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Région Publié le mardi 25 août 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Reportage - La ville d’Odienné, l`ombre d`elle-même !

La ville d'Odienné, autrefois porte-flambeau de la région du Denguélé, est aujourd'hui le reflet d'un désespoir sans précédent.

Odienné. Une localité située dans le Nord de la Côte d'Ivoire, à 831 Km de la capitale économique, ville frontalière de la Guinée et du Mali, présente un piètre visage. Notre séjour dans cette localité considérée autrefois comme “ville espoir“ du Dengulélé, nous a permis de faire l'amer constat du grand retard de cette ville en matière de développement.

L'éducation
L'enseignement général est relayé par un lycée moderne et un collège moderne soutenus par une seule école privée. Les rares salles de classe fonctionnelles souffrent de la vétusté des toitures et de l'insuffisance du matériel didactique et du personnel. Même si la ville d'Odienné s'est démarquée des autres citées en enregistrant l'année dernière le plus fort taux de succès au baccalauréat, force est de reconnaître que la question de la scolarisation, surtout celle des jeunes filles, se pose avec acuité. Quant à l'enseignement professionnel, il fait l'objet d'un souvenir lointain. En effet, le seul établissement professionnel de la ville d'Odienné a été pillé et saccagé. Le reste est dans le dénuement total.

La santé
Contrairement aux autres villes ex-assiégées, les centres de santé, le centre hospitalier régional (Chr) et le centre communautaire Pietro Bonili d'Odienné n'ont pas reçu la visite de forcenés. Aucune effraction n'y a été commise. Bien au contraire, ils ont été renforcés. Les bâtiments ont été réhabilités. Des dons de 2 ambulances et un renforcement du personnel ont donné un souffle nouveau au système sanitaire. Toutefois, il convient de dire que ces établissements croulent sous le poids des nombreux besoins. Si le Chr peut se targuer de disposer de tous les services nécessaires pour une bonne prise en charge des patients, son bloc opératoire n'existe que de nom. Il n'y a pas de table d'anesthésie, encore moins de cardioscope. Inutile d'indiquer combien ces éléments sont pourtant vitaux. En plus de cela, ce centre marche au ralenti, vu les coupures intempestives d'électricité qui ont cours dans cette ville. Il lui faut
nécessairement un groupe électrogène.

La voirie
Le décor est le même. A l'instar de la plupart des villes de Côte d'Ivoire, particulièrement celles qui ont été frappées par la guerre, les routes de la capitale du Denguélé n'existent que de nom. Seulement, quelques voies, les principales, à l'intérieur de la ville, ont été réhabilitées, à la faveur de la visite du chef de l'Etat. Les routes qui relient les différents quartiers de la ville sont parsemées soit de nids d'éléphant, pardon, nids de poule, soit de hautes herbes. Par ailleurs, l'accès aux nombreuses autres localités environnantes demeure un problème. Surtout en cette période de pluies. Plusieurs villes du département sont de ce fait enclavées depuis le début de la saison pluvieuse. «La route précède le développement», dit l'adage. Et, cela, les Odiénnéaka y croient fermement. En effet, avant l'arrivée du Chef de l'Etat, environ 21 km de routes ont été réhabilitées. L'aéroport, une vieille bâtisse, a
été réhabilité dans le cadre de la visite d'Etat du Président de la République. Et depuis, il a suspendu toute activité.

L'administration
Comme toutes les autres localités ex-assiégées, le retour de l'administration vacille. Les institutions républicaines n'existent que de par la présence des bâtiments qui les abritent. Le préfet y est certes installé, mais il se tourne les pouces. Ce qui vaut sa présence pendant les heures de travail partout sauf à son bureau. Même si les éléments des Fafn ne se pavanent plus dans les rues avec des armes, ils détiennent encore la gestion du département. Puisqu'ils continuent de recouvrer 30% des taxes. Si depuis plus de deux (2) mois, plusieurs commandos des Forces de défense et de sécurité (Fds) ont quitté la capitale pour les zones Centre-nord-ouest (Cno), ils ne sont pas encore arrivés à Odienné.

L'économie
Le commerce, malgré la crise, existe. Même si la présence des armes l'avait ralenti, il faut reconnaître qu'aujourd'hui, les populations ont repris confiance et s'adonnent tant bien que mal à leurs activités économiques. Mais, c'est surtout le commerce extérieur qui a le vent en poupe. Quant au transport, il a pris un sacré coup. En effet, les départs pour la capitale sont plus que rares. La majorité du flux est tourné vers le Mali et la Guinée, qui font frontières avec la ville d'Odienné. Le transport urbain est assuré par des motos dites «mototaxis». Les quelques rares voitures qui sont stationnées aux abords du marché, attendent d'être louées pour des destinations plus éloignées. Comme toute population de savane, l'agriculture des Odiénnéka est essentiellement basée sur l'anacarde, le coton et les mangues. Malheureusement, de nombreuses plantations sont laissées pour compte. Conséquence, toutes les usines de mangues et
d'anacarde ont toutes fermé. Le domaine de l'élevage aussi connaît une démotivation du fait de la guerre. Les banques. Depuis l'éclatement de la guerre, toutes les banques avaient fermé. Il y a seulement deux mois qu'une banque a décidé d'ouvrir une agence dans cette localité jugée sans loi. Dans cette agence, les opérations bancaires sont limitées, aucun retrait d'argent n'est admis. A part cette banque, il existe une maison de transfert d'argent. Toutefois, certaines autres banques qui existaient auparavant ont refait surface. Elles sont en train de rénover les installations qui ont été détruites probablement dans le but d'y revenir. Notons, en passant, qu'une seule station service essaie tant bien que mal de tenir tête à la rude concurrence déloyale des revendeurs de carburant. Triste. Dirait-on, de voir que cette belle cité a perdu le pouls de son développement. Toutefois, les populations restent confiantes qu'elles retrouveront
un jour cette image et pourront à nouveau se réjouir d'avoir retrouvé l'espoir perdu.

Par Estelle Blai (Stg)
(Envoyée spéciale à Odiénné)
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