Les travaux d'élargissement du tronçon Adjamé-Abobo par le zoo vont démarrer incessamment. Mais jusque-là, les artisans ne sont pas fixés sur leur sort. La situation n'est pas du tout confortable. Les artisans de la route du zoo ont été sommés de quitter les lieux. La menace des bulldozers a été brandie pour contraindre les «éventuels récalcitrants» à respecter ces injonctions. Dans les ateliers concernés, c'est le grand remue-ménage. Le constat du terrain montre que la réhabilitation de la très fréquentée route du zoo va moudre les intérêts de la plupart des artisans installés sur le tronçon. Aujourd'hui, ces agents de l'informel n'ont qu'une préoccupation : maintenir au cœur de la ville, leurs activités qu'ils appellent fièrement «les activités d'économie populaire ». Des groupes tout aussi informels se sont constitués pour une négociation auprès de l'administration. Ils prient pieusement afin que les autorités n'aillent pas au-delà des limites communiquées. A les voir dans les complaintes, ils sont dans le désarroi. La faute à cette route qui n'a pu résister aux intempéries et aux temps, mais aussi aux décisions disparates et parfois mal coordonnées des officiels. Par exemple, pendant que l'entreprise Fadoul qui doit exécuter les travaux de terrassement place l'espace de servitude à 7 mètres, la mairie d'Adjamé a adressé des convocations demandant le départ pur et simple des artisans. Mais la quasi-totalité des opérateurs économiques du secteur prennent la correspondance municipale comme un chantage. En fait, ils sont habitués à ce genre de micmacs des agents de la mairie destinés à leur soutirer de l'argent. «On les connaît les gens de la mairie. Ils cherchent à nous racketter comme ils ont l'habitude de le faire en pareille circonstance. Il s'agit de faire monter la pression de manière à nous obliger à leur verser des pots-de-vin», analyse Sidiki Badiane menuisier non loin de la « résidence Paillet». L'autorité communale d'Adjamé et de Cocody s'en défend. Les responsables techniques, de passage sur les sites, mettent en avant les dispositions nécessaires à une meilleure exécution des travaux de réhabilitation de l'infrastructure routière. Certains ne croient rien de toutes ces affirmations et ont déjà fait leurs valises pour quitter les lieux. «Ce sont les mêmes. Nous savons qu'ils font ce cinéma pour nous amadouer. Mais à la fin, ils vont nous chasser», tranche Mahamadou Garba, revendeur de bois. La dizaine d'artisans massés autour de lui partage son avis. Plutôt que de se lancer dans un bras de fer qu'ils savent perdu d'avance, chacun d'entre eux souhaiterait être dédommagé de son investissement. Là encore, pas si sûr, même si le Directeur général de l'Agence de gestion des routes (Agetu), Bouaké Bamba, estime que l'Etat a des engagements à tenir notamment en terme de recasement et d'indemnisation. Mais, quand on leur parle de réparation, ils pouffent de rire. «Nous savons que les pauvres ne sont pas concernés par cette affaire d'indemnisation», objecte M. Garba. Effectivement, en dehors des stations-services jouxtant la voie qui va être élargie, aucune autre structure n'a été approchée pour mettre en place les modalités d'une indemnisation. D'autres artisans qui ne bénéficient pas d'assez d'espace pour déplacer leurs étals dans la distance prescrite, démontent les machines. Ils ne veulent pas être surpris. «Vous savez qu'il y a plein de collines parce que la zone est accidentée.
Négligence
De ce fait, quand on ne peut pas reculer pour respecter la marge indiquée, on est bien obligé d'aller ailleurs au plus vite», souligne le tapissier Mory Konaté. Mais où ? Les pouvoirs publics n'ont prévu aucun site de recasement propre aux artisans de la route du zoo. «Nous avons prévu un plan de stabilisation des artisans sur un site définitif. Nous prévoyons N'dotré à Abobo, Macaci à Adjamé et Koumassi. D'ailleurs, un projet vient d'être conclu avec le maire de cette commune», révèle le directeur de cabinet adjoint du ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Guy Francis Kodjo. Et le cas spécifique de ceux du zoo ? « Il s'inscrit dans le projet dont je parle et qui est un projet global pour les artisans abidjanais. Le ministre y a mis de la détermination », détaille-t-il. Ces explications que nous rapportons aux artisans en rajoutent à la nervosité d'autant qu'il y a plusieurs mois, ils avaient adressé un courrier à la tutelle pour prévenir tout désagrément. «S'ils avaient pris en compte nos préoccupations, on n’en serait pas toujours à ce stade. Nous avions parlé de Washington et de N'dotré. Ils auraient dû s'y prendre à temps. Mais nous attendons», récrimine le président du collectif, Michel Nguetta. Pour certains artisans, les menaces de déguerpissement ne sont pas une nouveauté. Ils ne se sentent pas ébranlés. Au contraire, ils mènent tranquillement leur activité. « C'est fou comme ces gens peuvent être indifférents aux menaces de déguerpissement qui pèsent sur leurs activités», s'étonne un passant qui s'accoude à un piquet érigé par Fadoul. Si ce n'est pas un sourire narquois, c'est par le mépris, que «les Saint-Thomas» regardent la valse des machines sur les lieux. Ils disent attendre des actes pour réagir. Comment ? Ils préfèrent attendre de voir d'abord ces fameuses grues exécuter le déguerpissement. Pour l'heure, sur le site, l'ambiance est mi-crispée, mi-joviale. Artisans, recycleurs, garagistes et industriels vivent sous la menace des bulldozers qui sont en train d'être huilés.
Lanciné Bakayoko
Négligence
De ce fait, quand on ne peut pas reculer pour respecter la marge indiquée, on est bien obligé d'aller ailleurs au plus vite», souligne le tapissier Mory Konaté. Mais où ? Les pouvoirs publics n'ont prévu aucun site de recasement propre aux artisans de la route du zoo. «Nous avons prévu un plan de stabilisation des artisans sur un site définitif. Nous prévoyons N'dotré à Abobo, Macaci à Adjamé et Koumassi. D'ailleurs, un projet vient d'être conclu avec le maire de cette commune», révèle le directeur de cabinet adjoint du ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Guy Francis Kodjo. Et le cas spécifique de ceux du zoo ? « Il s'inscrit dans le projet dont je parle et qui est un projet global pour les artisans abidjanais. Le ministre y a mis de la détermination », détaille-t-il. Ces explications que nous rapportons aux artisans en rajoutent à la nervosité d'autant qu'il y a plusieurs mois, ils avaient adressé un courrier à la tutelle pour prévenir tout désagrément. «S'ils avaient pris en compte nos préoccupations, on n’en serait pas toujours à ce stade. Nous avions parlé de Washington et de N'dotré. Ils auraient dû s'y prendre à temps. Mais nous attendons», récrimine le président du collectif, Michel Nguetta. Pour certains artisans, les menaces de déguerpissement ne sont pas une nouveauté. Ils ne se sentent pas ébranlés. Au contraire, ils mènent tranquillement leur activité. « C'est fou comme ces gens peuvent être indifférents aux menaces de déguerpissement qui pèsent sur leurs activités», s'étonne un passant qui s'accoude à un piquet érigé par Fadoul. Si ce n'est pas un sourire narquois, c'est par le mépris, que «les Saint-Thomas» regardent la valse des machines sur les lieux. Ils disent attendre des actes pour réagir. Comment ? Ils préfèrent attendre de voir d'abord ces fameuses grues exécuter le déguerpissement. Pour l'heure, sur le site, l'ambiance est mi-crispée, mi-joviale. Artisans, recycleurs, garagistes et industriels vivent sous la menace des bulldozers qui sont en train d'être huilés.
Lanciné Bakayoko