par starafric.com
En mars 2006, alors que la sélection nationale ivoirienne de football préparait la première Coupe du monde (Allemagne 2006) de son histoire, le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Jacques Anouma avait menacé de suspendre la participation de l’équipe si la paix ne revenait pas dans son pays.
Certes, Anouma a dû revenir sur sa décision quelque temps après, mais sa menace a eu le mérite de souligner l’existence d’un lien possible entre le football et le retour à la paix. Depuis, les occasions de recréer un climat de convivialité dans le pays à travers cette discipline ne cessent d’être exploitées.
L’idée n’était pas si insolite dans un pays où la population est très férue du cuir rond. La mobilisation est toujours exceptionnelle lorsque les Eléphants (l’équipe nationale de football) doivent se produire au pays. Constituée en majorité de talentueux joueurs issus du célèbre centre de formation de l’Académie Mimosifcom (un des 200 centres de formations selon la FIF), la sélection ivoirienne est soutenue par de nombreux fans.
Le 29 mars dernier, voulant assister à la première rencontre de leur équipe en éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 face au Malawi, vingt fans ont trouvé la mort dans une bousculade aux abords du principal stade et plus de 150 autres ont été blessés.
"Il y avait du monde à l’extérieur du stade, alors que l’intérieur était déjà plein. Et l’intervention des forces de l’ordre avec les gaz lacrymogènes n’a pas arrangé la situation des supporters puisque les grilles de l’établissement étaient fermées, empêchant de sortir", témoigne Sylvain Allah, jeune étudiant ayant assisté à la rencontre.
A la suite d’une enquête menée par les autorités ivoiriennes et le procès qui s’en est suivi, un dirigeant, notamment le responsable de la Commission organisation à la FIF, Anzouan Kacou, a été condamné à six mois de prison ferme et 500.000 francs CFA (1.000 dollars US)d’amende.
Un tel engouement pour le football peut être mis au service de la paix. Mais deux ans avant ce triste événement, soit en avril 2007 (un mois après la signature de l’Accord de Ouagadougou), l’international ivoirien Didier Drogba se rendait à Bouaké (fief des ex-rebelles) pour présenter son trophée. Il venait d’être distingué par la Confédération africaine de football (CAF) comme meilleur footballeur africain de l’année 2006.
"Après mon sacre, j’ai eu une pensée. J’avais émis alors un souhait : celui de venir partager ma joie avec mes frères et sœurs d’ici. Bouaké fait partie de la Côte d’Ivoire. J’espère que cette première visite va aider au retour rapide à la normale dans notre pays", avait déclaré l’attaquant de la sélection ivoirienne.
Deux mois après, les Eléphants disputaient dans cette ville un match qualificatif pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2008. "Ces deux événements sportifs intervenus après Ouaga ont quelque peu joué un rôle catalyseur dans le processus de réconciliation dans le pays. Ils ont permis aux Ivoiriens, à cette période la crise, de croire que la paix était véritablement possible", soutient Mathurin Kobénan, analyste politique ivoirien.
Selon lui, "il n’y a que le sport, et singulièrement le football qui pouvait permettre cela". Pour cela, poursuit-il, il faut espérer que les Eléphants réalisent un succès d’envergure, en remportant la CAN ou en se qualifiant une nouvelle fois pour une phase finale du Mondial afin de transformer l’essai de la réconciliation définitive.
Actuel leader du groupe E des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 avec neuf points (trois victoires en trois matchs), la Côte d’Ivoire reçoit le Burkina Faso le 5 septembre prochain, dans le cadre de la quatrième journée de ladite compétition.
En cas de succès, l’équipe ivoirienne assurerait à 80 pour cent son ticket pour le Mondial 2010 prévu l’année prochaine en Afrique du Sud. Une qualification, qui serait la deuxième pour ce pays de l’Afrique de l’Ouest, après celle obtenue il y a quatre ans en Allemagne.
"L’enjeu sportif sera de gagner pour la qualification. Mais au-delà, il s’agira de permettre une nouvelle fois aux Ivoiriens du nord, du sud, de l’est et de l’ouest de connaître à nouveau un instant de bonheur et de raffermir leurs liens", assure François Kouassi, président de commission à la FIF. "Nous sommes actuellement dans une période préélectorale un peu tendue et une victoire ne pourra que décrisper l’atmosphère", dit-t-il.
Pour le prochain match contre le Burkina Faso, prévu le 5 septembre, des mesures sont déjà prises pour éviter la répétition de la bousculade du 29 mars qui a amené la FIFA (Fédération internationale de football association) à infliger le paiement d’une amende de 21 millions FCFA (42.000 dollars US) à la FIF. Ainsi, la capacité du stade sera limitée à 20.000 spectateurs, invités compris.
En outre, un cordon de sécurité devra empêcher la circulation sur un périmètre d’au moins un kilomètre autour du stade et un second cordon sera mis en place à 100-200 mètres du stade afin de filtrer l’accès des spectateurs.
"Ce sont des mesures qui, nous l’espérons, seront suivies à la lettre par la fédération ivoirienne. Elle a déjà effectué un test en s’imposant un match avec 20.000 spectateurs. Maintenant, il faut attendre le match face au Burkina", commente, Mathurin Kobénan. "Ce qui est certain, les Ivoiriens vont encore transcender leurs clivages pour soutenir leur équipe et les choses ne s’annoncent pas si simple", prévient-il.
Pour lui, la qualification de l’équipe ivoirienne (qui interviendrait avant le 29 novembre puisque la dernière rencontre des éliminatoires se dispute mi-octobre) devrait pousser les Ivoiriens à faire preuve de fair-play et à privilégier l’intérêt du pays.
La Côte d’Ivoire est divisée en deux par une rébellion armée qui occupe la moitié nord du pays. Depuis septembre 2002, des ex-soldats de l’armée régulière ont pris les armes pour lutter contre l’exclusion présumée des populations de cette partie du territoire. Dans moins de trois mois, le pays est attendu pour organiser des élections présidentielles pour sa sortie de crise.
IPS
En mars 2006, alors que la sélection nationale ivoirienne de football préparait la première Coupe du monde (Allemagne 2006) de son histoire, le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Jacques Anouma avait menacé de suspendre la participation de l’équipe si la paix ne revenait pas dans son pays.
Certes, Anouma a dû revenir sur sa décision quelque temps après, mais sa menace a eu le mérite de souligner l’existence d’un lien possible entre le football et le retour à la paix. Depuis, les occasions de recréer un climat de convivialité dans le pays à travers cette discipline ne cessent d’être exploitées.
L’idée n’était pas si insolite dans un pays où la population est très férue du cuir rond. La mobilisation est toujours exceptionnelle lorsque les Eléphants (l’équipe nationale de football) doivent se produire au pays. Constituée en majorité de talentueux joueurs issus du célèbre centre de formation de l’Académie Mimosifcom (un des 200 centres de formations selon la FIF), la sélection ivoirienne est soutenue par de nombreux fans.
Le 29 mars dernier, voulant assister à la première rencontre de leur équipe en éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 face au Malawi, vingt fans ont trouvé la mort dans une bousculade aux abords du principal stade et plus de 150 autres ont été blessés.
"Il y avait du monde à l’extérieur du stade, alors que l’intérieur était déjà plein. Et l’intervention des forces de l’ordre avec les gaz lacrymogènes n’a pas arrangé la situation des supporters puisque les grilles de l’établissement étaient fermées, empêchant de sortir", témoigne Sylvain Allah, jeune étudiant ayant assisté à la rencontre.
A la suite d’une enquête menée par les autorités ivoiriennes et le procès qui s’en est suivi, un dirigeant, notamment le responsable de la Commission organisation à la FIF, Anzouan Kacou, a été condamné à six mois de prison ferme et 500.000 francs CFA (1.000 dollars US)d’amende.
Un tel engouement pour le football peut être mis au service de la paix. Mais deux ans avant ce triste événement, soit en avril 2007 (un mois après la signature de l’Accord de Ouagadougou), l’international ivoirien Didier Drogba se rendait à Bouaké (fief des ex-rebelles) pour présenter son trophée. Il venait d’être distingué par la Confédération africaine de football (CAF) comme meilleur footballeur africain de l’année 2006.
"Après mon sacre, j’ai eu une pensée. J’avais émis alors un souhait : celui de venir partager ma joie avec mes frères et sœurs d’ici. Bouaké fait partie de la Côte d’Ivoire. J’espère que cette première visite va aider au retour rapide à la normale dans notre pays", avait déclaré l’attaquant de la sélection ivoirienne.
Deux mois après, les Eléphants disputaient dans cette ville un match qualificatif pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2008. "Ces deux événements sportifs intervenus après Ouaga ont quelque peu joué un rôle catalyseur dans le processus de réconciliation dans le pays. Ils ont permis aux Ivoiriens, à cette période la crise, de croire que la paix était véritablement possible", soutient Mathurin Kobénan, analyste politique ivoirien.
Selon lui, "il n’y a que le sport, et singulièrement le football qui pouvait permettre cela". Pour cela, poursuit-il, il faut espérer que les Eléphants réalisent un succès d’envergure, en remportant la CAN ou en se qualifiant une nouvelle fois pour une phase finale du Mondial afin de transformer l’essai de la réconciliation définitive.
Actuel leader du groupe E des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 avec neuf points (trois victoires en trois matchs), la Côte d’Ivoire reçoit le Burkina Faso le 5 septembre prochain, dans le cadre de la quatrième journée de ladite compétition.
En cas de succès, l’équipe ivoirienne assurerait à 80 pour cent son ticket pour le Mondial 2010 prévu l’année prochaine en Afrique du Sud. Une qualification, qui serait la deuxième pour ce pays de l’Afrique de l’Ouest, après celle obtenue il y a quatre ans en Allemagne.
"L’enjeu sportif sera de gagner pour la qualification. Mais au-delà, il s’agira de permettre une nouvelle fois aux Ivoiriens du nord, du sud, de l’est et de l’ouest de connaître à nouveau un instant de bonheur et de raffermir leurs liens", assure François Kouassi, président de commission à la FIF. "Nous sommes actuellement dans une période préélectorale un peu tendue et une victoire ne pourra que décrisper l’atmosphère", dit-t-il.
Pour le prochain match contre le Burkina Faso, prévu le 5 septembre, des mesures sont déjà prises pour éviter la répétition de la bousculade du 29 mars qui a amené la FIFA (Fédération internationale de football association) à infliger le paiement d’une amende de 21 millions FCFA (42.000 dollars US) à la FIF. Ainsi, la capacité du stade sera limitée à 20.000 spectateurs, invités compris.
En outre, un cordon de sécurité devra empêcher la circulation sur un périmètre d’au moins un kilomètre autour du stade et un second cordon sera mis en place à 100-200 mètres du stade afin de filtrer l’accès des spectateurs.
"Ce sont des mesures qui, nous l’espérons, seront suivies à la lettre par la fédération ivoirienne. Elle a déjà effectué un test en s’imposant un match avec 20.000 spectateurs. Maintenant, il faut attendre le match face au Burkina", commente, Mathurin Kobénan. "Ce qui est certain, les Ivoiriens vont encore transcender leurs clivages pour soutenir leur équipe et les choses ne s’annoncent pas si simple", prévient-il.
Pour lui, la qualification de l’équipe ivoirienne (qui interviendrait avant le 29 novembre puisque la dernière rencontre des éliminatoires se dispute mi-octobre) devrait pousser les Ivoiriens à faire preuve de fair-play et à privilégier l’intérêt du pays.
La Côte d’Ivoire est divisée en deux par une rébellion armée qui occupe la moitié nord du pays. Depuis septembre 2002, des ex-soldats de l’armée régulière ont pris les armes pour lutter contre l’exclusion présumée des populations de cette partie du territoire. Dans moins de trois mois, le pays est attendu pour organiser des élections présidentielles pour sa sortie de crise.
IPS