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Politique Publié le lundi 6 avril 2009 | Le Nouveau Réveil

Guillaume Soro à Daoukro, samedi dernier : “Nous allons tout faire pour la tenue des élections cette année”

Parrain de la 6e édition de Daoukro Carna-festival, le Premier ministre Guillaume Soro a passé le week-end dernier dans la ville natale du président du PDCI-RDA. Le samedi à la cérémonie d'ouverture du carnaval qui, au fil du temps, a acquis ses lettres de noblesse, le chef du gouvernement ivoirien a saisi la tribune à lui offerte pour s'adresser aux Ivoiriens. Guillaume Soro s'est engagé à tout mettre en œuvre pour que les élections aient lieu cette année. Ci-dessous, l'intégralité de son allocution.

Je voudrais d'abord commencer par saluer le ministre Niamien N'goran. En venant dans le véhicule, j'étais avec le ministre des Sports, le ministre Banzio qui, curieusement, parlait du ministre Niamien N'goran que je trouvais discret. Depuis qu'il n'est plus aux affaires, il est très discret. Je pense que c'est la marque des hommes humbles. Je voudrais saluer votre présence ici. Je salue le préfet du département de Daoukro qui est là à mes côtés pour toutes les dispositions qu'il a bien voulu prendre pour aller nous accueillir et faire en sorte que l'autorité, la République, l'Etat puissent avoir leur place dans une telle manifestation. A sa suite, je voudrais saluer Mme le Sous-préfet de Ouellé qui est là. Le Sous-préfet de Daoukro qui est à ses côtés. Je voudrais aussi saluer le député, le président du Conseil général, le représentant du maire, saluer M. Olivier Akoto qui est le commissaire général du Carnaval. Je n'oublierai pas de saluer Sa majesté le roi de Daoukro Nanan Kongo Lagou, Sa majesté le roi de Ouellé, les Chefs traditionnels et religieux.
Mesdames et Messieurs, honorables invités, je voudrais vous dire merci non seulement pour votre présence, mais pour l'accueil qui m'a été réservé ici dans la ville de Daoukro. Je voudrais dire merci aux membres de la délégation avec laquelle je suis venu. Nous avions un certain nombre de charges à Abidjan. Mais quand certains ministres ont appris que je venais à Daoukro, ils se sont donné les moyens de se rendre libres pour m'accompagner. Je voudrais vous demander de saluer le ministre Patrick Achi, le ministre Banzio Dagobert qui, comme vous le savez, est, ces jours-ci, sur la sellette. Mais qui a distrait son agenda pour nous accompagner. Je salue le ministre Dosso Moussa. Je voudrais les remercier tous. Mais avant de dire quelques mots, vous me permettrez d'adresser les premiers remerciements au président Henri Konan Bédié. Je le salue parce que quand il a appris que je venais à Daoukro alors qu'il se trouvait à Abidjan, il a fait le déplacement à Daoukro pour pouvoir m'accueillir. Tant d'humilité ne peut qu'inspirer de ma part des remerciements publics que je lui adresse. Je le remercie pour la chaleur de l'accueil. Tout à l'heure, je suis allé saluer le préfet. Il nous a accueillis et je voudrais le remercier pour l'accueil qu'il m'a réservé ici à Daoukro. Je voudrais saluer la jeunesse de Daoukro qui me donne l'opportunité de prendre la parole ce jour. Je voudrais remercier le commissaire général qui, personnellement, m'a adressé la demande de parrainage. J'ai accepté de bonne volonté parce que je considère qu'une initiative comme celle-là qui vient de la jeunesse mérite non seulement d'attirer notre attention mais bien plus, mérite que nous puissions non seulement la soutenir et l'aider. C'est pourquoi quand le commissaire général a sollicité l'Etat, le gouvernement, le ministère de la Culture pour appuyer son initiative, je voudrais lui dire que j'ai entendu cette sollicitation et qu'il considère que c'est chose faite. Parce que j'en parlerai moi-même au ministre de la Culture. Je voudrais saluer la jeunesse parce que c'est par son dynamisme que notre pays pourra retrouver cette fière allure d'antan qu'on lui connaît. C'est pourquoi, au moment où la première fois, je prends la parole dans cette ville de Daoukro pour m'adresser aux populations, je voudrais simplement leur dire notre détermination en tant que gouvernement à faire en sorte que la paix ne soit pas seulement un mot, une incantation. Que la paix soit une réalité vivante et concrète pour les Ivoiriens. C'est au nom de la paix que chacun d'entre nous a fait des concessions. C'est au nom de la paix et de l'amour que nous avons pour notre pays que chacun fait des sacrifices. C'est au nom de la paix que les Forces nouvelles ont décidé de souscrire au dialogue direct. Je voudrais que les jeunes de Daoukro, la ville de Daoukro puissent s'associer à cette entreprise et que la paix, en 2009, soit consolidée par l'organisation d'élections démocratiques et transparentes. Quand, en 2007, nous avons signé l'accord politique de Ouagadougou, nous étions peut-être en avance dans cette voie, ceux qui n'avaient pas encore compris qu'il n'y avait pas d'autre issue dans la crise ivoirienne ont vite fait de dire que le Secrétaire général des Forces nouvelles a trahi. Il est allé signer un accord avec Gbagbo donc il est devenu Gbagbo. Non ! Il y a des moments, des tournants dans l'histoire d'un pays où les acteurs politiques doivent, au-delà de leur orgueil, de leur fierté, poser des actes importants. Quand on rate ce virage, on manque le rendez-vous de l'Histoire. Et nous savons que ce qui était le plus cher pour les Ivoiriens, au-delà des rigidités qui pouvaient peut-être s'expliquer, il fallait faire le choix judicieux de la paix. Et quand nous signions cet accord et que quelques semaines après, j'ai été nommé Premier ministre, là aussi j'ai entendu quelquefois des critiques. Je ne vais pas vous les cacher. Certains disaient, quelqu'un qui vient de l'université qu'on nomme premier ministre, qu'est-ce qu'il va faire à la tête du gouvernement. D'autres disaient que je n'avais jamais travaillé. Ils se demandaient comment je ferais pour diriger le gouvernement. Oui, j'ai entendu tout cela. Mais j'ai accepté de me jeter dans l'arène et montrer qu'on peut être jeune et valable. J'ai accepté de me jeter dans l'arène pour démontrer, au nom de la génération, qu'on peut être jeune et avoir de l'expérience. Aujourd'hui, c'est vrai, je ne cours pas tous les jours à la télévision pour faire le bilan de mon gouvernement. Certains me disent Monsieur le Premier ministre, tous les deux mois vous devez parler. Je dis non, les actes sont là pour parler à notre place. Deux ans après la mise en place du gouvernement, je suis content que le débat maintenant en Côte d'Ivoire soit quand se tiendront les élections. Moi je ne considère pas cela comme une mauvaise chose. Partout où je passe, on me dit Monsieur le Premier ministre, c'est quand les élections ? Je suis très heureux que le débat soit maintenant sur la date des élections. Parce que si le débat maintenant en Côte d'Ivoire se situe sur la date des élections, cela veut dire qu'on a fait des progrès. Rappelez-vous simplement 2006, 2007. Le débat n'était pas quand on fixe la date des élections. Le débat était est-ce qu'en Côte d'Ivoire, on fera un jour les audiences foraines ? Mais ceci est aujourd'hui un passé presque lointain. Parce qu'il y a eu un gouvernement qui a travaillé nuit et jour. Nous avons travaillé, les audiences foraines se sont déroulées. Et nous sommes aujourd'hui à plus de six millions de citoyens enrôlés. C'est-à-dire que nous avons dépassé le nombre d'Ivoiriens enrôlés et qui étaient électeurs en 2000. L'identification est devenue presqu'une chose banale. Personne ne s'occupe de son voisin qui va se faire enrôler. On ne parle plus de gros boubous attroupés au niveau des bureaux d'enrôlement. La Côte d'Ivoire avance parce que nous n'avons pas après, posé des actes pour consolider la sortie de crise. C'est pourquoi, je voudrais, à la suite du président de la Commission électorale indépendante, demander aux retardataires d'aller se faire enrôler maintenant. Parce qu'après, nous allons passer à d'autres étapes du processus de sortie de crise. Un autre problème que nous sommes en train de résoudre en Côte d'Ivoire, c'est la question de l'identité. Nous étions à Ouagadougou récemment. J'étais avec le président Compaoré, le président Gbagbo et le Premier ministre du Burkina. Nous étions en train de parler de l'identification, des cartes nationales d'identité que nous allons donner. Le président Compaoré nous a dit : " Vous, Ivoiriens, vous êtes en avance. Moi-même facilitateur du dialogue direct, je suis obligé de courir pour vous rattraper. Je suis entrain de voir comment faire les cartes d'identité au Burkina Faso. Le système technologique que nous avons choisi est un système de pointe. C'est pourquoi, je voudrais inviter les Ivoiriens à apprécier ce que nous avons fait. Mais comme vous le savez, nous ne sommes pas restés à la sortie de crise parce que la situation économique du pays était difficile. Vous avez vu récemment que les différentes assemblées du FMI et de la Banque mondiale ont décidé d'accorder à la Côte d'Ivoire ce qu'on appelle le point de décision dans le cadre de l'initiative de la réduction de la dette des pays pauvres très endettés. J'ai entendu dire voilà quelqu'un qui est heureux quand on place son pays parmi les plus pauvres. Non, ce n'est pas cela et ça n'a rien à voir du tout. On n'est pas heureux parce qu'on est pauvre. Mais nous sommes heureux parce qu'avec le point de décision, la voie de l'annulation de notre dette est ouverte qui est de 6000 milliards. C'est-à-dire que chaque année, l'Etat de Côte d'Ivoire travaille, prend ses recettes pour rembourser les crédits que nous avons contractés depuis. Chaque année, c'est 500 milliards de nos francs que nous prenons pour rembourser le service de la dette. Quand on dit qu'on a le point de décision et qu'on va au point d'achèvement pour l'annulation de la dette, ça voudrait dire que les autres années, les 500 milliards que nous prenions pour payer le service de la dette, ces 500 milliards pourront servir demain à faire des investissements, à créer des emplois, à donner du travail aux gens. Voilà pourquoi les Ivoiriens doivent être contents du travail qui a été fait par le gouvernement de Côte d'Ivoire. Et je ne veux pas utiliser cela à des fins politiques. Parce que tout le monde est dans le gouvernement. Il y a le RDR, le PDCI, le FPI, les Forces nouvelles. C'est solidairement que nous avons travaillé en serrant la ceinture pour que demain soit meilleur pour les Ivoiriens. Nous sommes conscient que le travail que nous avons fait n'a pas été fait à titre personnel. Ce n'est pas pour nous puisque les élections auront lieu cette année. Il y aura un président, un nouveau gouvernement. Notre satisfaction sera de dire : " On a contribué un peu pour que le pays ne soit pas condamné, pour que la Côte d'Ivoire continue de demeurer la Côte d'Ivoire. Et que des cadres peut-être beaucoup plus compétents que nous puissent mettre les ressources que nous avons sauvegardées au développement de la Côte d'Ivoire ". Voilà le sens du travail que nous avons mené. C'est pourquoi, je voudrais que les Ivoiriens se réjouissent. J'aurai le temps de revenir sur tous ces éléments. Mais aujourd'hui, je suis à Daoukro pour montrer que la paix est de retour. Et que maintenant, le gouvernement doit se consacrer à réaliser ce que nous avons promis, nos engagements à savoir sortir définitivement de la crise par l'organisation des élections. Mais d'autres gouvernements ont tellement habitué les Ivoiriens à ne pas respecter leurs engagements que quand on dit on va faire quelque chose, les gens ne croient pas. Plus on dit qu'on va organiser les élections en 2009, moins les gens croient à cela. Mais je voudrais vous dire en toute sincérité : " Nous allons tout faire pour la tenue des élections se tiennent en 2009 ". Vous pouvez nous faire confiance. De la même façon et là je parle en pensant aux évènements qui ont eu lieu au stade Houphouët-Boigny, quand on a dit qu'on va faire une enquête, des Ivoiriens se sont dit " que c'est la meilleure façon de ne rien faire parce que les enquêtes n'aboutissent jamais en Côte d'Ivoire. Non, cette enquête aboutira. Vous avez suivi le communiqué du conseil des ministres. Nous avons décidé de mettre en place une commission nationale d'enquête. Pourquoi ? Parce qu'il y aura tout le monde dans cette commission. Les religieux, la société civile. Même si on ne nous fait pas confiance, on peut au moins faire confiance aux religieux. Il y a dans cette commission tous ceux qui peuvent et qui désirent travailler à la manifestation de la vérité. Je voudrais donc dire aux Ivoiriens que cette enquête va aboutir. Laissez la Commission nationale d'enquête faire son travail. Les conclusions seront rendues publiques. Les Ivoiriens sauront exactement ce qui s'est passé ce jour. Parce que la vérité, nous la devons d'abord et avant tout à ceux qui ont perdu un parent. C'est pourquoi, nous avons décidé de prendre nos responsabilités. Je voudrais inviter les Ivoiriens à soutenir le gouvernement dans cette démarche. En cette année 2009, le gouvernement a décidé de prendre en charge les problèmes du quotidien des Ivoiriens. Il faut que ce soit un gouvernement de proximité, un gouvernement qui est avec la population. Cela, pour que quand les jeudi on fait le conseil des ministres, que les Ivoiriens se retrouvent dans le communiqué. Nous sommes en train de faire une matrice consolidée pour régler le problème du quotidien des Ivoiriens. Nous sommes aussi en train de travailler pour réduire la pauvreté dans notre pays. C'est dans ce cadre que je voudrais saluer les initiateurs du Carna-festival de Daoukro. Parce que ça permet de redynamiser le tissu économique et social. C'est une initiative qui mérite non seulement d'être soutenue et qui, du reste, a motivé ma présence parmi vous. Le message d'espoir que je veux lancer aux populations, c'est que pour l'instant, il reste au gouvernement de réaliser sa feuille de route. Nous allons désormais nous préoccuper des questions conjoncturelles, des difficultés quotidiennes qui se posent à nos populations. Voici mesdames et Messieurs, les quelques messages que je tenais à vous livrer. Et je voudrais, pour terminer et clore mon discours, réitérer mes remerciements à la jeunesse, à la population de Daoukro pour le soutien et la chaleur de l'accueil. "

Propos recueillis par
Paul Koffi
Envoyé spécial
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