Me Blé Madeleine, présidente du Réseau des Femmes des Partis Politiques de Côte d'Ivoire (Refep- ci), donne son point de vue sur l'émancipation de la femme. Elle dit le rôle qu'elle doit jouer dans la sphère politique et la vie socioculturelle.
Vous êtes présidente du Refep-ci. Quel est selon vous, le profil de la femme émancipée ?
Une femme émancipée est celle qui est débarrassée de tous les stéréotypes, de toutes les contraintes socioculturelles qui lui ont été imposées à travers la vision même que l'être humain se fait d'elle. C'est celle qui a pris surtout conscience de son rôle d’agent de développement et de sa contribution à la vie socioculturelle de son pays. On peut analyser cette vision bien aussi dans le cadre de la politique, comme ce que nous essayons de faire. Elle consiste pour nous à amener la femme à connaître un éveil de sa conscience afin qu'elle puisse participer à la gestion des affaires publiques. De tout temps, notre société a été dirigée par les hommes. Autant il y a des succès, autant, il y a des échecs. On se demande alors ce que la femme peut apporter. Quelle vision la femme peut apporter en tant qu'être humaniste ? Parce que quelque part, elle porte en elle les germes de la vie. Je ne dis pas qu'il n'existe pas des femmes pleines de défauts. Mais ce que nous recherchons, c'est le profil de la femme qui veut donner le meilleur d'elle-même pour faire avancer la société. Pour nous, c'est celle-là que nous appelons femme émancipée.
Vous assimilez la femme émancipée à une femme débarrassée de tous les stéréotypes et des contraintes socioculturelles. Que voulez-vous dire exactement ?
Il s'agit de la femme qui est débarrassée des contraintes que la société lui a imposées. Très tôt, dès notre jeune âge, on nous dit que nous sommes faites pour exercer un rôle précis. On nous reconnaît le rôle de reproduction et de procréation. Et ce rôle fait que la femme n'a pas la capacité de se surpasser et d'aller dans des assemblées pour donner son point de vue aux débats nationaux, dans les villages ou les communautés. Donc, c'est une femme qui est juste là pour faire la cuisine, s'occuper des tâches ménagères, de l'éducation et faire ce que l'homme lui demande ou lui impose souvent de faire.
Que pensez-vous des hommes qui affirment que la femme émancipée ne respecte pas l'homme ?
Ce n'est pas parce que je suis une femme et en face d'un homme que systématiquement, je ne dois pas parler. Ce n'est pas ce que Dieu a dit. C'est vrai, il a dit que la femme est la côte de l'homme. Mais la femme est la côte de l'homme qui est son époux. Cela a été institué par la loi, dans nos textes, le mari est le chef de famille. Dans ce cadre familial, je pense que c'est tout à fait naturel qu'elle respecte son mari en tant qu'autorité établie. Concernant les hommes qui affirment que la femme émancipée ne respecte pas l'homme, je pense qu'il s'agit plutôt de cette catégorie d'hommes qui voit la femme en tant qu'objet, en tant que femme soumission à qui on doit tout dicter. On dit non ! Les hommes ne doivent plus tout dicter aux femmes. La société a évolué, nous sommes aujourd'hui au XXI siècle. Il faudrait qu'on tienne compte de l'évolution de la société.
Le concept d'émancipation a-t-il atteint ses objectifs en Côte d'Ivoire ?
Je me dis toujours que la Côte d'Ivoire a quand même été l'un des pays favorisés en ce qui concerne la reconnaissance des droits aux femmes. Le législateur ivoirien n'a pas attendu que la femme ivoirienne mène des luttes émancipatrices pour lui accorder le droit de vote et d'éligibilité. Cette situation a fait que la femme ivoirienne n'a pas la culture des luttes. Tout lui a été octroyé depuis l'indépendance et l'article 2 de notre constitution, la dernière en date, consacre l'égalité de droits entre les hommes et les femmes. A priori, on peut dire de ce fait que c'est déjà un jet de la reconnaissance des droits aux femmes. La femme est libre de faire ce qu'elle a à faire, au même titre que les hommes. Mais où le problème se pose, c'est au niveau de l'applicabilité de ces textes. Entre le droit formel reconnu à la femme et l'applicabilité effective de ce droit. Je peux dire que certes, il y a une évolution des mentalités depuis 1960. Mais, la femme n'a pas encore atteint la plénitude de ses droits car de nos jours, on assiste encore à des cas où des hommes de manière systématique refusent un certain nombre de droits aux femmes. L'émancipation n'a rien à voir avec le respect. L'émancipation, c'est connaître ses droits, les défendre et être à égalité avec les hommes au même poste de décision. Mais pour le moment, il y a beaucoup à faire.
Comment peut-on donc expliquer l'engagement de peu de femmes en politique ?
Il n'y a pas seulement qu'en politique. A part le secteur de l'économie, aujourd'hui où la femme semble émerger, elle a été reléguée au second plan dans tous les autres domaines. Elle n'a jamais eu le courage de ses opinions ou eu la capacité, par exemple, de sortir de cet état de fait pour aller défendre au même titre que l'homme un intérêt quelconque. Souvent, au niveau de la politique, rares sont les femmes qui émergent et qui s'expriment. La majorité vient en politique parce qu'il faut suivre ou parce qu'ayant aimé l'opinion du chef de parti. Et les hommes nous utilisent dans des rôles bien limités notamment la restauration, l'hôtesse d'accueil et ça s'arrête là. C'est tout cela que nous ne voulons plus. La femme ne peut plus se contenter des seconds rôles. Et puisque c'est la politique qui détermine la vie d'une nation, il faut que de nombreuses femmes s'investissent dans la politique pour que nous ayons plus de chance et de capacités d'être aux postes de décision.
Interview réalisée par CRA
Vous êtes présidente du Refep-ci. Quel est selon vous, le profil de la femme émancipée ?
Une femme émancipée est celle qui est débarrassée de tous les stéréotypes, de toutes les contraintes socioculturelles qui lui ont été imposées à travers la vision même que l'être humain se fait d'elle. C'est celle qui a pris surtout conscience de son rôle d’agent de développement et de sa contribution à la vie socioculturelle de son pays. On peut analyser cette vision bien aussi dans le cadre de la politique, comme ce que nous essayons de faire. Elle consiste pour nous à amener la femme à connaître un éveil de sa conscience afin qu'elle puisse participer à la gestion des affaires publiques. De tout temps, notre société a été dirigée par les hommes. Autant il y a des succès, autant, il y a des échecs. On se demande alors ce que la femme peut apporter. Quelle vision la femme peut apporter en tant qu'être humaniste ? Parce que quelque part, elle porte en elle les germes de la vie. Je ne dis pas qu'il n'existe pas des femmes pleines de défauts. Mais ce que nous recherchons, c'est le profil de la femme qui veut donner le meilleur d'elle-même pour faire avancer la société. Pour nous, c'est celle-là que nous appelons femme émancipée.
Vous assimilez la femme émancipée à une femme débarrassée de tous les stéréotypes et des contraintes socioculturelles. Que voulez-vous dire exactement ?
Il s'agit de la femme qui est débarrassée des contraintes que la société lui a imposées. Très tôt, dès notre jeune âge, on nous dit que nous sommes faites pour exercer un rôle précis. On nous reconnaît le rôle de reproduction et de procréation. Et ce rôle fait que la femme n'a pas la capacité de se surpasser et d'aller dans des assemblées pour donner son point de vue aux débats nationaux, dans les villages ou les communautés. Donc, c'est une femme qui est juste là pour faire la cuisine, s'occuper des tâches ménagères, de l'éducation et faire ce que l'homme lui demande ou lui impose souvent de faire.
Que pensez-vous des hommes qui affirment que la femme émancipée ne respecte pas l'homme ?
Ce n'est pas parce que je suis une femme et en face d'un homme que systématiquement, je ne dois pas parler. Ce n'est pas ce que Dieu a dit. C'est vrai, il a dit que la femme est la côte de l'homme. Mais la femme est la côte de l'homme qui est son époux. Cela a été institué par la loi, dans nos textes, le mari est le chef de famille. Dans ce cadre familial, je pense que c'est tout à fait naturel qu'elle respecte son mari en tant qu'autorité établie. Concernant les hommes qui affirment que la femme émancipée ne respecte pas l'homme, je pense qu'il s'agit plutôt de cette catégorie d'hommes qui voit la femme en tant qu'objet, en tant que femme soumission à qui on doit tout dicter. On dit non ! Les hommes ne doivent plus tout dicter aux femmes. La société a évolué, nous sommes aujourd'hui au XXI siècle. Il faudrait qu'on tienne compte de l'évolution de la société.
Le concept d'émancipation a-t-il atteint ses objectifs en Côte d'Ivoire ?
Je me dis toujours que la Côte d'Ivoire a quand même été l'un des pays favorisés en ce qui concerne la reconnaissance des droits aux femmes. Le législateur ivoirien n'a pas attendu que la femme ivoirienne mène des luttes émancipatrices pour lui accorder le droit de vote et d'éligibilité. Cette situation a fait que la femme ivoirienne n'a pas la culture des luttes. Tout lui a été octroyé depuis l'indépendance et l'article 2 de notre constitution, la dernière en date, consacre l'égalité de droits entre les hommes et les femmes. A priori, on peut dire de ce fait que c'est déjà un jet de la reconnaissance des droits aux femmes. La femme est libre de faire ce qu'elle a à faire, au même titre que les hommes. Mais où le problème se pose, c'est au niveau de l'applicabilité de ces textes. Entre le droit formel reconnu à la femme et l'applicabilité effective de ce droit. Je peux dire que certes, il y a une évolution des mentalités depuis 1960. Mais, la femme n'a pas encore atteint la plénitude de ses droits car de nos jours, on assiste encore à des cas où des hommes de manière systématique refusent un certain nombre de droits aux femmes. L'émancipation n'a rien à voir avec le respect. L'émancipation, c'est connaître ses droits, les défendre et être à égalité avec les hommes au même poste de décision. Mais pour le moment, il y a beaucoup à faire.
Comment peut-on donc expliquer l'engagement de peu de femmes en politique ?
Il n'y a pas seulement qu'en politique. A part le secteur de l'économie, aujourd'hui où la femme semble émerger, elle a été reléguée au second plan dans tous les autres domaines. Elle n'a jamais eu le courage de ses opinions ou eu la capacité, par exemple, de sortir de cet état de fait pour aller défendre au même titre que l'homme un intérêt quelconque. Souvent, au niveau de la politique, rares sont les femmes qui émergent et qui s'expriment. La majorité vient en politique parce qu'il faut suivre ou parce qu'ayant aimé l'opinion du chef de parti. Et les hommes nous utilisent dans des rôles bien limités notamment la restauration, l'hôtesse d'accueil et ça s'arrête là. C'est tout cela que nous ne voulons plus. La femme ne peut plus se contenter des seconds rôles. Et puisque c'est la politique qui détermine la vie d'une nation, il faut que de nombreuses femmes s'investissent dans la politique pour que nous ayons plus de chance et de capacités d'être aux postes de décision.
Interview réalisée par CRA