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Politique Publié le mercredi 22 juillet 2009 | Notre Voie

Croisement des fichiers informatiques : Déjà des milliers de fraudeurs démasqués

La passe d’armes à laquelle l’on a assisté la semaine dernière entre le président de la CEI et son porte-parole tient sa source, selon une proche de Robert Beugré Mambé, dans les premiers résultats produits par le croisement fait par l’INS.

Mercredi 15 juillet 2009. Dans un quotidien de la place, le porte-parole de la CEI, Yacouba Bamba, déclare : “L’INS n’est pas prêt. Il fera son travail plus tard”. Vendredi, soit trois jours plus tard, au sortir d’une audience avec le chef de l’Etat, Robert Beugré Mambé, président de la CEI, répond avec véhémence : “L’INS est une structure performante. Il est prêt”. De quoi troubler l’opinion qui éprouvait déjà du mal à suivre les opérateurs techniques chargés de l’enrôlement en vue des élections générales. Mais, en fait, selon une proche du cabinet du président de la CEI, les choses sont claires comme de l’eau de roche. “Ici à la CEI, précise-t-elle, nous travaillons en toute transparence. Nous sommes en connexion directe avec les deux opérateurs techniques. Depuis le mois de septembre 2008, je dis bien septembre 2008, l’INS a écrit à la SAGEM pour lui demander de mettre à sa disposition des éléments sortis de l’enrôlement pour tester son dispositif avant le démarrage. La SAGEM n’a pas répondu. L’INS a écrit d’autres lettres de rappel. La SAGEM n’a pas répondu. C’est seulement en juin dernier, soit dix mois après, que la société française a daigné mettre à la disposition de la société ivoirienne les données requises”.
Selon cette proche du cabinet Mambé, par ces demandes dont les copies sont à la CEI, l’INS entendait mettre sur pied, une opération pilote de traitement des données. Histoire de tester les deux systèmes ABIS (Automatic biometric system) et AFIS (Automatic fingers system) qui doivent faire le croisement.

Selon la collaboratrice de Mambé, la sortie de Yacouba Bamba n’est rien d’autre qu’une façon de montrer sa peur des premiers résultats du travail fait par le directeur général de l’INS et ses collaborateurs. En mettant ainsi la pression sur l’INS, ils espèrent, lui et ses camarades, amener cette structure à bâcler son travail. D’ailleurs, insiste-t-elle, c’est pour éviter de travailler à la hâte que l’Institut national de la statistique a demandé depuis près d’un an que soit mise sur pied une opération pilote afin d’huiler les machines. Sur le terrain cependant, explique-t-elle, les chiffres obtenus par Mathieu Méleu et ses collaborateurs se passent de commentaires. Ils ont testé leur système sur une population abidjanaise, récemment enrôlée de 1.700.000 personnes. Après un croisement-test fait avec le fichier électoral de Côte d’Ivoire de 1990, il y a 606. 961 personnes que l’on retrouve aussi bien sur le fichier de 1990 que sur le fichier de l’INS. Surprise! Parmi ces 606.961 personnes, se trouvent 42. 593 étrangers. Leur dénombrement a été fait comme suit : 26. 451 Maliens, 9. 900 Burkinabé, 4. 453 Guinéens et 1. 789 autres étrangers.

Avec ce même échantillon, l’INS a effectué le croisement avec le fichier du recensement général de la population et de l’habitat de 1998. Cela a permis de retrouver aussi, sur les deux fichiers, 534. 583 personnes (c’est-à-dire des personnes qu’on retrouve sur le fichier de l’INS et sur celui de 1998), dont 62. 800 étrangers. Ils sont répartis comme suit : 36. 389 Maliens, 15. 692 Burkinabé, 9. 107 Guinéens et 1. 612 étrangers d’autres nationalités.

Evidemment, tout ce monde s’est fait enrôler en tant qu’Ivoirien.

Selon notre interlocutrice, ce sont ces chiffres dont Yacouba Bamba a eu écho qui le font courir de la sorte. Représentant les Forces Nouvelles au sein de la CEI, il n’est pas exclu qu’il ait de la sympathie pour un parti politique. Et ce parti politique pourrait être celui qui a intérêt à ce que le fichier électoral soit envahi par des non-nationaux. Donc M. Bamba sait certainement que si le travail de l’INS se poursuit, la corbeille dudit parti va se vider. D’où la sentence qu’il prononce en dehors même du bureau de la CEI en déclarant l’INS incompétent et en lui demandant de prendre le train en marche. Il n’a pas été suivi, puisque l’INS a continué à faire son travail en toute transparence et dans la sérénité des grands jours. “Il est vrai que, explique-t-elle encore, le président de la CEI est un militant connu et reconnu du PDCI-RDA comme moi aussi d’ailleurs. Mais il n’est pas seul à la CEI. Il a beaucoup de collaborateurs et il est obligé de tenir compte de leurs avis. Par ailleurs, connaissant la situation, il ne pouvait pas ne pas dire la vérité aux Ivoiriens. C’est pour cela que vous avez eu le sentiment qu’il a désavoué son porte-parole adjoint”.
Quoi qu’il en soit, le petit exercice que vient de faire l’INS donne une idée de l’ampleur de la fraude qui attend les Ivoiriens qui devront valider la liste électorale. Mais la transe qui s’est emparée de Yacouba Bamba et de certains collaborateurs du Premier ministre, qui n’ont pas hésité à traiter Mathieu Méleu de moins que rien, d’inefficace et même de vaurien, montre bien que le professeur agrégé de statistiques à l’Université d’Abidjan est sur la bonne voie.


Abdoulaye Villard Sanogo
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