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Faits Divers Publié le jeudi 5 novembre 2009 | Nord-Sud

Accident de la circulation à Port-Bouët : Comment le drame s`est produit

Sangaré Abdoulaye repose depuis hier après-midi au cimetière municipal de Port-Bouët,en compagnie de trois des cinq passagers du taxi qu'il conduisait le mardi matin. Il s'agit de Diko Laye, de Mouflié Zaron et de Eméran Diko. Ils ont tous péris dans un terrible accident de la circulation, non loin de la statue « Akwaba », à Port-Bouët. Sortant d’une carrière de production de sable, un camion-benne a coupé la route au taxi dans lequel se trouvaient les victimes. Encore étreint par la douleur, Diakité Karim ne peut s'empêcher de pleurer. Il fond en larmes lorsqu'un groupe de jeunes, pelles en main, mettent le sable sur le corps sans vie de son ami, Sangaré Abdoulaye. A cet instant, l'ambiance est lourde. Karim, lui, rouspète à voie basse. «A cause de l'imprudence d'un individu, six personnes ont perdu la vie. Ce n'est pas juste, ce n'est pas normal. Ces gens sont morts par la faute de l'inconscience notoire d'un conducteur… », fulmine-t-il, la mine renfrognée. De retour du cimetière, une escale sur le lieu de la tragédie permet d'appréhender les contours du drame.

La carrière, un danger permanent Mme Akissi Georgette, la quarantaine, tient un restaurant à proximité de la station d'essence jouxtant la carrière. Selon elle, l'emplacement de la carrière pose problème. Elle le justifie par le fait qu'il n'existe aucun panneau de signalisation permettant d'alerter les automobilistes sur la présence d'un site d'exploitation de sable. « Les véhicules roulent à vive allure. C'est un boulevard, donc une voie express et les automobiles viennent à grande vitesse. Ils roulent à 80, voire 100 km/h. Dans ces conditions, la moindre erreur peut être tragique », explique-t-elle, tout en se référant à l'accident qui s'est produit ce mardi. « Je suis arrivée deux heures après l'accident. Mais j'avoue qu'à la vue du véhicule accidenté, je n'ai pas pu retenir mes larmes. C'est à la fois triste et fâcheux. Le conducteur du camion-benne a fait preuve de légèreté et d'imprudence. Son comportement a été fatal pour les occupants du wôro-wôro», ajoute Georgette.

Des conducteurs indisciplinés

Elle est convaincue que cette situation est l'aboutissement du comportement fébrile de certains conducteurs de camions. Kassi Magloire ajoute de l'eau au moulin de la tenancière du restaurant. Plus vif, il dénonce l'amateurisme de certains conducteurs de ces gros engins. «Il y a des chauffeurs qui font fi des règles du code de la route. Par exemple, ils marquent à peine un arrêt quand ils sortent de la carrière pour s’engager sur le boulevard. Ce qui est dangereux. Et les cas d'indisciplines sont récurrents. Nous déplorons cette situation. Des morts par la faute d'un indélicat », se désole ce jeune éboueur, en compagnie de ses collègues qui tiennent la poubelle du coin. Pour lui, rien ne peut justifier l'imprudence de certains camionneurs. «Il est formellement interdit de tourner sur la chaussée surtout dans le cas de ce boulevard. En principe, ils doivent aller jusqu'au rond point au niveau de la statue Akwaba pour faire le tour. Mais ils pensent que c'est une perte de temps. Cela entraîne donc des situations dommageables », regrette-t-il. Ainsi, la présence de la carrière et les incessantes sorties des camions transportant le sable constituent un danger pour la sécurité des usagers. Rencontré à la sortie de la carrière appartenant à la société « Bariko Contractor », Souleymane Dao, président de l'association des conducteurs de camions, exerçant depuis dix ans, reconnaît la culpabilité de Kaboré C., 23 ans, chauffeur contractuel. C'est lui qui conduisait le camion responsable du carnage. « Il ne se passe pas de jour sans que nous attirions l'attention de nos jeunes frères. Nous avons l'habitude de leur dire d'être très prudents lorsqu’ils sortent de la carrière. Mais, ils ne respectent pas les consignes de leurs aînés. Nous sommes en bordure d'une voie express où les automobilistes roulent à 100 km/h. Avec l'aide des gendarmes qui sécurisent le site, nous allons commencer à réprimer tous les récalcitrants. En plus, nous serons très pointilleux avec les chauffeurs contractuels. Mais, pour l'heure, il s'agit de compatir à la douleur des familles éplorées », soutient-il.

Le collectif des chauffeurs menace

Kamara Ali ne prend pas de gant pour fustiger à nouveau l'indélicatesse des conducteurs de camions. Il est membre du collectif des chauffeurs de la ligne Koumassi-Port-Bouët. Ali explique que l'absence de feux tricolores entre le carrefour de Biétry et le rond-point de la statue « Akwaba » donne le champ libre aux conducteurs. « Les camions qui sortent de la carrière n'ont pas le droit de faire des détours sur la chaussée en sens inverse. Malheureusement, nous sommes confrontés à l'indiscipline des camionneurs. Quand on se plaint, nous sommes nargués.

Ces conducteurs menacent de nous broyer avec leurs camions. A force de répéter ces propos, l'un des nôtres a été effectivement broyé », déplore Sangaré Ali, meurtri par la disparition tragique de « son frangin ». Selon lui, il a dû usé de son influence pour contrer la menace de ses collègues qui voulaient incendier le camion responsable du drame. Pour le syndicaliste, les autorités policières doivent veiller au respect du code de la route. «Surtout au niveau de ces chauffeurs. Nous ne voulons plus jamais que cette scène se reproduise. C'est pourquoi, tout doit être mis en œuvre pour imposer l'ordre et la discipline au niveau de ces conducteurs », insiste-t-il.

Une enquête de OM
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