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Société Publié le samedi 27 juin 2009 | Nord-Sud

Victimes des éboulements - Tuées par la pluie, inhumées sous la pluie

Quatorze victimes des éboulements survenues récemment dans différentes communes d’Abidjan ont été enterrées au cimetière d'Abobo. Le district d'Abidjan a pris en charge les frais d'inhumation.

Les larmes perlent sur les joues. Ne pouvant pas s'asseoir, ni s'arrêter, Diomandé Fatou pleure sa petite sœur Diomandé Awa, décédée le 12 juin, suite aux éboulements occasionnés par les pluies diluviennes. La scène se passe à la morgue d'Anyama. Ce 27 juin, se sont déroulées les obsèques de certaines des victimes de la pluie. Le district d'Abidjan s'est engagé à prendre en charge l'inhumation des 21 corps dont 14 à l'hôpital d'Anyama et 7 à l'hôpital militaire d'Abidjan. Danho Eléonore, vice-gouverneur, a exprimé son soutien aux parents des victimes. Le montant global de la prise en charge est de 15 millions de Fcfa. Celui-ci prend en compte la conservation des corps, le traitement des corps, les constructions mortuaires, l'achat des cercueils et le transport des corps. C'est sous une forte pluie que les 14 corps de la morgue d'Anyama ont été ensevelis au cimetière d'Abobo. Parents, amis et connaissances offrent un spectacle déchirant. C'est le cas de Koné Moumouni, porte-parole des victimes. M. Kaboré a perdu sa fille Kaboré Awa 19 ans. Etreint par la douleur le père a du mal à s'expliquer : « C'était horrible de voir tous ces corps dans la boue. Quand tu perds un parent c'est vraiment difficile. Je remercie le district d'Abidjan d'avoir pris les obsèques en charge ». Il est 13 heures, Maïga Issiaka, imam d'Attécoubé 3, procède à la prière mortuaire. C'est la consternation partout. Ce rituel traduit la séparation entre les défunts et les vivants. A cet instant précis, Diakité Souleymane, qui a perdu sa femme et sa fille, n'a plus de sentiment. « Je n'ai rien à dire », souffle-t-il. Maïga Djibril, un habitant de Yopougon Banco, habillé d'un boubou pagne, a le regard vide. Il a perdu quatre personnes lors de ces éboulements. Sa grand-mère, Maïga Mouseto, le cousin, Gassanbe Fousseni, et ses enfants, Gassanbe Ismaël 8 ans et Aminata 6 ans. « Chez nous les musulmans quand quelqu'un décède, il faut disposer du corps le plus rapidement possible pour procéder à l'enterrement. C'est bien ce que le district a fait. Mais, il aurait été mieux de le faire avant. Avec cette cérémonie, les souvenirs douloureux nous reviennent encore. C'est comme si on revivait ce que s'est passé». Maïga souligne que sa grand-mère a exprimé sa volonté à travers un songe. « Il y a une de nos mamans qui rêvait de ma grand-mère. Elle lui disait qu'elle n'était pas à l'aise là où elle était. Et qu'elle veut être enterrée le plus vite possible. C’était un soucis. Pour nous il fallait que nos morts puissent être inhumés le plus rapidement possible», regrette-t-il. A 14 heures, au cimetière d'Abobo, la séparation est difficile. La vue des 14 cercueils est insoutenable. Les femmes amassées d'un côté sont plongées dans leurs pensées. Les hommes sont occupés à fermer les tombes. « Chacun de nous partira un jour. C'est Dieu qui donne, c'est Dieu qui reprend. Tout ce qu'il fait est bon », reste optimiste Kaboré Salif qui a perdu sa sœur.


Soro Sita (Stagiaire)
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