Affaires étrangères : Les diplomates se familiarisent avec les subtilités du protocole d’Etat

Les diplomates et agents du protocole d’Etat, membres du ministère des Affaires étrangères officiant dans les grandes institutions de la République et dans les ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice ont débuté, hier de façon effective au ministère des Affaires étrangères, un séminaire de recyclage et de formation. Le formateur, l’ambassadeur SEM Collet Philippe Vieira l’a voulu une session d’échanges. Pour le premier atelier, il a mis l’accent sur le protocole dans ses différentes composantes (accueil, dispositifs, cérémonial, aéroport et sites officiels, véhicules officiels), la présentation de lettres de créances et des copies figurées. Il a commencé par définir le protocole comme la mise en forme d’un ordre politique ou de l’autorité de l’Etat. En d’autres termes, le protocole d’Etat se présente comme «un ordre, un mode de répartition des Corps, un dispositif contribuant à mettre en scène le pouvoir politique» Et pour relever le caractère prononcé dudit ordre, l’animateur de la session de formation et d’échanges a fait appel à ses humanités. Il a rappelé que dérivé du mot grec «pronotos : le premier et de ecolas :feuille», et qui veut dire la première page d’un acte notarial qui vient l’authentifier, le protocole vient donc avant toute chose, il vient en premier et met les choses en ordre. Ainsi l’acte protocolaire s’établit-il avant tout autre acte. Et le protocole structure la vie quotidienne, les cérémonies officielles et les relations entre les pays.




La vie quotidienne est régie par l’Etiquette (le savoir-vivre, comment marcher, comment organiser le protocole lors d’un banquet ou d’une cérémonie officielle, comment s’habiller, etc.) ; les cérémonies officielles par le protocole d’Etat et les relations internationales par le protocole diplomatique. SEM Collet Philippe Vieira a reprécisé les usages pour la présentation des lettres de créances et des copies figurées des Lettres de créances en vigueur et consacrés par les traités internationaux, notamment par le chapitre 4 de l’arrangement de Vienne de 1815, indépendamment des deux conventions de Vienne.Cet arrangement fixe les rangs des personnalités, des envoyés spéciaux,des ambassadeurs, des plénipotentiaires à qui sont remis des lettres de créances par leurs chefs d’Etat à l’intention de l’homologue du pays d’accueil.Cette phase est précédée par la cérémonie solennelle des copies figurées des lettres de créances au ministre des Affaires étrangères du pays d’accréditation pour s’assurer que ces lettres ne contiennent aucun impair susceptible de créer un incident diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères déjà briefé par le protocole d’Etat obtient du Président de la République la cérémonie de présentation des lettres de créances du diplomate. Il peut cependant après la présentation des copies figurées desdites lettres, prendre des contacts avec les ministres techniques, les chambres consulaires, les chambres de commerce et d’industrie. Mais il doit se garder de rencontrer un seul président des institutions, et d’accorder des interviewes à caractère politique. Pendant la cérémonie de présentation des lettres de créances, l’ambassadeur affecté présente également les lettres de rappel de son prédécesseur.




L’ambassadeur qui vient de rejoindre son poste doit nécessairement être accueilli à l’aéroport par le protocole d’Etat, conduit dans sa résidence ou à l’hôtel et être instruit sur les usages du pays d’accueil. Les participants à la session de recyclage et de formation ont évoqué de nombreux cas pratiques pour bénéficier de la riche expérience du formateur qui a été directeur adjoint du protocole d’Etat et ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire près la république de Tunisie. Ainsi, les diplomates et agents du protocole d’Etat ont-ils été instruits sur les modalités de départ et d’arrivée des ambassadeurs en poste en Côte d’Ivoire. Il est formellement proscrit qu’un ambassadeur rappelé et un ambassadeur affecté se retrouvent au même moment dans le pays d’accueil, au risque de créer un incident diplomatique.




L’ambassadeur rappelé doit être raccompagné à l’aéroport par les agents du protocole d’Etat. S’il confisque les lettres d’affectation de son successeur, il doit, grâce à la force de persuasion des agents du protocole, finir par partir. Les diplomates ont longuement déploré l’insécurité qui règne au département des Affaires étrangères du fait de son accès trop facile pour tous et du commerce informel qui se développe tout le long de ses murs. La session d’aujourd’hui va mettre l’accent sur le nouveau décret de préséance qui va présider aux cérémonies officielles tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays et qui a intégré les rois, la chefferie traditionnelle et l’Inspection générale d’Etat.




Franck A. Zagbayou