Aboisso: Le maire Kadja N’Zoré accuse ses collaborateurs de le torpiller

Le maire de la commune d’Aboisso, M.Kadja N’zoré, est accusé par les femmes de « vendre la commune en pièces détachées ». Leur porte -parole, Mme Allah Tanoh, a égrené un chapelet de griefs contre lui, le lundi 27 juillet dernier, au cours d’une grande réunion de concertation convoquée par le préfet de région du Sud-Comoé, préfet du département d’Aboisso, M. Seydou Gogoua Bernard et tenue sous haute surveillance policière. Les femmes ont déserté le marché pour venir crier leur ras-le-bol et surtout demander des comptes au maire qu’elles accusent d’avoir vendu la morgue municipale à Ivoire Sépulture ( IVOSEP) à 20 350 000 FCFA. “Nous cherchons à comprendre. Il y a un déficit de communication entre le maire et nous. La morgue a été vendue sans consultation préalable à Ivosep à 20 350 000 F CFA. Le marché est délabré, les toitures suintent, les rues de la ville sont impraticables, les caniveaux sont bouchés et la ville est sale. Le maire a acheté une maison réservée aux hôtes à treize millions de francs CFA (13 000 000 FCFA). Des lotissements sont faits sans l’avis des propriétaires terriens. Que le maire éclaire notre lanterne”, a martelé dame Allah Tanoh, très ovationnée par les nombreuses femmes qui ont pris d’assaut la salle des fêtes de la mairie. A son tour de parole, le maire Kadja N’zoré, s’est levé pour se défendre, non sans accuser ses collaborateurs de duplicité et de trahison.
“La dame n’a rien inventé. Ce sont ceux qui sont avec moi. Quand on a une équipe qui n’est pas soudée, c’est ce qui arrive. C’est mon équipe qui me torpille. Si je vends un bâtiment, sachez que je ne suis pas seul à le vendre. Toutes les décisions sont prises de façon collégiale. C’est dommage qu’après avoir pris des décisions ensemble au cours d’une réunion, des gens aillent dire autre chose dehors. Ce sont les conseillers qui doivent vous informer et non moi”, s’est défendu le premier magistrat avant de rejeter, en bloc toutes les accusations portées contre lui. “Je n’ai pas vendu la morgue à Ivosep. Il s’agit plutôt d’une convention de cession qui n’est pas encore signée. Au bout de six mois, Ivosep doit se construire une nouvelle morgue. Cette décision a été prise après un vote des conseillers, dont 18 ont voté pour, deux ont voté contre et il y a eu deux abstentions”, précisera le successeur de feu Elleingand Etché. Selon lui, l’insalubrité et le manque d’entretien des rues sont dus aux problèmes de trésorerie auxquels est confrontée la mairie. Il a ajouté qu’il n’a jamais vendu de terre en dehors des voies légales et que la maison qu’il a achetée à ses propres frais appartenait à un particulier et qu’il n’a pas connaissance de l’existence d’une maison des hôtes. Aux populations qui, apparemment, regrettent l’ère d’Elleingand Etché, le maire dira que son prédécesseur n’a pas travaillé seul. “Elleingand ne travaillait pas seul. J’ai travaillé avec lui depuis 1995. La mairie est une équipe, ”, a-t-il indiqué.

A sa suite est intervenu le préfet Seydou Gogoua Bernard pour demanderau porte-parole des femmes d’apporter les preuves des accusations contre le maire. “Que le maire aussi apporte la preuve que 18 conseillers ont voté pour la convention qui cède la morgue à Ivosep. Qu’il donne leurs noms”, a répliqué Allah Tanoh avant de persister pour dire que le maire a bel et bien vendu la morgue à 20 350 000 FCFA.

Le préfet a chargé le préfet de police d’ouvrir une enquête sur cette affaire de vente de la morgue et tous les autres problèmes soulevés par les femmes, en attendant de convoquer une autre réunion.


Sam K.D.