En réaction à ce qu’ils considèrent comme un sabotage en règle de l’action du Premier ministre par le Fpi, les délégués généraux des FN, ont demandé à leur secrétaire général de quitter la primature. Réponse du porte-parole de Guillaume Soro dans cette interview.
•Les délégués généraux des FN se sont réunis à Bouaké et à l’issue de leurs travaux, ils ont demandé au Premier ministre de démissionner. Quel commentaire?
Plus qu’un commentaire, nous avons une observation formelle. Le Premier ministre a pris acte des questionnements que cela suscite au sein de l’opinion ? Les Ivoiriens s’interrogent, certains d’entre eux sont étonnés, stupéfaits. En son nom, ce que je voudrais indiquer, c’est que Guillaume Soro est à la tâche, il est à son poste. Ce matin, il a animé une série de réunions. Il a eu une réunion à son cabinet pour passer en revue les diligences relatives à la sortie de crise. Il a également rencontré les deux chefs d’état-major des armées, le général Mangou, des Fanci et le général Bakayoko, des Fafn, pour passer en revue une série de recommandations qu’il présentera au chef de l’Etat, dans le cadre de la mise en œuvre du volet militaire de l’Accord IV. Jusqu’en milieu d’après-midi, il a eu une séance de travail avec le président de la Commission électorale indépendante pour passer en revue le chronogramme électoral et pour parvenir au bout de ce processus à fixer une date pour l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle. Donc, le Premier ministre est à son poste. Il est conscient qu’il a une mission vis-à-vis du chef de l’Etat, des acteurs politiques, de la Côte d’Ivoire, une mission d’organisation de la sortie de crise.
Bien entendu, des délégués FN se sont exprimés. Mais, il faut qu’il n’y ait aucune fébrilité, aucune frilosité particulière autour de cette déclaration qui peut être considérée comme l’expression normale de la démocratie en construction en Côte d’Ivoire. Nous sommes tous en train de travailler à rebâtir l’Etat de droit pour garantir la liberté d’expression. Et comme vous le savez, les déclarations et les appels à la démission sont constamment formulés au gré des difficultés que le processus de sortie de crise rencontre. Tantôt ce sont les membres des partis du camp présidentiel qui réclament la démission du Premier ministre pour des questions qu’ils estiment de principe. A d’autres moments, ce sont des membres de l’opposition qui demandent que le Premier ministre quitte son poste pour que le processus s’interrompt et qu’un nouveau calendrier soit mis à jour. Aujourd’hui, ce sont des délégués FN qui s’expriment. Il faut donc remettre ces déclarations dans leur contexte. Ce qu’il faut noter, c’est que ce n’est la position ni du directoire politique des FN, qui est une structure de haut niveau dans l’organisation des FN, ni une déclaration formulée par l’état-major des FN. Ce sont des délégués qui sont à la tâche et que nous respectons et à qui il faut reconnaître un droit d’opinion. Mais, il ne faut pas aller au-delà.
•Est-ce que vous balayez du revers de la main les arguments avancés pour demander cette démission ?
Nous n’avons pas principalement vu d’arguments dans leur déclaration. C’est pour cela que nous continuons à situer cette proposition de démission dans son cadre. Il s’agit d’une prise de position qui s’inscrit dans la droite ligne de la libre expression et de la construction de l’expression démocratique. Le Premier ministre s’est déjà exprimé sur cette question.
Deux raisons fondamentales peuvent le conduire à démissionner. Premièrement, s’il est en désaccord profond avec le chef de l’Etat. Dans ce cas de figure, le chef de l’Etat pourra prendre un décret pour changer de Premier ministre. Tout comme ce dernier aura la possibilité de demander au chef de l’Etat d’accepter sa démission. Pour l’heure, et je tranche net là-dessus, nous ne sommes pas dans ce cas de figure. Parce que la collaboration entre le chef de l’Etat et le Premier ministre est bonne. Elle relève de l’exploit. Parce que les questions à régler sont difficiles, comme par exemple la mise en œuvre du volet militaire de l’Accord complémentaire IV de Ouaga. Ces questions se révèlent difficiles. Ce sont des points d’orgue, des nœuds que la concertation permanente installée entre le Premier ministre et le chef de l’Etat depuis la mise en œuvre de l’accord permet de régler. Et parfois, cette concertation se déroule sous l’égide du facilitateur du dialogue direct, le président Blaise Compaoré. Ce sont trois hommes d’Etat de bon sens qui parviennent toujours à mettre au centre l’intérêt de la Côte d’Ivoire, du Burkina et de l’Afrique, pour que ces difficultés soient transcendées. Le dernier exemple en date, c’est la présence du Premier ministre à Yamoussoukro, il y a une dizaine de jours, pour évoquer avec le chef de l’Etat les manières d’aborder la mise en œuvre du volet militaire de l’Accord politique IV.
Deuxièmement, c’est que les FN retirent leur confiance au Premier ministre. Ne négligeons pas le fait que Guillaume Soro a été nommé Premier ministre du gouvernement de transition par le chef de l’Etat parce qu’il est le porte-voix, le chef des FN, cosignataires de l’Accord politique de Ouaga. Donc si les FN retirent leur confiance au Premier ministre, Guillaume Soro devra de facto démissionner. Mais, là aussi, je vous le dis, nous ne sommes pas dans ce cas de figure. Cela veut dire en conclusion qu’il n’y a aucune raison pour que le Premier ministre Guillaume Soro ne poursuive pas sa mission.
Bien au contraire, il va s’atteler à la poursuivre et conclure avec des élections radicalement apaisées, justes et équitables pour tous.
•Vous soutenez que la collaboration est bonne entre le chef de l’Etat et le Premier ministre.
Pourtant cette déclaration des délégués FN intervient au moment où se déroule une campagne du parti présidentiel contre le Premier ministre…
C’est vrai que les campagnes, les déclarations ici et là, les articles de presse peuvent conduire à une certaine irritation. Mais, le Premier ministre en a vu d’autres depuis le début du processus de sortie de crise. Nous avons essuyé quolibets et critiques acerbes. Nous avons aussi essuyé des entraves à la mise en œuvre du processus de sortie de crise. Le Premier ministre l’affirmé récemment, à Yopougon, qu’il essuie ces quolibets pour la Côte d’Ivoire. Il y a des difficultés et il est conscient de ses responsabilités pour la Côte d’Ivoire. Ce que certains peuvent considérer comme une mission pleine de privilèges, est aussi une mission qui a son côté ingrat, une mission difficile où parfois des efforts ne sont pas reconnus tout de suite, et à juste titre, par tout le monde. Le Premier ministre est bien conscient qu’il y aura des difficultés. Il est aussi bien conscient de la mauvaise humeur de certains de ses partisans. Mais, bien entendu, cela ne doit pas nous faire perdre notre calme, notre sérénité et notre conviction en la nécessité de la construction d’un Etat démocratique. Guillaume Soro a fait le pari de ramener la paix. Tant que cette mission sera possible, il restera à la barre.
•L’objectif reste donc l’élection de 2009…
Effectivement, cela reste l’objectif. Nous avons, au sein du cabinet du Premier ministre, travaillé sur les propositions faites par le président de la Cei. Le Premier ministre a eu aujourd’hui (ndlr, mardi) une longue séance de travail avec le président Mambé. Et dans un délai très bref, un projet de décret fixant la convocation du corps électoral et la date du premier tour de la présidentielle sera présenté au chef de l’Etat par le Premier ministre. Ce projet de décret a déjà été reçu par le Premier ministre des mains du président de la Cei. C’est un projet de décret, assorti d’un chronogramme pertinent qui prend en compte toutes les étapes et toutes les diligences à accomplir entre la fin de l’enrôlement et la date du premier tour.
•Donc un chronogramme qui prend en compte les revendications des partis politiques notamment le Fpi qui veut le désarmement ici et maintenant…
Sur ce point, il est clair que le Premier ministre ne s’en tiendra qu’à la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouaga. Il y a un schéma de regroupement des forces pour la préparation conjointe des deux armées qui doivent coopérer pour la nouvelle armée. C’est-à-dire pour la fondation de la nouvelle armée qui doit voir le jour après la présidentielle. Il y a également un schéma conjoint de sécurisation Fds-FaFn au sein du Cci. Donc le Premier ministre ne fuira pas ses responsabilités. Les décisions de l’Accord IV seront mises en œuvre intégralement.
Propos recueillis par Kesy B. Jacob
Coll : Djama Stanislas
•Les délégués généraux des FN se sont réunis à Bouaké et à l’issue de leurs travaux, ils ont demandé au Premier ministre de démissionner. Quel commentaire?
Plus qu’un commentaire, nous avons une observation formelle. Le Premier ministre a pris acte des questionnements que cela suscite au sein de l’opinion ? Les Ivoiriens s’interrogent, certains d’entre eux sont étonnés, stupéfaits. En son nom, ce que je voudrais indiquer, c’est que Guillaume Soro est à la tâche, il est à son poste. Ce matin, il a animé une série de réunions. Il a eu une réunion à son cabinet pour passer en revue les diligences relatives à la sortie de crise. Il a également rencontré les deux chefs d’état-major des armées, le général Mangou, des Fanci et le général Bakayoko, des Fafn, pour passer en revue une série de recommandations qu’il présentera au chef de l’Etat, dans le cadre de la mise en œuvre du volet militaire de l’Accord IV. Jusqu’en milieu d’après-midi, il a eu une séance de travail avec le président de la Commission électorale indépendante pour passer en revue le chronogramme électoral et pour parvenir au bout de ce processus à fixer une date pour l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle. Donc, le Premier ministre est à son poste. Il est conscient qu’il a une mission vis-à-vis du chef de l’Etat, des acteurs politiques, de la Côte d’Ivoire, une mission d’organisation de la sortie de crise.
Bien entendu, des délégués FN se sont exprimés. Mais, il faut qu’il n’y ait aucune fébrilité, aucune frilosité particulière autour de cette déclaration qui peut être considérée comme l’expression normale de la démocratie en construction en Côte d’Ivoire. Nous sommes tous en train de travailler à rebâtir l’Etat de droit pour garantir la liberté d’expression. Et comme vous le savez, les déclarations et les appels à la démission sont constamment formulés au gré des difficultés que le processus de sortie de crise rencontre. Tantôt ce sont les membres des partis du camp présidentiel qui réclament la démission du Premier ministre pour des questions qu’ils estiment de principe. A d’autres moments, ce sont des membres de l’opposition qui demandent que le Premier ministre quitte son poste pour que le processus s’interrompt et qu’un nouveau calendrier soit mis à jour. Aujourd’hui, ce sont des délégués FN qui s’expriment. Il faut donc remettre ces déclarations dans leur contexte. Ce qu’il faut noter, c’est que ce n’est la position ni du directoire politique des FN, qui est une structure de haut niveau dans l’organisation des FN, ni une déclaration formulée par l’état-major des FN. Ce sont des délégués qui sont à la tâche et que nous respectons et à qui il faut reconnaître un droit d’opinion. Mais, il ne faut pas aller au-delà.
•Est-ce que vous balayez du revers de la main les arguments avancés pour demander cette démission ?
Nous n’avons pas principalement vu d’arguments dans leur déclaration. C’est pour cela que nous continuons à situer cette proposition de démission dans son cadre. Il s’agit d’une prise de position qui s’inscrit dans la droite ligne de la libre expression et de la construction de l’expression démocratique. Le Premier ministre s’est déjà exprimé sur cette question.
Deux raisons fondamentales peuvent le conduire à démissionner. Premièrement, s’il est en désaccord profond avec le chef de l’Etat. Dans ce cas de figure, le chef de l’Etat pourra prendre un décret pour changer de Premier ministre. Tout comme ce dernier aura la possibilité de demander au chef de l’Etat d’accepter sa démission. Pour l’heure, et je tranche net là-dessus, nous ne sommes pas dans ce cas de figure. Parce que la collaboration entre le chef de l’Etat et le Premier ministre est bonne. Elle relève de l’exploit. Parce que les questions à régler sont difficiles, comme par exemple la mise en œuvre du volet militaire de l’Accord complémentaire IV de Ouaga. Ces questions se révèlent difficiles. Ce sont des points d’orgue, des nœuds que la concertation permanente installée entre le Premier ministre et le chef de l’Etat depuis la mise en œuvre de l’accord permet de régler. Et parfois, cette concertation se déroule sous l’égide du facilitateur du dialogue direct, le président Blaise Compaoré. Ce sont trois hommes d’Etat de bon sens qui parviennent toujours à mettre au centre l’intérêt de la Côte d’Ivoire, du Burkina et de l’Afrique, pour que ces difficultés soient transcendées. Le dernier exemple en date, c’est la présence du Premier ministre à Yamoussoukro, il y a une dizaine de jours, pour évoquer avec le chef de l’Etat les manières d’aborder la mise en œuvre du volet militaire de l’Accord politique IV.
Deuxièmement, c’est que les FN retirent leur confiance au Premier ministre. Ne négligeons pas le fait que Guillaume Soro a été nommé Premier ministre du gouvernement de transition par le chef de l’Etat parce qu’il est le porte-voix, le chef des FN, cosignataires de l’Accord politique de Ouaga. Donc si les FN retirent leur confiance au Premier ministre, Guillaume Soro devra de facto démissionner. Mais, là aussi, je vous le dis, nous ne sommes pas dans ce cas de figure. Cela veut dire en conclusion qu’il n’y a aucune raison pour que le Premier ministre Guillaume Soro ne poursuive pas sa mission.
Bien au contraire, il va s’atteler à la poursuivre et conclure avec des élections radicalement apaisées, justes et équitables pour tous.
•Vous soutenez que la collaboration est bonne entre le chef de l’Etat et le Premier ministre.
Pourtant cette déclaration des délégués FN intervient au moment où se déroule une campagne du parti présidentiel contre le Premier ministre…
C’est vrai que les campagnes, les déclarations ici et là, les articles de presse peuvent conduire à une certaine irritation. Mais, le Premier ministre en a vu d’autres depuis le début du processus de sortie de crise. Nous avons essuyé quolibets et critiques acerbes. Nous avons aussi essuyé des entraves à la mise en œuvre du processus de sortie de crise. Le Premier ministre l’affirmé récemment, à Yopougon, qu’il essuie ces quolibets pour la Côte d’Ivoire. Il y a des difficultés et il est conscient de ses responsabilités pour la Côte d’Ivoire. Ce que certains peuvent considérer comme une mission pleine de privilèges, est aussi une mission qui a son côté ingrat, une mission difficile où parfois des efforts ne sont pas reconnus tout de suite, et à juste titre, par tout le monde. Le Premier ministre est bien conscient qu’il y aura des difficultés. Il est aussi bien conscient de la mauvaise humeur de certains de ses partisans. Mais, bien entendu, cela ne doit pas nous faire perdre notre calme, notre sérénité et notre conviction en la nécessité de la construction d’un Etat démocratique. Guillaume Soro a fait le pari de ramener la paix. Tant que cette mission sera possible, il restera à la barre.
•L’objectif reste donc l’élection de 2009…
Effectivement, cela reste l’objectif. Nous avons, au sein du cabinet du Premier ministre, travaillé sur les propositions faites par le président de la Cei. Le Premier ministre a eu aujourd’hui (ndlr, mardi) une longue séance de travail avec le président Mambé. Et dans un délai très bref, un projet de décret fixant la convocation du corps électoral et la date du premier tour de la présidentielle sera présenté au chef de l’Etat par le Premier ministre. Ce projet de décret a déjà été reçu par le Premier ministre des mains du président de la Cei. C’est un projet de décret, assorti d’un chronogramme pertinent qui prend en compte toutes les étapes et toutes les diligences à accomplir entre la fin de l’enrôlement et la date du premier tour.
•Donc un chronogramme qui prend en compte les revendications des partis politiques notamment le Fpi qui veut le désarmement ici et maintenant…
Sur ce point, il est clair que le Premier ministre ne s’en tiendra qu’à la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouaga. Il y a un schéma de regroupement des forces pour la préparation conjointe des deux armées qui doivent coopérer pour la nouvelle armée. C’est-à-dire pour la fondation de la nouvelle armée qui doit voir le jour après la présidentielle. Il y a également un schéma conjoint de sécurisation Fds-FaFn au sein du Cci. Donc le Premier ministre ne fuira pas ses responsabilités. Les décisions de l’Accord IV seront mises en œuvre intégralement.
Propos recueillis par Kesy B. Jacob
Coll : Djama Stanislas