces Nouvelles réclamaient des cartes nationales d’identité pour l’ensemble des Ivoiriens. C’est ce processus qui est en train d’être mené. Des appels d’offres ont été lancés. Mais, il s’avère qu’aujourd’hui, l’identification n’est pas encore terminée. Parce que l’ensemble des Ivoiriens n’a pas encore été enrôlé. Toujours est-il que nous sommes dans l’identification. Aujourd’hui, on parle de la barre franchie des 5 millions de personnes enrôlées. Le 4 mars 2007, il y avait zéro Ivoirien enrôlé. Disons qu’en deux ans, le pays a vu 5 millions de citoyens se faire enrôler.
L.P. : Cette opération a pris officiellement fin samedi 28 février dernier. Les estimations initiales fixent la population électorale totale à 8 millions d’électeurs. Qu’en est-il de la marge de 3 millions de citoyens restant à enrôler ?
A.L. : Ecoutez ! Moi je fais partie de ceux qui invitent les uns et les autres à parler de ce qui est, à parler de ce que tout le monde peut apprécier. Je dis que le 4 mars 2007, aucun Ivoirien ne s’était fait enrôler en vue d’obtenir la nouvelle carte nationale d’identité. Je note aujourd’hui que nous avons franchi la barre de 5 millions de personnes qui se sont fait enrôler. Je note également qu’en Côte d’ivoire, nous avons la sale manie d’avancer des chiffres alors que l’objectif ici de l’identification, c’est de mettre fin à l’existence des « sans-papiers ». Rappelez-vous. Lorsque les audiences foraines ont été lancées, il y a eu une guerre des chiffres du genre : « Il y a 3 millions de personnes qui sont concernées ». Au finish, on a eu 700 mille personnes. Je n’ai pas vu d’ivoiriens crier dans la rue pour demander où sont passées les 2,3 millions restants. Nous avons la sale manie, je dis bien que nous avons la sale manie d’avancer des chiffres qui finissent toujours par poser problème.
Parce qu’après tout, on parle aujourd’hui d’identification grâce à l’accord de Ouagadougou. Grâce à ce même accord, on parle de la tenue prochaine des élections présidentielles. On saura alors combien de personnes se seront fait enrôler. Mais, concernant les dates qui ont été avancées, ce n’est pas à vous que je vais apprendre que les structures techniques ne partageaient pas ces dates. Ce n’est pas à vous également que je vais dire que la Commission Electorale Indépendante qui pilote l’opération a elle-même reconnu que l’opération doit se poursuivre. Le moment venu, on décidera d’arrêter l’opération. Mais cela ne voudra pas dire que parce que l’identification est arrêtée officiellement qu’il n’y aura plus d’opérations d’identification en Côte d’ivoire.
L.P. : A l’identification, le parti au pouvoir, le FPI, oppose le désarmement des ex combattants des Forces Nouvelles. Qu’en est-il exactement du programme DDR?
A.L. : Je pourrais être dur avec vous pour dire qu’il n’y a pas que le camp présidentiel qui demande le désarmement. A un moment donné, l’ensemble des partis politiques a réclamé le désarmement des Forces Nouvelles. Il faut que chacun se souvienne et que chacun assume ce qu’il a dit. Mais, je ne pense pas qu’au moment où nous parlons d’identification, le FPI ait exigé un quelconque désarmement aux Forces Nouvelles. L’accord de Ouagadougou a tout réglé. Nous nous en tenons donc à l’accord.
L.P. : Mais, le Secrétaire National du FPI chargé des élections, le député Martin Sokouri Bohui a exigé dans une déclaration qu’il fallait forcément aller au désarmement en citant expressément l’article 14 de l’accord complémentaire 4 de Ouaga. Que lui répondez-vous dans ce cas précis ?
A.L. : Je dis que j’ai participé et je participe toujours aux réunions autour de l’accord politique de Ouaga. Je n’ai pas encore vu à ces réunions M. Sokouri. Le jour où je le verrai à une de ces réunions, je lui donnerai alors une réponse appropriée.
Le patriote : Sept années après le déclenchement de la crise armée, si la guerre était à refaire, le referiez vous ?
A.L. : J’avoue que c’est une occasion de dire aux Ivoiriens que si c’était à refaire il nous serait difficile de recommencer. Si c’était à recommencer, cela suppose que les ingrédients qui ont amené un groupe d’Ivoiriens à créer toute cette situation soient, à nouveau, réunis.
L.P. : Dans ces conditions, pensez-vous avoir atteint vos objectifs initiaux ?
A.L. : Non ! On ne dirait pas que nos objectifs sont atteints à 100%. Nous sommes dans un processus. C’est vrai, le processus est lent et long. Ce n’est pas parce que les objectifs initiaux n’ont pas encore été atteints qu’on dira que rien n’a été acquis. Dans un processus, on atteint les objectifs fixés l’un après l’autre. C’est un processus. Ce qui veut dire que ça met beaucoup de temps à se mettre en place. Je me souviens encore de la teneur du Manifeste que le Secrétaire Général de notre mouvement, l’actuel Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro a rendu public en octobre 2002. Dans ce manifeste, le MPCI qui était le seul mouvement armé connu à l’époque réclamait principalement l’organisation d’élections transparentes, libres et ouvertes à tous. Je me rappelle encore aujourd’hui une phrase prononcée par le secrétaire général. Il disait et je cite : « Si dans les 6 mois, la communauté internationale prend l’engagement et nous donne la certitude qu’on peut organiser des élections justes, transparentes, libres et ouvertes à tous, le MPCI était prêt à déposer les armes ». Aujourd’hui, je remarque que le dispositif d’ensemble est en train de se mettre en place. Les élections vont être organisées. Mais, il existe un point important qu’il faut prendre en compte. C’est celui de la crise identitaire. Des solutions toutes trouvées sont aussi en train d’être apportées à ce problème. Donc, je peux dire que ça avance. Il y a des acquis. C’est vrai que ce n’est pas facile. Mais, les choses avancent doucement sur le terrain.
Interview réalisée par
Khristian Kara et
Jean-Claude Coulibaly
L.P. : Deux ans après la signature le 4 mars 2007 de l’Accord Politique de Ouagadougou, quel bilan faites-vous concrètement de l’application de cet accord ?
A.L. : Beaucoup de choses ont changé depuis le 4 mars 2007. A cette date, on ne parlait pas d’identification en Côte d’ivoire, on se demandait même si le désarmement allait pouvoir se faire, on se demandait si, un jour, l’identification allait démarrer dans ce pays-là. Bref ! Le 4 mars 2007, l’expression « unicité de caisse » n’existait pas encore. Aujourd’hui, il existe un bilan. Quand on prend l’accord et qu’on analyse chapitre par chapitre, on se rend compte que tout est enclenché. Les audiences foraines ont été lancées et bouclées. L’identification prévue par l’accord de Ouaga sur la base de la liste électorale 2000 est en train de se faire. La reconstitution des registres d’état civil prévue par ledit accord est également en train d’être faite. L’unicité de caisse de l’Etat prévue par l’accord complémentaire 4 de Ouaga est en train de se faire. Et au plan militaire, une nouvelle armée est en train de se mettre en place. Les réflexions se mènent à ce sujet tous les jours. Bientôt, il sera question de parler de la date des élections. Ceci pour dire que le 4 mars 2007, on ne parlait pas de tout ça. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de demander à quand l’organisation des élections grâce à l’accord de Ouagadougou. Tout cela est à mettre au bilan positif de l’accord politique de Ouagadougou.
L.P. : Justement, sur ce plan là, certains observateurs vous reprochent le retard pris dans la mise en œuvre du processus de sortie de crise, qui devait se faire sur une période de 10 mois. Que répondez-vous à ces personnes sceptiques qui pensent que tout est fait pour que vous perduriez à la Primature ?
A.L. : Je réponds à cela pour dire que l’accord politique de Linas Marcoussis qui a été signé en janvier 2003 n’avait pas fixé de chronogramme. Cet accord annoncé en grandes pompes n’a pas permis de réaliser l’identification. Cet accord, celui de Linas Marcoussis n’a pas permis de connaître les avancées dont nous parlons aujourd’hui. C’est nous qui avons négocié l’accord de Ouagadougou. Et pour se mettre une pression, d’aucuns avaient estimé qu’il fallait adopter une sorte de chronogramme. Effectivement, vous parlez de 10 mois. Mais, il n’est écrit nulle part dans l’accord que c’est en dix mois que toutes ces actions devaient être menées. La preuve, nous sommes là. Nous parlons d’identification alors que les acteurs techniques s’étaient donnés 45 jours pour boucler l’opération. Mais, l’opération dure depuis le 15 septembre 2008. Ceci pour vous dire qu’il faut se donner le temps. Je me rappelle que dans son adresse aux Ivoiriens le 13 avril 2007, le Premier ministre avait invité les Ivoiriens à faire fi du temps. Il avait dit qu’il faut faire attention au fétichisme des dates. L’essentiel, c’est de régler les problèmes, et de bien les régler pour qu’on ne revienne plus parler encore de crise. Cela a donné lieu à toutes sortes de critiques et d’attaques verbales du genre « il ne veut pas quitter le pouvoir » et que sais-je encore. Aujourd’hui, je suis étonné de voir certaines personnes reprocher à l’équipe de Guillaume de chercher à rester le plus longtemps possible au pouvoir alors que ce sont ces mêmes personnes qui refusent qu’on mette fin à la résolution des problèmes. Parce qu’on n’a pas fini de régler leurs problèmes. Je crois que tout le monde est d’accord qu’il faut régler les problèmes. Et un problème ne se règle pas en dix secondes, en une minute. Un problème comme celui de la Côte d’ivoire ne se règle pas en dix mois. Surtout que la crise elle-même dure depuis le coup d’Etat de 1999. On ne peut pas reprocher à un pays qui attend depuis neuf mois d’aller aux élections de vouloir cracher sur la solution du moment qui voudrait que le processus aille à son terme. Parce qu’on le dit. Il y a le temps mais il y a aussi l’argent à mobiliser.
L.P. : A vous entendre, on dirait que le bilan est positif, n’est ce pas ?
A.L. : Mais, moi je suis un des acteurs de l’accord de Ouagadougou. Je ne cracherai pas sur mon bilan. C’est clair. Le bilan est suffisamment positif pour que celui qui a été aux négociations reconnaisse que le bilan est positif.
L.P. : Ce bilan que vous jugez positif représente-t-il une sortie honorable de la scène politique pour les Forces Nouvelles ?
A.L. : Disons que les Forces Nouvelles n’étaient pas un processus tel qu’on puisse croire que leur sortie serait difficile. Les Forces Nouvelles ont pris la décision de mener ce combat parce qu’elles savaient qu’elles avaient les moyens de le mener jusqu’à son terme. Je crois que ceux qui qualifient la sortie des Forces Nouvelles de la scène politique de déshonorante peuvent faire le deuil de leurs qualificatifs. Nous pensons que nous sommes en train de travailler et il reviendra aux Ivoiriens de nous donner le satisfecit auquel nous avons droit le moment venu. Toujours est-il que les résultats sont là. On ne dira pas que nous avons été obligé d’aller chercher un martien pour venir sortir la Côte d’ivoire de la crise. On dira tout simplement qu’il a fallu composer avec les Forces Nouvelles pour sortir la Côte d’ivoire de la crise. Le bilan qui permettra de sortir de la crise sera celui des Forces Nouvelles.
L.P. : Dans ces conditions là, croyez vous en la partition du chef de l’Etat Laurent Gbagbo en termes de sincérité ?
A.L. : Je ne dirai pas que M. Laurent Gbagbo cache un jeu ou joue avec les Forces Nouvelles. Parce que je voudrais rappeler ici que c’est M. Laurent Gbagbo qui a lancé l’appel au dialogue direct aux Forces Nouvelles. Le dialogue direct n’est pas une émanation des Nations Unies. C’est l’un des acteurs majeurs de la crise qui a dit aux Forces Nouvelles : « Venez vous asseoir, nous allons discuter ». Il n’y était pas obligé. Parce que les Forces Nouvelles ne pointaient pas un fusil sur sa tête. Il a pris sur lui-même la responsabilité de nous appeler au dialogue. Et c’est ce dialogue qui a vu naître l’accord de Ouagadougou. C’est le fruit de ce dialogue direct qui est l’Accord Politique de Ouagadougou. Et celui qui en est le garant, celui qui est chargé de le mettre en œuvre, c’est bien le Premier ministre Guillaume Soro. Et le Premier ministre n’est pas une marionnette entre les mains du chef de l’Etat. Donc, il est difficile ici, voire impossible pour nous, de qualifier le chef de l’Etat de sincère ou de pas sincère.
L.P. : N’aviez-vous pas eu le sentiment par moments que le processus était plus ou moins bloqué par lui ?
A.L. : Je dis que celui qui est garant de la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou, c’est le Premier ministre. Je dis encore que le Premier ministre dispose de l’ensemble des cartes pour mener à bien la sortie de crise. Quand bien même, à un moment donné, il n’a pas disposé de ce qu’il lui fallait comme moyens financiers pour conduire le processus. Je ne dirai pas que la caisse des moyens financiers se trouve entre les mains de M. Laurent Gbagbo. C’est la situation actuelle de la Côte d’Ivoire qui dicte au Premier ministre d’avoir les moyens pour conduire la politique de sortie de crise.
L.P. : Retour en arrière sur les affaires Koné Zakaria, Chérif Ousmane… Ces différentes affaires n’ont-elles pas contribué à désunir les Forces Nouvelles ?
A.L. : Il n’existe ni d’affaire Koné Zakaria, ni d’affaire Chérif Ousmane. Les Forces Nouvelles sont une structure. Nous sommes dans un processus de sortie de crise. Quand il y a des crises, il faut les résoudre. A un moment donné, il y a une crise qui opposait Koné Zakaria à la direction des Forces Nouvelles. Une sanction a été prise en son encontre et les Forces Nouvelles continuent leur marche.
L.P. : Le Président du RDR, Alassane Dramane Ouattara vous a lancé récemment un appel de ralliement resté sans suite. Du moins, le semblant de réponse que nous avons enregistré à ce sujet laissait entrevoir plutôt une alliance FPI-FN. Quelle est votre réponse à l’appel lancé par M. Ouattara aux Forces Nouvelles?
A.L. : C’est une appréciation que vous faites. Parce que nous n’avons pas répondu à l’appel de M. Ouattara, ce serait voir les Forces Nouvelles se rapprocher du FPI. Les Forces Nouvelles ne sont pas un parti politique. Deuxièmement, le RDR devait savoir que s’il y a une alliance à faire, c’est forcément avec des partis politiques. Les Forces Nouvelles sont un mouvement hybride politico militaire. A moins que le RDR ait choisi d’avoir une branche armée ou même une armée. En ce moment là, on dirait que le parti politique qui a une branche armée dispose d’une milice. Nous, les Forces Nouvelles, ne voyons pas les choses de cette façon. Quand l’accord politique de Ouaga a été signé, les Forces Nouvelles se sont donné une mission : garder une neutralité vis-à-vis de la classe politique pour que les élections qui seront organisées soient véritablement démocratiques. Et je crois que nous sommes sur cette lancée. Maintenant, parmi nous, personne n’est frappé d’une interdiction d’aller militer au RDR ou de répondre favorablement ou même publiquement à l’appel de M. Ouattara. Moi-même qui vous parle, j’ai été un des responsables au sein du bureau des jeunes du RDR. J’ai été militant du RDR dès la naissance de ce parti. Aujourd’hui, je me réclame des Forces Nouvelles. Et je ne vois pas pourquoi je devais avoir honte d’être un responsable des Forces Nouvelles parce que le RDR a lancé un appel de ralliement. Nous avons décidé d’afficher une neutralité. Nous pensons qu’il faut rester dans cette neutralité.
L.P. : Dans ces conditions là, que valent aujourd’hui les Forces Nouvelles au plan politique et militaire puisque que c’est un mouvement hybride politico militaire ?
A.L. : Les Forces Nouvelles sont dans un processus de sortie de crise qui exige qu’on fasse taire les armes pour construire la paix et permettre aux Ivoiriens de retrouver la stabilité qui régnait avant le coup d’Etat de 1999, de retrouver la stabilité de l’époque du Président Félix Houphouët Boigny. Aujourd’hui vouloir comparer les Forces Nouvelles à une autre période, à un autre moment, c’est faire fausse route. Il y a eu la période de la véritable crise armée. Il s’agit de la période qui part du 19 septembre 2002 au 31 décembre 2002 qui a été une période d’incertitude, d’affrontements entre des forces militaires. Il y a eu aussi la période d’après l’accord de Linas Marcoussis. C`est-à-dire entre fin mars 2003 à avril 2003 où il y a eu à l’ouest quelques remous. Mais, il n’y a plus eu de guerre en tant que telle. Les Forces Nouvelles ont apprécié. Rappelez vous ici que le 4 juillet 2003, les militaires des deux camps ont remis symboliquement au chef de l’Etat une kalachnikov en guise de cessation des hostilités. Il y a eu également la période des flottements qui a vu des crises au sein du gouvernement. On a vu les Forces Nouvelles se retirer du gouvernement parce qu’elles voulaient que l’accord de Linas Marcoussis soit appliqué. Malheureusement, on a constaté que les Forces Nouvelles n’ont pas été suivies. Lorsqu’elles sortaient du gouvernement, les autres poursuivaient tranquillement leur participation au gouvernement. Parce que chacun d’eux avait des intérêts à défendre.
Il y a eu, par la suite, la période de novembre 2004 où les positions des Forces Nouvelles ont été attaquées. Là encore, il y a eu mort d’hommes. Malheureusement. Et il y a eu enfin cette période de décembre 2006 où le chef de l’Etat a lancé un appel aux Forces Nouvelles les invitant à dialoguer. Nous avons accepté ce dialogue. Dès cet instant, on ne parle plus de guerre ni d’affrontements militaires. On parle d’unir nos forces pour sortir de la crise. Et ici on voit les leaders des Forces Nouvelles se mettre au travail pour sortir le pays de la crise. Donc, il est difficile aujourd’hui de vouloir comparer les Forces Nouvelles à une période d’avant la crise et à cette période de sortie de crise. Ce qui importe pour nous, c’est le fait que nous nous sommes fait comprendre. Et le moment est venu de mener la sortie de crise jusqu’à son terme
L.P. : Au stade actuel de la sortie de crise, on parle surtout d’identification et d’enrôlement. Etes-vous satisfait de la manière dont les choses se déroulent sur le terrain ?
A.L. : Disons qu’à l’époque, au moment où certaines personnes cherchaient des postes ministériels, les Forces Nouvelles réclamaient des cartes nationales d’identité pour l’ensemble des Ivoiriens. C’est ce processus qui est en train d’être mené. Des appels d’offres ont été lancés. Mais, il s’avère qu’aujourd’hui, l’identification n’est pas encore terminée. Parce que l’ensemble des Ivoiriens n’a pas encore été enrôlé. Toujours est-il que nous sommes dans l’identification. Aujourd’hui, on parle de la barre franchie des 5 millions de personnes enrôlées. Le 4 mars 2007, il y avait zéro Ivoirien enrôlé. Disons qu’en deux ans, le pays a vu 5 millions de citoyens se faire enrôler.
L.P. : Cette opération a pris officiellement fin samedi 28 février dernier. Les estimations initiales fixent la population électorale totale à 8 millions d’électeurs. Qu’en est-il de la marge de 3 millions de citoyens restant à enrôler ?
A.L. : Ecoutez ! Moi je fais partie de ceux qui invitent les uns et les autres à parler de ce qui est, à parler de ce que tout le monde peut apprécier. Je dis que le 4 mars 2007, aucun Ivoirien ne s’était fait enrôler en vue d’obtenir la nouvelle carte nationale d’identité. Je note aujourd’hui que nous avons franchi la barre de 5 millions de personnes qui se sont fait enrôler. Je note également qu’en Côte d’ivoire, nous avons la sale manie d’avancer des chiffres alors que l’objectif ici de l’identification, c’est de mettre fin à l’existence des « sans-papiers ». Rappelez-vous. Lorsque les audiences foraines ont été lancées, il y a eu une guerre des chiffres du genre : « Il y a 3 millions de personnes qui sont concernées ». Au finish, on a eu 700 mille personnes. Je n’ai pas vu d’ivoiriens crier dans la rue pour demander où sont passées les 2,3 millions restants. Nous avons la sale manie, je dis bien que nous avons la sale manie d’avancer des chiffres qui finissent toujours par poser problème.
Parce qu’après tout, on parle aujourd’hui d’identification grâce à l’accord de Ouagadougou. Grâce à ce même accord, on parle de la tenue prochaine des élections présidentielles. On saura alors combien de personnes se seront fait enrôler. Mais, concernant les dates qui ont été avancées, ce n’est pas à vous que je vais apprendre que les structures techniques ne partageaient pas ces dates. Ce n’est pas à vous également que je vais dire que la Commission Electorale Indépendante qui pilote l’opération a elle-même reconnu que l’opération doit se poursuivre. Le moment venu, on décidera d’arrêter l’opération. Mais cela ne voudra pas dire que parce que l’identification est arrêtée officiellement qu’il n’y aura plus d’opérations d’identification en Côte d’ivoire.
L.P. : A l’identification, le parti au pouvoir, le FPI, oppose le désarmement des ex combattants des Forces Nouvelles. Qu’en est-il exactement du programme DDR?
A.L. : Je pourrais être dur avec vous pour dire qu’il n’y a pas que le camp présidentiel qui demande le désarmement. A un moment donné, l’ensemble des partis politiques a réclamé le désarmement des Forces Nouvelles. Il faut que chacun se souvienne et que chacun assume ce qu’il a dit. Mais, je ne pense pas qu’au moment où nous parlons d’identification, le FPI ait exigé un quelconque désarmement aux Forces Nouvelles. L’accord de Ouagadougou a tout réglé. Nous nous en tenons donc à l’accord.
L.P. : Mais, le Secrétaire National du FPI chargé des élections, le député Martin Sokouri Bohui a exigé dans une déclaration qu’il fallait forcément aller au désarmement en citant expressément l’article 14 de l’accord complémentaire 4 de Ouaga. Que lui répondez-vous dans ce cas précis ?
A.L. : Je dis que j’ai participé et je participe toujours aux réunions autour de l’accord politique de Ouaga. Je n’ai pas encore vu à ces réunions M. Sokouri. Le jour où je le verrai à une de ces réunions, je lui donnerai alors une réponse appropriée.
Le patriote : Sept années après le déclenchement de la crise armée, si la guerre était à refaire, le referiez vous ?
A.L. : J’avoue que c’est une occasion de dire aux Ivoiriens que si c’était à refaire il nous serait difficile de recommencer. Si c’était à recommencer, cela suppose que les ingrédients qui ont amené un groupe d’Ivoiriens à créer toute cette situation soient, à nouveau, réunis.
L.P. : Dans ces conditions, pensez-vous avoir atteint vos objectifs initiaux ?
A.L. : Non ! On ne dirait pas que nos objectifs sont atteints à 100%. Nous sommes dans un processus. C’est vrai, le processus est lent et long. Ce n’est pas parce que les objectifs initiaux n’ont pas encore été atteints qu’on dira que rien n’a été acquis. Dans un processus, on atteint les objectifs fixés l’un après l’autre. C’est un processus. Ce qui veut dire que ça met beaucoup de temps à se mettre en place. Je me souviens encore de la teneur du Manifeste que le Secrétaire Général de notre mouvement, l’actuel Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro a rendu public en octobre 2002. Dans ce manifeste, le MPCI qui était le seul mouvement armé connu à l’époque réclamait principalement l’organisation d’élections transparentes, libres et ouvertes à tous. Je me rappelle encore aujourd’hui une phrase prononcée par le secrétaire général. Il disait et je cite : « Si dans les 6 mois, la communauté internationale prend l’engagement et nous donne la certitude qu’on peut organiser des élections justes, transparentes, libres et ouvertes à tous, le MPCI était prêt à déposer les armes ». Aujourd’hui, je remarque que le dispositif d’ensemble est en train de se mettre en place. Les élections vont être organisées. Mais, il existe un point important qu’il faut prendre en compte. C’est celui de la crise identitaire. Des solutions toutes trouvées sont aussi en train d’être apportées à ce problème. Donc, je peux dire que ça avance. Il y a des acquis. C’est vrai que ce n’est pas facile. Mais, les choses avancent doucement sur le terrain.
Interview réalisée par
Khristian Kara et
Jean-Claude Coulibaly