Le chef du gouvernement a reçu hier en début de soirée le Révérend Jesse Jackson à son cabinet. Les échanges ont porté sur le processus électoral. «Cher collègue», a lancé hier le Premier ministre s'adressant au révérend Jesse Jackson venu lui présenter ses civilités. Pas que Guillaume Soro soit devenu un pasteur, mais le chef du gouvernement voudrait par cette nomination mettre en exergue la neutralité qui le caractérise face aux élections à venir, tout comme Jesse. Ce dernier n'a de cesse de préciser qu'il n'est pas venu pour soutenir une candidature. Mais bien pour «endosser» un processus électoral. «Moi aussi je suis neutre. Je suis l'arbitre, je ne supporte aucun camp», a insisté le chef du gouvernement. C'est dans une ambiance à la fois affable et conviviale que se sont déroulés les échanges entre les deux personnalités en présence de plusieurs membres de leurs staffs et de Charles Blé Goudé (Président du Cojep). «Préparez-vous à revenir en Côte d'Ivoire», a demandé M. Soro au révérend. Lui indiquant qu'il figure au nombre des personnalités à fort aura et charisme sur qui la Côte d'Ivoire compte pour produire une élection réussie. «Nous allons encore vous solliciter (…) Il faudra revenir pour la veille électorale (…) à jour J moins... Car, il faut faire asseoir les candidats, M. Gbagbo, M. Bédié et M. Ouattara pour leur parler. Afin que nous allions à des élections apaisées», a-t-il plaidé. Guillaume Soro a déploré la mauvaise image qui est véhiculée de l'Afrique. Selon lui, l'attitude de la communauté internationale et de ses grandes instances vis-à-vis des pays africains en instance d'élection relève plus souvent du «spectacle» que de l'intérêt réel. Prenant le cas du Kenya, il a relevé le silence observé par tous jusqu'à ce que l'élection mal organisée débouche sur des tueries. C'est après coup que l'on a pu assister à des ballets de hautes personnalités du monde et des nations unies au chevet du pays. «S'ils étaient venus une semaine avant les élections, qu'on avait fait asseoir le leadership pour l'emmener à se parler et à négocier, il n'y aurait pas eu mille morts», s'est convaincu M. Soro. C'est pour éviter ce scénario à son pays qu'il a formulé trois vœux. Souhaitant que l'opinion américaine les relaye auprès du monde. Primo, «il ne faut pas attendre que l'on enregistre des milliers de morts en Côte d'Ivoire» avant de se bousculer autour du pays. Secundo, que la communauté internationale accepte d'aider Abidjan à réunir les «conditions financières et matérielles» pour organiser sereinement son scrutin qui «coûte cher». «Généralement ceux qui font le plus de critique sur le gouvernement et sa volonté d'aller ou de ne pas aller aux élections n'ont pas donné 5 francs pour ces élections», a-t-il fustigé. Tertio, a poursuivi le chef du gouvernement, que cette même communauté accompagne (financièrement surtout) la mise en œuvre de tous les autres volets de l'Accord politique de Ouaga (Apo). Le pasteur et combattant des droits humains a félicité Guillaume Soro pour le travail que son gouvernement et lui abattent. Il a reconnu qu'il serait effectivement plus humain et beaucoup moins cher pour la communauté internationale d'investir pour une élection bien organisée plutôt que pour le règlement d'une crise provoquée par une mauvaise élection. «Le chemin que vous empruntez est bon car vous êtes neutre. Votre gouvernement est bon car il ne suit pas les sondages», a-t-il encouragé. L'hôte de la primature a affirmé que l'Afrique et le monde fondent beaucoup d'espoir sur le rendez-vous du 29 novembre que Soro devra conduire «avec délicatesse». «Voir une personne de votre âge qui dépeint une telle sagesse pour la stabilité nous dit beaucoup sur vous. C'est une richesse pour le pays», a soutenu le révérend. Qui a encouragé la Côte d'Ivoire à suivre l'exemple des USA en grimpant au sommet des nations après cette crise.
Djama Stanislas
Djama Stanislas