Pour le Dr Marie-Paule Kodjo, présidente de l'Ong Playdoo, bien que la polygamie soit acceptée par de plus en plus de femmes, surtout les plus jeunes, cette pratique ne sera jamais une solution à l'infidélité des hommes.
•Le constat qu'on fait dans la société aujourd'hui est que les jeunes filles acceptent de plus en plus la polygamie. Votre avis ?
Je suis totalement opposée à la polygamie. J'estime que dès l'instant où on aime plusieurs personnes à la fois, on n'aime personne. Il faut vivre dans un foyer polygame pour voir comment c'est dur.
•Qu'en savez-vous ?
J'ai des tantes dont une particulièrement qui a vécu dans un foyer polygame. Ses enfants ont trop souffert. Au début, le mari aimait ma tante, parce qu'elle était belle et métissée. Mais, quand elle a vieilli, il a pris une autre femme qui a fait aussi des enfants. Le vieux ne s'occupait plus des enfants de sa première épouse. Tout ce que faisaient ces enfants l'énervait. Mais, quand c'était les enfants de l'autre, il trouvait que c'était formidable.
•Est-ce le seul cas de polygamie dans votre famille ?
Il y en a plein. Etant la présidente nationale des « Femmes de Côte d'Ivoire pour les élections et la reconstruction post- crise », nous travaillons avec le ministère de la Famille sur les violences basées sur le genre. La plupart du temps, quand l'homme a plusieurs femmes, il fait toujours des choix entre elles. Je ne parle pas de ceux qui se cachent pour tromper leur épouse. Et y en a qui le font au su et au vu de leur femme.
•Vous ne direz pas que tous les cas de polygamie que vous connaissez ont été des échecs. Il y a aussi de bons exemples…
La polygamie en mon sens n'est pas une bonne chose. D'ailleurs, la Côte d'Ivoire a ratifié une loi interdisant la polygamie. Cela signifie que cette pratique entraine beaucoup de problèmes. Il y a des cas où ça se passe bien. Mais, combien sont-ils ?
•Elle est pourtant utile aujourd'hui pour des filles qui, grâce à la polygamie, obtiennent un mari…
Je dirais qu'effectivement de plus en plus d'hommes ne veulent pas s'engager. Et les femmes ont du mal à trouver un homme. Pour coucher avec une femme il n'y a pas de problème. Mais, s'engager c'est là le problème.
•La polygamie ne permet-elle pas au moins à des femmes en quête de mariage d'avoir un foyer ?
Avoir un foyer n'est pas une obligation.
•Voulez-vous que ces femmes restent sans homme?
Ce n'est pas impossible. Je peux choisir de m'occuper de mes parents. Si je veux des enfants, je peux faire avec un homme qui me plait, mais, sans m'engager.
•Si une jeune fille venait vous dire qu'elle préfère être dans un foyer polygame que de rester sans homme. Que lui diriez-vous ?
C'est son choix. Mais si elle doit tenir compte de mes conseils, elle ne s'engagera pas. Je ne dis pas que j'oblige toutes les femmes à accepter où refuser la polygamie, mais, je ne l'accepte pas.
•Vous êtes pour ou contre la légalisation de la polygamie en Côte d'Ivoire ?
Je suis contre. Parce que dans ces conditions, ce sera la débauche.
•Ne craignez-vous pas d'être mise en minorité si éventuellement, il y avait un référendum sur le sujet réservé aux femmes ?
Cela m'étonnerait. Les Ivoiriens ne savent pas aimer équitablement.
•Vous êtes mariée depuis 24 ans. Donc depuis 24 ans vous êtes contre la polygamie. Mais, il y a toujours de nouveaux foyers polygames. La réalité est que vous ne pouvez rien contre l'avancée de cette pratique…
L'Ivoirien est devenu un gigolo. Ce sont des hommes qui se marient non pas par amour mais pour des intérêts. Actuellement, la beauté ne suffit pas. Et à coté de vous, il aura toujours une petite maitresse. C'est pour cela que le sida ne finit jamais. Avant, au village, les polygames étaient plus équitables.
•Voulez-vous dire aux hommes de se contenter d'une seule femme?
Pour moi, ils doivent se contenter d'une seule femme. Les hommes sont-ils prêts à partager la même femme avec d'autres hommes ?
•Cela est contre les lois de nature et de la création. La preuve, il y a des livres saints où Dieu autorise la polygamie et jamais le contraire. Croyez-vous qu'un homme peut se contenter d'une seule femme ?
Il y a des hommes qui se contentent d'une seule femme mais, c'est rare. Il ne faut pas se voiler la face. Ce que je déplore, c'est que nos lois font que les enfants adultérins et les enfants légitimes ont les mêmes droits. C'est choquant. Si c'est au Coran que vous faites allusion, sachez que ce livre ne dit pas de prendre les femmes pour les maltraiter ou les tromper. Il dit d'être fidèle et équitable.
•Le fait que la loi prenne en compte des enfants nés hors mariage ne montre-t-il pas la nécessité d'aller à la légalisation de la polygamie?
Pour moi, on ne doit pas régresser. Avant, la polygamie était autorisée par la loi ivoirienne. Elle a été supprimée, pourquoi y retourner ? C'est parce que les hommes ivoiriens sont irresponsables. Ils pensent que la force se compte au nombre de femmes.
•Vous êtes une femme, et on considère que c'est la femme qui parle actuellement. Si on part d'une approche objective, n'allez-vous pas admettre que les hommes ont de bonnes raisons de ne pas être satisfaits par une seule femme. Avez-vous écouté des polygames pour savoir les raisons profondes de leur choix?
J'estime qu'il faut être un homme avec grand « H ». C'est l'homme qui peut dire : j'ai fait mon choix. Il y a toujours des accidents de parcours. Mais, il faut avoir un foyer solide pour élever les enfants. Ce n'est pas parce qu'un homme veut coucher avec une autre femme qu'il doit l'épouser. Je vous parle de l'homme ivoirien parce que je le connais mieux.
•Préfériez-vous que votre époux vous trompe au lieu de vous associer une coépouse ?
S'il me trompe, je m'en vais. C'est clair, net et précis.
•Ne craignez-vous pas qu'il y ait trop de divorces si toutes les femmes devaient suivre cette voie?
Même dans la polygamie, les hommes ne se limitent à leurs femmes. J'aurai été d'accord avec vous si vous disiez que les hommes doivent rester célibataires.
•Etes-vous pour qu'on vote une telle loi ?
Oui. Ils ne doivent pas se marier s'ils ne veulent pas être sérieux.
•Bien qu'étant légalement mariées, des personnalités politiques et non des moindres de ce pays entretiennent d'autres femmes au vu et au su de tous. Qu'en dites-vous ?
Ce sont de mauvais exemples. Je pèse bien mes mots, ce sont de mauvais exemples. Ils n'y a plus de respect de soi et de l'autre dans ce pays.
•Puisque vous êtes contre la légalisation de la polygamie, que proposez-vous ?
A la limite, faire comme au Cameroun où on vous propose de choisir entre la monogamie et la polygamie. Mais comme on connait les hommes, s'ils choisissent la polygamie et qu'ils vivent avec trois femmes, ils en auront d'autre dehors.
•Le problème n'est toujours pas résolu…Que proposez-vous concrètement ?
Moi choix, c'est un régime monogamique. Mais, je ne suis pas fermée. Toujours est-il que dans les deux cas de régime, il y a toujours des amantes dehors. C'est un fait de société. Particulièrement en Côte d'Ivoire, les hommes ne sont pas sérieux. Ils veulent tout, le beurre, la saveur du beurre et les cuisses de la bergère. Si beaucoup de femmes raisonnaient comme moi, les hommes seraient droits. Retenez que moi, Dr Kodjo Marie-Paule, je suis férocement opposée à la polygamie qui est une autre forme d'esclavage. Et s'il y a des femmes qui veulent la polygamie, je ne peux pas leur jeter la pierre. C'est leur choix.
•Les femmes n'ont-elles pas leur part de responsabilité dans la pratique?
Tout à fait. Il n'y a plus de civisme, plus d'éducation. Les parents ont totalement démissionné. Et les filles, pour manger, se prostituent partout à tous les niveaux.
• Il y a une thèse qui dit que les femmes sont plus nombreuses que les hommes et que par conséquent certaines femmes resteraient sans homme si chaque homme devait se limiter à une seule femme…
C'est ce qu'on a longtemps cru, mais c'est faux.
•Avez-vous des chiffres ?
Oui on est à peu près à 50% pour chaque genre selon le Pnud (Programme des nations unies pour le développement) et l'Ocha (Bureau de Coordination des affaires humanitaires.)
Interview réalisée par Cissé Sindou et S.S
•Le constat qu'on fait dans la société aujourd'hui est que les jeunes filles acceptent de plus en plus la polygamie. Votre avis ?
Je suis totalement opposée à la polygamie. J'estime que dès l'instant où on aime plusieurs personnes à la fois, on n'aime personne. Il faut vivre dans un foyer polygame pour voir comment c'est dur.
•Qu'en savez-vous ?
J'ai des tantes dont une particulièrement qui a vécu dans un foyer polygame. Ses enfants ont trop souffert. Au début, le mari aimait ma tante, parce qu'elle était belle et métissée. Mais, quand elle a vieilli, il a pris une autre femme qui a fait aussi des enfants. Le vieux ne s'occupait plus des enfants de sa première épouse. Tout ce que faisaient ces enfants l'énervait. Mais, quand c'était les enfants de l'autre, il trouvait que c'était formidable.
•Est-ce le seul cas de polygamie dans votre famille ?
Il y en a plein. Etant la présidente nationale des « Femmes de Côte d'Ivoire pour les élections et la reconstruction post- crise », nous travaillons avec le ministère de la Famille sur les violences basées sur le genre. La plupart du temps, quand l'homme a plusieurs femmes, il fait toujours des choix entre elles. Je ne parle pas de ceux qui se cachent pour tromper leur épouse. Et y en a qui le font au su et au vu de leur femme.
•Vous ne direz pas que tous les cas de polygamie que vous connaissez ont été des échecs. Il y a aussi de bons exemples…
La polygamie en mon sens n'est pas une bonne chose. D'ailleurs, la Côte d'Ivoire a ratifié une loi interdisant la polygamie. Cela signifie que cette pratique entraine beaucoup de problèmes. Il y a des cas où ça se passe bien. Mais, combien sont-ils ?
•Elle est pourtant utile aujourd'hui pour des filles qui, grâce à la polygamie, obtiennent un mari…
Je dirais qu'effectivement de plus en plus d'hommes ne veulent pas s'engager. Et les femmes ont du mal à trouver un homme. Pour coucher avec une femme il n'y a pas de problème. Mais, s'engager c'est là le problème.
•La polygamie ne permet-elle pas au moins à des femmes en quête de mariage d'avoir un foyer ?
Avoir un foyer n'est pas une obligation.
•Voulez-vous que ces femmes restent sans homme?
Ce n'est pas impossible. Je peux choisir de m'occuper de mes parents. Si je veux des enfants, je peux faire avec un homme qui me plait, mais, sans m'engager.
•Si une jeune fille venait vous dire qu'elle préfère être dans un foyer polygame que de rester sans homme. Que lui diriez-vous ?
C'est son choix. Mais si elle doit tenir compte de mes conseils, elle ne s'engagera pas. Je ne dis pas que j'oblige toutes les femmes à accepter où refuser la polygamie, mais, je ne l'accepte pas.
•Vous êtes pour ou contre la légalisation de la polygamie en Côte d'Ivoire ?
Je suis contre. Parce que dans ces conditions, ce sera la débauche.
•Ne craignez-vous pas d'être mise en minorité si éventuellement, il y avait un référendum sur le sujet réservé aux femmes ?
Cela m'étonnerait. Les Ivoiriens ne savent pas aimer équitablement.
•Vous êtes mariée depuis 24 ans. Donc depuis 24 ans vous êtes contre la polygamie. Mais, il y a toujours de nouveaux foyers polygames. La réalité est que vous ne pouvez rien contre l'avancée de cette pratique…
L'Ivoirien est devenu un gigolo. Ce sont des hommes qui se marient non pas par amour mais pour des intérêts. Actuellement, la beauté ne suffit pas. Et à coté de vous, il aura toujours une petite maitresse. C'est pour cela que le sida ne finit jamais. Avant, au village, les polygames étaient plus équitables.
•Voulez-vous dire aux hommes de se contenter d'une seule femme?
Pour moi, ils doivent se contenter d'une seule femme. Les hommes sont-ils prêts à partager la même femme avec d'autres hommes ?
•Cela est contre les lois de nature et de la création. La preuve, il y a des livres saints où Dieu autorise la polygamie et jamais le contraire. Croyez-vous qu'un homme peut se contenter d'une seule femme ?
Il y a des hommes qui se contentent d'une seule femme mais, c'est rare. Il ne faut pas se voiler la face. Ce que je déplore, c'est que nos lois font que les enfants adultérins et les enfants légitimes ont les mêmes droits. C'est choquant. Si c'est au Coran que vous faites allusion, sachez que ce livre ne dit pas de prendre les femmes pour les maltraiter ou les tromper. Il dit d'être fidèle et équitable.
•Le fait que la loi prenne en compte des enfants nés hors mariage ne montre-t-il pas la nécessité d'aller à la légalisation de la polygamie?
Pour moi, on ne doit pas régresser. Avant, la polygamie était autorisée par la loi ivoirienne. Elle a été supprimée, pourquoi y retourner ? C'est parce que les hommes ivoiriens sont irresponsables. Ils pensent que la force se compte au nombre de femmes.
•Vous êtes une femme, et on considère que c'est la femme qui parle actuellement. Si on part d'une approche objective, n'allez-vous pas admettre que les hommes ont de bonnes raisons de ne pas être satisfaits par une seule femme. Avez-vous écouté des polygames pour savoir les raisons profondes de leur choix?
J'estime qu'il faut être un homme avec grand « H ». C'est l'homme qui peut dire : j'ai fait mon choix. Il y a toujours des accidents de parcours. Mais, il faut avoir un foyer solide pour élever les enfants. Ce n'est pas parce qu'un homme veut coucher avec une autre femme qu'il doit l'épouser. Je vous parle de l'homme ivoirien parce que je le connais mieux.
•Préfériez-vous que votre époux vous trompe au lieu de vous associer une coépouse ?
S'il me trompe, je m'en vais. C'est clair, net et précis.
•Ne craignez-vous pas qu'il y ait trop de divorces si toutes les femmes devaient suivre cette voie?
Même dans la polygamie, les hommes ne se limitent à leurs femmes. J'aurai été d'accord avec vous si vous disiez que les hommes doivent rester célibataires.
•Etes-vous pour qu'on vote une telle loi ?
Oui. Ils ne doivent pas se marier s'ils ne veulent pas être sérieux.
•Bien qu'étant légalement mariées, des personnalités politiques et non des moindres de ce pays entretiennent d'autres femmes au vu et au su de tous. Qu'en dites-vous ?
Ce sont de mauvais exemples. Je pèse bien mes mots, ce sont de mauvais exemples. Ils n'y a plus de respect de soi et de l'autre dans ce pays.
•Puisque vous êtes contre la légalisation de la polygamie, que proposez-vous ?
A la limite, faire comme au Cameroun où on vous propose de choisir entre la monogamie et la polygamie. Mais comme on connait les hommes, s'ils choisissent la polygamie et qu'ils vivent avec trois femmes, ils en auront d'autre dehors.
•Le problème n'est toujours pas résolu…Que proposez-vous concrètement ?
Moi choix, c'est un régime monogamique. Mais, je ne suis pas fermée. Toujours est-il que dans les deux cas de régime, il y a toujours des amantes dehors. C'est un fait de société. Particulièrement en Côte d'Ivoire, les hommes ne sont pas sérieux. Ils veulent tout, le beurre, la saveur du beurre et les cuisses de la bergère. Si beaucoup de femmes raisonnaient comme moi, les hommes seraient droits. Retenez que moi, Dr Kodjo Marie-Paule, je suis férocement opposée à la polygamie qui est une autre forme d'esclavage. Et s'il y a des femmes qui veulent la polygamie, je ne peux pas leur jeter la pierre. C'est leur choix.
•Les femmes n'ont-elles pas leur part de responsabilité dans la pratique?
Tout à fait. Il n'y a plus de civisme, plus d'éducation. Les parents ont totalement démissionné. Et les filles, pour manger, se prostituent partout à tous les niveaux.
• Il y a une thèse qui dit que les femmes sont plus nombreuses que les hommes et que par conséquent certaines femmes resteraient sans homme si chaque homme devait se limiter à une seule femme…
C'est ce qu'on a longtemps cru, mais c'est faux.
•Avez-vous des chiffres ?
Oui on est à peu près à 50% pour chaque genre selon le Pnud (Programme des nations unies pour le développement) et l'Ocha (Bureau de Coordination des affaires humanitaires.)
Interview réalisée par Cissé Sindou et S.S