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Politique Publié le samedi 22 août 2009 | Nord-Sud

Publication de la liste électorale provisoire : Ce que Soro a dit à la Cei

Les échanges entre le Premier ministre et les structures chargées du processus électoral ont débouché sur une série de «prescriptions» faites par Guillaume Soro à ses hôtes.

Une réunion de crise comme l'annonçait la presse ? Non, répondent plusieurs sources qui y ont pris part. Le rendez-vous qui a rassemblé hier l'ensemble des structures impliquées dans le processus électoral autour du chef du gouvernement à la primature ressemblait plutôt à une réunion d'information. «Il n'y avait pas de problèmes réellement majeurs», a commenté une source bien informée. Les échanges se sont déroulés dans une ambiance plutôt relaxe. Loin des accusations et rejets mutuels de responsabilité auxquels s'attendaient plusieurs observateurs. De fait, dit-on, le dénouement a été si heureux que le président de la Commission électorale indépendante (Cei) dont le communiqué de la veille avait provoqué un vent de panique au sein de l'opinion a admis avoir cédé à une poussée d'humeur passagère.

Dans la salle A de la primature qui affichait complet pour la circonstance, tous étaient présents. Le Premier ministre, Guillaume Soro, avait à sa droite le représentant du facilitateur, Bouréima Badini, et à gauche son directeur de cabinet-adjoint, Paul Koffi Koffi. Tout autour de la table, l'on pouvait noter également la présence du ministre de l'Economie et des Finances, Diby Koffi Charles, du président de la Cei, Mambé Beugré, et des responsables des autres structures (Centre de commandement intégré, Office national de l'identification, Commission nationale de supervision de l'identification, Institut national de la statistique, Sagem-sécurité). Après avoir invité à la «sérénité», Guillaume Soro demande que chaque structure lui fasse le point des obstacles qu'elle rencontre.

Mambé est le premier à s'exprimer. Il revient sur les différents retards qu'il a soulevés la veille et qui font peser «une lourde hypothèque» sur la publication de la liste électorale provisoire, annoncée dans le chronogramme électoral entre le 24 et le 29 août. Il explique qu'il sera désormais impossible de tenir dans ce délai et plaide pour une prorogation «d'une à deux semaines». Autrement dit aux alentours du «15 septembre». M. Beugré soulève également des problèmes de sécurisation en indiquant que tous les sites de coordination ne sont pas couverts par le Cci. Ce qui expose les agents chargés du traitement des données à toutes formes de perturbation. Le patron de la Cei soutiendra par ailleurs que l'argent fait défaut pour faire face à la rémunération des agents ayant travaillé lors des phases de rattrapage de l'enrôlement. Cela, note-t-il, provoque des troubles sur le terrain.

La Cnsi, l'Ins et l'Oni soulèvent des problèmes liés à l'application de la convention complémentaire qui régule leurs relations avec l'opérateur privé Sagem. Selon ces structures, la société française présente beaucoup de lenteur dans le décaissement des fonds à elles destinées. Des accusations auxquelles la Sagem répliquera en expliquant qu'elle reverse les fonds à ses partenaires nationaux dès qu'elle les reçoit de l'Etat. Elle agit donc, précise-t-elle, au prorata des niveaux de paiement perçus. Après avoir écouté tout le monde, le Premier ministre fait constater par tous ses hôtes qu'aucun des problèmes soulevés par eux ne justifiait le vent de panique qu'ils ont semé ces dernières 24h à Abidjan. Il a souhaité que l'on parle désormais moins pour travailler plus dans le sens de l'organisation effective des élections le 29 novembre. Face aux difficultés soulevées, il fera une série de prescriptions en vue d'accélérer le processus.

S'agissant des problèmes de sécurisations des sites qui sont au nombre de 70, Guillaume Soro a indiqué que le dispositif est en train d'être musclé au fur et à mesure. Il a recommandé à Mambé d'approcher les chefs d'état-major des Fanci et des FaFn. Pour que ceux-ci mettent des éléments à la disposition des centres dans les différentes zones où le Cci n'est pas encore déployé, mais où l'on peut retrouver des policiers et gendarmes des deux forces ex-belligérantes. Sur les problèmes de financement, le chef du gouvernement a enjoint le ministre des Finances de recevoir incessamment les structures afin d'analyser avec elles les causes réelles des problèmes de trésorerie qui empêcheraient le paiement des agents. Ces problèmes pourraient trouver leur origine beaucoup plus dans l'ordonnancement des dépenses. Car, courant juin, le gouvernement avait annoncé l'acquittement de tous les fonds concernant le processus d'identification et d'enrôlement sans se faire reprendre par aucune des structures. Guillaume Soro a annoncé que les bailleurs de fonds envisageaient de plus en plus la possibilité d'un audit au sein de l'ensemble des structures. Il a beaucoup insisté auprès de celles-ci pour que les questions des salaires des travailleurs fassent l'objet d'une attention toute particulière. Le ministre des Finances est invité à y veiller particulièrement. Pour ce qui concerne les problèmes de décaissement soulevés par l'Oni, l'Ins et la Cnsi, le premier collaborateur du chef de l'Etat a demandé à la Cei d'organiser une rencontre avec la Sagem pour identifier les besoins que pose la mise en œuvre de la convention complémentaire. Recommandant la flexibilité dans la conduite du chronogramme, Guillaume Soro proposera quelques pistes pour la sauvegarde du 29 novembre. Pour gagner du temps, suggère le maître d'ouvrage de l'Accord politique de Ouagadougou (Apo), la Cei pourrait étudier la possibilité d'une publication séquentielle des listings électoraux provisoires. Il s'agira de les rendre directement disponibles et consultables dans les régions et départements où ils sont déjà prêts plutôt que d'attendre la fin de cette phase dans tout le pays avant de le faire. Il a également conseillé à ses hôtes de voir avec leurs techniciens, s'il est possible de déclencher dès à présent la production et la distribution des cartes d'électeur et des cartes d'identité nationale. En accordant la priorité aux personnes déjà inscrites sur les listings de 2000 et dont la nationalité et la qualité d'électeur ne souffrent d'aucun problème. Ces personnes étant au nombre d'environ 5,4 millions, cela ferait gagner du temps au processus. Pour conclure, Guillaume Soro a recommandé de veiller à ne pas donner du grain à moudre à ceux qui rêvent de voir le processus capoter. Et qui se focalisent sur les dates et les coûts des opérations ignorant qu'un travail colossal est en train d'être abattu pour l'avenir du pays. Il a demandé aux structures de cesser de produire des communiqués et contre-communiqués contradictoires sur l'état du processus. Afin que l'espoir né chez les Ivoiriens ne meurt jamais.

Djama Stanislas
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