Reconstruction du grand marché de Gagnoa : Conflit entre le préfet de région et le maire

La cité du Fromager connait des discordes au niveau des ces autorités politiques. Le préfet de région et le maire ne parlent pas le même langage concernant la construction du marché promis par le président Laurent Gbagbo aux commerçants sinistrés.

Plus rien ne va à Gagnoa entre le préfet de région, Réné Mohiro, et le maire, Roger Gnohité. La discorde est née de la volonté du second d'offrir un nouveau marché aux populations de sa commune sur le site détruit par un incendie qu'il a lui même qualifié de « criminel », le 25 octobre dernier. L'autorité préfectorale s'en tient aux recommandations du chef de l'Etat. Recevant les 1.049 commerçants sinistrés, le président Laurent Gbagbo, leur a promis un nouveau marché. Mais, a-t-il ajouté, ce marché ne devrait pas être construit sur les ruines de l'ancien. Séance tenante, il a ordonné au préfet de mettre en place un comité de crise à l'effet de réfléchir sur le choix du nouveau site sur lequel sera construit le nouveau marché dans un délai de six mois. Et parmi les membres du comité mis en place, se trouve le candidat malheureux aux dernières élections municipales, M. Ottro Laurent, très proche du chef de l'Etat. Après plusieurs séances de travail, ce comité de réflexion a opté pour le site de Barouhio.
Les commerçants, bien qu'appréciant le geste de générosité du chef de l'Etat, ne semblent pas approuver ce choix. « Cet endroit est trop éloigné du centre-ville », confie un responsable des commerçants qui a requis l'anonymat. Ne voyant aucun marché sortir de terre du côté de Barouhio, sept mois après la promesse du chef de l'Etat, le conseil municipal a décidé de prendre ses responsabilités. « Je suis le maire élu. Alors, c'est à moi que revient avant tout la reconstruction du marché de la ville. Et mon marché, je le construirai sur l'ancien site », a martelé Roger Gnohité. Pour montrer sa détermination à aller jusqu'au bout de son engagement, il a entrepris les travaux. Il n'en fallait pas plus pour que M. Mohiro dénonce un acte de défiance à l'endroit du chef de l'Etat. Pour lui, le projet municipal viendra affaiblir le président Gbagbo dans sa région natale. Roger Gnohité a alors convoqué une réunion le 1er avril. Il a fait la genèse de la crise qui l'oppose au gouverneur de la région avant de dénoncer l'ingérence de ce dernier, ainsi que de Laurent Ottro dans les affaires municipales. « Lorsque notre marché central a été incendié dans la nuit du 25 octobre 2008, le lendemain matin, le maire élu que je suis, je sais pourquoi j'insiste sur le mot élu, nous avons organisé une réunion extraordinaire du conseil municipal pour prendre des décisions. Cette même nuit où nous avons décidé de recaser les commerçants, le préfet, excusez-moi, le préfet-maire car il croit que ce sont les anciens temps où les préfets étaient maires, M. Réné Mohiro et le grand frère Laurent Ottro ont organisé une réunion avec vous les commerçants à Dioulabougou pour vous dire que le nouveau marché sera reconstruit dans un délai de six mois à Barouhio. Sept mois après, il n'y a toujours rien. Pendant ce temps, qu'est-ce que moi je fais ? Surtout que je ne veux pas que l'ancien site soit le nid des bandits. Donc, je reconstruis mon marché, car de toutes les façons, je ne m'oppose pas à la construction de celui promis par le chef de l'Etat dont je suis d'ailleurs l'un des conseillers. De toutes les façons, Gagnoa est une ville évolutive. On peut y construire encore deux, voire trois autres marchés », a-t-il déclaré. Dans sa grande colère, il n'a pas manqué de rappeler que c'est le préfet qui, alors qu'il était en poste à Adzopé, avait interdit à l'opposant Laurent Gbagbo de tenir un meeting politique au risque de se faire arrêter par la police. Il n'a pas non plus été tendre avec certains cadres de la région dont « l'hypocrisie » a été à l'origine du transfert à Daloa du port sec qui devait être initialement construit dans la cité du Fromager. Approché, M. Doukouré Bakary, le président des commerçants, a dit se tenir à distance des problèmes politiques. Toutefois, a-t-il précisé, «nous voulons seulement un marché».


Tapé Jean-baptiste,
correspondant régional