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International Publié le mardi 16 juin 2009 | Nord-Sud

20 ans après son décès : L`Imam Khomeini, le moteur de l’Iran

Pour le 20ème anniversaire de la commémoration de la disparition de l`imam Khomeini, nous avons eu l`occasion de mesurer le culte que les Iraniens lui vouent.

Un voyage en Iran est une nage à contre-courant des clichés. Derrière l`image de régime religieux très fermé pratiquant la censure sur les médias projetée par la presse occidentale, on découvre dans cette République islamique des Iraniens qui font du shopping, des couples qui se tiennent la main dans la rue. Avec un paquet de questions sur cet Iran qu`on dit «obscur», on débarque à l`aéroport de l`imam Khomeini, situé à quelque 35 km de Téhéran, au petit matin après dix heures de vol à partir d`Abidjan en passant par Accra et Dubaï. A 30°C ce samedi 30 mai, nous mettons le pied à terre. On remarque d`entrée que les femmes, compte tenu des règles de la République islamique, sont obligées de porter des foulards. Règle valable pour les étrangères en visite dans le pays. Cela n`empêche pas les Iraniennes de s`habiller à la mode ou laisser voir, parfois, des touffes de cheveux légèrement teintées. Jeans, baskets et tricot body, les jeunes gens n`hésitent pas à se coiffer de manière branchée. Les premières impressions à l`aéroport sont surprenantes. L`autoroute à péage de dix voies qui nous mène vers Téhéran, la capitale, située plus au Nord nous laisse apercevoir de loin le mausolée de l`imam Rouhollah Mousavi Khomeini, fondateur de la République islamique d`Iran en 1979. Sur cet espace grand comme un quartier, trônent quatre hauts minarets illuminés aux couleurs de l`or et du miel. Un immense espace à la dimension du culte que les Iraniens vouent à celui qui leur a redonné leur dignité avec la chute du régime du shah. C`est d`ailleurs la 20ème commémoration de la disparition le 3 juin 1989 de l`imam Khomeini qui est l`objet de notre visite en Iran. Arrivés en pleine période électorale, nous découvrons des portraits des 4 candidats à l`élection présidentielle du 12 juin. Ce qui n`était pas le cas les autres années ordinaires. Mahmoud Ahmadinejad dont on dit qu`il n`aime pas trop «le culte de la personnalité», refuse de remettre en cause un ordre qui, d`une certaine manière, sacralise l`imam Khomeini.


Vénération

La visite, le 31 mai, du musée des tapis situé au coin des avenues Kargar et du Dr Fatemi, renfermant une précieuse collection de tapis de toutes les régions du pays datant essentiellement des XIX et XXe siècles nous permet de revisiter l`histoire millénaire de ce pays. Dans l`après-midi, on visitera l`ancienne résidence d`été du shah Pahlavi qui est devenue un musée. On y découvre le luxe insolent dans lequel vivait Mohammad Reza (décédé en 1980) et son épouse Farah avant sa chute de 1979, après 38 ans de règne. En remontant vers les montagnes, dans le quartier de Jamaran, on trouve le modeste domicile de l`imam Khomeini. Qui contraste avec le faste dans lequel vivait le shah. Il vivait dans une maison avec comme pour tout meuble, un divan aujourd`hui recouvert d`un pagne blanc, des livres religieux…La mosquée est toute petite. Dans une pièce attenante, on découvre des objets personnels de l`imam. Des photos de son exil, de son enfance, des timbres à son effigie, des paires de lunettes…On comprend tout de suite que le régime du shah ne pouvait pas résister devant les critiques de l`imam Khomeini. Au mausolée, lieu de pèlerinage, on vient de partout pour faire des prières à la mémoire du «guide suprême» de la Révolution islamique qui a renversé le régime du shah Mohammad Reza Pahlavi. La promiscuité est évitée au quotidien en Iran. Hommes et femmes sont séparés à l`entrée du mausolée comme d`ailleurs à l`entrée des aéroports et autres lieux publics. Une première visite, le 1er juin, au mausolée de l`imam Khomeini nous permet de comprendre ce que représente le guide de la Révolution dans la vie des Iraniens. L`imam Khomeini restera présent dans la vie des Iraniens jusqu`à la fin des temps. La plupart des responsables possèdent des photos du guide déposées sur leur bureau. Dans les aéroports, les hôtels, les boutiques, les cafés… son effigie est partout. C`est sa photo qui figure sur les billets de banque appelés « Rials ». Et l`évocation de son nom suscite une certaine émotion aussi bien chez les jeunes que les adultes. Autour d`un carré où « dorment » Khomeini et son fils, des fidèles lisent des textes, d`autres touchent le bois qui couvre les sépultures et d`autres encore paraissent débordés d`émotion.

L`homme est vénéré à un point inimaginable. Des portraits géants sont suspendus au mur. Des milliers de fidèles visitent le mausolée. Nous avons également l`occasion de visiter le mausolée de Hadrat Shâh Abdolazim, descendant de l`imam Hassan, mort en martyr au IXème siècle, situé à Shahr-e Rey au Sud de Téhéran. Le constat est tout aussi saisissant. On comprend très vite que le chiisme encourage les visites (ziyârat) aux sanctuaires des imams et autres grandes personnalités religieuses du chiisme, qui constituent des intercesseurs essentiel des requêtes des pèlerins. Le 2 juin au centre de conférence internationale de Téhéran, en présence de quelque 200 invités triés sur le volet venant de plus de 40 pays, Manouchehr Mottaki, ministre iranien des Affaires étrangères et plusieurs autres orateurs mènent des débats sur la position de l`imam sur Israël et la politique étrangère. Durant la commémoration de la disparition de l`imam Khomeini, plusieurs autres grands hommes ont droit à l`attention des Iraniens. Le pèlerinage, le 5 juin dans la ville religieuse de Machhad (750 km de Téhéran), prend une ampleur extraordinaire parce qu`elle abrite le mausolée de l`imam Rezâ, huitième imam chiite. Son sanctuaire abrite plusieurs écoles théologiques ainsi qu`un musée rassemblant notamment de nombreux trésors de la miniature perse et de vieux manuscrits calligraphiés. Première ville sainte d`Iran, Macchad accueille près de 20 millions de pèlerins par an. Le 3 juin, cinquième jour de notre présence en Iran, nous avons l`occasion de voir le président Ahmadinejad à l`Assemblée constituante sise au quartier présidentiel. L`ex-maire de Téhéran est simplement habillé, ni cravate, ni veste. Il est accompagné de quelques gardes du corps à la carrure impressionnante, mais non armés de Kalachnikovs comme on le voit ailleurs. L`homme n`a cure des menaces qui pourraient planer sur lui. Il se laisse serrer la main ou des admirateurs lui font de longues accolades. Au milieu d`une foule acquise à sa cause, il fait son entrée pour un discours sur la révolution de l`imam Khomeini. Il revient à l`occasion sur le parcours du dernier imam d`Iran. Ahmadinejad explique que la révolution de 1979 n`était ni politique ni géographique. «Le mouvement de l`imam n`était pas limité à l`Iran. Il n`y avait pas de frontière», a-t-il assuré. Dans sa diatribe, il a indiqué que le système libéral a échoué à tout point de vue. «La solution est de retourner aux valeurs religieuses. Laissons Dieu diriger», a-t-il souhaité. Le lendemain, point culminant de la commémoration du 20ème anniversaire du décès de l`imam, on sent la ferveur dans toutes les rues de la capitale. Dehors, dans les abords du sanctuaire et dans le parking, des tentes ont été dressées pour permettre à des milliers de fidèles de passer la nuit en attendant ce 4 juin, le clou de la commémoration. Sous un soleil de plomb, vêtu pour la plupart en noir avec une casquette noire vissée sur la tête, le peuple iranien reconnaissant est sorti ce jour du souvenir pour prouver sa fidélité aux idéaux de l`imam Khomeini et de la Révolution. Dans son discours prononcé devant une multitude de fidèles iraniens remplis de ferveur, l`ayatollah Sayed Ali Khamenei, élu Guide suprême à vie par l`Assemblée des experts à la mort de Khomeini, a évoqué les 20 ans qui se sont écoulés depuis le décès de l`imam. Il est revenu sur l`affection et la sympathie que la nation iranienne lui voue. Surtout la jeunesse qui ne l`a pas connu. Selon l`ayatollah Khamenei, l`appartenance de la Révolution à toute la nation est l`un des points saillants du Testament de l`imam Khomeini.


Téhéran la verte

Téhéran avec ses 13 millions d`habitants est une ville verte. C`est, entre autres, la marque du maire Ahmadinejad qui a donné ordre pour qu`on plante des arbres là où c`est possible et qu`on réhabilite les jardins publics. Selon notre guide, abattre un arbre est répréhensible par la loi. Les boulevards, rues et trottoirs de Téhéran, comme ceux de Machhad que nous avons également visitée, sont propres. Pas de trace de sachets noirs, de bouteilles en plastique ou de restes de journaux sur le goudron. En la matière, Téhéran n`a rien à envier aux mégalopoles européennes. Darakeh, un haut quartier touristique au Nord de Téhéran, est l`exemple vivant de cette culture écologique. Dans le parc Lalleh, sis à quelques encablures de l`hôtel du même nom où nous logeons, les jeunes couples déambulent main dans la main. Autre lieu verdoyant, le parc possède des sentiers pour la promenade et ses arbres fournissent de l`ombre pour les pique-niques ou la relaxation. Il est devenu un lieu populaire de rencontres pour les jeunes couples et un lieu de pique-nique pour les familles. Toujours dans la pudeur. Autour du parc se trouvent des coffee shops, des fast-foods et des centres de shopping et des boutiques fashion de l`Avenue Vali-ye Asr. En Iran, on est surtout frappé par le décalage horaire qui est de 4 heures par rapport à l`heure GMT. On a forcément du mal à se retrouver pour les horaires de la prière musulmane. Par tradition chiite, nous explique-t-on, les Iraniens regroupent les prières d`el dohr et d`el assr et celles d`el maghrib avec el îcha. «Mais ce n`est pas obligatoire. On peut faire les cinq prières séparées», précise notre guide.

Bakayoko Youssouf, Envoyé spécial à Téhéran (Iran)
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